AU: Lina Blackheart-Kamijiro fin
Le premier réflexe de Lina au réveil fut de fondre en larmes.
Pour rien. Elle avait fait tout ça pour rien. Tous les efforts de Makhai, de Garm, de son père, tous ses efforts, tout ça pour se retrouver dénuée d'estime de soi et d'honneur devant un ennemi qui savait déjà tout.
Elle avait mal à l'entrejambe, probablement des traces sur le cou et se sentait horriblement sale. Et impossible d'oublier la sensation affreuse du contact avec son ennemi.
C'était sa première fois. Et elle l'avait gâchée. Pour rien.
Son deuxième réflexe fut de prendre sa douche, frottant furieusement la moindre particule de son corps, dans l'espoir de récurer la moindre cellule, d'arracher toute la peau qu'il avait touchée, de se sentir plus propre. Rien n'y a fait, et elle s'est contentée de regarder couler les dernières traces du sang qui coulait de la déchirure de son hymen. Douleur et saignement parfaitement naturels, lui avait annoncé sa mère. Seulement là, ils ne s'ajoutaient pas vraiment à la sensation de béatitude d'avoir partagé un moment intime avec la personne qu'elle aimait qu'elle lui avait décrite.
Elle ressortit de la douche, se sentant tout juste un peu mieux maintenant que l'odeur du roi avait quitté sa peau. Ceci pour trouver devant le lit la silhouette de ce dernier, qui ne daigna même pas se retourner vers elle. Il se contenta de lui jeter au visage un pantalon et un T-shirt, deux pièces d'habillement qu'elle désespérait de retrouver dans sa garde-robe.
Elle les attrapa au vol et resta là, en serviette, les bras ballants, jusqu'à ce que le jeune homme se retourne et que Lina aperçoive avec un soulagement sans nom les yeux bleus de Baku.
Ce dernier avait les paupières rouges et les traces sur ses joues indiquaient qu'il avait pleuré. Remarquant qu'elle ne bougeait pas, il la fixa avec colère avant de gronder d'un ton bas:
"Dépêche-toi de t'habiller, Lina."
Cette dernière ressentit une pointe d'agacement. Qu'est-ce qui justifiait une telle colère? Elle n'avait rien fait d'autre que tenter de le sauver. Lui et le royaume. Que ce soit un échec n'excusait pas sa conduite.
Il remarqua son regard agacé et se mordit violemment un doigt, sans doute dans le but de se calmer. Le sang gicla, pour une fraction de seconde. Lorsqu'il le retira d'entre ses mâchoires, il n'y avait aucune trace et il semblait davantage centré sur lui-même.
"Ne le prends pas pour toi, Lina. Je n'ai jamais été aussi furieux contre moi-même, c'est tout. Dépêche toi de t'habiller. Je ne te regarderai pas. C'est le moins que je puisse faire."
Son air triste et furieux lui fit une pointe de peine. Elle s'avança pour tenter, au moins, de lui effleurer le bras en signe d'affection. Mais à peine sentit-il le frôlement de la peau de ses doigts qu'il se dégagea brusquement en hurlant :
"Ne me TOUCHE pas!"
Blessée, Lina rétracta aussitôt ses doigts, et fixa le jeune homme, qui continua, l'air au bord des larmes.
"Ne me touche pas, j'ai dit! J'étais aux premières loges et je pense que tu peux imaginer à quel point je me sens sale!"
Un silence gêné et triste suivit. Rapidement rompu par Baku, le visage dans l'ombre.
"Allez, habille toi. Je vais faire en sorte que tu n'aies pas fait tout ça pour rien.
-Quoi? Mais...
-Habille toi, j'ai dit! On a pas toute la matinée!"
Lina obéit, tentant de ne pas écouter la petite pointe d'espoir qui agitait son cœur blessé. Elle passa son T-shirt et son pantalon rapidement tandis que son camarade lui passait, évitant de la regarder, une paire de bottes confortables.
Enfin, lorsqu'elle fut apprêtée, ils se levèrent. Baku s'attrapa la tête. Les deux se regardèrent dans les yeux.
Puis ils se précipitèrent dehors.
Baku se mit à grogner de douleur alors qu'ils avaient presque atteint la chambre de Makhai. Sans aucun doute, Akira avait senti le danger. Mais son corps hôte tint bon. Il s'accrochait, de toute la force de sa conscience, à la fois à sa place et au T-shirt de Lina qui l'entraînait mécaniquement dans les couloirs.
