Jour 2

Le réveil a été difficile, ce matin. Outre le fait que je ne suis plus habituée à me lever à huit heures, j'ai tellement ingurgité hier soir que j'ai le sentiment que ma digestion n'est pas terminée de sitôt. Même si en vrai je meurs de faim.

Mais le principal problème, ce sont les quatorze petites personnes que j'ai accueillies dans mon appartement pour deux. Dans le but de ne pas subir les ronflements intempestifs de ma sœur, j'ai mis des boules Quiès, et ce fut le plus mauvais plan de toute ma carrière : Ça m'a empêchée d'entendre le seau d'eau que Mairù m'a renversé sur la tête pour se venger de son plongeon involontaire d'hier. Ça ne m'a pas réveillée, que Dieu bénisse la protection du plan réel : Par contre se retrouver trempée sans comprendre que je ne peux me sécher que par ma volonté au réveil, c'est pas toujours agréable. Même pas du tout, en fait.

Les autres dormaient dans mon sac, à l'état de lilliputiens : J'ai donc identifié sans la moindre difficulté le coupable, à savoir un maître de la magie grandeur nature qui se bidonnait dans un coin. Il s'est même payé l'affront de me faire un doigt d'honneur, le traître !

En guise de punition, je l'ai enfermé dans l'appartement, mais je sens que ça ne le stoppera pas. Je le reverrai sûrement avant de finir mon petit déjeuner. Fort copieux de surcroît : Il y avait des pancakes et des bananes flambées, un délice !

Lina, dans sa grande bonté, a filé au bar nous servir un mojito. A cause de l'absence de serveurs dans le plan imaginaire, ils sont obligés de le faire eux-même, mais ce n'est pas ce qui dérange ma spécialiste en alcool. De fait, hier, alors que j'attendais tranquillement le mien, elle a eu le temps de s'en préparer cinq ou six, qu'elle s'est tous enfilés avec un joli doigt d'honneur à mon adresse... C'est bon, Lina, j'ai compris, et ma commande a assez fait de difficultés comme ça sans que t'en rajoutes. Ils m'ont pris pour une mineure ! Moi ! Une mineure ! Enfin quoi c'était pas compliqué de regarder mon poignet et d'y voir le bracelet réservé aux adultes !

Enfin bref. Elle s'est ramenée avec un bon tas de cocktails pour tout le monde. Sauf pour moi. Évidemment.

La première partie de la journée a été consacrée au tir à l'arc. Et, alors que du côté réel on galère à mettre ne serait-ce qu'une seule flèche dans la cible, Al nous a littéralement humiliés en en tirant trois à la fois, toutes dans le jaune, puis trois autres qui sont venues les couper en deux. Eale a applaudi. Je crois que c'était bien la seule. Tous les autres fixent Al avec une telle jalousie que j'ai craint qu'ils ne se vengent ensuite... Enfin bon, au final, je n'ai pas eu trop à m'en faire. Le seul incident notable est, encore une fois, dû à Mairù, qui a cru que les cibles en mousse étaient un bon support pour lancer ses javelots énergétiques. Personne ne saura jamais où il a touché vu qu'il a cramé le papier, la mousse, et même le support en bois...

La suite de la matinée, elle, nous l'avons passée à la piscine. L'aquagym et les jeux de terrasse battent leur plein, mais je ne veux pas y participer, et c'est dur de faire un jeu de terrasse pour un personnage qu'on entend même pas... Asura et Eale sont parties resquiller l'aquagym, copiant les mouvements d'un animateur qui ne peut pas les percevoir, tandis que les autres sont partis se plonger dans la piscine, l'un après l'autre. Je vois plus loin Kage qui fonce se cacher, probablement dans la peur qu'on le jette à l'eau comme hier. Un léger rire s'échappe de mes lèvres, et un plouf le suit de très près, avant qu'un voyageur furieux ne ressorte de la piscine, trempé de la tête aux pieds et la chemise rendue transparente collant à ses côtes apparentes. Le régal de ces dames, je suppose, mais je n'ai jamais été fan de la maigreur maladive.

Plus loin, je remarque Makhai et Garm qui commencent à pousser un peu loin leurs câlins, semblant persuadés que personne ne peut les voir se mettre les mains en bas. Sans doute est-ce vrai pour les autres, ils sont trop occupés à tenter de noyer leur actuelle victime, Niall. Mais moi, je les vois. Et je n'ai aucune envie qu'ils ne me salissent la piscine, alors une énorme vague jaillit de la pataugeoire pour noyer les deux tourtereaux qui sursautent. Makhai comprend tout de suite la source de ce tsunami surprise, mais Garm passe un bon quart d'heure à récriminer contre une Selky totalement innocente, et pour cause : Elle n'est pas là.

