Chapitre 13
Sa présence m'attire, je dois la suivre, si je le fais je découvrirais quelque chose, je le sens.
J'ai l'impression qu'elle veut que je la suive. Elle me semble si familière, pourtant je ne vois pas son visage.
L'orage fait trembler le sol, toujours sous une pluie de plus en plus soutenue. Et alors que les éclairs fendent les ténèbres, je perds sa trace. Comment il a fait pour disparaître comme ça ? J'ai halluciné ? Dans cette obscurité, je ne vois pas à de longues distances. J'attends qu'il y ait un éclair pour m'éclairer le chemin et enfin choisir quelle direction prendre.
En balayant les environs du regard, je constate que je ne sais pas du tout où je suis et que je suis complètement trempé.
Entre deux flashs d'éclair, l'homme refait son apparition à quelques mètres de moi. Je sursaute d'étonnement de savoir qu'il était en réalité si peu éloigné de moi.
Il me regarde un instant et part en courant. Il avait un sweat sombre et une capuche cachant son visage. C'est la première fois que je le voyais de si près.
Je commence à courir également pour ne pas le perdre de vu. Je ne vois pratiquement rien à cause de mes larmes et de la pluie. Je suis triste, mais également énervé, ma tante ne m'héritait pas ça.
D'un coup de manche je m'essuie le visage, ce qui ne sert strictement à rien puisque dans la seconde d'après, il se retrouve encore trempé. Je manque presque de trébucher à plusieurs reprises à cause des chemins sinueux.
Après avoir couru plusieurs minutes, essoufflé, la gorge brûlante. Je décide de m'arrêter. J'ai encore perdu sa trace, comment peut-il aller aussi vite ?
La pluie commence à cesser, les nuages se dégagent laissant apparaître la luminosité de la lune.
Je pense à retourner au manoir, mais un murmure vient se faufiler au creux de mes oreilles.
- C'est dangereux pour un jeune homme de rester la nuit dehors.
Stupéfait, je me retourne précipitamment.
Je n'ai le temps de rien voir.
Je ressens uniquement un coup sur la tête.
Puis plus rien.
Car il a encore été plus rapide que moi.
* * *
J'ouvre difficilement les yeux, avec un mal de crâne et des courbatures atroces.
Je remarque rapidement que je ne peux pas bouger mes bras. Mes poignets sont accrochés à la chaise où je suis assis. Je tente de me détacher, mais les liens autour de mes poignets sont bien trop serrés.
Je regarde autour de moi, je ne sais pas où je suis, une pièce pratiquement vide et délabrée avec une lumière qui éclaire mal dans un coin de la pièce.
Mes vêtements et mes cheveux sont presque secs, combien de temps suis-je resté inconscient ?
La porte en face de moi s'ouvre d'un grincement interminable.
La silhouette d'un homme apparaît, c'est elle, cette silhouette... Celle dans la forêt... Celle des autres fois... Depuis le début c'était elle, je la reconnais.
J'observe la silhouette de l'homme s'approcher d'un pas lent, mais décidé. Entendant seulement ses pas raisonner entre les murs de la pièce vide.
Je regarde ses pieds avancer jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent en face de moi. Je relève doucement la tête l'examinant de ses chaussures salies par la pluie et la boue, jusqu'à sa tête, recouverte de sa capuche sombre.
L'atmosphère est pesante. La lumière grésillante des néons est le seul son que j'entends à présent.
Ses mains s'approchent de son visage pour soulever sa capuche.
Son visage sort de l'obscurité.
Mon cœur lâche.
J'aperçois son sourire.
Je reconnais son visage.
De mes yeux écarquillés et de ma bouche entre ouverte, mon visage se bloque.
Je ne peux cligner des yeux tellement la surprise et l'incompréhension est en moi.
Je ne comprends pas.
- H-Hyung ?
PDV TAE
J'ai entendu quelqu'un descendre en furie les escaliers. Je me précipite directement dans la chambre de Jungkook, mais je remarque avec stupéfaction qu'elle est vide. Où est-ce qu'il est ?
