La Fin du Septième Cycle

Où suis-je?

Il fait tout noir.

Je ne capte rien d'autre autour de moi que le chaud liquide qui entoure mon corps. Les parois légèrement palpitantes qui effleurent ma peau sont la limite de mon univers.

Je suis bien, là. C'est sécuritaire. Il y fait doux, c'est moelleux et confortable. Comme un coussin. Un coussin, c'est ce mot que répètent ceux de l'autre côté. Ils ne se doutent pas que je les entends quand ils parlent, que j'ai assimilé tout ce qu'ils disaient. Apparemment, un coussin, c'est un endroit moelleux et confortable où on se repose. Mais ils n'ont pas dit si j'étais dans un coussin. Suis-je dans un coussin?

La curiosité me pique d'un coup. Si je suis dans un coussin, est-ce qu'ils savent que je suis là? Et à quoi ça ressemble, de l'autre côté des parois? J'aimerais bien voir. Est-ce qu'on est aussi bien qu'ici?

J'ai envie de m'agiter un peu, de sortir, de voir l'autre côté. Alors je bouge. Mes appendices se mettent en mouvement et cognent la paroi, et je perçois un cri de l'autre côté. Une voix aiguë, celle qui me parle gentiment, celle que j'entends le mieux. J'aime bien la voix. Mais cette fois, son ton me déplaît. Elle est bizarre, comme un peu crispée. J'arrête de bouger.

Mais mon corps n'est pas d'accord. J'ai commencé, je termine. Il faut aller voir dehors. Je sens ma tête pivoter, je me retrouve bientôt tête en bas. Et je continue de bouger. La paroi se contracte d'une drôle de façon. Je me sens de plus en plus mal. Alors je bouge de plus en plus. Je veux sortir. Et les cris continuent. D'autres voix parviennent bientôt de mon côté de la paroi. Elles ont l'air pressées.

J'aimerais m'arrêter mais je ne peux pas. J'ai l'impression d'étouffer, je n'en peux plus, je lutte à la fois contre la paroi et contre mon propre corps.

Je veux sortir. Je veux sortir. Je veux sortir.

Laisser moi sortir.

Je veux voir le dehors.

Un immense flash bleu me transperce la rétine à l'instant même où je sens mes paupières s'ouvrir brusquement. J'ai ouvert les yeux. Et en même temps que je découvre le monde qui m'entoure, d'horribles cris me parviennent aux oreilles. Je me crispe. On dirait.... On dirait qu'ils souffrent. Qu'ils souffrent horriblement.

Et puis, plus rien.

Même l'univers ne bouge plus.

Il s'est figé autour de moi.

Pourtant, je perçois de la lumière, plus loin. Je veux voir la lumiere. Mais l'univers ne m'y aide plus. Je suis obligé d'y aller seul.

Je me concentre, et avance un appendice. Je crois que c'est un bras. Il touche l'univers, appuie dessus le plus fort qu'il peut. Et celui-ci se déchire. Un courant d'air froid me parvient. Je vais aller de l'autre côté.

Bras après bras, jambes après jambes, je m'extrais de l'univers et continue le long d'une espèce de couloir rose-rouge et mou. Il sent le sang, mais ne dégage pas la même chaleur que l'univers. Alors que j'en suis entièrement sorti, je commence à avoir froid. Je suis presque au bout.

La lumière envahit ma rétine alors que je sors enfin ma tête du couloir. Ce qui m'entoure n'a plus rien à voir avec l'univers. Il y fait froid, et tout et blanc. Ça sent le produit. Je laisse mes yeux s'habituer aux alentours avant de sortir en entier, me traînant péniblement sur mon petit corps. Ma tête commence à peser lourd, trop lourd. Je m'effondre au moment où mon dernier pied quitte la chaleur de ce qui était l'univers.

Il me faut un peu de temps avant de me relever. Poussant sur mes bras, je finis par me mettre sur le dos, appuyé contre une masse molle et humide. Il y a tellement de choses autour de moi à observer! C'est incroyable, ça change de mon ancien univers. Je vois des formes, là bas. Des chiffres, il me semble que ça s'appelle. Le numéro 761. Une odeur de propre et de produit.

Il y a aussi des posters. Recouverts d'écritures que je ne prends pas la peine d'essayer de déchiffrer. Et surtout, il y a des formes, au sol. Des formes avec, comme moi, des yeux, un nez, une bouche. Des bras, et des jambes. Étalées sur le sol dans des positions étranges, les yeux figés et la bouche grande ouverte, tout crispés. On dirait qu'ils ont peur. Mais ils ne bougent plus.

Et puis je me rends compte que je n'entends plus qu'un battement dans la pièce.

Avant, même dans l'univers, j'en entendais deux. Le mien, et un autre. Qui appartenait probablement à la voix. Sauf que là, il n'y a plus que le mien. Je pose la main sur mon torse, là où le battement émane. D'après les voix, c'est la preuve qu'on vit. Alors... Je suis le seul à vivre, dans la pièce?

Visiblement non. Un autre battement me parvient, provenant de l'extérieur. La porte claque. Et une autre forme rentre dans la pièce en hurlant, tandis qu'une deuxième apparaît tout simplement à côté de moi et me soulève. Je veux me débattre, crier, faire quelque chose. Quoi que soit ce qui me tient, je ne l'aime pas. Il a des mains trop rugueuses, ses poils noirs sur la tête sont bizarres, et ses yeux bleu-gris sont durs. Son regard me fait peur.

Sauf que je ne bouge pas. Je me contente d'incliner la tête et de le fixer, tandis qu'il me dépose dans un autre endroit, mou et confortable comme l'univers, mais froid. Je reste assis, malgré le poids de ma tête. Et je le regarde poser sa main sur l'autre forme, agenouillé devant l'endroit où j'étais tout à l'heure. Il émet de drôles de sons étranglés, il a l'air triste. Pourquoi il est triste? Est-ce que ça a un rapport avec ce qu'il a dans la main? Il tient une autre main, j'ai l'impression. Une main toute petite, toute pâle. Et la forme à qui est rattachée la main ne bouge pas, non plus. Elle est figée.

Je renifle doucement. Et me mets à hurler. Elle dégage la même odeur que l'univers. En plus froid.

L'univers ne vit plus. Je viens à peine de le voir, de savoir à quoi il ressemble, pour découvrir que je n'entendrai plus sa voix. L'univers est mort. Et mon bonheur avec.

La forme qui pleurait se retourne vers moi en entendant ma voix résonner dans la pièce. Il a des yeux bleu glacé et durs comme la pierre. Je cesse aussitôt de pleurer. Il me fait peur. Je ne l'aime pas.

Il se penche sur moi et chuchote. Toujours avec cet horrible regard. Toujours avec ce visage crispé.

"Tu n'aurais jamais dû naitre, incarnation du Chaos."

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Devinez qui c'est!

Bon, je suis pas franchement satisfaite pour le coup. Mais j'avais envie.

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