Bonus
Yo !
Ayant pensé à un bonus inspiré d'une partie de mon expérience personnelle (la partie réaliste, hein 😉), je suis ici pour l'écrire (et aussi, c'est mon cadeau que je vous offre pour mon anniversaire !! 😄).
Shota sera en dernière année de lycée, deux mois avant les examens blancs pour obtenir le diplôme de héros (un équivalent du bac, si vous préférez, que j'ai inventé de toutes pièces, on va pas se le mentir 😂😅)
Je vous conseille de vous garder au moins dix à quinze minutes pour lire ce bonus sans interruption, surtout pour y rester plongé.
Sur ce, bonne lecture !!
C'est parti !! 😄
___
Un 4 sur 20... C'était impossible...
En cours de sciences fondamentales, Shota, les mains jointes devant lui et la tête baissée, réfléchissait beaucoup. Trop, même. Sa copie était devant lui, face cachée.
La sonnerie venait de marquer la fin des cours. Tous les élèves se dépêchèrent de ranger leurs affaires pour sortir le plus vite possible. Il ne restait plus que quelques élèves, qui discutaient entre eux de l'évaluation qu'ils venaient de recevoir.
Un 4 sur 20... Jamais il n'en avait eu.
Certes, ses notes n'étaient pas si hautes que ça, mais il restait toujours dans la moyenne, entre autres, depuis son entrée au lycée. Certes, il avait déjà eu des notes assez basses, mais jamais il n'a eu de notes en dessous de 7 depuis le début de l'année.
Pourquoi ? Il avait pourtant fait des efforts, appliqué à la lettre les conseils de Rikimura pour progresser et mieux travailler... alors pourquoi ?
Shota ravala des larmes qui menaçaient de sortir, et arborant son air le plus impassible, il tourna la tête vers son voisin de table, posant les yeux sur sa copie.
Hizashi avait eu un 17 sur 20... Un 17...
Ce dernier tourna la tête vers son petit-ami, et avec un grand sourire, lui demanda :
_ Dis, Sho-chan ! T'as eu combien ?
Shota hésita un instant, puis répondit tout en rangeant ses affaires :
_ Une... mauvaise note...
_ Elle est si mauvaise que ça ? Dis-moi et on verra si c'est le cas !
Shota ne répondit pas.
Le blond était de trop bonne humeur. Et le noiraud ne partageait pas ce sentiment.
_ Tu ne veux pas en parler ? Lui demanda-t-il d'un air inquiet.
_ Ça va, ne t'en fais pas.
_ Shota, tu me le dirais si tu avais un problème, n'est-ce pas ?
_ ... peut-être...
Hizashi se leva, s'accroupit juste devant la table de Shota pour être à sa hauteur et déclara d'une voix douce :
_ Tu sais, je comprends si tu ne veux pas m'en parler, mais ne garde pas ça pour toi, hein ?
_ Je... j'en sais rien.
Yamada semblait un peu triste que son meilleur ami ne lui confiait pas ce qui le tracassait, mais il lui dit quand même :
_ Si tu ne veux pas me le dire, parle en à Rikimura-sensei ! Je suis sûr qu'il pourrait t'aider !
_ Vraiment ?
_ Yes !
_ Merci, Hizashi.
_ Juste, ça te dérange pas de rentrer seul ? J'ai un cours particulier de première année à assurer, sorry !
_ Non, je vais voir Rikimura-sensei. Je te rejoindrais à l'appartement.
_ Yeah !!
Sur ces mots, Shota se leva et embrassa furtivement son copain, et fourra au plus profond de son sac cette copie maudite avant de sortir de la salle de classe d'un pas nonchalant, dissimulant sa peine.
Hizashi en avait profiter pour regarder furtivement sa copie, et vit avec stupeur la note qu'il avait obtenu. Forcément, il comprit alors pourquoi le noiraud ne voulait rien lui dire : il avait trop honte de le faire, surtout parce que lui avait eu une note bien plus élevée.
***
Shota descendit un à un les escaliers menant au troisième, puis au deuxième étage. Et arrivé là où il voulait aller, il frappa à la porte menant au bureau du directeur, et sur son accord, rentra en refermant la porte.
