- C'est plutôt à toi de te calmer.

Une voix grave et sûre d'elle venait de résonner dans la boutique déserte.

Le braqueur se retourne tout en protestant des insultes de mécontentement.

- Qu'est-ce que tu veux toi ?

- Je suis venu chercher le jeune maître ... veuillez ne pas me faire perdre mon temps.

- Qu'est-ce que tu racontes sale gosse ? Si tu ne veux pas finir dans un cercueil, il vaudrait mieux pour toi que tu déguerpisses.

Mon majordome se mit à ricaner tout en avançant vers nous.

- Qu'est-ce qui te fait rire ?!

Il pointa son arme vers lui, voyant que Taehyung n'était pas décidé à lui répondre. Sous la panique de son approche beaucoup trop provocante, il tira d'un geste décidé et précis.

Après ce coup de feu, plus un bruit, si ce n'est celui d'un corps tombant brusquement au sol.

- Taehyung ?

Je m'apprête à le rejoindre, il y a du sang ayant giclé sur les murs d'à côté.

- Oh mon Dieu !

J'ai envie de vomir, mon corps tout entier tremble, une balle lui a traversé le crâne.

- Qu'est-ce qu'il y'a ? Tu vas pleurer car ton ami est mort ? Fit le meurtrier en rigolant à s'en faire cracher les poumons. On dirait bien que celui qui rira le dernier sera moi. Ça t'apprendra à te foutre de ma gueule.

Ma gorge me brûle, mes yeux me piquent, des flashs de cette nuit me reviennent en boucle à m'en faire tomber au sol. Ces souvenirs dont je ne veux plus me rappeler.

- Et toi, lève-toi si tu ne veux pas qu'il t'arrive la même chose.

D'une forte poigne il prit une partie de mes cheveux pour me redresser.

Pendant un bref instant mon regard fut attiré une nouvelle fois par ce qu'il se passait derrière lui. Et à cet instant précis, mes yeux doublèrent de volume, ce n'était pas possible. Il était là, debout, s'essuyant le visage de la coulée de sang qui s'était préalablement rependue le long de son visage. Il se massa la nuque comme après avoir mal dormi.

- Eh bien eh bien, ce nouveau genre d'arme est beaucoup plus efficace qu'à l'époque, j'en aurais presque mal.

D'un froncement de sourcils il continua son avancée qu'il avait commencée il y a à peine quelques minutes.

Le visage du coupable se déforma sous l'incompréhension totale. J'étais dans le même état, comment était-ce possible ? Aucun mot ne pouvait sortir d'entre mes lèvres. D'un sursaut il se retourna finalement pour vérifier si la voix qui se dressait derrière lui provenait bien de la personne qu'il venait de tuer. Plusieurs tirs se firent entendre, mais cette fois-ci sans toucher sa cible.

- Je déteste que l'on me fasse répéter, je ne le répéterai pas indéfiniment, alors lâche le, et maintenant.

- Qu'est- ce que t'es au juste ?!

- Je déteste qu'on salisse mon uniforme...

D'un pas lent, mais élégant, et d'un regard glacial, mais déterminé, une aura différente émanait de mon majordome. Une aura oppressante et mystérieuse pouvant déstabiliser n'importe quelle personne.

- Mais ce que je déteste le plus, c'est que l'on touche à ce qui m'appartient.

Le braqueur décida de changer de tactique me tirant une nouvelle fois vers lui tout en plaquant l'arme sur ma tempe.

- Tu avances encore d'un pas, et je le tue, t'as compris ?!

Taehyung se stoppa net, je pensais qu'il allait obéir à ses ordres, mais au lieu de ça, il fit un sourire en coin laissant entrevoir une canine étrangement pointue.

- Qu'est-ce qui te fait encore rire enfoiré !

- Je vous en prie, faites donc...Tirez...

Quoi ? Il va me laisser me faire tuer comme ça sans rien faire ? Tout ceci ne peut être qu'un cauchemar, comme ceux que je fais chaque nuit, je vais bientôt me réveiller. J'essaye de me rassurer, mais je sais pertinemment que c'est la réalité, car la douleur est bien trop présente.

- Tu n'as plus de balles, tes menaces ne servent à rien. Répondit mon majordome face à nos regards incompréhensifs.

- Eh bien c'est ce qu'on va voir, si t'es si sûr de toi ! Beugla le malfaiteur.

Il me prend plus fermement, serrant plus fort son avant-bras contre ma gorge, et je laisse sortir un léger couinement d'inconfort. Je ferme les yeux le plus fort possible, comme si cela allait me protéger...

J'entendis une détonation contre ma tempe, mais pas celle qui indiquait la sortie d'une balle... plutôt la petite détonation qui faisait remarquer qu'il n'y en avait plus. Je rouvre les yeux. L'homme qui me tenait me projeta violemment au sol.

- Comment tu-

Le braqueur n'eut pas le temps de finir sa phrase et essaya de s'échapper, mais à cause de ses jambes tremblantes il se retrouva avachi sur le sol.

