AU : Un retour à Poudlard partie 2

Samedi, jour du match, était une véritable effervescence pour la grande majorité des maisons. En effet, à cause du classement actuel des différentes équipes, rien n'était encore joué pour remporter la Coupe ; et même Poufsouffle, les derniers, avaient une chance d'arracher la victoire à Serpentard s'ils volaient suffisamment bien. Ce qui modifierait du même coup le classement de Serdaigle et de Gryffondor. Akira pouvait donc facilement deviner que tout le monde allait assister au match.

Il avait déjà mis ses robes de Quidditch, vert et argent, et polissait son balai avec soin dans le parc de Poudlard, attendant avec impatience le moment où il devrait se rendre dans le vestiaire. Le match avait lieu dans une heure, mais les gradins se remplissaient déjà et le commentateur désigné de ce match, Makhai, un élève de Gryffondor, commençait déjà à divertir son public. D'ici peu de temps, Akira se dirigeait à son tour vers le stade, mais pour l'heure, il se livrait à son petit rituel d'entretien de son balai. Ça l'aidait à se détendre en plus d'optimiser ses performances.

Une main lui tapa sur l'épaule et il releva la tête pour voir Mairù, habillé aux couleurs de Serdaigle et son balai sur le dos. Lui avait déjà fini ses matchs, mais il n'était pas rare de le voir s'entraîner tout seul ou avec ses poursuiveurs, même alors que le Quidditch à Poudlard était terminé pour lui. Il avait un grand sourire aux lèvres et un regard amusé penché vers son frère cadet.

« —Encore en train de polir ton balai ?

—Encore en train de t'entraîner sans but ? »

Son frère pouffa.

« — ça, c'était un coup bas. Nan, les gryffous et notre équipe avons préparé une petite exhibition pour le dernier match de la saison. Surtout que tu les entends, dans les gradins, nan ? On va pas les laisser attendre pendant une heure...

—Comment ça une exhibition ? »

Akira avait haussé un sourcil. C'était du jamais vu dans l'histoire de Poudlard. Habituellement les autres équipes restaient dans leur coin pendant les matchs, même les derniers de la saison ; lui-même n'avait d'ailleurs jamais participé à un événement de ce genre. Mairù eut un léger sourire.

« —C'est moi qui ai insisté auprès de Madame Bibine... Tu comprends, c'est ma dernière année, et cette fois j'aurai pas la coupe. Quelle que soit l'issue du match, elle ira à Serpentard ou à Poufsouffle. Du coup je voulais marquer le coup d'une autre manière. Lina est d'accord avec moi... Donc on a préparé un petit spectacle de vol sur balai avant ton moment de gloire ! T'inquiète, on t'abîmera pas les Cognards. En fait, on compte même pas se servir des balles. »

Akira haussa les épaules. Si ça pouvait faire plaisir à son frère. De toute façon, ça le détendrait, lui aussi, de voir ça. Il acheva de tailler les branches de son balai avant de se redresser et de le faire basculer sur son épaule, un léger sourire aux lèvres.

« —Okay, j'arrive. Filons au stade, faudrait pas que ton équipe t'attende. »

Le sourire de Mairù s'élargit.

« —Clair. Et puis c'est mon occasion d'impressionner Asura. »

Son cadet se mit à pouffer. Ceux-là étaient décidément irrécupérables.

***


Il avait les yeux levés vers le ciel, en train d'admirer les superbes figures de ses anciens adversaires dans le ciel de Poudlard. Oh bien sûr, aucune n'avait la grâce de celles effectuées par les équipes professionnelles de Quidditch, mais pour des adolescents de treize à dix-sept ans, ça restait une belle performance, propre à attirer le regard et inspirer les joueurs de Serpentard et de Poufsouffle.

Les deux équipes regardaient l'exposition depuis le bord des gradins, mêlées l'une à l'autre sans le moindre problème. Depuis toujours, les Serpentard n'avaient aucun problème avec la présence des Poufsouffle, et inversement ; De fait, les deux équipes entretenaient des liens assez proches et Akira se permettait sans la moindre gêne de se mêler à ses adversaires sans que ceux-ci ne l'envoient bouler. En fait d'envoyer bouler, le batteur de Poufsouffle, Seiji, venait de filer une tape amicale à l'attrapeur de Serpentard, un large sourire sur son visage basané.

