Rikimura verrouilla la porte de son bureau, puis se dirigea vers Shota, qui était resté debout, dos à lui. Il l'enlaça pour le calmer, et lui dit d'une voix calme :

_ Aizawa, tout va bien. Je peux t'aider, tu sais.

Shota se retourna et enfouit sa tête dans son torse, sanglotant de plus belle. Rikimura lui caressait les cheveux, et lisait dans son esprit.

_ Yamada t'a quitté, mais je suis sûr que ça va s'arranger entre vous...

« Non, son père ne veut plus qu'il me voit... »

_ Je sais, il est venu me faire un scandale la semaine dernière. J'ai dû céder à son ordre d'installer des caméras de surveillance ici. Et je sais très bien la raison pour laquelle vous aviez essayé de la voler.

« J'ai peur... Je ne veux pas me retrouver à la rue comme avant... »

_ Je peux t'héberger, si tu veux. En plus, ça me fera de la compagnie, puisque que je vis seul.

« Et ma punition ? »

_ Le problème, c'est que le père de Yamada est avocat, et qu'il me surveille de très près. À moins que tu réussisses à rattraper tout ton retard, je ne lèverais pas ta punition.

« Personne ne peut m'aider pour les cours... Le seul qui le faisait était... Hizashi... »

_ Je le sais bien, mais tu ne dois pas perdre espoir. Il va revenir, je le sais.

Une idée soudaine lui vint en tête. Shota était au plus mal, et rajouter une punition supplémentaire n'arrangerait pas son état, bien au contraire.

_ Aizawa, tu te sens mieux ?

Le noiraud hocha légèrement la tête en essuyant ses larmes d'un revers de la manche.

_ Je peux faire rentrer Kayama ?

_ Moui.

_ Bien, installe-toi sur le canapé.

Rikimura se détacha de lui et se dirigea vers la porte en l'entrouvrant : Nemuri faisait les cents pas devant le bureau, complètement stressée. Lorsque la porte s'ouvrit, elle s'arrêta subitement, faisant face au directeur.

_ Tu peux rentrer, lui dit-il.

Elle s'exécuta, un nœud dans le ventre.

Shota était assis docilement sur le canapé, les mains sur les genoux. Rikimura l'incita à s'asseoir aux côtés de l'adolescent, et prit place en face d'eux.

_ Bon, j'ai réfléchi quant à votre punition à tous les deux, déclara-t-il.

Nemuri craignait qu'il ne rallonge son exclusion, mais surtout que Shota soit puni alors que c'était elle qui l'avait entraîné là-dedans.

_ Kayama, Aizawa, je lèverais votre punition à tous les deux, à une seule condition...

Les deux furent abasourdis ; peut-être seraient-ils finalement excusés pour ça ?

_ Kayama, je veux que tu fasses rattraper à Aizawa tous les cours de sa classe qu'il a manqué sans exception. Je vous donne jusqu'à mardi prochain. Si, à ce délai, Aizawa n'a toujours pas fini de rattraper tous les cours, ou s'il n'a toujours pas compris ou assimilé certaines disciplines, je serais contraint de vous punir de deux semaines d'exclusion ferme.

D'un côté, Nemuri était heureuse d'entendre qu'elle n'avait qu'une chose à faire pour lever sa punition ; mais d'un autre côté, elle sentait que faire rattraper quinze jours de cours en une semaine était quasiment impossible, voire infaisable.

_ Monsieur, se hasarda la jeune fille. Sauf votre respect, je ne pense pas qu'une semaine sera suffisante pour lui faire rattraper tous ses cours...

_ En effet, c'est très peu, mais si vous me donnez un délai plus long, je doublerais le temps de votre punition si vous n'arrivez pas à faire ce que je vous demande à temps.

_ Deux semaines de rattrapage, déclara Shota, plus déterminé que jamais.

_ Quatre semaines d'exclusion si vous ne réussissez pas, répondit le directeur. Décidez maintenant, parce que ce ne sera pas demain que vous changerez d'avis.

_ Trois semaines de rattrapage.

_ Six semaines d'exclusion en cas d'échec. Je ne te conseille pas d'en rajouter, ou tu auras énormément de cours à rattraper en plus des cours actuels.

Nemuri observait Shota ; c'était dangereux pour eux de rajouter des jours supplémentaires de rattrapage...

_ Dix jours de rattrapage, et c'est mon dernier mot, déclara fermement le noiraud.

_ Vingt jours d'exclusion en cas d'échec. Très bien ! On s'est mis d'accord. Je vous laisse donc jusqu'à lundi avant les vacances de Noël pour rattraper les cours. Kayama, je compte sur toi pour l'aider.

_ O-oui, monsieur...

La jeune fille ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. Elle était cependant certaine d'avoir vu une sorte de complicité entre le directeur et Shota. Ou bien avait-elle rêvé ?

_ Maintenant cela fait, Kayama, tu peux sortir s'il te plaît ? Je dois parler seul avec Aizawa.

_ Euh, oui, bien sûr !

Elle se leva, s'inclina puis sortit. Pourquoi le directeur voulait-il voir Shota seul ? Ou peut-être que c'était lui, l'élève qu'il voyait en douce...

Kayama s'assit sur le banc, patientant son nouveau compagnon.

Dans le bureau, Shota restait assis sur le canapé. Rikimura, face à lui, lui dit :

_ Ça te dit que je t'héberge à partir de vendredi ? Je sais que tu as un problème avec le père de Yamada, donc...

_ J'accepte.

_ D'accord. Concernant Yamada... hum... je veux t'aider pour ça mais...ce sera compliqué...

_ Ne vous en faites pas pour ça, sensei. Nemuri va m'aider pour ça, alors...

_ Non, je veux dire, tu ne dois pas lui parler tant que tu seras à l'école. Il faudrait attendre les vacances idéalement pour pouvoir lui parler. Son père m'a à l'œil, et les caméras de surveillance devant mon bureau, ce n'est pas pour rien.

_ D'ailleurs, j'ai oublié de retirer les bandes des caméras...

_ Laisse-les là, personne ne saura ce qu'il s'est passé entre le moment où tu les as bandé et quand tu les auras enlevé.

_ Il faudrait retirer ces caméras de là, non ?

_ Je n'ai pas le pouvoir de le faire, malheureusement.

_ Alors, peut-être qu'il vaudrait mieux que je communique avec vous par téléphone...

_ Je veux bien, mais ce n'est pas un peu dangereux ? Si jamais le père de Yamada apprend que je te fais du favoritisme, et qu'en plus, j'ai ton numéro personnel, il n'hésitera pas à attaquer Yuei en justice. Et comme c'est un avocat très réputé, il gagnera facilement le procès.

_ Ce n'est pas du favoritisme ce que vous faites, si ? Lui demanda Aizawa.

_ Lui verra ça comme du favoritisme, même s'il en est tout autrement.

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