Magnétique Mona
Une ruelle dans l'obscurité doucereuse de la nuit, un parcours habituel pour un soir en hiver. Il avance sur le trottoir défoncé par la hargne des passants, englouti presque par les ombres, il s'échappe et ouvre la porte, la cage d'escalier s'éclaire, il est sauvé. Presque. En gravissant les marches plus aucun doute ne le taraude, c'est après tout qu'elle l'a bien cherché à le regarder ainsi, à l'inviter presque, en l'enivrant de haine.
Il est trop tard de toute façon, c'est comme si ses yeux le brûlent, il frappe à la porte et entends des pas derrière l'obstacle. Elle ne sait pas. Elle ouvre et là c'est fini Mona, sais-tu je ne vois plus rien... Ni tes yeux qui s'élargissent devant ma lame, ni ton cri ou même ta tentative, vaine, de m'échapper arrête donc de te débattre... Stop! Ta tête entraînée par tes cheveux d'onyx noir contre la table comme un ballet. Comme un pantin. Oh pardon je t'ai faite tomber. Un premier coup pour te faire taire, un second enfoncé jusqu'à la garde pour que tu cesses de me regarder ainsi. Dis moi que tu m'aimes..un, deux, trois. Les suivants pleuvent puisque je ne peux plus m'arrêter. Mon panorama est désormais limité: Brun, noir, puis Mona. Rouge, étendue dans son bain vermeil. Fermes donc tes yeux. Non. Regardes moi, vois comme je te fixe. Oh ne fait pas l'étonnée, tu savais très bien que ça allait arriver. Jusqu'à la garde. Un dernier râle, un dernier baiser, ma tête qui tourne et toujours ces voix qui hurlent dans mon crâne. Mona, Mona...
Quand l'enquêteur monta les dernières marches il fut pris d'un déroutant mal de crâne, son appréhension sembla se justifier alors qu'il ouvrait la porte.
Quand lorsqu'il s'apprêtait à rentrer dans son petit appartement quelques minutes plus tôt, il avait entendu une plainte étouffée provenant de l'étage supérieur, il ne s'attendait pas à devoir piétiner dans une mare poisseuse et brunâtre provenant tout droit du corps d'une illustre inconnue quand il avait quitté son poste il y a moins d'une heure. Oh non! Mona!
La gentille voisine reposait dans un décor macabre, elle gisait au beau milieu du sang dont elle s'était vidée. Il y en avait partout. Du mur de la cuisine à la table du salon et tout autour des traînées carmin montrant sa volonté de s'en sortir. Mais la brute infâme qui s'était acharnée sur cette belle femme, la lardant de coups, ne lui avait laissé aucune chance. Pendant qu'il appelait ses collègues il se rappela les petites conversations de palier qu'il avait tenues avec la désormais cadavérique Mona. Ses sourire charmants et ses jolies attentions.
Une fois même elle l'avait invité à déjeuner sur cette même table aujourd'hui renversée. C'est ici aussi qu'il avait rencontré l'Homme. Celui-ci arrivait d'ailleurs en courant avec un air paniqué en même temps que ses pairs. 《Laissez-moi entrer!》,《Mona!》hurlait il quand l'enquêteur lui bloquait l'accès à sa promise. Puis, quand on le laissa enfin entrevoir celle-ci afin de lui prouver sa mort il s'effondra en pleurs, vidé ainsi, non pas de son sang mais d'énergie cette fois, avant d'être emmené à l'extérieur.
Avant de sortir le commissaire se retourna pour fermer les yeux de la victime qui, toujours, le fixait de son beau regard effaré, les pupilles écarquillés. Au revoir Mona.
Lors de son enterrement l'enquêteur était là. Moi aussi mais ils ne le savent pas, moi et mes voix. Tes parents se lamentaient en crachant sur ce monstre qui t'a tuée. Chiens de vioques..
L'Homme aussi était là encore faible, il pleura pour s'écrouler sur le cercueil de la morte. Faible. Faible est cet homme qui ne te méritait pas.
Mais moi aussi je suis faible sans toi Mona. Tout est de ta faute.
Trois semaines plus tard il recherchait toujours la coupable bête folle. Cette enquête tournait en rond et elle tournerait encore longtemps car personne ne savait où chercher malgré les nombreuses pistes à disposition de ceux qui la menaient.
L'enquêteur, connaissant et faisant partie du voisinage de la victime avait tout d'abord été écarté de l'affaire. Et, après un bref interrogatoire, rapidement mis hors de cause. En lui, toujours ce besoin viscéral de vérité, de justice, et quand le soir il bordait dans son lit son fils, il songeait à l'attractive Mona le regardant, le prenant, lui, pour pêcheur. Il allait devenir fou! Il avait dû, à contrecoeur abandonner la piste du fiancé, n'avait trouvé aucun amant, aucun motif, rien. Des qu'il fermait les yeux il la voyait, il l'entendait glapir, le fixer et s'étouffer dans tout ce sang. Puis quand il retrouva dans le fond de sa poche une délicate mèche noire s'en fût trop. Ce n'était pas lui, c'était l'autre. Trop.
Dans la cuisine et de nouveau ce mal, mes yeux qui brûlent et ces voix.. ces voix, ce bruit incessant tu m'as rendu fou Mona tout est de ta faute! Tu as choisi cet homme alors que tu me regardais! Non ne mens pas je le sais. Tu l'as pris lui. Pourquoi? Attends-moi Mona. Mona j'arrive. Mon sig-sauer sorti de l'étui et voilà comme je finis Mona, neuf millimètres dans le crâne résonnant de ta souffrance. Chienne de vie!
Mona attends. Mona pardon...
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