« —Alors t'es prêt, euh, pardon, prêt.e à la défaite aujourd'hui ?

—T'occupe des pronoms, aujourd'hui je m'en fous. Et je pourrais vous retourner la question je crois. Qui est dernier au classement aujourd'hui ? Pas nous, je crois.

—Ce que t'es mauvaise langue ! »

C'était Deimos qui venait d'intervenir, faisant tourner la tête -un peu vite- à Akira. Il souriait, lui aussi, son Brossdur 16 sur l'épaule. Seiji, qui avait bien évidemment remarqué le mouvement un peu rapide de son adversaire vers son coéquipier, laissa échapper un petit rire, mais Deimos lui ne remarqua rien, et laissa Akira répondre sans même relever sa hâte. Ouf.

« —Je suis très loin d'être mauvaise langue mais je suis pas sûr.e que tu veuilles vérifier ça. Et ça n'empêche pas qu'on va gagner. »

Il conclut sa phrase par un petit sourire en coin, les yeux braqués dans ceux de l'attrapeur adverse, mais encore une fois, ce petit crétin ne releva pas le second sens de sa phrase. Bon sang, Akira ne savait pas s'il devait être soulagé ou désespéré. Mais de leur côté, les autres Poufsouffle s'étaient regroupés comme des pies autour d'une bague de métal brillant au soleil autour de leur adversaire, des sourires assez... Carnassiers aux lèvres. Une sorte d'instinct Poufsouffle-esque qui leur fournissait un radar à drague ? Il y avait de quoi se poser des questions.

La poursuiveuse vedette de Poufsouffle, Oshiko, eut un rire assez évocateur à l'adresse d'Akira, qui se tourna vers elle. C'était une femme dont la carrure aurait sans doute mieux convenu au poste d'attrapeur : Elle semblait légère et rapide, et entretenait avec soin une apparence frêle. Mais Akira avait pu constater de près qu'elle avait une force comparable à celle de Lina, qui se trouvait elle à la batte. De très, très près... Ahem. En tout cas, elle avait fait le compromis entre sa vitesse et sa force en jouant au poste de poursuiveur. Mais malheureusement pour elle, elle était la seule compétente, et contre trois poursuiveurs et deux batteurs ennemis qui se centraient systématiquement sur elle en match, elle ne faisait pas le poids et marquait très peu. Elle semblait d'ailleurs très bien s'entendre avec Seiji depuis peu. En tout cas ces deux-là fixaient Akira avec le même sourire moqueur.

« —ça drague nos joueurs avant le match, l'adversaire ? Ce genre de déstabilisation fonctionnera pas avec notre pur attrapeur, fais gaffe ou tu essaies de fourrer tes pattes !

—De quelle déstabilisation il parle ?

—Ah tiens, t'écoutais, Deimos ? Sourit Oshiko. On parlait justement de ton cr-

—EH ! Ferme-là ! »

De nouveau, le visage du jeune homme ressemblait à une tomate. Comme lors de ce fameux épisode de l'Amortentia qu'Akira voulait encore éclaircir dans son esprit... Surtout que son camarade ne réussirait jamais à faire taire six Poufsouffle comme il l'avait fait avec Baku. Mais voyant l'air paniqué de Deimos, Akira décida de ne pas aborder le sujet maintenant. Il le garderait en tentative de déstabilisation, lorsqu'il n'aurait pas sur le dos ces six Poufsouffle férocement loyaux. La panique de leur ami allait forcément les faire virer de bord, il les connaissait bien à force.

Le balai de Mairù passa à quelques centimètres du front d'Akira, provoquant les « oh » et les « ah » du public et distrayant l'attrapeur de Serpentard de sa conversation. Il releva les yeux juste à temps pour voir son frère accomplir un magnifique tonneau dans les airs, suivi par ses trois poursuiveurs, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Pas de doute, il savait voler. S'il n'avait pas la tête qui tournait après cette figure un peu trop audacieuse, Akira allait lui proposer sa candidature à une des équipes professionnelles de Quidditch...