Rikimura était assis à son bureau devant un ordinateur. Visiblement, il devait travailler sur quelque chose d'assez complexe, étant donné son air renfrogné.
Il leva les yeux rapidement vers Aizawa, puis retourna à son écran en disant :
_ Bonjour, Aizawa. Installe-toi, je finis ça et je suis à toi ensuite.
L'élève acquiesça, et s'assit sur le siège de droite face à l'adulte, posant son sac à ses pieds.
Un silence régnait dans la pièce. On n'entendait que les tapotements des touches sur l'ordinateur, et les soupirs exagérés mais discrets du directeur. Shota regarda un peu partout pour patienter, et son regard se posa sur une pile de feuilles.
_ Je peux regarder ? Demanda-t-il maladroitement.
_ Mmh ? Fit le brun en le regardant rapidement. Euh, oui. Tu peux.
_ Merci...
Le noiraud prit la pile de feuilles et la lut : c'était le corrigé de l'évaluation que le professeur de sciences venait de lui rendre. Il sortit sa propre copie et la compara avec le corrigé : des fautes, que des fautes. Les seuls points qui lui avaient été accordé étaient un QCM où il avait eu deux bonnes réponses sur huit, et sa rédaction dont seule l'organisation lui a donné deux maigres points sur seize.
Son regard s'assombrit, et il reposait le corrigé à sa place. Il s'apprêtait même à déchirer sa copie lorsque la voix de Rikimura le sortit de ses réflexions :
_ Tout va bien, Aizawa ?
Shota sursauta et leva le regard vers le directeur en cachant sa copie dans son sac. Ce dernier avait lu inconsciemment dans son esprit malgré sa concentration pour finir son dossier.
_ Euh... pas vraiment, répondit l'élève en baissant la tête.
Yuji l'observa, puis sauvegarda son avancée sur le dossier, avant de le fermer et d'éteindre son ordinateur. Puis il se redressa pour être plus confortable dans son fauteuil, et lui posa ses mains à plat sur la table.
_ Ce sont les notes, n'est-ce pas ? Demanda-t-il d'un air sérieux.
_ Oui, acquiesça le noiraud.
_ Tu ne devrais pas donner autant d'importance aux notes, et de toute façon, ce n'est pas ça qui montre ton niveau. Enfin, certes, ça reflète une partie de ton niveau, mais ce n'est pas assez pour en dire long sur toi.
_ J'essaye de me sortir ça dans la tête, mais... c'est compliqué...
_ Tu as eu combien ?
_ Qu... quatre...
_ Sur dix ?
_ Sur vingt...
_ En quelle matière ?
_ Sciences...
_ Ah oui, c'est embêtant... coefficient combien ?
_ Trois...
_ Ah... c'est vrai que c'est un peu compliqué... mais je sais que tu as travaillé. Est-ce que tu remarques tes progrès ?
_ J'en sais rie...
_ Moi, si.
Shota se tut subitement, fixant le directeur d'un air ébahi.
« C'est... impossible... », pensa-t-il, totalement confus.
_ Pourtant, c'est le cas, répondit Rikimura, ayant lu dans son esprit.
Shota ne dit plus rien, essayant de comprendre comment...
_ Je t'ai eu pendant deux ans en tant qu'élève, et même maintenant, en fouillant dans ton esprit, je vois que tu travailles sans relâche, continua le brun en remontant ses lunettes. Tu t'es beaucoup amélioré en maths, en théorique, mais aussi en sciences et dans les langues. Tu rédiges beaucoup mieux dans la plupart des matières, tu as gagné en rigueur également... Non, ne pleure pas...
Le noiraud buvait ses paroles, incertain. Et inconsciemment, des larmes avaient coulé le long de ses joues. Il les essuya d'une main fébrile en s'excusant, et se reconcentra sur ce que lui disait le directeur.
Au fond, s'il s'était lâché ainsi, ce n'était pas pour rien. Il avait besoin d'entendre ce genre de paroles, il avait besoin qu'on lui dise qu'il avait progressé, qu'il pouvait y arriver même avec des difficultés.
_ Le problème chez toi, Aizawa, c'est que tu manques cruellement de confiance en toi, déclara Rikimura en se redressant. Tu dois avoir plus confiance en toi.