Kage les attendait juste devant la porte, visage dans l'ombre. Il posa deux doigts sur l'une des tempes de Baku et ferma les yeux, tandis que Lina passait, avec soulagement, sa montre au poignet et en actionnait les mécanismes.
Makhai sortit de la chambre avec Garm et ses valises, l'air grave. Nru suivait, jetant un regard haineux sur Kage. Les deux premiers eurent un regard désolé vers Baku et Lina et sautèrent dans le portail. Nru suivit après avoir tapoté l'épaule de sa demi-sœur.
Enfin, Kage et Baku, toujours reliés par les doigts du plus vieux sur la tempe de son captif, disparurent, laissant derrière Lina, qui jeta un dernier regard vide sur le palais et sauta sans le moindre regret.
L'environnement qui l'entourait lui fit se frotter les yeux. En effet, elle avait atteri au beau milieu d'un hall immense et considérablement éclairé. La pièce était abondamment meublée dans un désordre indescriptible : Il y avait des canapés partout et même dans tous les sens, les tables basses étaient particulièrement encombrées de toutes sortes de choses. Des tableaux et des dessins d'enfant ornaient les murs et des centaines de personnes aux apparences hétéroclites marchaient dans tous les sens. Dans un coin de la pièce, qui semblait plus dégagé, une étoile à cinq branches entourée de runes et de symboles qu'on aurait pu qualifier de sataniques. Baku se trouvait à l'intérieur, avec Kage toujours à ses côtés.
Une femme au maintien très royal, revêtue de rouge et de noir et avec deux cornes rayées qui lui sortaient de la tête et des lunettes ébène dissimulant deux yeux bleus et perçants, s'avança vers Lina et lui tendit sa main avec respect.
"Salutations, Lina. Je m'appelle Asura, sous-chef de la confrérie Asaris Magitaria où tu te trouves. Makhai et Garm nous ont beaucoup parlé de toi."
La femme souriait, alors Lina lui rendit son sourire, quoiqu'il soit un peu plus faible. Sans lui tendre la main. Elle n'y arrivait pas.
"Enchantée... Pas vraiment d'humeur à être plus curieuse, désolée..."
Son interlocutrice abaissa sa main, imperturbable et toujours polie, mais son visage se teinta d'une pointe de compassion.
"Je sais. J'en suis navrée. Si ça peut te rassurer, les cellules de ton épiderme mettent environ sept ans à être entièrement remplacées. Un jour, tu auras un corps qu'il n'a pas pu toucher."
C'était une drôle de façon de réconforter, teintée d'une pointe de savoir scientifique et de logique froide. Mais étrangement, cela mit un peu de baume au cœur à Lina. Et lui donna envie d'en savoir plus.
"-Qu'est-ce qui va se passer, maintenant?"
Asura se tourna vers le pentacle, dans lequel Baku, en position du lotus, avait les yeux fermés. Kage avait toujours ses deux doigts sur l'une de ses tempes, et lui aussi semblait concentré.
"-On va extraire ce salopard et le sceller dans un contenant, tel une fiole. Un peu le même principe que le génie de la lampe, tu vois? On est en train de désigner quelqu'un qui se mettra dans le pentacle avec Baku pour prononcer le mot final de l'incantation.
-Tu ne peux pas le faire? Il me semble que tu es démoniste..."
Asura grimaça.
"-Tu es plutôt bien renseignée.
-Makhai me l'a dit.
-Il a eu raison. En effet, je suis démoniste, la seule à des kilomètres à la ronde. C'est pour ça que ma place est à la pointe nord. Je dois mener des incantations et ma magie y est primordiale."
Autour d'eux, plusieurs personnes se plaçaient aux quatre autres pointes du pentacle. Lina aperçut une petite fille aux cheveux bleus, une rousse aux formes généreuses et une fille d'une élégance rare aux cheveux couleur vipère se placer en plus de Makhai. Asura soupira.
"J'aurais préféré que Makhai se charge de l'incantation. Il a la voix la plus claire.
-Une minute."
Surprise en pleine réflexion, la sous-chef se retourna vers la brunette, qui avait une lueur déterminée dans le regard et les poings serrés.
"J'ai déjà chanté sur scène. J'ai la voix très claire et je ne risque pas de me tromper sur la prononciation du mot. Ça pourrait aller?"
Tel un radar à situations dangereuses, Kage abandonna Baku pour sauter sur sa fille. Son protégé se crispa et son expression commença à tourner vers le dégoût.
"-Ça va pas?!? C'est beaucoup trop dangereux! Et tu en as assez fait."
