Chapitre 48

Une semaine plus tard, Shota était revenu à l'école. En entrant dans la classe, il sentit un changement, mais ne savait pas quoi.

Pourtant, personne n'avait changé de place, les murs et les fenêtres étaient restés les mêmes, et une ambiance plus conviviale qu'avant était présente.

Shota s'installa à sa place, et tourna la tête vers son voisin de table. Hizashi ne lui adressait pas même un regard, les yeux rivés sur sa trousse.

Pendant les cours, il ne cessait de lui lancer des regards. Celui-ci n'en faisait pas abstraction, il se concentrait étrangement sur le cours.

Et quand il essayait de lui parler, le blond l'ignorait catégoriquement, comme s'il était sourd à sa voix. Pourtant, il parlait bien avec le reste de la classe, mais son visage n'était plus radieux comme avant, et il esquissait par moment un sourire forcé.

Deux jours plus tard, durant la pause déjeuner, tout le monde sortait de la pièce. Shota se leva et se plaça juste devant Hizashi, le forçant à lui parler.

_ Il faut qu'on parle, fit-il pour le faire réagir.

Mais il continuait à ranger ses affaires, ignorant le noiraud.

_ Hizashi, je peux savoir pourquoi tu ne m'adresses plus la parole depuis un moment ? Lui demanda-t-il fermement.

Celui-ci leva les yeux vers lui, sans un sourire, et répondit :

_ Aizawa-kun, je...

_ Aizawa-kun ? Coupa-t-il. Depuis quand tu m'appelles comme ça ? Hizashi ! Expl...

_ Tu sais quels sont mes deux rêves ? Rentrer à Yuei, et rester avec toi. Mais ils sont incompatibles, surtout avec mon père. Et mon premier rêve a été de rentrer à Yuei. Je suis désolé, Aizawa-kun. Mais je dois te quitter, ou c'est Yuei que je quitterais.

Et sur ces mots, il se leva et partit sans demander son reste, laissant Shota là, debout.

Il comprit peu après le sens de ses paroles, et prit sa veste avant de courir en direction du bureau du directeur.

Une fois devant, il frappa à la porte, et sans attendre, il appuya sur la poignée.

Mais la porte était fermée à clé.

Shota frappa rageusement contre la porte, et s'écroula face contre celle-ci.

Il se releva aussitôt et se dirigea vers le toit. Une fois dehors, il s'accroupit contre le mur et sortit une gourde de compote.

Hizashi l'avait quitté. Et aussi froidement en plus. Il était brisé. Lui qui pensait qu'il serait enfin tranquille sans lui, maintenant, il le regrettait clairement. Et en plus, Rikimura n'était pas là, et ne pouvait pas l'aider.

Aizawa laissa échapper quelques larmes, pensant qu'il était seul.
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_ T'as un problème de cœur, toi !

Shota sursauta et essuya rapidement ses yeux. Puis il leva le nez, cherchant d'où provenait cette voix féminine, jusqu'à regarder en l'air.

Une jeune fille aux cheveux longs noirs et attachés, tout comme ébouriffés, était assise sur le mur, ses jambes croisées pendantes au dessus de la porte. Elle était belle et charmante, avec une poitrine plus que généreuse, et bizarrement, son uniforme la rendait plus ravissante. Ses lunettes rectangulaires lui donnaient un air professionnel et sublime, tout comme ses yeux bleus azur, son grain de beauté sous l'œil gauche et son mascara.

_ Nemuri Kayama, enchantée, Shota-kun ! Fit-elle avec un large sourire.

_ Je suis connu à ce point ? Commenta-t-il d'un ton sarcastique.

_ Tu es le petit gamin de la 1-A en couple avec le gars le plus mignon de la division. Comment ne pas te connaître ?

Shota l'ignora et replongea dans ses pensées. Mais visiblement, Nemuri ne semblait pas être de son avis et dit :

_ Tu as un souci avec lui, n'est-ce pas ?

_ Occupe-toi de tes oignons... Nemuri, répondit le noiraud.

_ Tu es aussi mignon qu'Hizashi-kun, mais je ne te pensais pas aussi impoli.

_ Quoi ?

_ J'ai 16 ans, et toi 15, alors tu peux m'appeler Onee-san, Kayama-senpai... ou même Nemuri-sama, puisque tu sembles apprécier m'appeler par mon prénom.

_ Je vais m'en tenir à Kayama-senpai.

_ Comme tu veux ! D'ailleurs, c'est vrai que tu as essayé de te suicider ? C'est une rumeur qui circule depuis que t'es absent. Après...

_ Ce ne sont pas tes affaires, répondit-il sèchement. Et fous-moi la paix.