_ Comment ? Demanda-t-il lentement.
_ Commence déjà par te rendre à l'évidence que ton alter est une capacité incroyable que seul toi possède ; il a beau n'être ni offensif, ni défensif, tu peux annuler les alters de tes adversaires juste en les regardant. Et je peux te garantir que c'est le plus grand point faible de tous les gens normaux. Enfin, c'est ce que je pense, puisque de tout cet univers, c'est bien toi mon plus grand point faible.
Il se leva en rangeant quelques dossiers dans son sac, et demanda :
_ Tu as bandé les caméras devant mon bureau ?
_ Non, je n'y ai pas pensé.
_ Tu rentres avec Yamada, non ?
_ Pas aujourd'hui, il donne des cours particulier d'anglais en 1-B.
_ Je vois. Bon, sors en premier alors et attends-moi dehors, j'arrive.
_ Euh... oui.
Shota sortit du bureau, son sac sur le dos, et se dirigea vers la sortie. Il salua la femme à l'accueil, et sortit de l'établissement, avant de s'adosser au mur.
Il patienta une dizaine de minutes, jusqu'à ce qu'une voiture rouge s'arrête juste devant lui. Derrière la vitre, Rikimura lui fit signe de monter, ce qu'il fit.
Une fois installé et attaché, Shota lui demanda :
_ Rikimura-sensei, où allons-nous ?
_ Tu verras. Et tu peux m'appeler par mon prénom, on n'est que tous les deux.
_ D'accord...
Après avoir passé un panneau barré de Musutafu, Shota lui demanda :
_ Mais on sort de la ville, là...
_ Je sais, là où on va est à trois-quarts d'heure de la ville. Avec un peu de chance, il fera nuit quand nous serons arrivés.
Comme la radio était allumée, Yuji tapotait du doigt sur le volant au rythme de la musique en fredonnant la mélodie. Et puisque Shota ne le suivait pas, il lui demanda :
_ Shota-kun, tu écoutes quel genre de musique ?
_ J'en écoute pas, répondit-il simplement.
_ Vraiment ? Pas même la radio ?
_ Non.
_ Pourquoi ?
_ Parce que je préfère quand c'est calme. Je n'aime pas quand c'est bruyant.
_ Donc, tu insinues que la musique, c'est du bruit ? Enfin, je veux dire, que du bruit.
_ C'est ça. Même si, toutefois, ce que fredonne Hizashi peut être plutôt doux.
_ C'est vrai qu'il aime le rock, lui.
Au même instant, l'animateur de la radio lança d'une voix enjouée la prochaine musique : SLUMP, de Stray Kıds, la version japonaise.
« Oh ! Je connais cette chanson ! », songea-t-il en tiltant au titre.
_ Si tu la connais, tu n'as qu'à la chanter, proposa le brun avec un sourire malicieux.
_ Quoi ?! S'exclama le noiraud, les joues écarlates. M-mais non ! C'est juste Hizashi qui la chante à tout bout de champ !
_ Cependant tu la connais ! Et je veux t'entendre chanter !
_ Mais je ne sais pas chanter ! En plus, c'est gênant ! Et encore plus devant vous !
_ Et tu crois que moi, je sais chanter ?
« J'en sais rien ! Vous êtes parfait, donc que voulez-vous que je vous dise ? »
_ Faux, je ne suis pas parfait, loin de là !
_ Si vous ne l'êtes pas, alors chantez, pour voir si c'est vraiment le cas ! Dit le noiraud sur un ton de défi.
_ Si tu veux !
Yuji augmenta le son de la radio, et pile à ce moment-là, la chanson tant attendue démarra. Et il se mit à chanter, le sourire aux lèvres.
Shota l'observait en coin, écoutant sa voix : calme mais entraînante, contrairement à la musique qui était assez rythmée. Ses lèvres se mouvaient au fil des paroles, et sa voix vibrait chaleureusement dans le véhicule, et chaque mot prononcé était distinct.
Et comme Rikimura connaissait Shota par cœur avec le temps, au milieu du refrain, il arrêta de chanter et lâcha :
_ Je parie que tu n'es même pas capable de faire mieux que moi !
