Bienvenue
(Scène inspirée de l'arc 3 du RP Wattpadia)
Ça a commencé par un trou noir.
Le vide absolu, sans lumière ni matière, qui accueillait tous ceux qui venaient de disparaître de leur terre, de priver les vivants de leur présence.
Mairù n'y voyait plus rien, et, alors qu'il était entraîné par l'immense vide autour de lui, il tentait tant bien que mal de refaire le tri dans ses quelques souvenirs.
Peu de choses récentes remontaient. Un contact ferme, mais gentil. Une atmosphère terrifiante. Un nécromancien sadique qui avait tué ce qu'il pensait être sa seule chance de mourir proprement.
Et puis...
Son corps astral se crispa. Oui, il y avait aussi cet être, le Chambellan, à la fin de la caverne. Cette proposition à la fois abjecte et alléchante. Et son refus, la dernière chose dont il se souvenait.
Quel dommage. Lui qui avait toujours espéré que son dernier souvenir serait le regard de Lina. Lina...
Elle allait lui manquer.
À l'exact moment où cette pensée lui vint en tête, il ressentit un violent choc au niveau du dos et une lumière aveuglante lui brûla les yeux. Il comprit que dans le vide, il avait eu le réflexe de les fermer.
Grognant de douleur, il s'assit en tailleur et se frotta les paupières énergiquement pour tenter de diminuer son inconfort. Ce n'est que lorsque ses yeux se furent habitués à l'éclatante lumière du lieu qu'il remarqua quelque chose. Quelque chose qu'il ne pensait pas revoir un jour.
Mairù avait ses deux bras.
À la fois émerveillé et extrêmement surpris, le jeune homme plia les doigts, et écarquilla les yeux à la vue des veines saillantes, des articulations mobiles et des muscles apparaissant sous ce qui était autrefois une couche de peau qui imitait, non sans quelques imperfections, le corps d'un voyageur. Il y avait bien longtemps qu'il n'en avait plus senti. Et, si il n'avait pas été mort, il en était sûr, il aurait senti son sang battre sous sa chair.
Un examen plus poussé s'imposait. Mairù se palpa de partout, à la recherche des zones où sa peau se décomposait sous l'action de sa propre énergie magique, d'une éventuelle fragilisation de son corps tout neuf, d'un organe manquant, mais rien ne vint. Tout était parfaitement à sa place. Même sa barbe avait disparu. Et la douleur. La continuelle douleur qui lui mordait ce qu'il lui restait d'organes, lui rongeait le cerveau à le rendre fou. Elle avait disparu.
Un sanglot s'étouffa dans sa gorge. Il y avait tant d'années qu'il rêvait de retrouver son corps, corps que nul n'aurait jamais pu lui rendre. Et c'était la mort qui lui offrait son vœu. L'ironie de la situation lui échappa un petit rire ironique, qui mêlé à ses larmes rendit un petit son pathétique. Instantanément écœuré, Mairù cessa de rire et essuya ses larmes. Il était temps d'explorer son nouveau plan de vie.
Il se leva et regarda autour de lui, à la fois curieux et apeuré. Alors c'est ça, la mort? Une immense plaine aux couleurs pastel qui semble s'étendre sur des kilomètres, sans personne à l'horizon? C'est pas vraiment la définition qu'il se faisait de l'enfer.
Ses pas firent craquer quelques feuilles alors qu'il partait en exploration. Il y avait donc des arbres non loin. Mais de gens? Toujours rien.
Le jeune homme baissa les yeux. Tout compte fait, peut-être était-ce ça, l'enfer. Ne plus voir personne, être seul pour l'éternité. Alors c'était ça que ressentait Kage? Il comprenait à présent. Plus jamais il ne se moquerait de lui.
Le temps s'écoulait alors qu'il marchait, mais il finit par en perdre la notion. Combien de minutes s'étaient écoulées depuis son éveil? Cinq? Vingt? Une heure peut-être. L'astre dans le ciel, dont il ignorait le nom, ne bougeait pas d'un pouce.
Et il était toujours seul.
"Mairù....."
L'ex créature la plus puissante de Wattpadia sursauta à l'énoncé de son nom sur une voix douce et aiguë. Une voix de femme, lui semblait-il, mais il n'en était pas sûr. La mort peut parfois offrir de drôles de surprises aux âmes, il était bien placé pour le savoir.
Il balaya rapidement les environs, à la recherche de la personne qui avait osé l'appeler, et ce d'une voix non empreinte de peur, la première fois depuis si longtemps. Était-ce un de ses anciens camarades morts? Non, même eux n'étaient pas proches de lui. Même Lina ne l'était pas. Ironiquement, la personne la plus proche de lui était celle qu'il détestait le plus, à savoir son petit frère.
Son regard finit par tomber sur une petite créature aux airs féminins, d'un corps d'apparence humain, mais dotée de deux petites cornes vertes sur son front. Ses longs cheveux vert sombre flottant autour de sa robe vaporeuse renseignaient immédiatement sur sa nature surhumaine. Une voyageuse, très probablement.
