Chapitre 45
Dix jours s'étaient écoulés. Shota ne s'était toujours pas réveillé. Hizashi n'était plus revenu le voir, seul Rikimura venait chaque jour.
De plus, Yamada n'était pas venu à l'école non plus. Le directeur avait appelé ses parents, qui avaient prétexté une maladie. Mais il savait pertinemment qu'ils mentaient.
***
Un samedi matin, Shota ouvrit lentement les yeux, mais les refermait bien vite. La lumière du jour l'aveuglait, et ses yeux papillonnèrent durant un peu de temps, avant de s'adapter.
Il balaya la pièce du regard : une chambre blanche, et vide. Il se redressa légèrement, et constata avec stupeur qu'il avait des perfusions aux bras. Il passa sa main sur son cou : il sentait des points de suture là où il avait fait l'entaille.
La porte s'ouvrit, et Rikimura rentra dans la pièce. Qu'elle ne fut pas sa surprise en voyant Shota enfin réveillé après dix jours d'inconscience.
_ Aizawa... tu...
Il se rapprocha de lui.
_ Bonjour, sensei, fit simplement Shota. Je suis ravi de vous...
Une claque violente partit sur sa joue sans même qu'il ne s'y attende. Il tint sa joue endolorie, et releva les yeux vers le directeur, protestant :
_ Putain, mais ça va pas ?! Vous...
Mais il se tut en voyant l'état de l'adulte. Ce dernier retira ses lunettes et passa sa manche sur ses yeux.
_ Toi... Bredouilla-t-il en pleurant silencieusement. Tu... te suicider... mais qu'est-ce que t'avais en tête...
_ Rikimura-sensei, je...
_ La ferme ! Tu ne sais pas à quel point Yamada et moi, nous nous sommes inquiétés...
Le brun s'assit sur un tabouret, la tête dans ses mains, essayant de se calmer.
_ Je suis désolé, répondit le noiraud.
_ Je t'en veux, tu sais.
_ Où est Hizashi ?
_ Yamada est venu une fois, et après, je ne l'ai plus vu. Il n'est pas venu à l'école non plus. J'ai appelé ses parents, mais...
_ Il n'est pas venu me voir... pas une seule fois... Répéta Shota.
_ De nous deux, c'est lui qui s'inquiétait le plus pour toi. Aizawa, crois-moi, si Yamada n'est pas venu, c'est qu'il devait se passer quelque chose pour l'en empêcher.
« Je le hais... »
Rikimura s'assit sur le rebord du lit et prit la main du noiraud pour le calmer. Après quelques minutes de silence, il commença :
_ Aizawa, je...
Soudain, la porte s'ouvrit, et Hizashi apparut, une capuche sur la tête. En voyant Shota, il voulut sauter sur lui, mais celui-ci lâcha :
_ Tu n'es pas venu me voir une seule fois !
_ Non, Shota ! Je peux t'expliquer...
_ J'en veux pas de tes explications ! Tu t'es foutu de moi !
_ Shota, je t'aime ! Ce sont mes parents...
_ Si tu m'aimais vraiment, alors tu te serais débrouillé pour venir, peu importe le problème !
Hizashi se tut ; il n'arriverait pas à le raisonner. C'était clair.
Il s'approcha de lui, voulant lui parler doucement, mais il lui dit :
_ Va-t-en, Hizashi. Je ne veux plus te voir.
Le blond hésita un instant, puis posa sur la table de chevet une feuille et un petit paquet fermé. Puis il s'en alla tristement.
Rikimura ne pouvait rien faire pour ça. La seule chose qu'il pouvait faire était de convaincre Shota de lui parler. Il observa la feuille qu'Hizashi avait laissé et la tendit au noiraud.
_ Il a laissé ça, tu devrais...
_ J'en veux pas !
Le brun se positionna correctement sur le lit et lui déclara :
_ J'ai lu dans son esprit avant qu'il ne parte.
Il attendit une réaction de sa part, mais comme il n'en fit rien, il continua :
_ Yamada était brisé. J'ai l'impression qu'il a souffert durant un long moment. J'ai vu qu'il était sorti en douce, uniquement pour te voir.