_ Qu... pardon ?! S'exclama-t-il, son égo touché par ses mots. B-bien sûr que j'en suis capable ! C'est juste que j'en ai pas envie...
_ C'est ça, je te crois.
Shota trifouilla son téléphone pour avoir les paroles devant les yeux, et attendit le début du deuxième couplet.
_ T'es sûr d'y arriver ? Fit le brun. On arrive à la partie rap...
Le noiraud le coupa en démarrant le second couplet. Étrangement, malgré la rapidité des paroles, il arrivait à articuler chaque syllabe. Yuji le suivit en finissant le couplet, un sourire aux lèvres. Et avec un regard complice, ils se lancèrent tous deux sur le refrain.
Shota arborait un léger sourire en chantant, ce qui n'échappa pas au directeur.
Et à la fin de la chanson, ils soufflèrent un bon coup, puis Rikimura sortit son téléphone d'on ne sait où, et en toucha l'écran en disant :
_ C'est dans la boîte !
_ De quoi ?
_ Ta magnifique reprise de cette chanson ! Je te l'ai envoyé.
_ Quoi ?! C'est illégal d'enregistrer à mon insu !
_ C'est illégal de le poster sur Internet sans l'accord de la personne concernée.
Aizawa croisa les bras en s'enfonçant dans son siège, l'air boudeur. Rikimura, lui, avait un sourire joueur.
Après une demi-heure de route, ils se garèrent proche d'une falaise, auprès d'autres voitures. Yuji sortit du véhicule, et Shota l'imita. L'adulte ouvrit le coffre, et dit :
_ Range ton sac ici, on ne sait jamais.
_ Pourquoi pas devant ?
_ Imagine qu'il y a des gens malhonnêtes qui passent par là ; ils voient un sac, ils s'en moquent de la forme, puisque tout ce qui les intéresse, c'est son contenu.
_ Oh, je vois.
Shota fourra bien son sac dans le coffre, tandis que Rikimura ouvrit une valise à son nom, et enfila une paire de gants noirs métallisés avec un boitier sur le dos relié à deux tuyaux de chaque côté, l'un rouge et l'autre bleu. Il prit un petit tube en verre d'un liquide grisâtre à gauche et d'un translucide à droite, qu'il inséra dans le mini boitier prévu à cet effet sur le gant droit, avant de faire de même pour le gant gauche.
_ Yuji-san, pourquoi vous mettez ça ? Demanda l'élève.
_ Ça ? C'est une partie de ma tenue de héros. Comme je n'ai aucun alter offensif physique, j'ai adapté ma tenue en fonction de mes capacités physiques. Ces gants fonctionnent avec du gaz liquide spécial, le liquide gris, composé essentiellement de propane et de butane. En frappant dans mes mains, de l'électricité se produit pour créer une réaction chimique entre le gaz et les électrons produits, créant ainsi du plasma, soit le quatrième état de l'eau.
_ Si c'est le quatrième état de l'eau, pourquoi on en a jamais parlé, à l'école ?
_ Parce que c'est un état encore beaucoup trop compliqué à discerner pour les scientifiques, donc forcément, on ne juge pas nécessaire que vous connaissiez ça.
_ Je vois. Mais ça a l'air cool, vos gants.
_ C'est vrai. Le problème, c'est que je ne peux pas l'utiliser en continu. La simple production de plasma doit atteindre environ 11 000 kelvins, soit environ 10 700 degrés. J'ai donc un appareil pour cryogéniser une couche de métal afin de stabiliser la température sur ma peau. Mais comme tu le sais, le changement entre le chaud et le froid peut provoquer une anomalie du métabolisme, c'est pour ça que je ne peux pas l'utiliser plus de cinq minutes d'affilées.
_ C'est... compliqué à comprendre... avoua le noiraud.
_ Je sais, moi aussi, j'ai dû mettre un mois pour comprendre ça.
Il verrouilla sa voiture puis se dirigea vers la montagne. Des arbres suspendus étaient présents tout le long de la falaise.
_ Tu auras besoin de ton écharpe, Shota-kun, annonça le brun en frappant dans ses mains. On va escalader la falaise.
