AU: Lina Blackheart-Kamijiro partie 4
De là où il était, Kage pouvait parfaitement discerner l'intérieur de la salle aux montres, la salle ou Akira stockait les montres des voyageurs avant de les enfermer dans ses dimensions compressées. Une bonne manière de les contrôler, et aussi de quoi calmer sa paranoïa, sans doute.
Dans cette salle ne restait plus qu'une montre. Celle de sa fille, Lina, qu'il cherchait à récupérer avant demain.
Demain....
Pourquoi les chemins menaient-ils tous à cette possibilité là? N'importe quelle autre solution, n'importe quel autre moyen, aurait été admis. Mais même si il lui révélait le moyen, Lina échouerait à tuer Akira. Le lien qu'elle avait créé avec Baku était trop fort. Et il lui ferait payer cher sa tentative... Elle ne s'en sortirait jamais indemne dans tous les cas.
Le voyageur grommela et frotta ses cernes sous ses yeux. Son énième dispute avec Nru l'avait tenu éveillé toute la nuit, par la colère et le remords. Mais il n'avait pas eu trop le choix que de se lever, ce matin. Si il n'était plus capable d'accomplir son rôle, qu'est-ce qui restait de lui? Rien. Tout juste la loque qu'Isabel avait eu la bonté d'accueillir sous son toit, l'homme qui en avait trop vu, qui en avait trop fait.
Il soupira. La mort lui semblait parfois bien préférable, mais il n'avait pas le droit de mourir. Trop de chemins se fermaient après sa mort.
Il ne lui restait plus qu'à récupérer l'outil de sauvetage du monde, puis éviter d'affronter le regard de sa fille, une des seules choses qu'il avait le droit de conserver, alors qu'il lui annoncerait qu'elle avait le feu vert.
Quelque chose s'était brisé entre eux ce jour-là, il l'avait senti. Mais il ne pouvait faire autrement que de regarder. Son rôle consistait à orienter.
Et en l'occurence, il ne pouvait rien faire de plus.
La montre bien en poche, il n'écoutait même plus les alarmes. Il n'était même plus dans ce monde. Le plan était lancé.
Dans la salle du trône, l'intense crissement fit sursauter tout le monde. Y compris Akira, assis sur son trône avec jusque là une expression d'ennui, qui n'aurait jamais cru que ça arriverait un jour. Quelqu'un avait osé, et surtout réussi, à pénétrer dans sa salle aux montres. S'agissait-il de Lina? Il lui avait décidément trop laissé la bride sur le cou. Où alors, il s'agissait d'un de ses ex-camarades, qui cherchait sans doute à l'arracher à son emprise?
Quoi que ce soit, ce n'était pas réjouissant du tout. Si cette montre revenait entre les mains de Lina, elle pourrait contrarier tout l'équilibre qu'il s'était évertué à monter. Et il en était absolument hors de question, grognait-il alors qu'il se précipitait vers sa salle de trésor.
Lina... Qu'est-ce qu'elle cherchait à faire au juste? Ce n'était pourtant pas le genre de femme à se laisser faire si facilement. Et il les sentait, ses gestes dégoûtés, il pouvait même entendre son cœur s'accélérer et voir son corps bouger d'une manière qui ne pouvait tromper.
Elle le détestait, il la répugnait, et pourtant elle se laissait faire. Lui qui espérait un peu plus de résistance, histoire de jouer un peu, il en était presque déçu... Même blessé. Et il ne savait que trop bien pourquoi.
"La proie a une meilleure saveur chassée que ramassée", grommela-t-il, tentant de se convaincre, en déverrouillant la porte du saint des saints. Il était venu seul, avait laissé ses sujets en plan, mais qu'importait: Ça dépassait le contrôle des nobliaux.
La salle était dans un désordre sans nom. Les socles vides étaient renversés, certains même brisés au sol en mille éclats de marbre. Du verre de ultrahaute protection, celui qui entourait la montre de sa captive, craqua sous ses pieds alors qu'il s'avançait vers son socle. Et, sur sa peau, des vibrations caractéristiques de la magie récemment utilisée, une magie d'une puissance extrême. Une magie étrangement familière.
Ce n'est que lorsqu'il se trouva juste devant le socle vide que l'évidence lui apparut avec brusquerie, le faisant stopper net, envahi d'une rage profonde et de quelque chose se rapprochant d'une satisfaction malsaine, deux émotions qui lui firent émettre, sur un ton de voix proche du grondement, un mot, un nom, celui de son pire ennemi.
"..... Kage."
Dans la chambre de Makhai, un brusque frisson agita Lina qui se recroquevilla sur elle-même.