Il ne faisait aucun doute que c'était elle qui l'avait appelé. Ses grands yeux verts fixaient le jeune homme avec bonté et sagesse. Il crut même y discerner de l'amour, mais ça ne devait sans doute être qu'une illusion. Qui pourrait l'aimer, lui, la terreur du multivers, si ce n'est les fous? Et cette fille d'apparence juvénile semblait tout sauf folle.
Mairù se dirigea vers la jeune femme, hésitant, incapable de savoir ce qui allait se passer. Cette dernière élargit son sourire, et ses yeux brillèrent lorsque le maître de la magie se retrouva devant elle.
"Tu as tellement grandi... "
Ces mots éveillerent un léger écho en Mairù. Il était sûr d'avoir déjà entendu cette voix. C'était un souvenir très ancien, une sorte d'écho assourdi, mais bien présent.
Perdu dans ses pensées, il sentit à peine la pression sur sa main. Ce n'est que lorsque la femme lui caressa la joue qu'il émergea, une hypothèse solide en tête. Une hypothèse dont il n'aurait jamais osé rêver.
"-...... Maman?"
Méia Claro sourit à l'énoncé de ce mot.
"-Oui."
Cette réponse sembla briser quelque chose en Mairù. Des digues quelconques, la barrière qui maintenait ses émotions soigneusement en place. Il fondit en larmes et étreignit sa génitrice de toutes ses forces, faisant fi de son dos recourbé et de ce qu'il restait de sa réputation. Ses sanglots redoublèrent lorsqu'il la sentit enrouler ses bras autour de lui et le bercer doucement, lui murmurant à l'oreille des mots apaisants. C'était la première fois que quelqu'un lui témoignait autant de simple affection. Et bizarrement, ça lui faisait du bien d'évacuer les trop-pleins d'émotions de la sorte.
Ils restèrent collés l'un à l'autre très longtemps, jusqu'à ce que les reniflements du jeune homme se calment et qu'il récupère un peu de constance. Malgré tout, il ne la lâcha pas. Il lui serrait toujours la main avec force lorsqu'elle l'entraîna à travers les plaines mornes de la dimension des morts.
Sur le chemin, ils croisèrent Kage, qui était mort peu avant son cadet. Le voyageur serrait les mains d'une jeune femme aux longs cheveux châtains et à l'expression familière, des traces de larmes sur les joues et un sourire heureux sur le visage.
Mairù ne l'avait jamais vu autant rayonner, et il suspecta la femme d'en être responsable. Ce n'est que lorsque cette dernière l'avisa et lui fit un doigt d'honneur avec toute la férocité dont elle était capable qu'il comprit: Cette femme était le portrait craché de Lina.
Kage rit, s'attirant un plissement mauvais des yeux vairons tellement identiques à ceux de Lina. Cela le fit rire encore plus. Lui aussi semblait comblé par la mort.
Méia, avisant la distraction de son fils, tira doucement sur sa main. Elle avait encore des choses à lui montrer. Celui-ci la suivit docilement, laissant Kage, sa femme et son bonheur derrière eux.
La destination finale se trouvait plus loin. Après avoir beaucoup marché, Méia s'arrêta devant un groupe de six personnes et attira son fils devant elle. Ce dernier fixa la petite troupe, constitué de personnes aux cheveux bleu turquoise, aux yeux de la même couleur et aux corps irradiant de puissance, et écarquilla les yeux.
Car c'était bien eux, les maîtres de la magie du premier au sixième du nom, les seuls membres recensés de l'espèce de Mairù. Tous étaient morts au moins trois cents ans avant sa naissance, ce qui lui avait longtemps fait croire que lui, Mairù Claro, était le premier et seul de son espèce. Et ils étaient tous là, devant lui.
Derrière lui, Méia sourit.
"Bienvenue chez toi."
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J'ai commencé cet OS directement après l'annonce de la mort de Mairù à Wattpadia, Corblanc et Le_Corbeau_Noir se rendront donc peut-être compte du temps que j'ai mis à le finir.
Mais j'ai profité de mon trajet en bus pour le boucler et donc, le voilà!
D'une certaine façon, cet OS me tenait à cœur. Il m'a permis d'explorer davantage le système de pensée de Mairù à Wattpadia où, poussé par les événements, la perte de ses repères, de ses certitudes et de ceux qui l'entouraient, il a commencé à avoir des pulsions et tendances suicidaires, ce qui a d'une certaine manière causé sa mort. Parce que oui, Corbeau : Un Mairù qui viendrait d'arriver dans le RP, n'ayant subi que l'histoire que je lui ai préparé dans la timeline Wattpadia, aurait accepté sans hésiter l'offre du Chambellan.
Voilà.
L'arc 3 est bientôt fini. Corbeau, je vais devoir te demander de le recopier et de le corriger, toi ou tout autre admin qui a le temps. Je n'aurai pas le temps de faire tout le travail, de mon côté.
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