Lorsqu'il les éloigna, il les crispa sans les fermer, et des sortes de griffes bleutées et lumineuses sortirent du bout de ses doigts. Shota était fasciné par cet accessoire, avant de se reconcentrer sur la falaise, qu'il trouva soudainement trop escarpée.
_ C'est pas un peu dangereux ?
_ Si, mais ayant grimpé ça une bonne cinquantaine de fois dans ma vie, j'ai dû tomber cinq ou six fois, et ce, à cause de la roche qui glisse.
Rikimura fléchit ses genoux, puis sauta et planta ses griffes dans la roche. Il glissa un peu, menaçant de tomber, puis réitérait l'acte en prenant appui sur des roches.
Aizawa l'observait, puis soupira en lançant le bout de son écharpe vers un premier arbre, avant de s'y accrocher et de monter assez rapidement.
La falaise devait faire une centaine de mètres de hauteur. Les deux arrivèrent au sommet sans problème. Enfin, c'était sans compter Shota qui avait failli tomber à cause d'un branche qui venait de craquer sous son poids, bien que léger.
Une fois bien au sommet, Shota, fatigué, demanda d'une voix lasse :
_ Bon, qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?
_ Il va falloir que tu décompresses un peu, répondit Rikimura. Chaque fois que je viens ici, je fais trois choses dans l'ordre. La première...
Il pointa l'horizon et dit :
_ Observe et admire la vue qui s'offre à nous !
Shota suivit son doigt du regard, et resta plutôt surpris, dans le bon sens du terme : Musutafu s'étendait devant lui, illuminé par les éclairages des bâtiments, des voitures et des lampadaires. Plus loin, on pouvait apercevoir la mer.
_ C'est beau... souffla le plus jeune.
_ N'est-ce pas ?
Ils restèrent côte-à-côte, debout en silence, observant l'horizon pendant une bonne dizaine de minutes. Le vent soufflait agréablement sur eux. On ne pouvait entendre que les bruits de la nature, comme les cigales qui chantaient, et les oiseaux qui gazouillaient avant de s'endormir.
Yuji brisa ce silence en déclarant :
_ La deuxième chose que je fais est d'extérioriser tous les sentiments négatifs que j'ai en moi.
_ Comment ?
_ Tu vois le dossier sur lequel je travaille ? C'est le dossier le plus compliqué sur laquelle je bosse, que je dois envoyer au gouvernement. Je dois faire ça chaque année, et c'est vraiment très énervant. Rien que d'y penser m'irrite.
_ Euh... et donc ?
Rikimura expira, puis inspira un grand coup, et hurla un grand « Merde !!! ». Aizawa sursauta et se boucha les oreilles, le temps que le directeur cesse son cri. Et lorsqu'il eut fini, il se tourna vers l'élève, et lui dit avec un sourire :
_ Fais-le ! Ça te fera un bien fou !
_ Non merci ! Sans façon ! Refusa-t-il. Vous êtes fou ! Imaginez que quelqu'un passe par ici !
_ Personne ne vient jamais ici. Je le sais. Allez, fais-le, et tu te sentiras mieux.
_ Non !
_ Faut vraiment que je t'aide pour tout, c'est pas croyable !
Le brun se posta juste derrière le noiraud, qui l'observait étrangement, se doutant d'une idée fourbe de sa part. Yuji posa ses mains sur les deux épaules de Shota, et amplifia sa colère et sa frustration quant à la mauvaise note qu'il avait obtenu.
Celui-ci le sentit, et tenta de s'échapper de son emprise, en vain.
_ Lâche-toi, et n'hésite pas à utiliser tous les gros mots qui te passent par la tête ! Encouragea le directeur.
Sans réfléchir, Shota inspira un grand coup, puis mugit un immense « Fais chier !!! ». Rikimura s'écarta de lui, et hurla à nouveau un juron, suivi d'Aizawa qui fit de même.
Et plus ils hurlaient des jurons, plus leur cœur s'allégeait, et un sourire se dessinait lentement sur leur visage.
Après cinq minutes de cette activité très lucrative, ils s'écroulèrent par terre, s'allongeant dans l'herbe, la respiration saccadée. Ils s'observèrent un instant, puis ils éclatèrent de rire.
Jamais Shota n'avait autant ri aux éclats avec un autre qu'Hizashi.