"-Tout va bien, Lina?"
Makhai avait un ton inquiet. Bien sûr. Ils l'étaient tous, depuis que le plan avait été établi, et qu'elle s'était forcée à préparer le terrain, à accepter le contact, à repousser ses répulsions. Dans sa tête, une seule litanie. "Fais le pour eux. Fais le pour lui."
Baku avait été ulcéré lorsqu'il avait appris leur plan. Si ça n'en tenait qu'à lui, disait-il, il aurait laissé tomber, et supporté tranquillement sa deuxième personnalité avec le sourire. Il préférait ça que le sacrifice d'une des seules personnes à lui avoir témoigné de l'affection. Mais cela n'en tenait pas qu'à lui.
Kage avait été incorruptible. C'était la seule option pour sauver Azilis. Makhai refusait de le voir souffrir. Garm voulait le ramener. Alors, il s'était plié à leurs exigences, transmises par Lina qui essayait de faire en sorte que l'implication de ses amis ne soit pas visible.
À en croire le manque de réaction d'Akira, elle ne l'était pas. Baku assurait cacher ses souvenirs. Sans doute y arrivait-il, mais elle refusait malgré tout de tout lui montrer.
Et aujourd'hui, cet horrible pressentiment qu'elle ressentait lui indiquait que ses efforts avaient très probablement été vains. Et son intuition la faisait trembler.
Makhai la serra contre lui, rapidement, histoire de la calmer un peu. Puis, elle entendit un bruit dans les escaliers. Une cavalcade effrénée. Qui se rapprochait de plus en plus.
Ils étaient seuls dans la pièce. Nru était partie pour prier sa mère et Garm était dehors, en train de supporter une balade à wyverne chez les nobles. Aucun d'eux n'eut le temps de réfléchir. Ils savaient pertinemment qui venait.
Lina se précipita sous le lit et inspira profondément, en essayant, tant qu'elle pouvait, de ralentir les battements affolés de son cœur. Le T-shirt de Makhai atterrit juste à côté d'elle. Garm absent, il devait se débrouiller pour trouver l'excuse la plus gênante possible. Et Akira ayant visiblement en horreur d'être constamment au courant de la vie sexuelle de tout son palais...
Deux, puis trois violents coups résonnèrent à la porte. Derrière elle, Akira, qui appelait à grands cris de colère l'occupant de la chambre, le sommant d'ouvrir la porte.
"Eh mec! Réagit le demi-elfe. Tu peux pas repasser plus tard? Je... Euh, chuis occupé, là.
-Ouvre, saloperie, ou je te jure que je défonce la porte!
-C'est pas ça qu'il faut dire! Il faut dire: Bien sur Makhai! Je te laisse te masturber en paix, Makhai. Désolé de t'avoir dérangé, Makhai!"
L'avantage de parler aussi crûment, c'est qu'Akira avait cessé de cogner à la porte, pour émettre un tel hurlement de rage qu'il avait dû masquer le petit bruit de Lina qui pourrait de sous sa cachette. Seulement et au grand désespoir des deux protagonistes, le maître des cauchemars n'abandonna pas.
La porte finit par se décrocher de ses gonds, révélant derrière un Akira entouré d'une aura noire tellement pesante qu'on ne voyait plus que le blanc de ses yeux et ses pupilles étrécies. Makhai n'eut même pas le courage de sortir une de ses légendaires répliques. Il se renfonça dans son lit, torse nu, main droite sous les couvertures et main gauche sur une photo de Garm posée sur sa commode.
L'aura noire du roi finit par se dissiper quelque peu, laissant entrevoir les contours de sa silhouette et redonnant un peu de courage à Makhai qui murmura d'une toute petite voix:
"Gros.... C'est, genre.... Vraiment pas cool..."
Akira ne s'en préoccupa même pas.
Il se dirigea droit vers le lit.
"Surprise!"
Le grand sourire ravi et l'expression empreinte de cruauté béate fut la première chose que Lina vit lorsqu'elle eut le courage de lever les yeux. Pour se faire juste après traîner en dehors de sa cachette par le col et se retrouver à deux centimètres du visage de son geôlier qui semblait on ne peut plus satisfait.
"-Je me disais bien que tu ne pouvais n'en faire qu'à ta tête, quelque part, très chère... Alors dis-moi, et Makhai aussi puisque vous êtes là tous les deux..."
Son sourire s'élargit encore.
"Où est passé votre enfoiré de père? Où est Kage Blackheart?!?!?"
Un silence envahit la pièce. Makhai était blanc comme un linge, Lina raide comme un piquet. Aucun d'entre eux n'arrivait à parler. Akira grogna.