Deimos, à côté de lui, eut un léger rire.

« —Mairù en fait trop, tu crois pas ?

—Complètement. Mais il a une jolie préfète-en-chef à en mettre plein la vue. Tu sais comment c'est, les mâles, toujours à se mettre en valeur...

—Eh, JE suis un mâle. Ça veut dire que pour impressionner la personne qui m'intéresse, je dois faire un tonneau aussi en chopant le Vif d'or ?

—Contente-toi de ne pas perdre de manière trop spectaculaire... »

Son ami se mit à rire et lui flanqua un coup de poing sur l'épaule, ignorant la légère crispation qui avait envahi le corps d'Akira à la mention de la « personne qui l'intéressait ». Ce dernier eut un petit sourire et changea son balai d'épaule, avant de ricaner.

« Incapable de voir se profiler la défaite ?

—Tu parles. Lorsque j'en aurai fini avec toi, on en parlera tellement que Binns le mettra dans son cours d'Histoire de la magie.

—Binns ? Parler de Quidditch ? Tu rêves, mon pauvre vieux ! On aura de la chance s'il met autre chose que la révolte des gobelins aux ASPIC... »

Les deux compères éclatèrent de rire, et la conversation prit bon train jusqu'à ce que les quatorze joueurs laissés pour compte en ce grand jour de match ne se posent au sol. A cet instant précis, Akira savait que son équipe n'allait pas tarder à le rappeler pour mettre au point leur stratégie ; d'ici quelques minutes, lui et Deimos seraient adversaires. Il haussa les épaules et décida de mettre fin à la discussion avant que Lucien ne le fasse pour lui.

« Bon allez, je file, moi, j'ai une victoire à préparer. Essaie de ne pas te classer dernier quand même, grand dadais.

—Dans tes rêves ! La coupe sera pour Poufsouffle cette année. On se retrouve sur le podium ! »

Akira sourit, haussa de nouveau les épaules et se dirigea sur Lucien, qui allait justement l'appeler. Ce dernier eut un sourire goguenard en constatant son expression satisfaite.

« —Je savais pas que ta stratégie pour la victoire consistait à draguer l'attrapeur adverse...

—Tu oses persifler ? »

Son capitaine se mit à rire avant de passer sa main dans ses cheveux.

« —Point du tout ! Tant que ça nous fait gagner la coupe, tu as le droit de draguer qui tu veux ! Et entre nous, de gars hétéro à personne pan, il a vraiment un beau cul, ce con !

—Bas les pattes.

—Aha ! Je t'ai grillé.e ! »

Une légère chaleur envahit les joues d'Akira en constatant à quel point Lucien venait de se jouer de lui. Quel piège débile, et il était tombé en plein dedans... Par pur réflexe, il tourna la tête vers Deimos, qui venait de réintégrer son équipe. Ce dernier était lui aussi tourné vers les Serpentard, et l'espace d'un instant, leurs regards se croisèrent. Le sourire sur le visage d'Akira s'élargit, alors que celui de Deimos se teintait d'une expression goguenarde. Le duel des attrapeurs était lancé.

« — Mesdames messieurs, et tous les autres, après ce magnifique spectacle offert par la mais... Pardon, par les Gryffondor et les Serdaigle, nous allons enfin pouvoir commencer l'évènement de l'année, l'apothéose, la vraie exhibition, celle qui nous tient en haleine depuis l'annonce des scores, j'ai nomméééééééééé....... LE MATCH SERPENTARD-POUFSOUFFLE ! »

Makhai donnait sacrément de la voix en ce charmant matin. Bien qu'il soit à Gryffondor, il semblait passionné de commenter les matchs de toutes les équipes et s'était toujours montré impartial. Akira avait d'ailleurs été plusieurs fois distrait pas son commentaire... avant d'être rappelé à l'ordre par un Cognard passant ou une feinte de l'attrapeur adverse. Mais rien de tout cela ne se passerait aujourd'hui. Il n'avait qu'un seul objectif, le Vif d'or.

