Chapitre 42 :
Alors que je perds tout espoir de me revoir sourire un jour, on frappe à ma porte. Intriguée, je regarde l'heure pour confirmer mes pensées : il est quinze heures et donc, pas l'heure de manger. Toutes les fois où j'ai de la visite, c'est ma mère qui m'obligeait à manger un peu. Avec habitude je réponds d'une faible voix :
-Oui ?
Comme toujours, ma mère ouvre doucement la porte et rentre me regardant tristement. Sauf que cette fois-ci, la silhouette qui se dresse en face de moi n'est pas celle de ma mère. Surprise, je me redresse vivement et baisse la tête, honteuse qu'il me voit ainsi. Jeremy, en face de moi, s'approche doucement et dans la pénombre de ma chambre, il relève mon menton.
-Louane... Murmure-t-il.
J'ai envie de pleurer, de le prendre dans mes bras, mais Solitude qui est à mes côtés me tire par le bras, trop jalouse et trop possessive. "Tu devrais avoir honte !" Me crie-t-elle en me retenant. Jeremy se décale de moi et je me retiens pour ne pas m'écrouler. Je voudrais tant de ses bras pour qu'il puisse me tenir, et me serrer contre lui. D'un pas décidé il se dirige vers mes fenêtres. Lorsque je comprends son attention, je me précipite sur mon lit et cache ma tête sous mon coussin. Trois semaines que je suis dans le noir, et monsieur en arrivant décide d'ouvrir soudainement les volets. A travers le coussin, même avec les yeux fermés, la lumière me fait contracter encore plus mes paupières.
-Ferme ! Crié-je, engloutie par le coussin.
-Jamais. Répond mon voisin.
Je ne le vois pas, mais je devine au ton de sa voix qu'il a sur son visage un petit sourire en coin. Sûrement s'amuse-t-il de me voir ainsi.
-Mon dieu... Soupiré-je en essayant d'enlever doucement le coussin, gardant les yeux fermés.
-Je sais que je t'éblouis, mais tu peux m'appeler Jeremy, tu sais. Répond avec humour le diable.
Je tape son épaule en lâchant un sourire. Depuis combien de temps je n'ai pas rigolé ? Voilà que Jeremy rentre dans ma chambre, et en moins de deux minutes me fait rire. J'ouvre doucement un œil, plissant au maximum mes yeux. Finalement, il me fallut quelques minutes d'adaptation avant de pouvoir totalement ouvrir mes yeux.
-Lou, tu as maigri ! S'exclame Jeremy en détaillant mon corps.
Je baisse la tête. Que pourrais-je faire d'autre ? Je me tourne vers Solitude. Celle-ci tient sa main sur son cœur et respire fort. On dirait que mon rire lui a donné un coup. Jeremy me ramène à la réalité en caressant tendrement ma joue.
-Tu es si pâle... Chuchote-t-il presque pour lui-même. Tu es maigre, pâle, tu vis dans le noir... Ne serais-tu pas un vampire ?
Je lève les yeux au ciel avec amusement.
-Tu as découvert mon secret, mais maintenant... Je suis obligée de te sucer le sang. Mouahahahah. Dis-je en retrouvant une soudaine bonne humeur.
-Tu ne veux pas sucer autre chose que le sang ? Demande soudainement Jeremy.
Je reste choquée, surprise par sa soudaine demande.
-Ok, un peu trop tôt pour ce genre de blague. Se rattrapa Jeremy en voyant ma réaction.
-Oui, oublions ce genre de blague. Dis-je en raclant ma gorge.
Mon voisin me fixe dans les yeux avec un léger sourire. Son visage approche du mien avec envie et ses lèvres se posent sur les miennes. A ce moment, j'ai la soudainement impression que Jeremy par une force inconnue, pousse d'un coup Solitude qui se doit de partir. Je n'ai pas un regard pour celle-ci. Sûrement va-t-elle s'attaquer à quelqu'un d'autre qui est en manque de calme. Mais moi je n'ai pas besoin d'elle. J'ai ouvert les yeux : l'amour et l'amitié sont plus forts que la solitude. Même s'ils sont peu, et si je peux dire que j'ai seulement deux amis, Cyril et Nathalie... Non je rectifie. Je n'ai qu'un ami... Et une meilleure amie. Les lèvres douces de mon compagnon m'apaisent. Il m'avait tant manqué. Son message me revient en tête et mon cœur accélère soudainement.