- Lorsque tu as ce genre d'arme, n'oublie pas de compter le nombre de fois que tu tires... Prononça Taehyung d'un ton incroyablement calme, ne laissant aucune émotion traverser son visage.

Il attrapa violemment le braqueur par le cou en le relevant d'une étonnante facilité, jusqu'à ce qu'il ne touche plus le sol. Il le serra tellement fort, son visage devint pourpre, puis violacé, son cou fut presque en sang sous la force des phalanges du majordome. Je rabattis mes genoux contre mon torse, et détournai le regard jusqu'à entendre quelque chose de lourd tomber ou sol.

Je vis la tête de l'homme tomber au sol et rouler jusqu'à mes pieds.

À la vue de cette scène effroyable, je me recule jusqu'à taper contre le mur. Ma respiration se fait de plus en plus saccadée.

- Je vous avais dit de le lâcher...

Il n'est pas humain...

Je relève mon visage vers Taehyung qui était en train de lécher sa main recouverte du sang du braqueur.

- Le sang de ce genre d'individu est vraiment ignoble.

Il n'est vraiment pas humain...

Je le regarde abasourdi par ce que je viens de voir alors qu'il s'accroupit en face de moi. J'examine son visage qui est près du mien, il n'y a plus aucune trace de blessure sur son front, comme si tout ceci ne s'était pas produit.

La couleur de ses yeux est étonnamment dorée, tandis que ses pupilles sont inexplicablement similaires à celles des félins, puis il y a ses incisives... qui sont beaucoup plus acérées qu'elles ne devraient l'être.

Il n'est donc pas humain...

On dirait une autre forme de vie.

Mes mains tremblent, je le sens. Je les serre mais cela ne change rien.

La porte sonna une énième fois, laissant apparaitre Hoseok tapant dans ses mains.

- Oh mon Dieu, Taehyung est tellement cool ! Dit-il en s'extasiant.

Il regardait depuis le début derrière la baie vitrée ?

- Occupe-toi du reste. Tu peux en faire ce que tu veux. Fit-il en montrant d'un bref geste le cadavre guillotiné.

- J'attendais juste ton autorisation.

Il me refait face tout en m'agrippant par la taille pour m'aider à me relever.

Sa main vient se déposer sur ma joue, caressant de son pouce l'éraflure que j'avais complètement oubliée.

- Si votre tante apprend ce qu'il vient de se passer elle en sera très inquiète.

Je l'observe un instant... Ses yeux... ils viennent de redevenir brun foncé, comme la première fois où je l'ai rencontré.

- Qu'est-ce que-

Il me tire par le bras, m'emmenant dehors, où se trouvait la voiture qui m'avait déposée ce matin en cours.

Qu'est-ce que c'était ? Je n'ai pas rêvé ? Et Hoseok pourquoi n'était-il pas si désorienté que ça de voir un corps décapité ? Il avait l'air même plutôt fasciné par ce que venait de faire son associé. Allait-il se débarrasser du corps ? Pourquoi étais-je le seul sous le choc ? J'étais à deux doigts de m'évanouir.

Mon attention étant prise ailleurs, je fus surpris de me retrouver d'un coup sec le dos plaqué contre la portière. La main de mon majordome vient se loger dans mes mèches de cheveux, tandis que l'autre m'agrippe le poignet. Son visage sans aucune expression s'approche dangereusement du mien, mes joues s'empourprent à une vitesse étonnante.

Je suis encore sous le choc, je voudrais lui demander ce qu'il vient de se passer, ce qu'il a fait, et surtout ce qu'il est ! Je n'ai pas rêvé, j'en suis sûr pourtant je ne comprends rien. J'essaye de me libérer, de le pousser, mon corps veut fuir, je veux courir, partir loin. Mais son emprise est beaucoup trop forte, son regard m'envoûte.

J'essaye de le pousser une seconde fois, mais je n'y arrive pas, je le regarde étonné et à moitié apeuré, mais il n'y fait pas attention.

Je ferme les yeux fortement, quand soudain je sentis quelque chose d'humide et chaud sur ma blessure, Je rouvre les yeux, hébété.

J'essaye de lutter, mais en vain. Sa langue passant sur ma plaie ne semblait pas me provoquer de douleur.

Sous mes gigotements persistants pour essayer de me libérer, il finit par m'immobiliser dans ses bras tandis que sa langue continue son chemin sur ma mâchoire pour finalement continuer le long de mon cou, de ma gorge, là où mon souffle a du mal à passer, là où ma propre respiration m'irrite à chaque inspiration et expiration. D'étranges frissons me parcoururent le corps.

- Je ne vais rien te faire, calme toi.

Ses paroles sont dites de façon si paisible et enivrante que je n'arrive plus à raisonner correctement.

- Q-Qui es-tu ?

- Ton majordome.

- Q-Qu'est-ce que t'es ? Essayais-je de rectifier.

- Ton vampire de majordome.