"Quoi? Vous avez perdu votre langue? Où. est. Kage?!?"
Lina, toute tremblante, finit par marmonner d'une voix aiguë qui exprimait sa terreur:
"Je... Je sais pas! Lâche moi!"
Le sourire d'Akira s'élargit. Il leva la main qui ne tenait pas le col de la jeune femme pour lui caresser doucement la joue avec une expression condescendante.
"Ah, vraiment? Pourtant, je peux sentir les traces des verrous runiques qu'il a apposés sur la porte pendant un certain temps..."
Est-ce qu'il était possible de voir la situation s'empirer? Il venait de le prouver avec ces quelques mots. Le frère et la soeur étaient au bord de la nausée. Lina tremblait de tous ses membres, au bord des larmes. Pas tout ça pour rien. Pas tout ça pour rien, par pitié.
Son mutisme fit ricaner son tortionnaire.
"On ne dit plus rien?
-Laisse-la!"
Makhai venait de se lever, son T-shirt serré en boule dans son poing et une expression résignée sur le visage.
"C'est la première fois qu'elle vient ici depuis au moins deux mois. Kage est arrivé il y a deux semaines. Bien sûr qu'elle se tait. Elle en sait rien, putain! Lâche là!"
Lina retomba lourdement au sol alors que le roi reportait son attention sur son grand frère, les yeux étrecis.
"-Tiens donc, un aveu. Et que faisait-il ici?
-J'en sais rien moi! Tu crois qu'il me parle?!? Il m'a juste dit "loge moi", a squatté, et s'est barré ce matin!"
Les deux antagonistes se jaugerent du regard, Akira avec circonspection et Makhai avec rage, puis ce dernier soupira et coinça Lina par la taille avant de se tourner vers la porte.
"Tu as intérêt à dire la vérité si tu ne veux pas te retrouver éventré dans une de mes cellules. Inutile de te débattre, Lina, j'ai deux mots à te dire. Viens."
Lina ne se débattait même pas. Tout juste avait elle eu un mouvement de dégoût, réflexe désormais naturel. Elle se laissa faire, figée, consciente du plan, essayant de réfléchir à comment débloquer la situation. Mais rien ne lui venait. Il faut dire qu'être attirée dans les couloirs par une main solide sur sa taille, sous le regard mauvais et cruel d'un homme capable de la tuer d'un craquement de doigts, n'aidait pas à la réflexion.
Enfin, ils atteignirent la chambre royale. La porte s'ouvrit en coup de vent, et Akira jeta avec violence Lina sur le lit avant de claquer la porte avec une telle force que ses gonds en tremblèrent et de s'asseoir en tailleur sur son bureau.
Un long moment, le silence régna. Lina était recroquevillée sur le lit et Akira avait la tête dans les mains, les deux en proie à ce qui semblait être une profonde réflexion. Puis, ce dernier releva doucement la tête et fixa sa captive avec une expression empreinte de lassitude.
"Tu me donnes bien du mal, toi."
Les derniers restes d'esprit combatif de Lina lui firent afficher une ombre de sourire, première ébauche depuis plusieurs semaines. Et c'est sur un ton teinté de défi qu'elle répondit au roi.
"-Je ne serais pas moi si ce n'était pas le cas.
-Dans ce cas, il y a peut-être quelque chose que tu pourras m'expliquer."
Interrogative, la brunette inclina la tête.
"Pourquoi tu te laisses faire? À chaque fois que je te touche, j'ai toujours l'impression que tu détestes ça. Pourtant, tu ne bouges pas. Tu n'es pas censée être, je sais pas... Résistante et combative?"
Aïe. Il avait effectivement mis le doigt sur un point sensible avec son ton innocent. Elle avait jeté sa fierté et sa combativité à la poubelle lorsqu'elle avait été capturée, puis accepté le plan de son père. Et elle n'avait pas vraiment d'explication plausible à ça si ce n'est sauver le monde. Ce qu'elle ne pouvait lui révéler.
Alors elle réfléchit longuement, puis se tourna vers lui avec une expression à la fois vide et résignée, et dit d'une voix atone:
"Parce que ce n'est pas à toi que je pense."
Ce qui, dans un sens, était vrai.
Le visage du jeune roi se durcit, et il se mordit la lèvre avec une telle force qu'un peu de sang coula sur son menton.
"Encore une raison supplémentaire de vouloir se tuer soi-même."
Lina grogna. Comme si il pouvait. La seule façon d'éliminer Baku serait de se trancher lui-même les veines. Et c'était impossible.
