AU : Lina Blackheart-Kamijiro partie 2

Le réveil fut assez brutal.

Lina se croyait encore chez elle, dans un environnement familier, quelque part sur Terre. Elle croyait encore que sa mère allait la secouer doucement pour la réveiller, que son père l'attendrait plus loin avec une tasse de son meilleur café, que ses petits frères se précipiteraient sur elle à peine après son entrée dans le dojo.

Mais elle n'était pas chez elle, sa mère et son père étaient sur un autre plan dimensionnel et ses petits frères se demandaient sans doute où elle était partie. Non, elle, elle était allongée sur le sol dur d'une chambre somptueuse qui n'était pas la sienne, un oreiller moelleux sous le nez et une odeur masculine qui l'entourait.

Et à peine avait-elle ouvert les yeux qu'elle se souvint. De tout.

Le bal. L'opération ratée. La prison. La torture psychologique. Son geôlier qui la détachait alors qu'elle était dans les vapes pour lui passer d'étranges bracelets et la porter jusqu'ici, très probablement la chambre du roi.

La chambre royale...

Oui, la raison pour laquelle elle dormait sur le sol était évidente. Il n'y avait qu'un lit dans cette chambre, et il ne lui avait certainement pas galamment cédé. Hors de question qu'elle dorme dans les mêmes draps que cette ordure. Répugnant.

Dans le lit, la silhouette élancée du jeune roi se retourna sur elle-même, et ses ronflements devinrent encore plus perceptibles à Lina qui grogna de désespoir et se releva, en faisant attention de ne surtout pas faire craquer une tuile du parquet. On ne sait jamais. Si il se réveillait...

Avec toute la délicatesse dont elle était capable, elle se dirigea vers l'armoire de son tortionnaire, dans l'espoir d'y trouver une vieille tenue de la reine qui pourrait faire l'affaire pour son projet de petite promenade surprise. Cependant, l'ouverture de cette armoire lui échappa un grognement : Que des robes de bal ou tenues de soirée, pas le moindre petit pantalon ou survêtement... Que faisait la reine lors de son temps libre? La potiche?

"Cherche pas, tu trouveras pas."

La voix la fit sursauter et elle se retourna en position défensive vers le lit, tout ça pour y trouver un jeune page en livrée bleue poser, non sans délicatesse, son plateau chargé de nourriture sur la table de nuit de Sa Majesté. Qui ne broncha étonnamment pas.

Le gamin la fixa avec compassion avant de continuer.

"Il est là depuis quelques mois et il a déjà tout changé. Et comme il nous tient par la peur, tu peux t'imaginer qu'il lui est facile de faire installer en une nuit ce type de robes pour toi..."

Lina serra les poings. Quel malade. Il ne lui restait plus qu'une seule solution, visiblement.

Elle se concentra et tenta de ressentir la magie créationniste afin de la modeler à sa guise, mais rien ne vint, pas même le picotement caractéristique de l'essence sur sa peau. Le page secoua la tête.

"Tes bracelets bloquent n'importe quel type de magie... Tout le monde en porte, ici.
-C'est pas vrai!"

La voilà réduite à porter une de ces fichues robes! Nom d'un chien, c'était vraiment pas de veine. Elle qui détestait ça. Elle souffla de rage et fila attraper un croissant sur le plateau sous le regard compatissant du gamin.

"-T'es vraiment mal tombée, ma pauvre. Du coup, je vais te donner un truc. Évite-le le soir. Surtout tiens-toi à distance, quitte à ce que tu dormes dans les chiottes. C'est le matin, au réveil, qu'il est le plus agréable. On dirait une autre personne, mais ça dure jamais bien longtemps et j'ai peur de discuter avec lui pour ça... Bon, je file, moi. Bonne chance."

Sur ces mots, le page sortit. Lina finit son croissant, faisant bien en sorte de recouvrir le lit de miettes en guise de résistance passive, puis se dirigea avec regret vers les robes et s'empara de l'une d'entre elles, noire et vaporeuse. Relativement potable. Après un dernier regard vers le jeune roi endormi, elle fila vers la salle de bain et s'y enferma à triple tour pour enfiler la chose, ce avec force grognements d'exaspération.