Hoseok est parti s'occuper des corps, et n'est toujours pas rentré, qu'est-ce qu'il fait ?
Je quitte immédiatement le manoir, pour chercher la moindre trace du passage de Jungkook. Des traces de pas m'indiquent le début du chemin à suivre. Il est passé par ici. Je ressens sa présence non loin de là.
PDV JUNGKOOK
Je ne peux cligner des yeux tellement la surprise et l'incompréhension est en moi.
Je ne comprends pas.
- Bonjour Jungkook.
- J-Jin Hyung ?
Ma voix tremble sous l'incompréhension.
- Alors tu me considères encore comme ton frère ?
Bien que cinq ans se soient écoulés, je n'ai aucun doute, je me souviens de son visage, c'est lui. J'en suis sûr.
Il est comme il y a cinq ans, il n'a pas changé, toujours le même visage, la même apparence, mais un détail m'interpelle, quelque chose semble déférent. Son regard, ce n'est plus le même. Il n'est pas celui que j'ai connu.
- C-Ce n'est pas possible, ça ne peut pas être toi.
J'ai du mal à parler, car je suis totalement perdu et stupéfait. Ça ne peut pas être mon frère, il est mort il y a cinq ans. Pourtant je le reconnais. Malgré ces années passées il m'est impossible d'oublier son visage
- Pourquoi es-tu si surpris, Jungkook ?
La froideur de son regard me transperce de frisson dans tout le corps. Tandis qu'il reste planté devant moi, à me dévisager de haut, je ne sais quoi penser.
- Tu ne peux pas être mon frère, il est mort !
Des larmes de colère et de tristesse semblent vouloir s'échapper de mes yeux, mais je fais en sorte que cela ne se produise pas.
- Il ne m'aurait jamais assommé, puis attaché comme ça... Continuais-je d'un ton moins assuré que tout à l'heure.
- Le truc, Jungkook, c'est que j'ai toujours été comme ça.
Non il n'a pas toujours été comme ça. J'admirais mon frère, et puis pendant cette nuit, il y a cinq ans...
- Pourtant cette nuit-là tu m'as sauvé. Fis-je les larmes aux yeux, essayant de le confronter du regard.
- Ce fut une chose que je n'aurais pas dû faire, car maintenant tu me causes bien des problèmes.
Il laisse transparaître un léger rictus. Semblant se souvenir du passé, il continue :
- Tu veux savoir pourquoi je t'ai aidé cette nuit-là ? Tout simplement, car tu m'as fait pitié avec ton regard apeuré. Un bref instant, je me suis dit que pour toi, je pouvais faire une exception, car même si dans la haine que je ressentais pour toi, au fond je t'appréciais et je t'aimais, car tu étais mon frère.
- Tu ressentais de la haine envers moi ? Pourquoi ?
- Ne met pas cette phrase au passé, cette haine, je la ressens toujours.
Il me détestait ? Pourtant cette nuit-là, il m'a aidé, c'est grâce à lui que je ne suis pas mort. C'est grâce à lui que... mais... Et lui ? Comment s'est-il enfuit ? On m'avait pourtant dit que toute ma famille était décédée, j'avais vu leur corps, pourtant il est vrai que je n'ai jamais vu le sien. Je m'étais évanoui avant.
- Ne fait pas l'innocent, Tu es toujours aussi naïf à ce que je vois. Il serait temps que tu ouvres enfin les yeux, Jungkook.
Je me suis retrouvé seul, sans personne, sans réponses, sans rien. Une pensée obscure me traverse l'esprit mais je ne veux pas y croire, je veux la chasser de mon esprit, mais son regard et tellement provocateur semblant vouloir me forcer à m'avouer quelque chose.
- A-Alors c'était toi ? Osais-je demander.
- Tu sembles enfin comprendre... ça n'aurait pas été drôle si j'avais du te le dire moi-même.
