"You are my sunshine"
Tout était noir aux alentours, noir de sang, noir de corps, noir de désespoir.
Necrima était à feu et à sang, recouverte de cadavres, de membres arrachés, de tripes et de sang, envahie de hurlements et de pleurs, de cris et de supplications. Partout, des nuances que trop vives de bordeaux, une odeur de mort, une puanteur de décomposition.
Le vent et la pluie ne suffisaient même plus à effacer toutes traces de cet horrible massacre. La puissances des éléments entamaient à peine celle de la mort.
Au milieu de ce maelström d'horreur, ne restait plus en vie qu'une jeune femme. Une vingtaine d'années environ, sans doute. Trop jeune pour se traîner dans les rues, des membres en moins et le sang recouvrant tout son corps, trop jeune pour être marquée à vie par la destruction du lieu qui l'avait vu naître, qui l'avait vu grandir.
Trop jeune pour mourir.
La fille se traînait avec peine à travers les rues, identifiant corps par corps, pleurant sur ceux de ses amis, manquant de régurgiter ce qu'il lui restait de bile sur les plus horribles spectacles. L'expression horrifiée et figée des cadavres était un miroir de la sienne, incapable de réaliser ce qui lui arrivait.
Finalement, elle s'effondrait. S'effondrait, devant le corps de celui qui fut son premier amour, horriblement déformé et déchiré de toute part, les yeux écarquillés, figé à jamais dans sa surprise désespérée.
Et elle pleurait, pleurait, suppliant la mort de l'emporter, de l'emporter maintenant, de cesser la douleur, de lui rendre ceux qu'elle aimait.
Et ses pleurs se mêlaient à tous ceux des autres, formant une cacophonie infernale de désespoir et de mort.
Cacophonie qui était insupportable aux oreilles du meurtrier.
Alors il s'avançait, piétinait le sang et les organes, traversait la mare de mort, éliminait toute étincelle de vie. Jusqu'à arriver devant la femme.
Elle se retournait brusquement. Hurlait de terreur. Pour sa dernière fraction de seconde en vie.
La dernière image imprimée sur sa rétine était la silhouette de l'enfant aux cheveux blancs et aux yeux sombres, recouvert de sang, avec une expression vide sur ses traits angéliques.
Dans le lit marital des Claro-Blackheart, Baku se réveilla en sursaut dans un grand cri, trempé de sueur et le cœur pris par l'horreur de la scène.
Il se frotta les yeux, tout imbibés de larmes. Un cauchemar. Ce n'était rien de plus qu'un horrible cauchemar.
À côté de lui, la respiration tranquille de Lina profondément endormie permit aux battements de son cœur de ralentir, progressivement, jusqu'à récupérer un rythme normal. Mais il était toujours bien éveillé, secoué par la peur et le dégoût de lui-même.
Instinctivement, sa main était venue se poser sur le bras de sa femme. Elle dormait toujours. Étonnamment, son hurlement ne l'avait pas réveillée. Il esquissa un sourire. Sacrée Lina.
Sans qu'il y ait ne serait-ce que pensé, son corps avait agi de lui-même, en secouant sa femme avec douceur. Cette dernière réagit à peine, alors il l'appela, doucement, pour la réveiller.
"Lina..."
Elle finit par émerger et tourna ses yeux fatigués vers son mari, qui affichait une expression on ne peut plus enfantine en la fixant avec de grands yeux tristes.
"J'ai fait un cauchemar..."
La brunette souffla devant le ton de gamin triste qu'avait adopté son mari, mais, ne dit rien. Elle se contenta de s'asseoir et d'ouvrir les bras, et de le laisser s'y blottir avec délectation, savourant sa chaleur corporelle et le confort sans nom que représentaient ses genoux. La tête posée sur ses cuisses, il souriait béatement, sourire qui s'élargit en sentant une main lui caresser les cheveux.
Lina se mit à chantonner doucement, comme une berceuse.
"You are my sunshine... My only sunshine..."
Bercé par la voix envoûtante et calme de sa bien-aimée, le soigneur renfonça davantage sa tête entre ses cuisses, afin d'être calé le plus confortablement possible. Et, ce faisant, il sentit son corps se détendre et ses yeux se fermer, prêt à se rendormir.
Au fur et à mesure de la chanson, il sentit Lina se renfoncer aussi dans le lit, déplaçant sa tête de ses genoux à sa poitrine. Le battement régulier de son cœur et les caresses dans les cheveux achèvèrent de le calmer, et il s'endormit en souriant béatement. Lina le suivit dans le sommeil.
Ils restèrent accrochés jusqu'au lendemain, comme pour éloigner les cauchemars de l'un et de l'autre. Une protection qui assurément se montra efficace.
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Cadeau! Un peu de fluff pour vous autres shippeurs.
Oui, je devrais faire l'enfance de Kage. Et mes fiches. Oui, j'avais pas envie. Fuck.
Ah oui, au fait, non, Mairù n'est toujours pas calmé. Je crois d'ailleurs en avoir rajouté. Il m'en veut à mort.
Il en veut au monde entier à mort d'ailleurs.
Bref.
Ça vous a plu?
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