Un regard vers son équipe lui suffit à donner le signal. Chacun avait déjà enfourché son balai et s'était placé de leur côté de l'arbitre, Madame Bibine, et il ne fallut qu'un coup de talon parfaitement coordonné aux Serpentard pour s'élever dans les airs. Akira eut le temps d'apercevoir Baku dans les gradins, en train d'agiter une bannière de Poufsouffle dans les airs en compagnie de Phoebe, l'une des sœurs de Lina, et d'une autre fille qu'il ne reconnaissait pas. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Essayez de ne pas finir derniers, les blaireaux... Aujourd'hui, c'était l'heure du repas du Basilic.

Les Poufsouffle se placèrent rapidement de l'autre côté de Madame Bibine, en formation impeccable. Deimos se trouvait au centre, tandis qu'Akira lui était décalé sur la gauche par rapport à son équipe : Cela en disait long sur l'importance que les équipes prêtaient à leurs attrapeurs respectifs. A vrai dire, Akira s'en fichait un peu. Même si son rôle restait le plus prestigieux et le plus prisé des joueurs, un match ne se gagnait pas qu'avec un seul attrapeur. Pour preuve, la Coupe du Monde ayant vu s'affronter l'Irlande et la Bulgarie. Il n'avait que trois ans l'année du match, mais il se souvenait très bien de l'émoi provoqué par le résultat final.

« Madame Bibine ouvre la boîte et... Ouh là là, les Cognards sont absolument déchaînés aujourd'hui ! On croirait voir des Magyars à pointes ! On espère tous que les batteurs seront à la hauteur car je ne tiens pas à me retrouver avec une dent cassée ! Vous avez intérêt à me protéger, vous autr- Oui, professeur McGonagall, je sais que les gradins sont protégés des balles par une enceinte magique, merci. Et maintenant, le Vif d'Or s'élève dans les airs ! On l'a déjà perdu de vue et les attrapeurs fouillent d'emblée le ciel ! Ce sera vraisemblablement un match retranscrivant un féroce duel entre ces deux jou- Ah, oui, excusez-moi, professeur. Madame Bibine a le Souafle en main, elle va ouvrir le jeu... Elle prend de l'élan... ET LE MATCH COMMENCE ! »

Akira n'avait pas attendu la fin de sa phrase. Il avait déjà donné de l'impulsion à son balai, qui avait fusé comme le vent à quarante mètres d'altitude. La meilleure hauteur possible pour traquer le Vif. Par chance, le temps était optimal aujourd'hui, et il entendait à peine le vent dans ses oreilles ; l'idéal pour lui qui se fiait autant à son ouïe qu'à sa vue... Il se mit à tourner en rond autour du stade, prêt à plonger ou redresser au moindre signe d'un éclat d'or. La victoire ne lui échapperait pas.

De son côté, Deimos avait choisi de s'installer à trente mètres d'altitudes, un peu au-dessus du niveau habituel de jeu, et scrutait le terrain en dessous de lui. Lui avait adopté un vol semi-stationnaire : Il changeait de position toutes les dix secondes et scrutait autant le jeu que le terrain. Akira, à demi concentré sur les paroles du commentateur, plissa les yeux. Il fallait faire vite... Et garder l'attrapeur adverse en visuel.

« Asphodele a le Souafle, elle le passe à Lucja qui le repasse à Asphodele qui- Oh ! Superbe intervention d'Oshiko qui arrache le Souafle à Serpentard juste avant la passe décisive ! Mais elle est loin des buts et personne à qui faire la passe et c'est un magnifique Cognard renvoyé par Ector, le batteur des Serpentard, qui manque de la désarçonner ! J'espère pour ses admirateurs qu'elle n'a pas perdu son beau visage... Oui bon ça va, professeur McGonnagall, je suis gay, moi ! Enfin, toujours est-il qu'elle a perdu le Souafle, mais a réussi à l'éloigner des buts... »

Akira se permit un rapide regard en direction d'Oshiko, mais cette dernière se remettait déjà en position sur son balai et fonçait à la poursuite de Dean, qui fonçait vers les buts. Un terrible coude-à-coude s'engagea entre les deux poursuiveurs, mais Dean avait visiblement une autre idée derrière la tête. Alors qu'il était en position idéale pour marquer, Oshiko et le gardien de but lui fonçant dessus, juste avant de rentrer dans la zone des buts, il la mit à exécution.