Alors celui qui a tué les parents... Non, je dois mal comprendre. Pourtant tout semble montrer que ce n'est pas une erreur.
- Alors c'était vraiment toi ? Tu les as fait assassiner puis tu m'as abandonné ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?!
Puis je me souviens d'un de mes rêves d'y l'y a quelques jours :
[Le décor change subitement, je suis transporté jusqu'à cette nuit-là, où leur corps était allongé au sol imbibé de leur sang.
Ils sont morts, et je n'ai pas pu les protéger, j'aurai dû m'entraîner plus dure, j'aurai dû les écouter.
Je regarde autour de moi pour chercher de l'aide. J'aperçois Jin au coin de la porte en train de me regarder les bras croiser, j'ai l'impression d'être jugé, ce n'est pas de ma faute alors pourquoi ce regard haineux met-il destiné ? Il me murmure quelque chose, mais je n'entends rien, aucun son ne sort de ses lèvres qui pourtant bougent.]
Et je comprends finalement... Ce n'était pas un rêve, mais un souvenir.
Je me débats sur ma chaise, mes poignets me brûlent, les cordes rentrent dans ma chair, mais je ne sens pas la douleur, car la seule chose que je ressens c'est de la haine, de l'incompréhension.
Je n'arrive tout simplement pas à le réaliser, car malgré tout, c'est mon frère, je l'ai toujours admiré. Maintenant que je connais la vérité, tout s'écroule.
J'ai pourtant tellement pleuré à sa mort et celle des parents. J'ai tellement de bons souvenirs de notre enfance, il a toujours été là pour moi à me protéger. Pourquoi a-t-il fait ça ? Qu'est-ce-que j'ai bien pu faire pour qu'il me déteste autant ?
Il avait tout planifié ? Il comptait également m'éliminer ?
- Explique-moi ! Pourquoi ?!
Mes larmes coulent à ne plus s'arrêter. Je suis rempli de rage et de tristesse.
Je suis heureux qu'il soit en vie, mais je suis totalement effondré de savoir ce qu'il a fait et de ce qu'il est devenu. Où est-ce moi qui n'ai jamais réalisé qui il était réellement ?
- Tu sais quoi Jungkook ? Tu me fatigues.
Il se retourne sans même un regard à mon égard et décide de s'éloigner. Je veux lui crier de rester, de m'expliquer, mais ma voix ne peut vraiment pas sortir.
À peine il eut franchi la porte, que six autres personnes entrent dans la pièce.
- Je vous le laisse pour l'instant, occupez-vous bien de lui. Fit une voix que je reconnu comme celle de mon frère.
Sentant la peur m'envahir, je me contente de les fixer du regard. Aligné devant moi, je comprends rapidement qu'ils ne sont pas là pour prendre « soin de moi » comme l'a ordonné si sarcastiquement mon frère. Ils sont comme lui. Ils ne sont pas humains.
Tout as commencé lorsque le voleur a voulu me tuer à la supérette. Depuis ce jour je n'ai vu que des personnes se faire tuer devant moi.
Et il semblerait que cette fois-ci, ce soit à mon tour de subir le même sort.
De la poussière tombe entre nous. Nous levons presque tous la tête vers le plafond qui semblait grincer depuis un moment. Quelques tapotements se font entendre, avant qu'un bruit sourd et de la poussière nous aveugle. Le toit vient de s'écrouler entre l'espace qui me séparait des six autres hommes.
Des morceaux de poutre et de toiture sont éparpillé dans la pièce.
Mes yeux me piquent, et ma gorge me demande de tousser à cause de l'excès de poussière. Je remarque que parmi ce nuage de poussière, une silhouette se forme. Une silhouette de toute élégance, que même de dos, je pourrais reconnaître.
Le nuage se dissipe.
De sa tête légèrement tournée, pour m'apercevoir du coin de l'œil, je le reconnais.
Malgré son allure détendue, une cruauté terrifiante émane de son beau visage.
- Désolé de vous avoir fait attendre jeune maître.
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