Nemuri le regarda, puis sauta de son perchoir pour atterrir avec grâce. Sa jupe virevoltait au gré du vent, tout comme ses cheveux. Elle soupira alors :

_ Bon ! Je vais te laisser alors ! Moi qui voulait te proposer mon aide pour le récupérer...

Elle fit mine d'ouvrir la porte, mais Shota l'arrêta subitement :

_ Attend !

Elle émit un léger rictus de victoire, puis se retourna.

_ Oui, Shota-kun ?

_ Finalement, tu pourrais m'aider... bredouilla-t-il timidement.

_ Bien sûr ! On peut se partager mon bento, si tu veux !

Elle s'assit à côté de lui et ils commencèrent à discuter tout en mangeant.

_ Hizashi-kun a voulu tenté sa chance avec moi deux jours après la rentrée ! Déclara-t-elle. S'il n'était pas plus jeune que moi, peut-être qu'il aurait pu avoir sa chance ! Après, à voir qui de nous deux quitterait l'autre en premier.

Shota ne faisait que l'écouter, en mangeant un sandwich.

_ Il est vraiment mignon, mais il ne doit pas avoir beaucoup de jugeote. Toi aussi, t'es mignon ! Je dirais même mon genre, si tu n'étais pas en couple et plus jeune que moi...

_ Je ne suis plus en couple.

_ Ah oui, c'est vrai. Désolée. Les chagrins d'amour sont ce qui font le plus mal dans ce monde, crois-moi. J'en ai vécu aussi, mais bon ! C'est la vie !

_ Mouais...

_ Et en plus, t'es comme tous les puceaux, à toujours courir après celui qui leur a brisé le cœur...

_ Je ne suis pas puceau !

Un silence traversa les deux individus, avant que Kayama n'éclate de rire, et qu'Aizawa se mette à rougir, se rendant compte de sa réponse.

_ Sérieux ? Tu sais ce que ça veut dire, au moins ?

_ Évidemment !

_ Vous l'avez déjà fait, alors ? Combien de fois ?

_ Deux...

_ Mais ça fait combien de temps que vous étiez ensemble ?

_ Euh... Trois mois, je crois...

_ Sans blague ?! Hizashi-kun n'est jamais resté plus d'un mois avec la même personne !

_ Comment tu sais ça, toi ?

_ Je fais partie du bureau des élèves, et Hizashi-kun compte créer une radio spéciale de Yuei, dont il veut en être l'animateur principal. Et comme je m'occupe de superviser les projets au sein du lycée, on se côtoie souvent. Et j'y pense, il était absent au même moment que toi, mais ça ne fait qu'une semaine qu'il est revenu en cours.

_ Ah, je vois...

_ Pour être honnête, j'ai vu qu'il allait mal, mais il ne me parlait jamais de ce qui le tracassait. Ça doit sûrement être son père...

_ Son père ? Qu'est-ce qu'il a à voir là-dedans ?

_ Apparemment, il lui a dit de ne plus t'approcher au risque qu'il quitterait Yuei. Et t'as pas vu les nouvelles caméras de surveillance ?

Shota s'étouffa en buvant de l'eau.

_ Quelles caméras ?

_ Il y en a une dans chaque classe. Et partout dans tout le campus. Et ce ne sont pas les caméras bon marché, ce sont celles hyper sophistiquées avec micro intégré et vision infrarouge pour la nuit.

Alors c'était ça le changement qu'il a ressenti en entrant en classe.

_ Le père d'Hizashi-kun a dit au directeur que son fils ne devait surtout pas te parler, excepté pour te dire de te quitter. À ce qu'il paraît, le directeur a même fait un scandale parce que son père voulait installer des caméras dans son propre bureau, soi-disant parce qu'il verrait en douce certains élèves.

Shota se raidit ; son père était au courant pour ses entrevues avec le directeur.

_ Et... est-ce qu'il a cédé ?

_ Nan, et heureusement !

_ Qu'est-ce que tu me conseilles de faire pour Hizashi ?

_ Tu ne dois surtout pas le rendre jaloux, clairement ! Généralement, ça peut marcher, mais dans votre cas, c'est son père qui tire les ficelles. Et il risquerait de souffrir plus qu'il ne l'est déjà.

_ Mais le but de son père est que je ne lui parle pas. Et avec toutes ces caméras, je ne peux rien tenter...

_ Peut-être que si...

Le plus jeune tourna la tête vers la jeune fille, qui affichait un sourire narquois. Nemuri se tourna vers lui, et lui dit :

_ J'ai peut-être une idée pour que tu trouves un moyen de lui parler ici-même...

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