Je crois que je passe les plus beaux jours de ma vie. Matthieu, c'est vraiment la meilleure chose qui me soit arrivé. Honnêtement, je ne sais pas comment j'ai pu vivre autant de temps loin de lui.

- Val, ça va ? Je cligne plusieurs fois des yeux, coupé dans ma réflexion, ce qui fait pouffer Matthieu.

Je lui tire la langue, et il part en fou rire. C'est que mon petit ami a le rire facile !

Notre professeur de lettres lance un regard noir dans notre direction, ce qui me refroidit directement. Matthieu, pour arrêter de faire autant de bruit, se mord la lèvre inférieure en fermant les yeux. Il a toujours son sourire, et je devine qu'il suffira d'un rien pour qu'il reparte.

Je l'ignore et me concentre sur le cours, en espérant qu'il se calme. Je n'ai pas envie de me faire exclure du cours, ça ferait mal dans le bulletin.

- Calme toi ! Je lui dis, en chuchotant un peu fort.

Je pose ma main sur la sienne, et la caresse doucement avec mon pouce. D'habitude, c'est plutôt Matthieu qui a ce genre d'attitude, mais cette fois ci, il se contente de me sourire.

- Je m'ennuie, Val. Me dit il au bout de quelques instants.

- Écoute le cours. Je lui suggère.

- Mais c'est son cours qui m'ennuie...

Je souffle d'exaspération, et le regarde en haussant les sourcils.

- Tu sais que le but du lycée, c'est d'aller en cours ?

- Nan, jure ?! Je ne m'en doutais pas du tout ! Je pensais qu'on venait ici pour élever des chats !

- Tu es irrécupérable, tu le sais ça ?

Il me sourit, puis baisse les yeux en soupirant. Je fronce les sourcils. Il avait l'air d'aller bien il y a peine deux secondes.

- Ça ne va pas ?

- Val... Je n'ai plus envie qu'on se cache. Je veux que les gens sachent qu'on est ensemble.

- Sérieusement ?! Mais t'as pensé aux conséquences ?

- Je... Non, laisse tomber.

Il se tourne vers le tableau, et commence à écouter la prof. A l'inverse, je n'entends même pas ce qu'elle dit. Je repense aux paroles de Matthieu, et je suis tiraillé entre l'envie de nous assumer, et celle de sauter du bord du toit de l'école.

J'aimerai tellement pouvoir l'embrasser n'importe quand, qu'il y ait des gens ou non. Pouvoir lui tenir la main en public, ou juste pouvoir m'appuyer contre lui.

Mais d'un côté, ça pourrait nous attirer pleins d'ennuis, parce que ce ne sont pas les homophobes qui manquent, dans le lycée... Et puis, ça ne fait pas si longtemps qu'on est en couple.

- On pourra en parler ce soir ? Je lui demande.

- Non, laisse tomber. Me répond il durement. Je sais même pas pourquoi je t'ai dis ça. Oublie.

Même s'il refuse de l'admettre, je sens bien qu'il en a envie. S'il veut qu'on s'assume, ça veut dire qu'il compte rester avec moi pour longtemps. Et c'est exactement ce que je veux.

- Matthieu, si c'est si important pour toi...

- Val, je t'ai dis que je ne voulais plus en parler. Me coupe il froidement.

- Désolé, je ne voulais pas t'énerver...

Je baisse la tête, ce qui le fait soupirer. Il pose sa main sur ma cuisse, et me la caresse tendrement.

Il sort une feuille et des crayons, et il commence à dessiner. Je le regarde faire, en admirant chaque trait que trace ses fins doigts. Il dessine toujours aussi bien.

Au bout de quelques minutes, je commence à reconnaître ce qu' il dessine: un loup. Ça doit être son animal fétiche, car les trois quarts du temps, c'est ce qu'il dessine.