Une chose est sûre : Ce type avait la patte pour choisir des styles vestimentaires. La robe se moulait à merveille sur son corps et faisait ressortir son teint pâle, tout en étant faite d'un tissu confortable et d'une forme relativement harmonieuse. Quel dommage qu'elle haïsse autant les robes.

Cela fait elle ressortit de la salle de bain, s'empara d'un dernier croissant et se dirigea vers la porte, profitant du ronflement sonore qui émanait du lit pour tenter de s'éclipser.

Il était temps d'analyser les alentours et de tenter de s'échapper. Quitte à employer une lame de rasoir pour trancher la gorge de son geôlier avant.

Les couloirs étaient remplis de petits nobliaux qui la regardaient passer avec à la fois peur et compassion. Elle détestait être regardée comme ça. OK, le roi n'était pas un saint, mais était-ce une raison pour la rabaisser au rang de victime?

Son exploration dura longtemps, très longtemps. Le palais était immense et les couloirs plus sinueux qu'un labyrinthe. Abdias Ier, roi Prophète, avait très bien fait son affaire. Impossible de s'échapper avec facilité de cette saloperie et personne ne semblait disposé à l'aider plus que ça. Elle le voyait dans leurs regards, le sentait dans leurs odeurs, le percevait dans leurs mouvements crispés. Ils étaient tous morts de peur. Plusieurs fois, elle entendit le terme de "tueur blanc" ou de "roi cauchemar". Des termes donnés uniquement à des personnes capables d'instiller la terreur de façon indélébile.

Rien de très rassurant pour sa sécurité quoi.

Lina parcourait donc les couloirs avec deux objectifs bien précis en tête : Trouver des alliés, un moyen de s'échapper vers Necrima sans se faire repérer, une façon pour rentrer sans sa montre, ou dans l'idéal, de quoi ôter ses saloperies de bracelets qui commençaient sérieusement à l'emmerder.

Sa famille lui manquait. Elle voulait les voir.

À peine eut-elle cette pensée qu'elle tomba, au détour d'un couloir sur un groupe de trois personnes : L'homme à la cicatrice du bal, qui sembla la reconnaître, accompagné d'un grand dadais très musclé aux cheveux rouge pétard et d'une jeune femme maigre qui semblait d'une trentaine d'années, aux cheveux violets et raides et porteuse d'un collier de plumes. Tous se tournèrent vers elle lorsque le scarifié la montra du doigt, et d'un geste amical, l'autre gars l'invita à venir.

Ravie par une telle attitude, Lina ne se fit pas prier. Le jeune homme aux cheveux rouges lui sourit.

"C'est toi la fille dont tout le monde parle au palais? Eh bien, tu t'es mis dans une belle panade!
-Je ne l'ai pas vraiment cherché, grommela Lina avec rudesse.
-On sait, on sait, t'inquiète. On est tous dans la même merde."

Le gars sourit avec enthousiasme.

"À la base, on vit pas là. On est des membres de la confrérie Asaris Magitaria, qui vit pas loin. Disons qu'officiellement, on est là en émissaires mais qu'en vrai...
-On sert d'otages pour éviter que notre sous-chef n'agisse, l'interrompit l'homme à la cicatrice. Donc voilà. Même merde, pas vraiment même risques."

L'autre lui fila une claque.

"-Garm, abruti! Bref, si tu veux nous voir, n'hésite pas. On vit un peu à l'écart du quartier des nobles, demande aux cuisines, ils se feront une joie de t'indiquer. Suffit que tu dises de quelle confrérie on vient."

Lina sourit. Enfin de l'aide. Enfin, si on exceptait un petit détail...

"Le roi a de bonnes oreilles, non? Il n'écoute pas dans vos chambres, des fois?"

Le dénommé Garm grimaça.

"Au début, il se privait pas. Son ouïe est tellement pointue qu'il peut localiser des sons avec une précision exceptionnelle dans un rayon de cinq cents mètres.
-Mais on a trouvé la parade! Rit l'autre. Avec Garm on s'est mis à copuler en permanence avec le maximum de bruit possible et vu l'air dégoûté qu'il affichait en nous croisant il n'avait vraiment plus envie de nous espionner!"

Lina sourit. À côté d'eux, la femme les fixa avec réprobation.

