Jour 6
De nouveau un titre trop long pour être entré en titre... Le thème du jour est donc : " This I want to believe implicitly: Man was born for love and revolution." citation tirée du roman "Soleil Couchant " de Dazai Osamu.
Bonjour à tous ! L'OS ci-dessous est un NathanielxMargaret dont l'écriture a été la plus compliquée de ma semaine.
PS : L'image jointe est le tableau "La femme à l'ombrelle" de Claude Monet.
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"Tu seras un homme pieux et droit mon fils, porteur de nos valeurs. Sois en digne. Tu es un élu, un homme de Dieu. Reste dans le chemin que nous t'avons tracé. Et sois le rédacteur des règles que suivront les générations futures."
Ce furent sur ces mots que la mère de Nathaniel Hawthorne le quitta, seulement quelques jours après le retour de son fils de l'académie aux allures de monastère dans laquelle ses parents l'avaient envoyé faire ses études. Située à des dizaines de kilomètres de sa ville d'origine, cette institution, qualifiée par sa famille de noble, lui inculquait des valeurs qui devenaient une part de lui. Une part étrangère cependant. Il pouvait le sentir. Cela ne l'avait pas dérangé dans sa jeunesse, de réciter ce qu'on lui disait d'apprendre et de suivre les méthodes recommandées. Mais la mort de sa mère avait été un choc. Car il ne l'avait pas vue depuis un an. Car il revenait trop rarement chez eux. Car on l'éloignait malgré lui pour qu'il reste dans la tradition familiale. Il n'était même pas au courant pour sa maladie. On ne lui avait pas dit pour qu'il se concentre sur ses études et assure son avenir. Un avenir ombragé pour les siens maintenant que Mrs.Hawthorne est décédée. Son père ne pourra plus lui laisser le foyer à gérer pendant qu'il part au travail, ou avec des amis influents. De plus, leurs moyens financiers sont en baisse. Nathaniel le sait, même si on le lui cache. Ainsi, il sera impossible d'engager du personnel en plus de la vieille cuisinière et du majordome nouvellement arrivé. Peut-être même que l'un d'eux devra partir, pour qu'il puisse finir son cycle d'études. La pensée ne l'a alors pas dérangé plus que cela. Cette formation et son avenir étaient la volonté de sa mère. Il a été élevé croyant, le voilà désormais allant pour devenir un messager du Seigneur. Et si un manque de motivation et de conviction qui lui sont propres a pu se remarquer lors de l'examen d'entrée, les belles lettres des livres qu'il englouti depuis son enfance ont tôt fait d'attirer l'attention des jurés. Il aime les livres. Il les a toujours aimé, et il est rare de le voir sans un ouvrage sous le bras. Écrivain lui aurait plu comme métier. Cela lui aurait permis de vivre des aventures qu'il écrit. Mais il devrait s'opposer à la volonté de ses parents, ce qui n'est pas envisageable. Donc il deviendra clerc. Pour guider les autres sur le chemin de la foi et être porteur des valeurs américaines.
La mort de sa mère est suivie par les examens, la remise de son diplôme et son admission au sein des brigades de prêcheur itinérant sur volonté de son père qui, revenu au foyer, prenait les décisions pour eux. Nathaniel n'a pas bronché. La fonction en elle-même est noble. Dédier sa vie à celle des autres. Les valeurs catholiques l'ont touché quand il était enfant, et sa mère fut ravie de voir l'implication de son fils dans les études qu'elle lui a choisi. De plus, le métier lui permet de continuer à lire et à écrire dans son temps libre. Son pouvoir, "La lettre écarlate", peut se développer grâce à cette passion. Ce qui ravit ses parents, inconscients de la responsabilité qui repose sur ses épaules à cause de cette capacité. Ce métier est donc un bon compromis. Et désormais, il laissera sa vie s'écouler ainsi. Ou du moins il l'a pensé.
Sa famille a perdu la reconnaissance des amis de confiance et proches parents, de ces personnes de même catégorie socio-professionnelle qui l'entoure pour sa fortune et son aura depuis des décennies. Et son père a mal vécu cet abandon. Et a accusé l'éloignement et la réussite de son fils. La disgrâce a touché un frère aîné dont le jeune clerc ignorait presque l'existence, lui fermant les portes du succès fait par des aÏeuls à la tête du domaine familial. Il ne pouvait prendre la suite de leur père qui rappela Nathaniel chez eux. Un fils cadet, un second choix auquel on avait attribué le mérite d'entrer dans le rangs pour redorer le blason familial. Mais le programme s'en trouve changé. Il doit être son nouvel héritier. Alors il appelle Nathaniel pour lui faire part de sa résolution.
En réponse, pour la première fois de sa vie, son fils lui refuse quelque chose. Il ne veut pas quitter les rangs. Son père hurle. Pourquoi le laisser faire s'il n'exerce sa profession que par défaut ? Il sait qu'il ne l'a jamais vraiment aimée. Mais son fils préfère ça plutôt que de devenir un pion affable et parlant de capitalisme et de rendement pour sa propriété à longueur de journée. Il reste un homme simple et humble, une telle vie serait la pire à son sens. Mais l'enjeu réel de leur dispute est de savoir comment regagner leur honneur perdu. Son père a une idée, celle de faire appel à une organisation d'utilisateurs de pouvoir menée par un jeune homme de confiance qui a bien réussi mais dont le sourire a écœuré Nathaniel. La Guilde. Et il ne peut pas refuser. Si sa famille est chassée de son domaine, il ne pourra plus revenir en ces lieux où sa mère a vécu heureuse, ou du moins il espère qu'elle le fut. Et il se sent comme pris d'un devoir envers cette femme qui a assuré sa réussite. Il intégrera la Guilde pour une durée de deux ans, sur contrat.