De nouveau, Akira s'assied à mon côté, arrangeant ses longs cheveux blancs. Aujourd'hui, elle a opté pour un maillot de bain rouge bordeaux qui sauf par sa couleur est d'une sagesse incroyable pour son caractère. Une manière de se faire passer pour innocente ? J'espère que non, je ne me laisserai pas prendre. Je la connais comme si j'étais sa Créatrice.

« – Tu t'amuses bien, à balancer des vagues sur les OC innocents ?

– Innocents ? Akira, on parle de Garm et Makhai, là. Ils m'auraient déjà fait un gosse dans la piscine si c'était pas deux mecs. »

Elle pouffe, et ramène son regard sur le bassin.

« – Au milieu du chlore, je n'ose pas trop imaginer les défauts de conception. Tu penses que c'est pour ça que ta sœur est si bête ? »

Je hausse un sourcil. Depuis quand elle se permet d'insulter ma sœur celle-là ? Bon, elle a raison, mais quand même.

« – Elle a fait quoi encore ?

– Juste tenté de s'installer sur mon transat. Je peux la tuer, dis ? »

Un grognement s'échappe de mes lèvres et je fais non de la tête. Akira soupire et s'éloigne vers Lina, non sans un certain déhanché. Je la regarde partir et s'installer voluptueusement juste sous le nez de Baku qui enrage. Il va vraiment falloir que je lui explique quelques trucs, à celle là.

Je ne sens la présence derrière moi que lorsque deux mains ne s'emparent de ma taille et ne me traînent au sol, provoquant un spectacle qui doit être plutôt comique aux yeux des OC, mais qui font sursauter tout le public terrien de la piscine. Et je n'ai même pas le temps d'entrevoir une mèche de cheveux bleu turquoise dans mon champ de vision avant que son propriétaire, qui décidément a bien mis le bordel aujourd'hui, ne me jette dans l'eau d'un geste ample sous les rires des autres et les cris des terriens. Je grogne et ferme les yeux, me retenant de crier. Je ne donnerai pas cette satisfaction à Mairù.

C'est une rage sombre qui s'empare de moi alors que je ressors la tête de l'eau sur son air satisfait, qu'il ne conserve d'ailleurs pas très longtemps. Il faut dire que toute l'eau de la piscine qui atterrit sur sa petite tête avec un tel souffle que son maillot s'en retrouve arraché, il n'y a pas de quoi triompher... Un cri de fillette s'échappe de lui, très vite noyé par une gerbe d'eau supplémentaire. Histoire de bien l'empêcher de remonter son short. Les rires envahissent de nouveau la piscine, et j'entends même le petit clic d'un appareil photo provenant de derrière moi. Suivant le bruit, je me retourne, et je lève le pouce en direction d'Asura, Eale, Baku et Lina qui tiennent chacun un appareil, braqué chacun vers un point différent de la déconvenue de mon overcheat favori. Kami, qui se tient juste à côté de moi, pouffe.

« – J'en connais une qui va payer cher pour ces photos.

– Désir ? Elle le voit tous les jours trempé, ça changera pas de d'habitude ! »

Comprenant l'allusion, Kami se frappe le front, mais je remarque malgré tout son petit sourire. Plus loin, Baku et Akira sont tous les deux crampés de rire, tandis que les autres photographes enregistrent avec plaisir les cris de rage de Mairù. Un pouffement s'échappe de mes lèvres, suivi de près par un rire moqueur. Même si j'ai probablement déclenché la pire prank war de l'histoire et qu'il ne vaut mieux pas trop défier un Claro sur ce terrain, je ne me suis jamais autant amusée.

Le buffet suit de près ce moment d'anthologie dans l'histoire des OC. aujourd'hui, inspiration régionale, visiblement : Je me régale de piperade et autres préparations du Sud alors que ma sœur se plaint de ses pâtes bolognese. Enfin bon, elle l'a cherché. Qui prend des bolognese à un buffet quatre étoiles, franchement ? Enfin, à part ma sœur.

Les quatorze trouble-fêtes, eux, se tiennent tranquille. Je crois qu'aucun ne tient à subir le châtiment divin de la piscine : Même Cyno, d'habitude très téméraire, semble douché par ce petit incident. En fait, je crois que ce qui pose le plus de problèmes aux organisateurs, c'est le groupe de petits qui passe dans les couloirs, entre les tables, et hurle à qui mieux mieux. Heureusement d'ailleurs. Parce que je me sens bien de jouer au bowling avec leurs têtes, cette fois. Je peux donc déguster mon repas et me resservir en vin tranquillement, tandis que ma sœur retourne précipitamment à l'appart en prétextant vouloir poser ses affaires. Je crois que je vais sérieusement lui couper la télé...