Ils eurent du mal à se calmer, au moins quinze minutes. Puis, enfin calmés, Shota demanda :
_ Yuji-san, c'est quoi la troisième chose que vous faites ?
Ce dernier attendit un peu, avant de répondre :
_ J'observe les étoiles. Sans réfléchir, ni me prendre la tête.
_ Les étoiles ? Mais il ne fait pas encore nuit...
Il se tut lorsque ses yeux plongèrent dans le ciel sombre parsemé d'étoiles lumineuses. Si on connaissait un peu l'astronomie, on pouvait apercevoir des constellations habituellement cachées à cause de la pollution lumineuse de la ville.
Ils restèrent ainsi, profitant du calme de la nuit.
_ Tu devrais le dire à Yamada, déclara soudainement Yuji. Concernant ta note.
_ Non. J'ai... commença Shota.
« J'ai trop honte pour lui dire une telle chose... », compléta-t-il dans sa tête, oubliant l'alter du brun.
_ Pourquoi tu as honte ? Il a eu quelle note ?
_ Plus du quadruple de la mienne.
_ Ah... ouais, je comprends ça... mais c'est ton meilleur ami et petit-ami, tu devrais lui dire.
_ Je vais essayer.
***
Une fois redescendus de la falaise, ils se dirigèrent vers la voiture. Shota s'étira en bâillant, tandis que Yuji fouillait dans ses poches pour chercher les clés du véhicule.
Cependant, il sentit la présence d'autres personnes autour d'eux, et tourna sa tête vers la forêt. Dans la pénombre, deux petites lumières jaunes luisaient ; deux yeux humains, inévitablement, lui lançant un regard sadique.
Mais Yuji eut le malheur de croiser ce regard jaune.
Il perdit soudainement le contrôle de son corps, ses yeux brillèrent d'une lueur jaune également, et il sentit un excès de rage l'envahir.
_ Yuji-san, tout va bien ? Fit Shota en attendant que la voiture se déverrouille.
Il vit les poings du directeur se serrer à s'en blanchir les phalanges. Il se rapprocha lentement de lui.
Sans qu'il ne s'y attende, Rikimura se retourna à une vitesse fulgurante, et lui asséna un coup dans le ventre. Shota se cogna contre la voiture, ne comprenant rien à ce qu'il se passait.
_ Yuji-san ! Qu'est-ce qui vous...
Nouveau coup, dans le visage, cette fois-ci. Il tomba au sol, un peu sonné, mais tenta de se relever bien vite.
Il n'eut même pas le temps de bouger qu'il se prit une salve de coups de la part de l'adulte. Il le supplia d'arrêter, sans succès.
Soudain, il revit des images qu'il pensait avoir effacé de sa mémoire.
Sa mère était pendue à la balançoire dans le jardin, derrière la maison. Depuis ce jour, Shota n'osait plus sortir dans ce jardin.
Le brun continua de le rouer de coups, sans s'arrêter. Des larmes coulèrent sur les joues du noiraud, le suppliant d'arrêter.
Car pour lui, Yuji Rikimura venait de l'abandonner, comme lui avait fait sa mère.
Son père lui lançait une salve de coups sans s'arrêter, malgré les pleurs et les supplices de son fils.
Après l'avoir bien fatigué, Rikimura s'assit à califourchon sur l'élève, et se mit à l'étrangler. Shota vit alors un visage qu'il ne connaissait pas du directeur : un visage déformé par la fureur. Il se débattait du mieux qu'il put, en vain.
Mais plus les secondes passaient, plus les doigts se resserraient autour de son cou, et plus il étouffait ; mais surtout, il commençait à perdre espoir.
Yuji Rikimura allait le tuer, inévitablement.
Shota tenta le tout pour le tout, et activa son alter, les yeux larmoyants.
Dès que ses yeux rouges luisirent dans la pénombre, ceux de Rikimura reprirent leur couleur noisette initiale. Il desserra considérablement sa prise sur sa victime, ne faisant que l'observer. Tous deux haletaient, l'un pour récupérer sa respiration, l'autre pour se reprendre de ce qui venait de se passer.
Et quand Yuji constata ce qu'il venait de faire, il se pinça les lèvres et se releva. Shota ouvrit la bouche pour lui parler, mais le brun le coupa et lui ordonna d'une voix glaciale :
_ Monte dans la voiture, et bloque les portières.