« C'est incroyable, mesdames et messieurs, alors qu'on s'attendait à un duel entre Dean et Carson, le poursuiveur a lâché le Souafle ! C'est Lucja qui l'a récupéré quelques cinq mètres plus bas et elle est en nettement moins bonne position pour marquer, mais Carson s'est trop éloigné de ses buts et elle a juste à réussir le tour de force de... EH OUI MESDAMES ET MESSIEURS, C'EST SERPENTARD QUI OUVRE LE BAL EN MARQUANT CES TOUS PREMIERS POINTS ! Voilà qui creuse l'écart de la maison avec Serdaigle, les deuxièmes du tournoi... L'attrapeur va devoir se dépêcher s'il veut encore servir à quelque chose ! Mais que vois-je ? Il a cessé son vol stationnaire ? »

Akira s'empressa de tourner la tête vers le concerné, qui avait effectivement cessé son manège de vol : Maintenant, il fonçait droit vers les gradins, vers un point très précis. Son adversaire plissa les yeux, tentant de repérer le Vif en se préparant à donner toute la puissance de son balai ; mais rien n'y fit, il ne voyait pas l'éclair d'or. Bizarre, mais il n'allait pas prendre le risque. Si Poufsouffle attrapait le vif maintenant, c'était terminé. Il se pencha sur son balai, prit un peu d'élan, et...

« OH ! Magnifique ! Lucien, le capitaine de Serpentard, vient de réussir le coup qui va probablement lui valoir la place de batteur de l'équipe d'Angleterre ! Un Cognard venait sur lui par l'arrière et il l'a envoyé sur Deimos d'un revers de batte, coupant la trajectoire de l'attrapeur ! Deimos semble avoir dû faire un tonneau pour éviter le projectile, mais il va bien, rassurez-vous, mesdames et surtout messieurs ! Par contre, quoi qu'il ait repéré, il est désormais parti... Nous n'assisterons donc pas encore à une fin de match ! »

Au même moment, Akira dût plonger pout éviter le deuxième Cognard, envoyé droit sur lui par Seiji. Leurs regards se croisèrent pendant un court instant, et l'attrapeur y vit toute la détermination, tout le désir de vaincre qui avait effacé son expression débonnaire ; et puis, un éclair doré attira son attention et il se détacha de l'adversaire pour investiguer.

Mais ce n'était toujours pas le Vif d'Or. C'était l'éclat du soleil sur un des bijoux de Deimos, qui après s'être remis du coup de Lucien, cherchait de nouveau sa proie. Akira haussa les épaules avant de, de nouveau, balayer le stade du regard.

Les points s'enchaînaient. Poufsouffle venait officiellement de repasser à la troisième place et n'était plus qu'à dix points d'écart de Serdaigle, mais du côté de l'équipe de Serpentard, l'écart s'était creusé jusqu'à atteindre cent points. Akira se sentait de plus en plus fébrile. Encore un peu et toute chance de gagner la coupe pour Poufsouffle allait leur passer sous le nez ; mais ça voudrait dire que Deimos aussi allait redoubler de vigilance. On entrait dans la période ou il mettait souvent fin à ses matchs et il fallait être le plus prudent possible s'il le voulait pas ruiner tous les espoirs de son équipe... et aussi les siens. Il plissa les yeux, tentant de repérer le bourdonnement caractéristique du Vif, mais rien à faire.

