Chapitre 49 :

Ma respiration ce fait lourde, je suis incapable de tenir en place. Je ne sais plus quoi faire, étant en panique total. C'est le jour fatal, celui qui me brisera à jamais. Nous sommes le samedi 18 avril, la date qui viendra bousculer mon monde. Je n'ai pas réussi à dormir de la nuit, je sais qu'il va partir dans la capitale, et que plus jamais je ne pourrais le revoir.

Il part dans une heure et demie. Je n'ai pas le choix. Comme dans un réflexe de survie, je cours vers mon bus. Je veux le voir, une dernière fois. Juste pouvoir le sentir contre moi. Je ne veux pas le retenir, de toute façon je ne peux pas. Je veux juste profiter et lui dire une dernière fois à quel point je l'aime. Le temps cesse de tourner, même si je sais que les heures sont comptées. Il faut que je le vois au plus vite. Deux semaines que nous nous ne sommes pas parlé, deux semaines que je vis seule, reclus sur moi-même. J'ai besoin de lui dire au revoir pour avancer, j'ai besoin de comprendre, de l'entendre. J'arrive rapidement devant chez lui, mon cœur bat avec rapidité et je peine à reprendre correctement mon souffle. Je sonne. Pas le temps de me refaire belle ou d'arranger mes joues rosés à cause de mes larmes. La porte s'ouvre. C'est lui. Il n'a pas l'air surpris que je sois là, il est simplement devant moi, les bras croisé avec un léger sourire au coin des lèvres. Je me jette dans ces bras. Qu'importe s'il me repousse, s'il me trouve bizarre ou même si il m'en veut. Je veux juste profiter, ne pas me prendre la tête. D'abord surpris de mon acte, le diable prend un temps avant de réaliser, et d'enfin entouré ces bras autour de mon pauvre corps. Je suis bien dans ces bras, à ma place. C'est là où je voudrais être matin, midi, soir et même la nuit. Après ce moment de silence, dans les bras l'un de l'autre, Jeremy se recule et me laisse entré. Toujours dans ce silence, nous montons dans sa chambre. Ce n'est pas la première fois que j'y vais. C'est une petite chambre, simple, sans grand décor impressionnant. Le papier peint est d'un bleu simple, et les meubles sont disposés de façon banale. Elle représente bien la simplicité de mon voisin de classe. Doucement il s'assoit sur son lit et en me regardant dans les yeux, il brise le silence :

-Je savais que tu viendrais.

Je sourie faiblement. Comment se fait-il que notre relation va se terminer alors qu'il me connait par cœur ? Il a juste à me regarder pour savoir ce que je pense.

-Et moi je pensais que tu resterais. Soupirais-je doucement.

Je ne veux pas me prendre la tête, mais je ne peux ignorer la douleur présente dans ma poitrine.

-Tu le savais. Mais tu ne voulais pas l'avouer.

Il a raison. Depuis le premier jour il m'a prévenu.

-Je suis venue te dire au revoir... Dis-je avec la voix nouée.

Avouer enfin que je vais plus le revoir me fait un mal fou.

-J'ai préparé une lettre pour toi. Tu ouvriras seulement quand tu rentreras ok ?

Ce tournant, il sort une enveloppe d'un petit tiroir. Doucement, il me la tend et je l'attrape tendrement comme si c'était la chose la plus précieuse que je détenais. J'ai envie de l'ouvrir maintenant, de ne pas faire durer le suspense, mais je respecte sa parole et je me contente de venir m'assoir à ces côtés.

Nous avons discuté de tout et de rien, pendant une heure. Nous avons rigolé, nous nous sommes chamailler et nous nous sommes câliné. Nous avons profité. A cet instant, il était mon copain, mon homme, mon unique amour. L'heure fatidique est arrivée bien trop vite. Il s'est levé, on est descendu et maintenant au seuil de sa maison, je refuse de partir. Je veux rester avec lui, profiter à la seconde près de ces lèvres douce. Une nouvelle fois, j'enroule mes bras autour de son cou avant de lui déposer un tendre baiser.

-Promet-moi tu ne vas pas regretter ton choix ? Murmurais-je en retenant mes larmes

-Promis. Et toi, promet moi que tu ne vas pas m'attendre ?

J'aurais tant voulu promettre, lui assuré. Lui dire que notre relation restera juste un souvenir, un bon moment. Mais ce n'est pas possible. Notre relation est gravée en moi.