Il laissa tomber les clés devant lui avant de se retourner et de marcher en direction de la forêt d'un pas lent.
Shota se releva péniblement, et rentra dans la voiture immédiatement en faisant ce que le directeur lui avait demandé. Puis il observa ce dernier par la vitre, tout en réfléchissant.
_ Vous avez essayé de me faire tuer un de mes élèves, gronda la voix de Rikimura en frappant dans ses mains.
Des griffes bleues plus longues et plus brillantes que les précédentes sortirent de ses gants. L'ambiance y était palpable et pesante.
_ Vous allez payer pour ce que vous m'avez fait.
Le noiraud sentit soudainement le silence s'imposer en lui. Il se tint le crâne, essayant de rester conscient et de ne pas perdre la tête. Mais en observant bien le directeur, celui-ci ne le regardait pas. Il prit sur lui pour ne pas annuler son alter, et observa bien attentivement le spectacle qui s'offrait à lui.
Six hommes sortirent de leur cachette, un air de détresse au visage. Visiblement, ils étaient aussi atteints par le Silence absolu, puisque leur bouche déformée par la douleur semblait sortir un cri de souffrance.
Rikimura écrasa chacun d'eux du pied, et les griffa très sévèrement. Le sang giclait de leur dos, et la douleur était amplifiée puisqu'ils n'entendaient même pas leurs propres gémissements. Un à un, les ravisseurs sombrèrent dans l'inconscience, gisant dans leur propre sang.
Et quand ce fut le cas pour chacun d'eux, Rikimura désactiva son alter, et appela la police et les urgences pour eux, avant de toquer sur la vitre pour que Shota déverrouille les portières, et de rentrer dans le véhicule. Puis il lança ses gants vers l'arrière de la voiture avec rage, puis démarra immédiatement, roulant en direction de Musutafu.
Le trajet se fit en silence. Le brun avait coupé la radio, et arborait un air terne et morne, tout comme le noiraud.
Le passé les avait rattrapé tous les deux. Et pour cause, ils avaient commis des actes presque irréparables.
Le noiraud cherchait une façon pour l'aborder sans le blesser, ni le regretter par la suite. Il finit par lui dire :
_ Yuji-san... vous n'avez pas à être désolé pour...
_ J'ai failli te tuer, Shota-kun, coupa-t-il froidement. J'ai failli tuer un élève, toi en l'occurrence. Sans un alter comme le tien, tu serais mort sur le champ.
Nouveau silence.
_ Mais... je ne suis pas mort...
_ Tu aurais pu mourir, merde ! Et par ma main, en plus !!
Ces mots venaient de les refroidir. Une tension s'était installée entre eux.
Shota sentait la peur l'envahir : la peur de cet homme, la peur qu'il l'abandonne comme l'a fait sa mère.
Cependant, une question lui trottait dans la tête. Il se risqua quand même à la poser, et maladroitement, il lui demanda :
_ Yu... Yuji-san... est-ce que... vous avez déjà tué quelqu'un ?
Ce dernier tiqua, serrant encore plus le volant et lâcha d'un ton sarcastique presque sec :
_ Pourquoi tu me demandes ça, alors que j'ai failli te tuer ?
_ Vous ne répondez à ma question, répondit-il en faisant un effort pour contrôler le ton de sa voix.
_ J'avais 26 ans. C'était aux États-Unis, à New-York. Leyla et moi, on bossait dans des agences différentes. J'étais en congé, ce jour-là, et Leyla devait bosser.
Il marqua une pause, avant de reprendre :
_ Un groupe de vilains venu d'Europe s'attaquaient à des agences de héros. Ce jour-là, ils avaient pris en otage l'agence où Leyla travaillait. J'ai été prévenu, et j'ai accouru pour la sauver. Elle gisait dans son propre sang, quasi presque morte. Devant elle, l'un des vilains lui avaient planté un couteau dans le ventre. J'ai perdu le contrôle, et je l'ai tué. À coups de couteau. Et avec mon alter. Grâce à mon alter, tous les autres vilains ont été neutralisé. Mais à cause de celui-ci, tous les héros et les civils aux alentours étaient aux bords de la folie.