« Oshiko prépare un nouveau but, se rapprochant de plus en plus des anneaux de Serpentard, mais Erma veille ! Elle ne laissera sans doute pas rentrer un Souafle de plus, et... Attendez attendez attendez ! Mesdames et messieurs, je viens de voir Deimos plonger ! Est-ce que ce serait... »

Merde ! Akira avait tellement surveillé le terrain qu'il avait oublié de garder un œil sur son adversaire ! Et visiblement ça allait lui coûter cher, car un regard rapide vers la direction d'où Deimos plongeait, juste en dessous de lui, lui apprit que cette fois, il avait bien repéré le Vif d'Or. Deux fois qu'il se faisait prendre ! Hors de question de perdre à cause de sa bêtise !

Il appuya sur le manche de son balai et se laissa emporter dans la descente vertigineuse, comptant sur le meilleur matériel qu'il avait et toute sa témérité pour gagner du terrain sur son adversaire. Mais même si la distance se réduisait, rien à faire. A ce rythme, Deimos atteindrait le Vif en premier et ce serait fini. Encore dix mètres... Huit mètres... Sept...

En désespoir de cause, Akira choisit de recourir à sa meilleure tactique jusqu'à présent, une tactique qui avait déjà fait ses preuves un certain nombre de fois pendant des matchs amicaux. Mais il ne s'en était jamais servi pendant les vrais matchs... Tant pis, il n'avait plus le choix !

Il prit une profonde inspiration avant de hurler à l'attrapeur adverse, de la voix la plus suggestive possible avec le vent qui lui soufflait dans la gorge :

« —Eeeeeeh, jolie vue de derrière ! Je devrais perdre plus souvent si j'ai le droit de mater pareille vision à chaque fois ! »

Un ricanement s'échappa d'entre ses lèvres lorsque la pique atteignit les oreilles de l'adversaire. En un sens, c'était un cri du cœur, aussi ; Il est vrai qu'il avait eu le temps, en quelques secondes, d'apprécier la vue de l'arrière train de son adversaire dressé sur son balai. Mais la tactique de la drague en plein vol sembla porter ses fruits. Deimos se figea net en plein vol, perdant le contrôle sur son balai, et Akira eut tout le loisir de lui passer en dessous en accomplissant sa meilleure roulade du paresseux jusqu'à présent, et de refermer son poing juste devant le nez de l'attrapeur de Poufsouffle sous les clameurs générales.

Les deux attrapeurs remontèrent en chandelle, acclamés par leur public, échangeant un regard très lourd de sens. Deimos avait encore les oreilles rouges et semblait serrer les dents, l'air bien atteint par la phrase bien lourde de son homologue de Serpentard. Mais cette rougeur se transforma en pâleur subite sur sa peau sombre lorsqu'Akira, un sourire on ne peut plus victorieux aux lèvres, desserra le poing pour laisser apparaître, entre ses doigts, la petite balle dorée qui se débattait furieusement.

Et c'est à ce moment-là que le stade explosa en une clameur assourdissante, tout juste couvert par un Makhai absolument surexcité qui faisait de son mieux pour hurler au-dessus de la foule :

« — C'est incroyable, mes chers élèves de Poudlard, INCROYABLE ! Le match et la saison de Quidditch de cette année viennent de se finir en pure apothéose avec ce magnifique mouvement d'Akira Claro qui a réussi à ravir le Vif d'Or juste sous le nez de son adversaire ! C'est donc Serpentard qui remporte la victoire par un score de trois cent dix à soixante, par une astuce, qui, il faut bien se l'avouer, était très Serpentard de leur part ! »

Akira n'entendait même plus le commentateur. Il venait de se poser en plein milieu de ses coéquipiers qui n'avaient pas perdu une seule seconde pour le soulever dans les airs en hurlant de joie. Il parvenait à peine à réaliser. Il venait de remporter le match, et avec le match, creusant l'avance avec Serdaigle de plus de deux cents points, la Coupe. Ils avaient gagné la Coupe. Il leur avait fait gagner la Coupe. Et le Vif d'Or qui se débattait encore dans son poing était là pour lui prouver que ce n'était pas un rêve, qu'il venait vraiment de gagner la Coupe de Quidditch des Quatre Maisons. Un immense sourire s'étalait sur son visage pour la première fois depuis des années. Jamais il ne s'était senti aussi euphorique.