"Je vous rappelle que vous dormez dans le quartier des religieux et que nous autres chouettes sommes plus à l'aise la nuit... J'ai dû m'enfoncer des boules Quiès dans les oreilles sous forme humaine pour éviter de vous entendre!"

Avisant l'air surpris de Lina, elle leva les yeux au ciel.

"Oh, je suis navrée, j'en oublie les convenances. Je m'appelle Nru, fille et cardinale de la Mort. Et ces deux copulateurs invétérés, ce sont Garm et Makhai. Nous sommes tous des voyageurs, mais ma nature de demi-déesse m'a fait naître sous forme de chouette.
-Enchantée, sourit Lina. Moi c'est...
-Lina!"

Aïe. Début des ennuis. Cette voix de velours et ce ton énervé ne présageaient rien de bon. Lina se retourna doucement vers le couloir, affichant le meilleur air de défi qu'elle avait en réserve, pour fixer droit dans les yeux le roi, revêtu d'un manteau de cuir gris et d'un ensemble chemise-jean très simple, et un sourire crispé sur le visage.

Les trois voyageurs se figèrent, eux aussi. Makhai fixa le visage du roi avec le maximum de politesse dont il était capable et balbutia d'un ton crispé :

"Ah... Salut, Akira... Euh, je veux dire, bien le bonjour, votre sublimissime Majesté...
-Laisse tomber les politesses, ce n'est pas à toi que je parle."

Il n'avait même pas daigné tourner la tête vers Makhai qui poussa un profond soupir de soulagement. Lina, par contre, était bien moins rassurée. Elle tenta malgré tout de se donner une contenance.

"Qu'est-ce qu'il y a, encore, votre sublimissime Majesté? Vous êtes allergique aux miettes dans le lit? J'ai perturbé votre royal sommeil en discutant avec votre page?"

Le regard d'admiration que lui jeta la petite bande fut un réconfort de courte durée. À en voir la crispation du visage d'Akira, il n'avait pas apprécié la boutade. Il l'avait tellement peu appréciée qu'il attrapa son bras et l'attira vers elle, en le serrant avec une telle force que sa malheureuse victime crut qu'elle allait en garder une marque.

Son visage était à seulement quelques centimètres des yeux de Lina lorsque celui-ci lui cracha avec hargne et une autre émotion non identifiable :

"On va en discuter en privé."

Et sans attendre la réaction de la concernée où des témoins, il la traîna derrière lui dans les couloirs avec une telle promptitude qu'elle manqua d'en perdre l'équilibre. Lina eut tout juste le temps de saisir le signe de connivence de Makhai avant qu'Akira ne tourne dans un des couloirs et qu'elle ne perde de vue la seule aide qu'elle avait trouvée dans ce château.

Enfin, il claqua la porte de sa chambre avec colère, et ce faisant il relâcha sa poigne sur Lina. Cette dernière se mit en position défensive. À défaut de ses dons, elle pourrait toujours lui casser un ou deux bras à mains nues.

Son tortionnaire se tourna vers elle, un sourire teinté de rage sur le visage.

"Je peux savoir qui t'as donné la permission de te balader dans mon château et d'y foutre le bordel?"

L'esprit provocateur de Lina la poussa à répondre quelque chose qui la mettait à haut risque.

"Que je sache, je ne suis pas interdite de me promener! Je suis censée être invitée, pas prisonnière, à moins que tu préfères me faire squatter une cellule plutôt que ta chambre?"

À peine les mots prononcés, elle les regretta. Le jeune roi se pinça l'arête du nez, l'air en proie à un énorme dilemne.

"-Tu ne peux pas savoir à quel point l'idée me tente, très chère."

Oups.

"-La résistance passive, passe encore. Je sais très bien que tu as fait exprès d'émietter la moitié de mon petit-déjeuner sur mon lit. Mais que tu te promènes librement dans mon palais, et surtout que tu ailles leur parler à eux.... Aaaaaargh! Plus jamais!"

Il avait hurlé ces derniers mots, l'air absolument fou de colère, ce qui força Lina à se recroqueviller dans un coin. Elle lança malgré tout avec bravade:

"Eh, sale gamin, je ne crois pas avoir signé de contrat de propriété pour mon corps. Fous moi la paix!"

