- Mais putain, c'est toi qui devrais en avoir le plus envie ! Tu me dis que ça fait deux ans que tu m'attends, tu devrais être content !

- Mais moi je ne veux pas, je... Je ne veux pas m'assumer avec toi !

Mon petit ami ferme les yeux en se mordant la lèvre, et c'est la goutte d'eau qui fait déborder la carafe. Je m'avance vers la chaise de mon bureau, et enfile ma veste avant de mettre mes baskets.

- Où tu vas ? Me demande Valentin d'un ton soucieux.

Je l'ignore royalement, et sors de notre chambre. Normalement, on n'a pas le droit de quitter l'internat, mais il est hors de question que je reste ici avec Valentin. Heureusement, je ne croise personne dans les couloirs, nos camarades étant déjà dans leurs chambres.

Je sors du bâtiment par la porte d'entrée, celle ci restant presque quasiment toujours ouverte. L'air frais de la nuit me fait frissonner, et me remet les idées en place.

Je serre les poings et prends une profonde inspiration. Je me dirige vers le portail du lycée, que j'escalade pour sortir d'ici. Je marche un long moment dans la ville, sous le froid de l'hiver. Au bout de longues minutes, la colère commence à redescendre, et mes larmes commencent à couler.

Je m'assois sur un des bancs du jardin public, et plonge ma tête entre mes mains. Je tire doucement sur mes cheveux, en sanglotant.

Je suis tombé amoureux de Valentin, je meurs d'envie d'être avec lui, tout le temps, je ne pense qu'à lui... C'est trop, ce n'est pas normal. Mon coeur se pince dans ma poitrine. Je m'en veux. Je m'en veux de m'être disputer avec lui, mais c'était plus fort que moi. Je suis trop con.

Je me suis imaginé l'embrasser en public, nous serrer dans les bras sans avoir peur du regard des autres... Mais apparement, ce n'est pas ce que lui ressent. Il ne veut pas s'assumer devant les autres avec moi, il a honte... Honte de moi...

Je me mords la lèvre inférieure, jusqu'à saigner, toujours en pleurs. En fait, je peux le comprendre. Même mes parents ont honte de moi, alors, pourquoi pas lui ?

Je m'essuie les yeux, et marche jusqu'à ma maison. J'abaisse la poignée de la porte d'entrée. Celle-ci est ouverte, comme tout les jours. Signe que mon père n'est pas encore rentré du travail. Enfin, du travail... C'est là qu'il dit être, mais je le soupçonne de tromper ma mère. J'ai déjà retrouvé un string dans sa voiture, après une de ses "réunion du soir".

Je rentre chez moi et vais rejoindre ma maman dans la salle à manger. Elle est en train de coudre, et me regarde d'un air étonné quand elle m'aperçoit.

- Bah, qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais qu'on t'avait inscrit à l'internat.

Je m'assois sur le canapé en haussant les épaules, et ma mère recommence son activité. Que je sois là ou pas, elle s'en fout royalement. Elle ne remarque même pas que j'ai pleuré, alors que je suis sûr d'avoir le nez et les yeux rouges.

- Il n'est toujours pas rentré du travail ? Je lui demande, sans vraiment attendre de réponse.

Ma mère soupire puis regarde sa montre, avant de me lancer un regard qui en dit long sur ses émotions.

Ma mère n'a jamais eu une vie facile. Elle a connu mon père très jeune, et il l'a mis enceinte à l'âge de 16 ans. Ses parents l'ont rejeté, et elle est parti vivre chez ceux mon père, qui ont forcé mon géniteur à rester avec elle.

S'ils sont encore mariés, c'est seulement parce que mon père a promis à ses parents de veiller sur elle. Malheureusement pour moi, je ne faisais pas parti du marché.

Je me lève en soupirant, et monte dans ma chambre. Je m'allonge sur mon lit, toujours habillé, et me remets à sangloter. Je ne pleure pas souvent, mais là, je crois que ça a besoin de sortir.

Je finis par m'endormir, au bout de longues heures passées à pleurer, tout seul, dans ma chambre.