Enfin, arrive l'après midi et son lot d'activités. Cette fois, désireuse d'être un peu tranquille, je les lâche dans tout le parc, et chacun s'en va en petit groupe vers une activité particulière. Je crois que les Blackheart ont décidé d'aller à l'espace cirque, tandis que les Claro, eux, vont disputer une partie de tennis, arbitrée par Akira. Il ne reste sur la touche que Garm, Al, Asura et Eale, à qui cette dernière propose un tour au hammam. Au final, moi, en me dirigeant vers la piscine, ne me retrouve accompagnée que de Kage, qui n'a pas voulu suivre ses enfants.

Mon moment de bronzette de l'après midi se déroule donc dans le calme absolu, et les seuls évènements sont les coups de soleil que je me prends dans le courant des deux heures.

Ces fameuses deux heures passées, ma sœur me tanne pour elle-même, aller au cirque. Je soupire, et la suis sans broncher, même si je sais que moi, je ne pourrai rien faire : Ce n'est pas l'heure pour moi, les adultes passent bien plus tard. Ici, ce n'est pas nous qui regardons le cirque, mais le cirque qui nous regarde : Un mur d'escalade et un trapèze géant sont ouverts à tous nos amis vacanciers, et bien évidemment, à ma bande d'imbéciles. Et alors que ma sœur attend son tour, bien tranquillement, sur le banc, je me retrouve à contempler les acrobaties de Lina, qui ne se soucie même pas du harnais réglementaire pour faire des figures ma foi fort impressionnantes. Kami la regarde avec admiration plus bas, alors que Makhai cavale sur le mur d'escalade, encouragé par les cris moqueurs de Phoebe qui lévite juste à côté de lui.

Niall, constatant que personne ne fait attention à moi, finit par se rapprocher et murmure :

« Tu es venu me libérer ? Je cherchais une excuse pour aller voir qui gagnait au tennis, mais Makhai et Lina insistaient pour que je les prenne en photo... »

Je soupire, et lui fais signe d'y aller, après avoir levé mon portable pour filmer Lina en pleine action. Pour n'importe qui, ça fera comme si je levais de manière aléatoire l'objectif, mais ce n'est pas un problème : Il me suffira de prétendre que je guettais le lancer de ma sœur.

Contrairement à Lina, cette dernière n'est pas du tout douée. Elle rate trois fois sa figure, pourtant toute simple, avant de redescendre, l'air toute paniquée. Plus, haut, mon OC pouffe, avant d'atterrir juste sous son nez et de lui filer une pichenette moqueuse qu'elle ne voit même pas. Obligeante, je m'occupe de transmettre le geste d'affection, ce qui m'attire bizarrement un regard désapprobateur de la part du gnome. On ne peut pas me blâmer d'avoir été malpolie...

Plus loin, sur le court de tennis, la partie fait toujours rage entre les frères Claro. D'après Akira, qui semble s'ennuyer ferme sur son siège d'arbitre, ils l'ont pris avec tant de sérieux que la partie est désormais en trois matchs, et qu'ils n'en sont qu'au début du deuxième.... Je sens en effet que ça va être long, même si Baku mène clairement. Mairù en devient obligé de courir partout pour renvoyer ses balles, et alors que je me rapproche pour admirer le jeu, s'étale au sol juste devant moi dans une tentative désespérée de renvoyer un smash particulièrement violent. Tentative loupée d'ailleurs : La balle part haut dans les airs, et Baku se paye même le luxe de viser son frère en marquant le point gagnant dans un magnifique mouvement de raquette. Pouffant, Akira annonce :

« – Jeu pour Baku, 6-2, 3-0 ! »

Un cri de rage émane du tas de poussière rouge sur le sol, tandis que le frère victorieux se dirige vers Niall pour lui filer un high-five. Je lui fais un signe et il se rapproche, hilare, sa raquette sur l'épaule, l'air tout fier. Je lui souris.

« – On dit merci qui pour son talent aux jeux de raquette ? »

Un grognement de fureur émane de l'autre côté du court, et Mairù se relève, époussetant la terre battue de son costume de tennis. Il me fixe avec ses grands yeux pétillant de colère avant de marmonner :

« – Et moi, j'ai quoi, comme talent, exactement, à part tout faire cramer sur mon passage ? »

Je hausse les épaules et me tourne vers Niall, ignorant complètement le perdant du jour. Celui-ci me jette une très violente insulte concernant mon odeur génitale avant de se retourner et de se diriger vers sa position. Baku pouffe.