Asura renchérit.
"-J'aurais préféré ne pas te mêler à ça. Kage a raison, tu as fait largement ta part...
-Non."
Il n'y avait plus dans les yeux de Lina que de la haine.
"Je veux être celle qui fera taire ce salopard."
Asura et Kage se regardèrent. Puis, le quinquagénaire plongea ses yeux bleu-gris et vides dans le regard vairon furieux et déterminé de sa fille. Et il soupira.
"Si ça peut t'apporter ta tranquilité d'esprit."
Lina le remercia d'un regard.
La démoniste frappa dans ses mains.
"C'est donc décidé! Cyno, va me chercher le passe-partout. On va devoir déverrouiller tes bracelets.
Un grand gars décontracté au teint mat et aux longues oreilles de loup fila dans les couloirs et revient avec un trousseau de clefs de toute sorte tandis que Kage retournait vers Baku. Il tendit les clés à sa sous-chef et sourit à Lina.
"Salut! Moi c'est Cyno. Niveau présentations, c'est simple, c'est moi le beau gosse du grou... AÏE! Asura!"
Cette dernière venait de lui tirer une de ses longues oreilles velues, faisant monter les larmes dans son unique œil. Il se mit à surjouer sa douleur, s'étalant au sol et gémissant, faisant un tel spectacle que tout le monde se frappa le front. De son côté, Lina sourit, appréciant ses efforts visibles pour la distraire et la faire rire. Il semblait particulièrement doué pour savoir ce qu'il lui fallait.
Asura finit par se placer à la dernière pointe du pentacle et fit signe à Lina de venir, peu après avoir déverrouillé ses bracelets. Cette dernière s'exécuta en massant ses poignets. Ah, quel bonheur de ressentir les flux de magie circuler de nouveau dans son corps, de sentir son sang bouillonner d'énergie! Ça lui avait manqué.
Lorsqu'elle fut en place, elle fixa Baku, toujours assis en tailleur, qui avait relevé les yeux vers elle en souriant. Kage se téléporta en dehors de la zone et Asura leva les bras, suivi de ses quatre acolytes. Makhai fit un clin d'œil à sa sœur avant de se concentrer. Une barrière se créa autour du pentacle, prête à retenir les deux voyageurs.
Les deux futurs adversaires restèrent longtemps à se fixer. Baku souriait.
"Alors c'est la fin de tes emmerdes, oas vrai?
-Y'a intérêt, soupira Lina. Si je m'aperçois que j'ai fait tout ça pour rien...
-Ne t'en fais pas trop pour ça. Il est fini. J'ai toute confiance en mes camarades."
Un profond soupir ponctua cette dernière phrase. Il sembla relâcher un peu de prise. Kage, plus loin, se détendit. Son travail était fait.
Et puis, il leva une dernière fois son regard bleu vers Lina.
"Prête?
-Prête."
Il sourit. Et referma les yeux.
Qui se rouvrirent en sursaut sur des iris noir de jais.
Akira, finalement réveillé, se mit à haleter, comme après un effort particulièrement intense, les yeux qui semblaient un peu troublés. Et puis ses pupilles s'éclaircirent, et il regarda autour de lui, pour voir le pentacle, Asura concentrée, Kage qui le regardait avec hargne et satisfaction, et enfin le regard neutre de Lina.
Dernière vision qui le fit sourire. Un sourire vide de toute émotion.
"Ha... Ahahah... Je vois... C'est comme ça alors..."
Asura entonna l'incantation sur une voix monotone. Le pentacle dessiné au sol commença à luire. Et Lina fit apparaître son katana.
Akira la fixait toujours.
"..... Je me suis fait avoir comme un bleu, pas vrai? À trop compter sur soi-même... On oublie qu'on est pas tout seul dans sa tête..."
Lina n'écoutait pas. Elle se contentait de fixer Asura. Dans sa tête, se répétait inlassablement le mot final, celui qui mettrait un point à toute cette histoire. Autour de son cou, la fiole. Elle était prête...
Le futur ex-roi se leva, et regarda les alentours, le pentacle, les cinq incantateurs. Et puis il soupira.
"Peu importe... Pour me sortir de la, je n'ai plus qu'une seule solution."
Sa joue était humide. Alors il leva la main, et essuya l'unique larme qui osait s'y aventurer, le regard dissimulé par des ombres.
Puis, il sourit.
Un sourire teinté de cruauté.
".... J'ai juste à te tuer, pas vrai?"
