Chapitre 5
Le cœur battant, Shota se dirigeait vers le bureau du directeur. Il stressait, il ne voulait pas quitter Yuei, pas maintenant... Il n'avait même pas encore effleuré son projet, il ne pouvait pas quitter Yuei, une semaine après la rentrée.
Il frappa, et entra dans le bureau du directeur.
C'était une grande pièce, avec un bureau tout au bout, devant une grande vitre donnant sur l'ensemble du lycée Yuei. Des bibliothèques ornaient la pièce, et au milieu, il y avait un canapé et deux fauteuils, et une table basse au centre, sur laquelle était posé une théière et deux tasses en porcelaine.
Assis confortablement sur un des fauteuils, il y avait un homme d'une cinquantaine d'années, sans doute, les cheveux bruns bien coiffés et des lunettes rondes sur le nez, habillé d'un costume gris élégant. Son nom : Yuji Rikimura.
Il se tourna vers le nouveau venu, et lui fit un sourire poli mais sincère en disant :
_ Tu dois être Aizawa Shota ! Assied-toi, je te prie. Je t'attendais.
Shota s'approcha prudemment et s'assit sur le canapé, en face de lui.
_ Mets-toi à l'aise ! Ne sois pas aussi tendu, voyons ! Tu veux du thé ?
_ Euh... Je...
_ Je prends ça pour un oui.
Il lui servit joyeusement une tasse qu'il posait devant lui.
_ Tu te doutes de pourquoi tu es ici, n'est-ce pas ?
_ Oui. Je suis désolé pour mon comportement, je...
_ Pas maintenant, Aizawa. Avant, discutons un peu. J'aimerais que tu me dises quel genre de héros veux-tu devenir.
Shota le toisa, puis après réflexion, il répondit :
_ Je ne veux pas être un héros comme All Might. Je veux être un héros qui sauve les gens, mais sans apparaître aux médias.
_ Un héros underground, si je comprends bien.
Face à son regard interrogatif, il lui expliqua :
_ C'est un héros qui agit dans l'ombre, dont les médias n'en parlent pas.
_ Je vois. Je voudrais bien être ce genre de héros.
_ Dis-moi, quelle est la raison pour laquelle tu t'es inscrit à Yuei ?
Shota but une gorgée de son thé, mais il avait un goût bizarre ; il rajouta un carré de sucre, et touillait, tout en répondant :
_ Mon père m'a dit que seuls les riches peuvent venir ici, et que les pauvres, comme moi, doivent rester à leur place. Je voulais lui prouver qu'il avait tort, en sortant de Yuei sous une nouvelle identité.
_ Je comprends. Tu as été confronté à plusieurs élèves d'ici, même à ceux de ta propre classe, n'est-ce pas ?
_ Oui.
_ Que s'est-il passé, ce midi ?
_ Je dormais dans la classe, et un groupe est venu... me tabasser. Ils sont dans ma classe, je crois. Et je les ai arrêté en activant mon alter.
_ Je parlais de ce midi, lorsque tu étais sur le toit.
Shota fronça les sourcils tout en buvant son thé, et comprit sa question.
_ Je m'entraînais, c'est tout.
_ Et tu t'es jeté dans le vide.
_ Oui.
_ Pourquoi ?
_ Pour essayer de me rattraper...
_ Tu as effrayé les élèves, et un professeur.
_ Je suis désolé, monsieur.
_ Relève ta manche droite, s'il te plaît.
Sans grande conviction, Shota obéit, dévoilant les bandes enroulées à son avant-bras.
_ Est-ce que je peux le regarder ?
Surpris, le noiraud ne comprit pas l'intention du directeur, mais retira quand même ses bandes et le donnait à l'adulte. Ce dernier se mit à le scruter, et tirait dessus, testant toutes les possibilités pour le couper, en vain.
_ C'est impressionnant ce que peut faire la filière assistance, fit-il en s'émerveillant devant l'outil dans ses mains.