A nouveau il s'éloigne de sa famille, armé d'une mallette remplie de livres et de stylos ainsi que de feuilles verges. Dans un autre sac limé, il a pris le strict nécessaire pour assurer sa fonction de clerc et quelques vêtements avec son matériel de toilette et ses papiers d'identité. Le sac superflu selon lui. Sa paix intérieure se trouve dans l'autre.
Le voilà sur le quai auquel le Moby Dick est amarré. Bien qu'il ait d'abord trouvé le navire magnifique, naturel, il déchante en voyant les travaux à bord, sur la nageoire dorsale du cétacé déjà rendue artificiel. Quel gâchis. Des visages inconnus, curieux ou dédaigneux l'accueillent. Leurs porteurs sont des anonymes, Nathaniel se dit qu'il n'a même pas besoin de retenir leur prénom et d'interagir avec eux. Il ne reste que deux ans dans cette passade puis s'en éloigne à toutes jambes. Mais des visages forcent les barrières de son esprit. Fitzgerald qu'il méprise, Herman qu'il respecte pour ses choix difficiles, Louisa la passionnée, et Miss Margaret Mitchell, son binôme pour la plupart des missions.
Mitchell et sa grande bouche de laquelle sortent niaiseries et paroles tranchantes. Une femme honnête au pouvoir inspirant. Elle est comme lui enchaînée à la Guilde par un contrat. Et a décidé de lui déclarer la guerre dès son arrivée. A lui qui à peine débarqué se retrouvait haut-placé et preneur de décisions quand elle doit se battre pour se faire entendre au milieu des poivrots du gratin de la société américaine. Cette petite campagne de protestation qu'elle mène seule ou presque paraît insignifiante à l'homme d'Eglise. La vie est faite ainsi, il y a des injustices dans toute société aussi avancée que la leur. Une évolution entraînerait-elle sa destruction ? A quoi bon se rebeller ?
"Pour son amour de soi ! Pour se sentir estimé ! L'estime que tu as reçu sans même le voir et sans mérite alors que je me bats n'est que pure injustice. Et ton amour de soi, l'as-tu laissé au pays ? Obéiras-tu comme un petit chien ? "
Lui a-t-elle crié un lendemain de réception, quand il était venu lui parler de son attitude et lui poser la question. Et pour répondre à celle que lui a renvoyée Margaret, il a toujours obéi aux ordres. Il ne peut en être autrement. Mais face à la volonté de cette jeune femme pleine de fougue, il se demande à la place : où ai-je donc raté quelque chose ?
A partir de cet instant, la psychologie de Nathaniel change peu à peu. Il se rend compte qu'il pourrait essayer de partir pour suivre sa passion au lieu de rester en ces lieux. Pas une évasion, non. Il attendrait la fin de la durée du contrat, pour que son père le laisse en paix. Puis il, pourrait partir vivre en se centrant sur lui, pour satisfaire sa conscience et ses désirs. Mais n'est-ce pas un péché ? De l'orgueil pure ? Margaret lui a-t-elle retourné le cerveau ? Il tente de s'en persuader. Tout ce qu'il ressent pour elle doit être colère et dédain mêlée à une touche d'empathie pour la ramener sur le droit chemin. Mais une part de lui ne veut pas la voir changer. Cette même part qui se réchauffe à la vue d'un sourire de la jeune femme, de son ombrelle avec laquelle elle se permet de danser les jours de beau temps. Celle qui veut aller la réconforter quand un homme âgé discrédite ses idées publiquement avant de la traiter d'hystérique. Nathaniel a déjà aperçu les larmes de Margaret. Et cette vision a suffi pour lui donner de l'accompagner dans sa bataille. Pour ne plus la voir pleurer. Il ne le peut pas et retrouve cette part de sa conscience qui, prenant de plus en plus de place, lui fait réaliser son amour. Il est amoureux transis. Il ne l'a jamais été et ne peut pas l'être. C'est écrit dans les règles. Mais n'est-il pas connu que Margaret envoie valser les règles sur son passage ? Elle est une tempête qui les déchire et les fait disparaître à l'horizon. Comme les pages d'un vieux livre d'étude ce jour d'août sur le paquebot qu'il vient d'amarrer dans le port de Yokohama.
Ce jour où il l'a perdue face à un mafieux envers lequel il n'a pas pu ressentir trop de haine. La Guilde était en tort. Et Margaret l'a payé au prix fort.
En la portant à travers les décombres du quartier d'affaires, il suit son instinct. Il doit l'emmener chez un médecin, lui faire voir quelqu'un. Pour ne pas la perdre.
"Puis-je t'aider ?" Fyodor Dostoïevski apparaît comme un messie, se proposant de la sauver en échange de ses services. Pour changer le monde. "Es-tu prêt à mener une révolution pour elle ?"
Et Nathaniel Hawthorne abandonne sa vie d'avant pour sauver cette femme qui a tout bouleversé. Et quant à savoir si il était prêt à devenir un révolutionnaire, il se rend compte qu'il l'a toujours été.
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A demain pour le dernier jour de la Week !
Cycla'
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