Un mouvement attira son attention vers l'équipe perdante et il aperçut Seiji qui le fixait avec un grand sourire, l'air plutôt satisfait de son résultat. Bah, les Poufsouffle n'avaient jamais été de grands compétiteurs et avaient le meilleur fair-play des quatre maisons, alors sans doute était-il vraiment content d'être au moins troisième. Mais visiblement, ce n'était pas de ça dont il voulait lui parler, vu qu'à peine un bras passé autour de ses épaules, le batteur de Poufsouffle afficha un sourire plus railleur, avant de souffler juste à côté de son oreille :

« — Eh bien, je savais pas que notre petit Deimos te faisait autant d'effet ! Jolie méthode de détournement d'attention mais je dois te prévenir que tu nous l'as méchamment cassé avec ta drague... Le pauvre bégaie depuis qu'il est descendu de son balai, je pense qu'il a bien le droit à un bisou de consolation...

—Tu forces, Seiji.

—Oh, arrête. Ça fait des mois que vous vous tournez autour. Même ton équipe a remarqué votre petit jeu. Va lui parler, même si le bisou n'est pas pour aujourd'hui. Il faut bien conclure en apothéose le match avant de fêter la troisième mi-temps. »

Les joues d'Akira prirent une soudaine couleur rosée et le Vif d'or qui s'agitait dans son poing gagna soudainement un regain d'attention de sa part, tandis que Seiji se décalait de lui avec un grand sourire et lui ébouriffait les cheveux, un regard attendri posé sur son adversaire. Ce dernier soupira. Sans doute qu'il devrait aller lui parler, lui. Tactique ou pas, après pareille drague, il était bon de mettre les choses au clair.

Il se dirigea vers l'équipe des Poufsouffle en sentant le regarde de Seiji peser sur son dos, de même que celui de toute son équipe -cette bande d'indiscrets- et poussa un profond soupir avant d'appeler Deimos. Ce dernier se tourna aussitôt dans sa direction, le visage plus rouge encore que les robes des Gryffondor, et se sépara d'une discussion avec Oshiko pour se diriger vers son homologue, le regard fuyant. Effectivement, parler le plus tôt possible serait le mieux.

Akira lui fit signe de se diriger vers un coin plus calme (hors de question de rendre publique leur discussion) avant de se diriger vers l'un des couloirs, de relâcher le Vif d'or dans le stade et de s'adosser sur un mur adjacent, un léger sourire aux lèvres. Mais, contre toute attente, c'est Deimos qui entama la discussion, le regard toujours fuyant.

« —Tu n'as vraiment rien trouvé de mieux en matière de drague ? Je te croyais plus subtil que ça...

—Eh, quand je suis subtil.e, tu ne remarques pas la subtilité, sourit Akira. Et je n'allais pas faire fonctionner ma fantastique imagination en matière de drague et risquer de perdre du temps alors que tu n'étais qu'à quelques mètres du Vif. »

Deimos soupira, les bras croisés.

« —Logique. Enfin quand même laisse-moi gagner, la prochaine fois, c'est quand même plus simple.

—Un Serpentard se sert de toutes les armes à sa disposition. Et puis reconnais que ma roulade du paresseux était quand même un coup de maître. »

Son adversaire (enfin, ancien adversaire, sans doute) leva les yeux au ciel avant de tourner un regard assez... Dur dans la direction d'Akira. Ce dernier en perdit instantanément son sourire, et se tut. Merde, il avait fait une bourde ? Autant rattraper ça vite... S'il trouvait comment faire. Cette fois, il était vraiment à court de mots, au point de laisser à Deimos le loisir de parler. Ce qui ne lui était jamais arrivé...

« —Okay. Je reconnais que ta roulade du paresseux était super bien exécutée. Surtout sachant que tu as chopé le Vif la tête en bas. Je rage parce que je m'y attendais pas, c'est tout. Et aussi parce qu'il y a vraiment que sur le terrain que tu te permets de me draguer, espèce de profiteureuse. »

Le sourire d'Akira revint instantanément sur ses lèvres.

