Chapitre 16
Shota s'était comme téléporté dans une autre époque, se retrouvant assis dans l'herbe, visiblement dans un jardin. D'ailleurs, avait-il bien entendu ?
Le nom du deuxième alter du directeur, c'était Lecture d'esprit... Ce n'était pas de la télépathie ? Mais alors, comment le directeur avait-il réussi à lire dans ses pensées ?
_ Ton alter, Yuji, sert à lire dans le cœur et l'esprit des gens, fit une voix d'homme comme pour répondre à sa question. Ainsi, tu peux lire aussi leurs pensées, si tu sais le développer suffisamment. Et même plus...
Shota se retourna, et vit un adulte bien habillé, et un jeune enfant brun à lunettes, d'une dizaine d'années sûrement. Mais celui-ci pleurait.
_ Maintenant, recommence, Yuji. Regarde-moi fixement, et utilise ta Lecture d'esprit pour savoir où se trouve ton jouet.
_ Pa-papa... Sanglotait le gamin. Je... j'en peux plus... J'ai mal à la tête...
_ Si tu veux devenir comme ton frère, apprend à user convenablement de tes alters ! Regarde-moi et cherche ton jouet !
Le gamin leva ses yeux larmoyants, et fixait son père intensément. Mais après cinq minutes d'essai, il s'écroula au sol en pleurant, se tenant le crâne.
Shota s'approcha du gamin, et posa sa main sur son épaule, mais constatait qu'il ne le sentait pas. L'homme prit violemment le bras de son fils et le releva brutalement.
_ Recommence ! Crachait-il encore une fois.
_ P-papa... je peux pas...
_ Si tu arrêtes maintenant, je te prive de dîner ce soir !
Le garçon se mit à pleurer encore plus, et le fixa intensément.
_ Où est ton jouet ?
_ Der... Derrière le bocal... du poisson...
_ Voilà ! Ce n'est pas compliqué ! Maintenant, dis-moi qu'est-ce qu'on va manger ce soir.
_ J'y arrive pas...
_ Fais-le ! Ou tu ne mangeras pas ce soir !
Shota paraissait normal face à cette scène, comme si c'était normal de traiter son enfant ainsi. De toute façon, il a vécu quelque chose d'assez similaire, peut-être était-ce normal pour lui de ne rien ressentir face à ça, si ce n'est que de la compassion pour cet enfant.
Serait-ce le directeur quand il était enfant ? Pourquoi lui montrer ça ?
Il n'eut pas le temps de réfléchir qu'il vit un brouillard épais l'entourer. A travers le brouillard, il percevait des cris d'enfants, et de deux adultes, un homme et une femme.
Puis, le brouillard s'estompa. Shota était debout face à une grande table, où étaient assis trois jeunes gens, et un couple. Ils dînaient, et visiblement, le repas était très tendu.
Le noiraud reconnut le brun à lunettes, avec des pansements sur le visage, et qui semblait plus âgé que tout à l'heure, peut-être 14 ans. Celui-ci mangeait en silence, sans lever les yeux.
_ Yuji, j'aimerais que tu me dises ce que tu voudrais faire plus tard, lui dit calmement sa mère.
Yuji continuait de manger, puis finit par poser ses couverts, fixant ses parents dans les yeux.
_ Je veux être professeur, déclara-t-il.
Le père s'étouffa en buvant son eau, alors que ses frères et sœurs éclataient de rire.
_ Ne te moque pas de nous, Yuji, répondit froidement la femme. Dis-moi, veux-tu être ingénieur ? Médecin ? Homme d'affaire comme ton père et ta sœur ? Héros comme ton frère ?
Le brun serrait les poings et répéta fermement :
_ Je veux être prof ! Prof de physique-chimie !
Le père se leva brusquement en haussant le ton :
_ Il n'est pas question qu'un de mes fils ait un métier de clochard !
_ Être prof n'est pas un métier de clochard ! Hurla l'adolescent en se levant à son tour.
_ Enseignant, c'est comme les éboueurs ! Comme les marchands de poissons ! Comme tous les métiers de basse qualité ! Renchérit son frère d'un ton sarcastique. Ça gagne rien, et on te chie dessus !
_ Jamais je ne serais comme vous ! Avec vos mimiques d'arrogants, vos pensées ridicules et votre égoïsme à la con !
_ Je refuse qu'avec deux alters comme les tiens, tu ne serves qu'à faire le baby-sitter à des mômes de 2 de QI ! Si je t'ai entraîné aussi durement, ce n'est pas pour rien ! Tu seras un homme d'affaires, un héros, ou tout ce que tu veux, mais pas des métiers qui se font marcher dessus !
_ C'est ma vie ! Je fais ce que je veux ! C'est pas à toi de décider de mon avenir !
_ Oh, crois-moi, mon garçon, je ne vais pas me gêner ! De toute manière, tu es déjà inscrit à Yuei...
_ Yuei ? Qu'est-ce que je vais foutre là-bas ?
_ Tu vas suivre la voie de ton frère ! Tu es inscrit par recommandation, tu n'as pas le choix !