Il le rendit à son propriétaire, et continuait :
_ Ton professeur principal m'a aussi parlé du premier jour de la rentrée. Tu aurais utilisé son pass magnétique pour ouvrir les placards où sont rangés vos costumes de héros, et pris sans autorisation ta valise.
_ Oui.
_ Et quand il est arrivé, tu lui as demandé de garder ceci avec toi, mais il a refusé, et tu t'es obstiné.
_ Désolé de paraître aussi orgueilleux, monsieur, mais ce n'était pas mon intention.
_ Pourquoi le gardes-tu ?
_ Pour m'entraîner à le manipuler avec et sans mon alter.
_ Ce n'est pas la seule raison, n'est-ce pas ?
_ Oui... Aussi pour rentrer chez moi.
_ Tu n'as pas les clés de chez toi ?
_ En fait...
Shota hésitait : pouvait-il faire confiance à cet homme ?
_ Tu peux me faire confiance, Aizawa ! Assura le directeur. Sans me vanter, je reste le directeur de Yuei.
Comment arrivait-il à savoir ses pensées ? À moins que...
_ Excusez-moi, monsieur, se hasarda Shota. Est-ce que, par hasard, votre alter serait la télépathie ?
_ Oh ! Tu es très perspicace ! Aucun élève ne savait que je possédais un autre alter ! Pas même certains enseignants, d'ailleurs.
_ Vous n'aviez pas un deuxième alter ?
_ Si, il s'appelle Silence absolu, et tout le monde le connait pour l'avoir senti au moins une fois.
_ Sans vous offenser, je dois vous dire, monsieur, qu'utiliser cet alter inconnu sur un élève durant une discussion censé être professionnelle est très déroutant, aussi, si cela ne vous dérange pas, j'aimerais que vous arrêtiez de lire dans mes pensées.
_ D'accord, je vais essayer. Reprends, s'il te plaît.
Shota inspira puis dit :
_ J'ai fugué de chez moi, et j'ai dormi dehors pendant un moment, jusqu'à ce que je trouve un appartement abandonné, situé au cinquième étage d'un immeuble.
_ C'était à cause de ton père, n'est-ce pas ?
Shota activa subitement son alter, en fixant le directeur de les yeux. Ce dernier se mit à rire, malgré le frisson qu'un simple élève pouvait lui procurer à cause de son alter.
En se rendant compte de ce qu'il venait de faire, Shota se mit à paniquer, sans pour autant désactiver son alter.
_ Désolé, fit-il. Mais je n'apprécie pas qu'on fouille dans ma mémoire.
_ Ça ne me dérange pas, Aizawa, répondit le brun avec un sourire. Tant que tu ne prends pas tes aises, ça me convient. Tu peux continuer.
Un dernier regard suspicieux, puis Shota continua, son alter toujours actif :
_ Pour le moment, j'ai réussi à fuir mon père, mais je ne sais pas pour combien de temps.
_ Tu as essayé de t'intégrer à ta classe ? Je suis sûr que tes camarades peuvent t'aider.
_ Ce ne sont pas des camarades, malheureusement.
_ Oh... Excuse-moi.
Gêné, le directeur se redressa dans son fauteuil, tandis que l'élève désactivait son alter. Puis, il brisa le silence en lui disant :
_ Je t'autorise à garder tes bandes de ta tenue de héros uniquement si tu ne l'utilise pas sur les autres, compris ? Sauf si une bagarre éclate ou que tu cherches à te protéger, là, tu peux t'en servir pour ligoter tes ravisseurs.
_ Oui, merci.
_ Et si tu as un problème, tu peux venir m'en parler. Notamment si tu te sens seul, mais je suis certain que tu arriveras à te faire des amis.
_ Peut-être...
_ Pour ce qui est de ton domicile, la seule chose que je peux te proposer est le système d'internat, même si seuls les filières gestion et assistance y ont accès. Étant donné ta situation, je peux te considérer comme boursier, et te faire payer moins de charge.
_ Merci, mais ça ira, ne vous en faites pas. Tant que personne ne remarque que j'ai élu domicile dans cet appartement, ça devrait aller.
_ D'accord. Je te fais confiance.
___
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