Le tonnerre grondait à l'instant précis où il finissait sa phrase. Sa main droite se charga d'électricité, et il projeta une tempête d'éclairs devant lui.
Lina avait déjà disparu.
Ravie de se retrouver enfin au maximum de ses capacités, elle sautait dans tous les sens, esquivait éclair sur éclair, à une telle vitesse qu'elle en devenait invisible à l'œil nu. Seul l'onde de choc sur la barrière de protection à chaque fois qu'elle rebondissait dessus, témoignait de sa présence. Akira se crispa. Puis hurla. Sa main droite, celle concentrée d'éclairs, venait de faire un vol plané pour atterrir sur la muraille, sectionnée net par un katana. Le rire de Lina emplit l'espace, vite interrompu cependant lorsque la main repoussa.
Asura n'était qu'à la moitié de son incantation et rien ne semblait toucher Lina. Alors il décida de changer de méthode. Il tenta de la tuer directement avec son propre cauchemar. La mort atroce, pensa-t-il en serrant les dents. Il leva la main, s'attendant à voir le sang gicler partout. Mais au lieu de ça, à peine sa lague en action, il sentit... Une perte de contrôle.
Son corps bougeait de lui-même, cessant les éclairs, marchant, pas à pas, vers Lina. Et ses yeux s'écarquillerent d'horreur lorsqu'il s'aperçut qu'à chaque pas qu'il faisait, il était toujours plus plein de désir. Désir de la toucher, l'embrasser, sentir sa peau entre ses doigts, ses cheveux effleurer son corps. Qu'elle soit sienne. Et qu'il comprit.
Il était son pire cauchemar.
Sa main claqua sur son genou à cette réalisation, interrompant immédiatement le charme. Lina s'était figée, elle aussi, apercevant la lueur de désir dans ses yeux. Plus aucune magie n'était à l'œuvre dans le pentacle. On entendait plus que les incantations monotones d'Asura.
Ils se fixèrent un long moment du regard avant qu'Akira ne lâche d'une voix étranglée par le désespoir :
"J'ai... J'ai vraiment merdé, hein?"
Le regard dégoûté de Lina suffit à le renseigner. Il pouvait presque l'entendre. La violente brisure de son cœur en deux.
Alors, c'était ça, l'amour. Le rejet. La peine.
Merci bien pour les transmissions, Baku.
C'est horrible.
C'est à cet instant précis qu'il cessa complètement de se défendre. Qu'il se contenta de fixer le sol et le katana que Lina avait placé sous sa gorge. Qu'il attendit le mot qu'elle devait prononcer.
Assez de tout ça.
Lina finit par incanter d'une voix claire. Il se sentit lâcher prise.
Et plus rien.
Plus que Lina, qui se tenait, debout, abasourdie, devant un Baku qui n'en croyait pas ses yeux.
Enfin.
C'était fini.
Quelques jours plus tard, devant la porte des Bkackheart-Kamijiro, il y avait un petit mot.
Isabel,
Je suis désolé de partir comme ça. Encore. J'ai toujours du mal à comprendre comment tu fais pour souhaiter encore m'accueillir.
J'ai fait quelque chose dont je n'arrive pas à me pardonner. Notre fille n'a su éviter son chemin. À cause de moi.
Je n'arrive plus à croiser son regard sans penser à l'enfant que tu faisais sauter sur tes genoux, l'enfant qui ne reviendra plus jamais.
Alors je suis parti. Je vais aider un temps à la reconstruction d'Azilis. S'il te plaît, consacre le tien à reconstruire notre fille.
Elle a besoin de toi. Baku fait de son mieux mais l'ombre d'Akira plane. Freïr ne comprend pas. Et moi je suis ce que je suis, et elle doit sûrement voir en moi celui qui l'a précipitée dans tout ce chaos.
Je t'aime.
Pardonne-moi.
Kage
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Et voilà, cette fois c'est la fin!
Lina va aller mieux au fur et à mesure que le temps passera et finira par bien s'entendre avec Baku sans la moindre ambiguïté, mais reste incapable de tomber amoureuse et est désormais sex-repulsed.
Kage n'ira plus la voir. Il est consumé par la honte. Isabel est la seule qui le voit désormais.
Phoibe, la dernière princesse en vie, remontera sur le trône.
Et personne ne descellera jamais Akira, précieusement conservé dans les coffres de la confrérie.
J'espère que ça vous aura plu quand même, malgré le glauque.
Je pense en faire une nouvelle séparée après correction. Vous en pensez quoi?
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