Shota l'ignorait, ne voulant rien entendre sur lui.
_ Rassure-moi, tu n'as pas fait ça pour tester Yamada ? Je veux dire, tu...
_ Non. Je voulais réellement en finir. Et je veux en finir.
_ Aizawa, tu sais pourquoi tu souffres ?
Le noiraud se tourna vers lui, incrédule, et fit non de la tête.
_ C'est pour prouver que tu es humain.
_ Donc souffrir est naturel ?
_ Oui. Tu ne peux pas vivre sans souffrir, malheureusement. Mais tu ne peux pas vivre sans être constamment heureux non plus.
_ Rikimura-sensei, la plupart de ceux qui vivent dans ce monde ne souffre pas, d'autres souffrent beaucoup. Ce n'est pas pour rien que ma mère l'a fait.
_ Regarde au moins ce que Yamada voulait te donner.
Il prit la feuille à contrecœur et la déplia :
Yo, Shota,
Je sais que tu ne voudrais pas m'écouter à ton réveil, alors j'ai anticipé (pour une fois, tu diras).
Je suis désolé pour ne pas être venu te voir durant ces dix jours. J'ai fait de mon mieux pour sortir, et je ne le regrette pas.
Shota, je t'aime, et je t'ai toujours aimé. Mais mes parents ne veulent pas de notre relation. J'ai essayé de te rejoindre, à plusieurs reprises, mais ma mère m'a arrêté avant même que je n'ouvre la porte. Je suis restée enfermé dans ma chambre durant des jours, au point de ne plus manger. Tu vois l'effet que tu me fais, Shota ?
Et aussi, j'ai su que ton anniversaire était le 8 novembre, le jour de ton... enfin, tu vois, quoi ! Alors, je te souhaite un bon anniversaire un peu en retard !
Je suis passé un jour au centre commercial, mais comme je ne roule pas sur l'or, je t'ai pris un jouet dans les trucs... Tu vois, les jeux gachas ? Bah, c'est comme ça, mais en vrai. Du coup, j'y ai joué, et j'ai eu de la chance : je suis tombé sur le porte-clé collector de Ganriki Neko ! Je sais que tu adores ça, et que tu regardais le dessin animé quand t'étais gamin.
Pour être plus sérieux, si jamais tu veux me quitter, je respecte ton choix. Mais je t'en supplie, reste mon ami. Parce que je ne supporterais pas d'être loin de toi. Et encore moins que nous soyons en froid. Je ne peux pas vivre sans toi, Shota.
Bon, bah, si tu veux me parler, je ne serais pas loin. Tu peux venir me voir, enfin, tu peux plutôt envoyer Rikimura me chercher.
Hizashi Y.
Lorsqu'il eut fini de lire la lettre, Shota avait la tête baissé, des larmes coulaient de son visage, et ses mains tremblaient à en froisser la feuille.
_ Je peux lire ? Demanda maladroitement Rikimura.
Shota lui tendit la feuille en essuyant de son poignet ses yeux. Il lui prit la feuille en l'enlaçant pour le calmer. Il lut la lettre à son tour, et comprit alors ce que voulait le blond.
_ Aizawa, est-ce que tu te souviens avoir entendu ce que je t'ai dit pendant ton coma ?
_ Vous m'avez dit beaucoup de choses, je ne m'en souviens pas.
_ Alors, c'était bien vrai... Quand on est dans le coma, on est inconscient, mais on entend tout. Est-ce que tu te souviens de ce que Yamada t'a dit ?
_ Je... crois... c'était il y a un moment. J'ai entendu une dispute... entre ses parents et lui... et ils sont partis... et Hizashi n'est jamais revenu me voir... Parce que ses parents...
_ À quel moment tu t'en es souvenu ?
_ À l'instant...
Le directeur marqua une pause, avant de se lever, et de dire :
_ Je vais chercher Yamada, d'accord ?
_ Oui.
_ Bien. J'arrive, je reviens dans quelques minutes.
___
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