Un long silence s'ensuivit. Suivi d'un petit rire. Qui prit de plus en plus d'ampleur. Jusqu'au point qu'Akira en prit son front dans une main et rejeta la tête en arrière, en proie à un ricanement fou qui aurait fait s'évanouir de frayeur le plus gros des tas de muscles. Lina se crispa, parée à attaquer. Elle n'en eut pas le temps. En une seconde, il l'avait rejointe et avait coincé une de ses mains dans son dos et l'autre entre leurs deux bustes, quasiment collés. Et il avait son visage à une distance si fine du sien qu'ils respiraient le même air.

"C'est là que tu te trompes, Lina Blackheart. Oui, je connais ton nom. Tout ce qui franchit le seuil de mon palais et m'intéresse m'appartient."

Lina frémit, en proie à une terreur sourde. Comment il avait appris son nom? Qui l'avait cafté ? Comment avait-il fait le lien entre une voyageuse inconnue et Kage Blackheart, gardien des mondes?

"Et je crois te l'avoir dit, je crois? Tu m'intéresses. Tu m'intéresses même beaucoup..."

Malgré la proximité déjà énorme, son visage semblait se rapprocher encore. Il était plus près. De plus en plus près. Trop près...

Il était à présent très tard. Lina n'avait plus rien dit de la journée. Elle s'était contentée de prendre un livre de la bibliothèque fournie de la chambre et de lire, affalée au sol, ce formidable roman fantastique à en faire battre les cœurs.

Elle soupira. Il ne l'avait pas quittée de la journée depuis l'incident, passant ses doigts dans ses cheveux, faisant gronder le tonnerre pour le simple plaisir de la voir sursauter, et autres choses pas forcément agréables. Malgré le froncement de dégoût de son nez à chaque fois qu'il l'effleurait, le roi ne s'était pas découragé et ne retirait ses doigts de son corps que pour manger.

Lina se crispa toute entière au souvenir de cette foutue journée. Tout avait démarré lorsqu'elle avait décidé de s'enfuir. Ça avait résulté par sa propre humiliation.

Il l'avait embrassée bordel. Embrassée. Et pas un petit smack de rien du tout. Non, ce CONNARD, cet enfant de Satan, ce sale bâtard d'un moustique et du dieu de la Puterie y avait mis la langue. Elle s'en serait lavé la bouche avec de la Javel si elle n'avait pas craint de s'intoxiquer gravement.

Et maintenant elle etait enchaînée au lit, alors que la nuit avançait et que ce sale fils de pute était en train de dormir avec ses putains de ronflements sans interruption à côté d'elle! Et le pire! Le pire!

C'est que la chaîne était trop courte pour qu'elle puisse dormir sur le sol! Elle était condamnée à partager son lit...

La nuit allait être longue.

Et la nuit fut longue.

Le lendemain, Lina en avait des cernes violets sous les yeux et baillait à qui mieux mieux, prête à tuer n'importe quel importun. Le page du jour s'en rendit très bien compte, d'ailleurs. Il sortit une boîte de vitamines de son sac et la posa à côté du café.

La jeune femme s'empara de la cafetière et but à longs traits, sans en laisser une goutte à son compagnon de chambre forcé. Tant pis pour lui. Elle boulotta également les trois croissants et but une longue lampée de jus d'orange sans se préoccuper de ses saletés le moins du monde. Quoi? Elle était attachée, c'est pas comme si elle pouvait bouger! Il ne pourrait s'en prendre qu'à lui même!

Justement, le tortionnaire se réveillait. Bizarrement, ses mouvements semblaient plus doux qu'hier... Où alors c'était son imagination? Et... Ses yeux semblaient plus grands, aussi, un peu moins plissés. Et plus clairs.

Lina grogna. Pas de subterfuges cette fois. La prochaine fois qu'il approche son visage du sien c'est la chaîne dans la gueule.

Sauf qu'il n'en fit rien. En fait, une fois qu'il l'eut repérée, il s'était contenté de la fixer avec regret avant de se lever et de fouiller dans les tiroirs. Elle fut d'ailleurs on ne peut plus surprise lorsqu'elle entendit cliqueter sa chaîne, qui tomba au sol, grande ouverte.

"Je suis désolé."