Un silence s'était installé dans le véhicule. C'était pesant.
_ Ça m'a hanté pendant des années. Leyla et moi devions nous marier le mois suivant. J'ai décalé trois fois, je suis même allé jusqu'à faillir faire le con et annuler mon mariage. J'ai dû voir un psy pendant quatre ans. Et c'est à peine si j'osais prendre une quelconque arme dans la main.
Il finit son récit, plongeant à nouveau la voiture dans le silence.
_ Je suis désolé pour vous, sincèrement, souffla Shota.
_ Tu n'as pas à l'être. C'est passé, maintenant. Aussi, excuse-moi d'avoir fait raviver de mauvais souvenirs en toi. Je ne voulais pas.
_ Ce n'était pas de votre faute, Yuji-san. Et on a tous les deux ressasser le passé avec des traumatismes enfouis, donc je considère qu'on est quittes.
_ Tu n'as pas tort.
***
Arrivés devant son immeuble, les deux individus sortirent de la voiture, pour prendre le sac de Shota dans le coffre. Rikimura en profita pour ranger ses gants dans sa valise, tout en lui rendant son sac.
_ Bon, cette soirée ne s'est pas passée comme prévu, mais j'espère que t'as apprécié, fit le brun en fermant le coffre.
_ Ouais, ça m'a fait du bien de penser à autre chose. Merci, répondit le noiraud en s'inclinant.
_ Passe une bonne soirée, Shota-kun !
_ Vous aussi.
Shota s'apprêtait à monter les escaliers menant à la porte de l'immeuble, mais s'arrêta à mi-chemin. Yuji le remarqua, et se demandait s'il avait oublié quelque chose.
Sans crier gare, Aizawa lâcha son sac au sol et revint sur ses pas presque en courant, avant de se jeter dans les bras du directeur. Surpris, ce dernier tituba un peu en reculant, avant de répondre à son étreinte avec un sourire.
_ Ne vous sentez pas coupable pour ce que vous avez fait, Yuji-san, marmonna l'élève en enfouissant sa tête dans son torse. Je m'en voudrais si vous m'abandonnez, même si vous aviez failli me tuer, alors...
_ Je ne t'abandonnerais jamais, Shota-kun, répondit Rikimura en caressant ses cheveux étonnamment doux et propres. Je te le promets.
Ils se séparèrent enfin, et se lancèrent un dernier regard complice avant de se quitter pour de bon.
Devant la porte de l'appartement, Shota fouilla dans son sac pour trouver les clés, et à peine l'eut-il poser devant la serrure que la porte s'ouvrit, laissant apparaître un Hizashi à la fois surpris, inquiet et en colère.
_ Pourquoi tu ne m'as pas prévenu que tu rentrerais aussi tard ?! T'étais où ?! Et avec qui ?!...
_ Du calme, Hizashi. J'étais avec Yu... Rikimura-sensei, je te l'ai dis. Et je pensais pas qu'on rentrerait aussi tard...
_ Mais tu t'es bagarré ?! Regarde ton visage !! Oh non !! Je dois désinfecter tout ça...
_ Hizashi !!
Le blond se tut enfin sous le ton qu'avait employé le noiraud. Ce dernier souffla, puis reprit :
_ J'ai eu un 4 en sciences. C'est pour ça que Rikimura-sensei m'a emmené ailleurs, pour changer d'air. Et je ne pouvais pas te le dire parce que... j'avais honte... et... j'étais jaloux de toi, et...
_ Ça, je le sais déjà ! Coupa-t-il en croisant les bras. Mais je veux savoir ce qu'il s'est passé pour que tu rentres dans cet état !
Shota soupira et lui expliqua tout depuis le début.
Au final, Hizashi ne lui avait rien dit pour sa jalousie. Et c'était une bonne chose.
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[4 919 mots]
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Et voilà !
C'est la fin de ce bonus, j'espère que vous avez apprécié. Moi, en tout cas, je sentais nécessaire d'en faire un.
J'ai l'impression que plus ça va, plus le nombre de mots augmentent 😅
Enfin, bon !! Je vous laisse, et passez de bonnes vacances !
Reality_Master 😘😘
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