Yuji sortit de table en se dirigeant d'un pas lourd vers sa chambre en hurlant :
_ Vous me faites chier !
Puis il claqua violemment la porte.
Un nouveau brouillard entoura Shota, qui entendait d'autres voix. Il se retourna, et vit Yuji, à 18 ans sûrement, diplômé de Yuei, en compagnie d'une jeune fille afro-américaine.
_ Leyla, dit le brun. Est-ce que tu accepterais de m'aider à réaliser mon projet ? Maintenant qu'on est diplômés tous les deux.
_ J'aimerais beaucoup, Yu-chan, répondit-elle. Mais tu sais que je dois rentrer en Amérique, mon père m'attend.
_ En fait, j'ai changé de projet entre temps, et ça va te paraître sûrement ridicule, mais...
Yuji passa sa main derrière ses cheveux, le visage rouge.
_ Dis-moi, Yu-chan !
_ Déjà, je compte reprendre les directives de Yuei...
_ Mais c'est génial, ça ! Tes parents vont être abasourdis en entendant ça !
_ Ouais... Et aussi...
_ Oui ? Dis-moi ?
_ Je... Je t'aime, Leyla ! Ça fait trois ans qu'on traîne ensemble, qu'on est dans la même classe, et je n'ai jamais eu le courage de te le dire en face, mais...
Il fut coupé brusquement par Leyla qui l'embrassait tendrement. Surpris, il n'en croyait pas ses yeux, puis finit par s'emporter dans ce baiser.
Shota fut heureux pour eux, mais un brouillard coupa net cette scène auquel il assistait.
Il se retrouva dans un appartement, mais clairement pas au Japon. Devant lui, il y avait Yuji, à 35 ans, tenant dans ses bras un bébé. Shota se rapprocha pour mieux l'observer : le bébé semblait si paisible.
_ Papa !! Crièrent une petite fille de 5 ans et un garçon de 2 ans en fonçant sur le canapé.
_ Chut... Fit-il. Votre petit frère dort, il ne faudrait pas le réveiller.
_ Salut, Yuji, fit Leyla, toujours aussi ravissante, en s'asseyant à côté de l'homme.
_ Alors ? Demanda Yuji.
_ Le poste est vacant, tu vas pouvoir réaliser ton rêve !
_ Les enfants, ça vous dirait de déménager au Japon ?
_ Ouais !! Crièrent en chœur les enfants, réveillant le bébé qui se mit à pleurer.
Shota était admiratif de cette famille.
_ Yuji, tu me promets que tu essayeras de renouer avec ta famille ?
_ Je te l'ai promis lors de notre mariage, alors je le ferais, ne t'en fais pas.
La famille s'effaça dans un brouillard, étrangement plus épais que les précédents. Le noiraud se demandait pour quelle raison, et il ne tarda pas à découvrir la réponse.
Il se retrouvait cette fois-ci à l'aéroport de Tokyo, derrière une foule de personnes. Il tourna la tête, et vit les deux enfants de la famille, 10 et 7 ans, pleurer contre leur père, et surtout Yuji, à 40 ans, effondré au sol.
Shota se rapprocha d'eux, et il entendit distinctement la voix du directeur :
_ Non... Leyla... Nick...
L'élève se retourna, observant la grande télévision. Ses yeux s'écarquillèrent, sa respiration fut coupée pendant une demi-seconde, et il porta la main à sa bouche, reculant légèrement, choqué par ce qu'il se disait aux informations : l'avion où étaient Leyla et son fils avait fait un crash dans la mer, et personne n'y avait survécu.
Tout s'effaça dans un brouillard tout aussi sombre, puis il réapparut, dans la maison d'origine de Yuji. Celui-ci était face à son père, l'air grave. Ses enfants étaient derrière lui.
_ Je refuse ton offre, papa, dit clairement le brun.
_ Je te donne une opportunité de remonter dans mon estime, Yuji. Je te le répète une dernière fois : cède Yuei à mon entreprise, et que les héros qui en sortent deviennent des soldats à mon compte.
_ Les héros sont formés pour sauver des vies ! Pas pour être profités par des menteurs dans ton genre !
_ Très bien. Tu n'auras aucune part de mon héritage, pas même tes enfants.
_ Je me fous de ton héritage ! Tout ce que je veux, c'est vivre ma vie normalement ! Pourquoi t'es pas comme maman, hein ? Elle, au moins, elle a compris, mais toi...
_ Ta mère ne connait rien du monde des affaires. C'est bien pour ça que je m'occupe toujours des dépenses conjugales jusqu'à maintenant !
_ Les enfants, on y va ! Conclut-il en prenant ses enfants par la main. Votre papi ne veut pas nous aider, on va demander aux parents de votre mère. Eux, ils sont plus gentils, au moins...
Encore un nouveau brouillard, plus chaleureux, on dirait.
Shota fut cette fois-ci dans le bureau du directeur. Face à lui, Rikimura était assis à son bureau, et parlait avec quelqu'un. Le noiraud se rapprocha pour voir à qui il parlait, et constata avec stupéfaction que dans le fauteuil face à l'homme, c'était Shota Aizawa lui-même qui s'y trouvait.
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