Lina le fixa avec étonnement. Ça c'était nouveau. Et tiens oui, maintenant qu'on y pense, ses yeux avaient bel et bien changé de couleur. Ils étaient plus... Bleus?

L'homme fit un geste vers la porte d'un air bienveillant, avec une expression qui semblait dire "Je ne peux pas t'expliquer, mais file, vite". Et Lina ne se fit pas prier, trop heureuse et incapable de comprendre cette chance. Elle ne prit même pas la peine de s'apprêter pour se précipiter dehors.

Comme conseillé hier, elle fila droit aux cuisines, où une femme rondelette aux faux airs autoritaires lui indiqua avec plaisir la chambre de Garm et Makhai. Elle ne perdit pas plus de temps pour s'y rendre et cogna avec force à la porte. Un Makhai l'air un peu fatigué lui ouvrit. Son visage s'éclaira lorsqu'il discerna la silhouette de sa congénère, l'air très pressée, devant le pas de sa porte.

"Oh, rentre, rentre! C'est Lina, c'est ça? On a plein de choses à se dire je crois... Des biscuits?"

Ravie de l'accueil, la jeune femme rentra. Garm se trouvait là aussi, l'air encore plus zombifié que d'habitude.

Ils commencèrent à se raconter avec force énergie leurs journées et Garm plissa le nez de dégoût lorsqu'il apprit les actions de son roi.

"Ce mec est dégueulasse, décidément.
-Garm! La ferme, il nous écoute peut-être. Même si t'as pas tord, dans le fond. Il a effectivement une case en moins ce con.
-Et après c'est moi qui doit la fermer?"

Les rires généraux furent interrompus par deux coups rapides à la porte et un message glissé en dessous. Makhai se leva le récupérer et se mit à ricaner.

"Garm, on reprend du service! Sa Majesté se dirige vers nous, d'après Nru. Prêt à lui donner le malaise de sa vie?
-Un peu que je suis prêt!"

Makhai tendit une paire de boules Quiès à Lina, l'air à la fois amusé, gêné et effrayé.

"-Ne dis rien, cache toi sous le lit et mets ça si tu ne veux pas rougir comme une pivoine. Même en simulant on est plutôt expressifs."

Avant même que Lina n'ait pu comprendre quoi que ce soit, il la poussa sous le lit. Incapable de piger quoi que ce soit, la jeune femme resta là, ses boules Quiès à la main, incapable de comprendre leur utilité. Jusqu'à ce que des très puissants gémissements de plaisir et des grincements de lit la firent, comme annoncé, rougir comme une pivoine. Elle s'empressa de se boucher les oreilles, mais sentit toutefois la vibration des violents coups à la porte dans le plancher. Le lit cessa aussitôt de grincer pour reprendre de plus belle.

Au dessus du sommier, Makhai, toujours bien dans ses vêtements, fit un clin d'œil à Garm et décida d'en renchérir dans le gênant. Ses hululements en auraient fait peur à cette pauvre Nru, sauf que cette fois, contrairement à l'habitude, Akira continua de frapper à sa porte en hurlant.

"Vous allez arrêter de vous comporter comme des saloperies d'animaux et ouvrir cette putain de porte, oui ou merde?!?
-Eh, Akira, tu comprends pas quoi dans "Encore! Encore!", dis? Faut que je mette un panneau "Copulation en cours" sur la porte ou quoi?"

Garm pouffa de rire. Décidément, son petit ami avait la répartie facile. Mais Akira n'avait pas l'intention d'abandonner.

"Mais oui, bien sûr, comme si je n'avais pas entendu Lina s'installer bien tranquillement chez vous au calme! Rendez la moi! Elle est à moi, t'entends, sale elfe dévergondé? À moi! J'ai attendu trop longtemps pour me venger de son père! Tu ne vas pas me briser mes chances de lui agiter sa fille préférée sous le nez en guise de trophée!"

Cette fois, Garm ne riait plus du tout. Mais Makhai ne se départit pas de sa contenance.

"C'est ça, t'as tout compris, on l'a invitée à un plan à trois! LOL! On est tous les deux gays as fuck, gros, et moi franchement je suis vraiment pas pour les propriétaires de vagins qui nous matent, mais alors vraiment pas!"