-Je te promets d'essayer. Chuchotais-je

Alors qu'il lâche doucement ma main, je sens la première larme couler sur ma joue. Je ne peux que me rendre à l'évidence. Il part, et pour toujours. C'était notre dernier contact, notre dernier baiser. C'était la dernière fois que j'entendais sa voix, dernière fois que je pouvais me plonger mes yeux dans les siens. J'éclate en sanglot et attrape son tee-shirt en le froissant. Je m'agrippe à son torse en refusant de le laisser partir. Entre deux sanglots explose des « Non ! ». Un cri du cœur s'échappe de moi. Je perds tout repère sans lui, toute raison de rester ici. Il se retourne, après avoir affiché un doux sourire réconfortant et m'avoir laissé un baiser sur mon front. Ces yeux quittent les miens, et je peux apercevoir que son dos. Je reste par terre, balançant les petits cailloux dans tous les sens. Je ne veux pas. Je veux qu'il reste. Doucement, il monte dans la voiture et lorsqu'il referme la portière j'aperçois son visage derrière la vitre un peu sale. Il part pour la capitale. Il part. Même sans entendre, je peux lire sur ces lèvres au moment que la voiture démarre « Oublie-moi ».

Ce fut les derniers mots de sa part. Je regarde la voiture s'en aller, et bien vite elle sort de mon champ de vision. Je suis resté bloqué sans pouvoir bougé, et même une fois la voiture bien loin je suis resté planté au même endroit, sans même cligné des yeux.

Lorsque je me rends compte que c'est fini, que je ne le reverrais plus, je fais lentement demi-tour pour reprendre le bus. Dans ma tête, un décompte s'active. ''Une minute sans lui'', ''deux minutes sans lui'', ''trois minutes sans lui''. Les trois minutes écroulées me semble si éloigné. J'ai l'impression plutôt que cela fait déjà trois heures qu'il est sans moi. Il me manque. Déjà. Alors que je suis dans le bus, et que je touche du bout des doigts ma poche, la sensation d'un papier me fait soudain réaliser. L'enveloppe ! La lettre ! Mon cœur s'accélère. Ces dernières paroles adressées à moi sont dans ma poche. Je sors l'enveloppe en tremblant. Doucement, j'ouvre l'enveloppe et je commence à lire :

«Lou,

Je suis parti si brusquement...

Mais ne crois surtout pas que notre relation était qu'un coup de vent.

Tu dis que je te fais du mal, mais je ne m'en rends même pas compte

Dans ce cas je plaide coupable, je ne veux plus qu'on s'affronte.

On s'en mêle, on se démêle, on en perd le sommeil.

On s'enchaine, on se déchaine, toujours le cœur qui saigne.

Mais si tu l'avais su à quel point je t'aimais

Peut-être n'aurais-tu jamais douté, et je serais à tes côtés...

Moi je voulais juste que tu comprennes,

Mais tu ne m'écoutais jamais.

Je n'ai pas vu tes problèmes, je suis passée à côté

Tu voulais te voir en rêve dans les yeux d'un ange

Mais je t'ai fait voir l'enfer qui nous ronge.

Tu es arrivé dans ma vie, comme une claque en pleine gueule

Tu voulais être ma famille, tu voulais être la seule

Aujourd'hui je t'abandonne,

Tu sais, je ne suis pas si fort que ça.

Je ne suis pas le bon gars

Sache que je ne te méritais pas.

Je savais que j'allais te faire souffrir

Je savais que j'allais partir

Mais je t'ai laissé t'attacher

Sans penser aux conséquences que j'allais causer.

Si un jour tu me pardonnes,

Cette lettre elle est pour toi »

Je laisse tomber cette lettre en même temps que je laisse tomber mon cœur.

« 18/06 : Cher journal,

Il est partit. Je lui ai promis d'avancer, de faire de mon mieux. Et c'est ce que je ferais. Je ne pourrais pas l'oublier, je ferais juste en sorte de ne plus y penser. C'était ma plus courte relation, mais la meilleure. Elle restera celle qui m'a marqué, m'a fait changer. On s'est détesté, apprécier, aimer, et petit par petit nous nous oublierons. Il m'oubliera. Moi, il reste au coin de ma mémoire. C'était pourtant au début, un simple voisin de classe.

Lou. »




FIN

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