« — Oh, parce que tu préférerais que je te drague aussi en dehors du terrain ? Il suffisait de demander...

—Oui, c'est exactement ce que je veux d- attends quoi ? »

Le sourire d'Akira s'élargit encore, et il se passa la langue sur les lèvres. Ça, c'était un terrain qu'il connaissait.

D'un mouvement fluide, il se détacha de son coin de mur avant de se caler à côté de son ami, avant d'appuyer sa tête sur son épaule, les yeux braqués sur le visage de nouveau plus rouge que les robes des Gryffondor de son ami. Sa main alla sa caler jusqu'à celle de l'autre et son sourire se fit tordu, ravi d'être là, sur son terrain, après la victoire et collé à une personne qu'il désirait de beaucoup de manières.

« —Si tu veux que je fasse ça tous les jours tu n'as qu'un mot à dire, tu sais. Enfin, plutôt, trois.

—Par les saintes culottes de Merl- EH ! Arrête avec ce sourire, crétin.e, c'est pas drôle ! Elle est ou, la plume à Papote cachée ?

—Nulle part. Tu vois une plume quelque part ? J'ai plus le droit de manifester mon affection de manière sincère et... Tactile ? »

Oups, sa main venait de passer de la paume de Deimos à sa hanche. Il n'avait pas pu s'en empêcher. D'ailleurs, ce dernier s'était remis à bégayer, tendu comme un manche à balai, mais ne faisait pas mine de se dégager. Au contraire, Akira avait l'impression qu'il raffermissait le contact. Tant mieux. Il poussa un profond soupir de contentement avant d'appuyer encore davantage sa tête contre son épaule.

« Alors ? Je m'en vais ou je reste ?

—T'es vraiment qu'un.e con.ne des fois. Mais bouge pas.

—C'est bien ce que je me disais. »

Le silence se fit dans le couloir du stade où ils avaient élu domicile. Personne ne passait, mais ce n'était qu'une question de temps, sauf si les équipes de Serpentard et de Poufsouffle y mettaient du leur pour laisser un moment d'intimité à leurs attrapeurs. Dans tous les cas, il n'allait pas pouvoir rester là longtemps, aussi euphorique qu'il se sentait après la victoire et collé à son homme. Et même si c'était trois mots qu'il n'avait jamais prononcés, il allait falloir qu'il les sorte s'il ne voulait pas rester ici pour l'après-midi... ou ruiner sa relation avec Deimos.

Il prit une profonde inspiration, prêt à sortir la phrase la plus dure à dire au monde des profondeurs de sa gorge, lorsqu'un bras se passa autour de ses épaules, et que le principal intéressé et propriétaire du bras marmonne d'une toute petite voix, les yeux tournés vers le vide du couloir ;

« — A propos... Je crois que je t'aime. Pas en ami, je veux dire. »

Akira sourit, referma la bouche et se hissa sur la pointe de ses pieds pour coller un bisou sur la joue de Deimos, un air béat se dessinant sur son visage. Enfin. Il avait eu du mal à y croire mais il y était enfin.

« — ça tombe bien. »

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Bon, ça, c'est ce que j'ai écrit pour ce soir (SHIP), donc fini la publication pour le moment !

Je dois dire que (SHIP) j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire (SHIP) cet AU, surtout qu'Harry Potter est un univers (SHIP) pour lequel j'ai encore beaucoup d'affection.

Et c'est en voyant qu'un.e des auteur.es que je suis en tant que lectrice fantôme (SHIP) avait fait la même chose (SHIP) que moi avec son propre univers, en (SHIP) changeant comme moi les ages et instaurant un ship qui (SHIP) ne sera pas canon, bah....

Ça a fini en (SHIP) ça.

Au départ j'avais pas d'idée de scènes mais merci à vous tous de m'avoir donné des pistes ! Je vais essayer d'exploiter celles que je n'ai pas encore glissées dans les prochaines parties, vous inquiétez pas...

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