Le rugissement de rage d'Akira en fit trembler Lina sous le lit, malgré ses excellentes boules Quies. De leur côté, le couple décida de passer à la vitesse supérieure. Makhai sauta sur le lit et le martela à intervalles réguliers, tandis que Garm hurlait de plus en plus fort. Derrière la porte, le jeune roi donna un violent coup qui la fit trembler, mais les gonds tinrent bon. Et puis, plus rien.

Makhai tira Lina de sous le lit, après un long moment d'attente.

"Désolé pour la gênance...
-C'est rien, P'pa est beaucoup plus bruyant. Et puis c'est pas comme si vous aviez pas prévenus."

Un petit rire secoua le jeune elfe.

"-Plus bruyant que moi? Ça m'étonnerait. D'ailleurs c'est qui ton père?
-Inutile de le cacher je pense, soupira Lina. C'est Kage Blackheart."

Un ange passa. Garm regarda Makhai dont le sourire s'était figé. Puis, ce dernier reprit contenance et lui tendit la main.

"-Enchanté, miss Blackheart. Je suis ton grand frère, Makhai Naoshige! Ça t'en bouche un coin, hein?"

Effectivement, c'était un sacré choc. Lina mit quelques secondes à se reprendre.

"-Mais... Papa était volage? Pourtant il vit encore chez nous, et j'ai même trois petits frères...
-Content pour toi alors. Ouaip, le géniteur était assez... Voyageur. Nru est aussi ta sœur, d'ailleurs. Fille de la Mort, tout ça."

Lina soupira.

"Je comprends mieux pourquoi P'pa se vante de s'être tapé des déesses auprès de Freïr...
-Freïr?
-C'est mon frère. Il a seize ans. J'ai d'autres membres de la famille surprise comme ça?"

Son tout juste découvert demi-frère se mit à réfléchir.

"-Que je sache, il y a juste moi, Nru et le cardinal de l'amour, Adam je crois, mais lui tu le verras jamais, il reste cloîtré 24 heures sur 24 chez lui. Mais venons-en au vif du sujet. Qu'est-ce que tu fous là?"

Et Lina se lança dans de longues explications sur comment elle avait appris la déchéance du royaume, le fait qu'elle se soit sentie obligée d'aller régler le problème, sa capture, et tout le reste jusqu'à l'événement de ce matin. Lorsqu'elle expliqua l'attitude étrangement amicale qu'avait eu le jeune roi envers elle tout juste après s'être réveillé, Garm soupira.

"-Donc il est encore là... Je me demandais comment tu t'étais détachée.
-De... Quoi?
-Vois-tu Lina, continua Garm avec tristesse, il y a une autre raison pour laquelle on est là, et pourquoi on peut se permettre de défier Akira.
-Avant, il était un des nôtres, enchaîna Makhai en se calant dans un fauteuil. Il est né chez nous, à Azaris. Et c'était un garçon adorable avant que la catastrophe ne se déclenche.
-Il s'appelait Baku. Je dis s'appelait, car Akira, qui est en fait sa deuxième personnalité, l'a complètement annihilé en prenant le contrôle de son corps... Du moins on le pensait..."

Makhai se mordit l'ongle avec rage.

"C'est même pire encore que ce que je croyais... De là où il est, il doit tout voir, tout entendre, et comme c'est la bonté incarnée, il doit horriblement souffrir...
-J'aimerais le ramener."

Garm avait de la hargne dans ses yeux. Lina frémit.

"Éliminer Akira, ramener Baku à la maison, fixer tout ce désordre. Je refuse de le voir souffrir davantage à cause de son propre esprit."

Une chape de plomb tomba sur le cœur de Lina. D'abord, car elle était effarée par ce désastre. La souffrance qu'on devait éprouver dans ce genre de cas était inimaginable pour son petit cerveau de personne saine d'esprit.

Ensuite, parce que par ses paroles, Garm venait de jeter aux orties son plan de secours, celui de tuer le roi.

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Fiouuuu, c'était long!

Bon, finalement j'ai fait la suite de l'UA bien glauque ou Lina se fait capturer par Akira, mais en y ajoutant une petite touche d'humour... Hein Garm, Makhai, copulateurs invétérés?

Makhai *éclate de rire*

Mais bref, voilà.

J'espère que vous apprécierez!

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