-Dis... Murmurais-je en le fixant dans les yeux. Tu le pensais vraiment dans ton message ?
-Quoi donc ? Demande-t-il perplexe.
-Tu... Tu m'aimes ?
Mon voisin se gratte la nuque nerveusement, ne sachant visiblement comment répondre.
-Tu sais que je hais ces conversations de couple là... Soupire-t-il avec un léger sourire gêné.
-Et tu sais que j'ai besoin de te l'entendre dire à voix haute. Pourquoi as-tu tant peur de t'attacher à quelqu'un ? C'est en se retenant de s'attacher à quelqu'un qu'on s'attache... Laissons faire les choses, si on est faits pour être ensemble alors pourquoi lutter ? Moi je n'ai pas peur, je te le dis en face Jeremy, je t'aime et je me suis attachée à toi.
Le diable baisse la tête. C'est si rare de le voir baisser la tête ainsi, pourquoi est-il incapable d'entendre des sentiments, ou bien de le dire ?
-Je te l'ai déjà dit... Dit Jeremy dans un souffle.
-Alors dis-toi que j'ai un gros problème de mémoire, et que je ne me souviens plus. Souris-je.
-Alors tant pis pour toi. Dit-il en souriant à son tour.
Je croise les bras et m'affale sur lui.
-Donc ?
Jeremy pose son doigt sur ma tête et le laisse glisser doucement sur mes cheveux. Passant ses doigts dedans, il défait avec douceur les nœuds.
-Donc ma mère est ok pour que je passe l'audition des cours Florent.
Je me redresse en le fixant dans les yeux.
-Ah, tant mieux ! Dis-je avec un sourire.
J'ai appris à accepter le projet de carrière de mon compagnon. Même si je n'y crois pas franchement de percer dans l'humour noir, je suis heureuse de le voir aussi engagé dans un projet.
-Oui, mais rien n'est joué. Je dois réussir cette audition.
-Mais alors bosse ! Dis-je en lui volant un baiser sur le bout des lèvres
Mon voisin esquisse un sourire en me lançant un clin d'œil
-Tu seras surprise du résultat. Dit-il d'un ton franc.
Jeremy a beau être mon petit ami je ne me prive pas de lui dire clairement ce que je pense. Il sait que pour moi ce n'est pas la bonne solution, et je suis persuadée que s'il reste sur son même humour pour les auditions cela ne marchera pas.
-Bon, et donc, le rapport entre ta peut-être future carrière et le fait de ne pas s'attacher ?
-Ben, ma carrière avance et donc si je suis pris au cours, je pars à Paris.
Je hausse les épaules. J'y crois moyen s'il reste dans son humour
-Bon, on en reparle quand tu es pris ? Dis-je avec un sourire.
Je ne veux pas le vexer, mais on s'est promis de ne pas mentir.
-Ok, mais tu ne feras pas genre d'être surprise et vexée? Demande-t-il en haussant un sourcil pas convaincu.
Je souris à pleine dent et l'embrasse tendrement.
-Je suis prévenue ! Dis-je en entourant mes bras autour de son cou.
-Eh, mais tu es collante aujourd'hui ! Dit-il avec un sourire avant de m'embrasser sur le bout du nez.
-En effet, mais là, je veux ressentir tout le contraire de la solitude.
Celui-ci fait un petit sourire triste en se rappelant les derniers événements. Mais bien vite, il se reprend et me pousse un peu trop brusquement me faisant tomber du lit
-Eh ! M'exclamais-je. Qu'est-ce qui te prend ?
Mon voisin lâche un rire et prononce entre deux fous rires :
-J'avais presque oublié le plaisir que ça donne de t'embêter.
Je tire la langue de façon exagérée avant de remonter sur le lit joyeuse. Oui je suis joyeuse. La Solitude est partie, et je suis heureuse. Heureuse grâce à Jeremy. Celui que j'ai détesté, puis aimé pour enfin l'adorer. Il est devenu ma moitié, et je ne peux plus le nier.
«21/03 : Cher journal,
Il a chassé la solitude. Il m'a sauvé de ce mal être. Peut-on parler d'un prince charmant ? Non cela voudrait dire qu'il est parfait. Il ne l'est pas. Mais je suis même amoureuse de ses défauts. Tu savais que c'était possible toi ? Lou. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top