Le jeune roi sauta de son bureau, l'air grognon, et vint s'allonger sur son lit en posant avec négligence une main sur les hanches de Lina. Celle ci ne bougea pas. Encore. Et il soupira.
"Ce n'est vraiment pas marrant, Lina. J'ai horreur que les gens se forcent dans ce domaine. Si tu avais envie de m'emmerder, c'est une tactique toute trouvée.
-Tant mieux, alors.
-Fais pas semblant. Tu as aussi peu envie que je t'embrasse que moi de renoncer à mon trône. Est-ce que tu te rends compte à quel point ça me fait chier?!?"
Son poing se ressera avec force sur la hanche de la jeune femme, griffant la peau et tirant sur sa robe. Celle-ci grogna de douleur.
"-Je t'aime, merde. Je sais même pas pourquoi je te dis ça. Je sais même pas comment j'ai fait. Mais je t'aime. Alors si t'as décidé de te montrer docile, fais un effort. Arrête."
Le silence revint dans la pièce, plus pesant que jamais. Lina ne bougeait plus d'un iota. Elle tentait d'assimiler la déclaration.
Alors comme ça, Akira Claro, roi d'Azilis et maître des cauchemars, était tombé amoureux d'elle. Il avait une drôle de manière de le montrer, pensa-t-elle, amère. Elle n'avait pas souvenir que les attouchements non souhaités et la torture psychologique étaient une preuve d'amour.
Elle soupira. Eh bien tant mieux, d'un côté. Ça servait le plan. Et si elle pouvait par la même occasion faire en sorte de l'emmerder, ça lui redonnait un peu de courage.
Elle se retourna vers lui et se colla à son torse, affichant l'air résigné qu'elle avait travaillé durant tout ce temps. La surprise du jeune homme se fit ressentir jusque dans l'accélération de ses battements cardiaques.
"Lina."
Elle n'écoutait pas, se contentait de suivre son plan, de se rapprocher autant que son corps le lui permettait, prête à vaincre ses limites. Elle pouvait sentir tous ses organes se contracter de répulsion. Mais peu importe. C'était trop tard, maintenant.
Et la pensée qu'il sentait sa répulsion et en souffrait la faisait ricaner intérieurement.
"Arrête ça."
Elle n'écoutait pas.
"Je ne plaisante pas."
Elle se rapprochait encore.
"...... Et puis merde."
Ce fut le dernier contact qu'elle initia.
Une demi-heure plus tard, ses vêtements étaient à terre, son corps perclus de douleur et son estime de soi brisée en mille morceaux.
Akira soupira avant de se rapprocher doucement de son oreille, pour lui murmurer d'une voix atone.
"Il est, j'espère, inutile de te préciser que je connaissais votre stupide plan. Dommage pour toi. J'espère qu'au moins ça en valait la peine."
Avant de se retourner sur le côté, les dents serrées. Et de laisser Lina sur le carreau, en train de tenter de ne pas céder à ses larmes.
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And the game branches here.
Je sens que je vais me faire tuer par un certain nombre de personnes, au final... Faut croire que mon EXTRÊME mauvaise humeur influe mes capacités d'écriture.
Pourquoi je suis de mauvaise humeur? Je vous renvoie à mon mur. J'ai posté un certain nombre de messages ici.
Bref.
Baku: Louna... (ʘдʘ╬)
Va vivre ton veuvage. Après la suggestion de Corbeau, j'écrirai la nouvelle de la mort de Lina.
Baku: !!!!!!!
Je n'ai absolument pas la tête à faire semblant d'avoir peur. Je suis ta créatrice. Je peux te rajouter cent ans de vie seul. Renforcer le lien qui t'unit à Akira. Te forcer à assister à la mort de tes enfants comme tu as assisté à celle de ta femme.
Akira: Je crois qu'on parle de moi. Louna, je peux te dire deux mots? :)
Toi, tu te tais. Je t'ai donné ce que tu voulais, que je sache.
Akira: Mais pas.... Pas comme ça!
Et comment, alors? En la violant? J'ai fait comme j'ai pu avec ton caractère, la situation et le restant d'honneur que tu conserves.
Akira:.......... Non......
Voilà. Alors tu vas pleurer sur tes erreurs dans ton coin et tu me FOUS. LA. PAIX!
Lina: ........ Je vais rien dire moi...
ÇA VAUT MIEUX!
ET JE NE VOUS SALUE PAS!
Lina: Suite et fin ce week-end, en toute logique. Il ne reste qu'un chapitre. J'espère que ça va s'arranger. N'énervez pas Louna, s'il vous plaît.
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