« – Ça fait un bien fou de l'envoyer mordre la poussière de temps en temps, pas vrai ?

– Profite, tu pourras pas faire ça tous les jours. Pense à récupérer ta femme après, le hammam devrait se libérer bientôt, Garm sait que si il y reste trop longtemps il recommence à sentir le cadavre. Sur ce je vous laisse, le moustique va m'attendre après, y'a des crêpes au buffet ! »

Et, joignant le geste à la parole, je m'éloigne dignement, esquivant un sort de Mairù qui me frôle le cuir chevelu. Juste après j'entends une annonce de point et un nouveau cri de rage... Je crois que sa rancune est mal avisée sur un terrain de tennis face à son frère.

Les crêpes du buffet ont un énorme inconvénient : Tout le monde en demande. Il faut du temps à Eva avant d'en obtenir et en attendant, je me retrouve à attendre la préparation des cocktails sur un fauteuil de bar, sous les yeux inquisiteurs des parents qui vérifient bien que je ne prends pas d'alcool. Enfin voyons, pas si tôt en journée, il ne manquerait plus que ça ! Ce sera ce soir à 20 h, en guise d'apéro. Enfin si les frasques de ces messieurs-dames ne m'ont pas vidée entre-temps.

Mais le temps passe lentement, les spa me font envie, et je dois patienter au milieu de tout ce joli petit monde que ma boisson se prépare... Aujourd'hui, c'est sirop de melon, citron vert et eau gazeuse. Un truc à tester, même si c'est sûrement meilleur avec de la vodka comme c'est normalement prévu.

Les hammams sont une source de félicité pour le public du Club Med. Le spa est très populaire, me semble t-il. Pourtant, quand je vais là bas après une longue attente, accompagnée de ma mère qui adore ce genre de pratiques, les seules personnes que j'y vois sont Baku et Lina, visiblement installés depuis peu, calés dans un coin de la pièce recouverte de vapeur. Fait notable : Aucun ne porte de vêtements...

Je retiens un soupir alors que les deux personnages sursautent et que Lina se met à m'injurier dans toutes les langues qu'elle connaît. Oui, je sais que je suis la seule à les voir, qu'ils ont bien demandé à Asura de chasser tous les autres personnages qui voudraient transpirer. Mais quand même, j'ai le droit de profiter d'un hammam sans assister à un lemon ! Une chance que ma mère ne se doute de rien... Je grommelle, et lance mentalement à Lina qu'elle prend les sales habitudes de Garm en matière de choix de lieu de copuler, et elle se contente d'un doigt d'honneur en remettant son maillot de bain, tandis que Baku, rouge tomate, tente de se confondre avec le mur. Je hausse les épaules. Après tout, il ne s'est techniquement rien passé.

Hammam, puis sauna, puis détente sur les doux transats du spa. Quel dommage que les enfants viennent fréquemment y perdre leur chemin... Et aussi que Lina ait décidé de se venger. Les seaux d'eau froide alors que je suis couchée sur ma serviette, c'est vicieux, c'est petit, et ça a un goût de déjà vu. Si bien que lorsque la énième famille s'en vient se changer en but d'aller à la « piscine », j'acquiesce sans réserve au souhait de ma mère de quitter ce havre de plus-si-paix-que-ça. Et nous nous dirigeons vers la terrasse, sacs en main et verres en tête, pour récupérer de cette séance de sauna ma foi pas si reposante que ça.

Le soir vient enfin, et je récupère chaque trouble-fête pour les traîner au buffet avant de m'enfermer dans mon appartement, ordinateur en main, les doigts sur le clavier. J'avais des choses à faire je crois... Ah oui, les fiches aziliennes de Nru et d'Adam. Autant clore cette journée par ce dernier acte de travail, en espérant ne tomber sur rien d'autre de particulier.

Comme note de fin, j'ajouterai que je suis surprise de ne pas avoir surpris Makhai et Garm avant Lina et Baku. Il faut dire que les premiers sont beaucoup plus faciles à surprendre, vu les goûts de notre nécromancien... Mais bon. Ça va être qui la prochaine fois ? Mairù et Asura ? Al et Eale ? Phoebe et un personnage quelconque qu'elle aura trouvé ? Quoique, je n'espère pas trop cette dernière possibilité. Je suis la seule auteure du village pour l'instant et je tiens à le rester.