AU : Hanahaki Disease
(AU Asurù. Z'êtes prévenus, ne vous plaignez pas.)
Ça faisait déjà plusieurs jours.
Asura, assise sur un fauteuil, la respiration difficile, fixait ses mains avec une expression vide, des larmes plein les yeux. Des mains recouvertes de sang, de son sang, mêlé à des pétales de fleur qu'elle ne connaissait que trop bien. Des roses rouges.
Symbole de l'amour pur et profond.
La toux avait commencé il y avait déjà une semaine, alors que la jeune femme travaillait avec son collègue dans son laboratoire. Sur quelque chose de tout à fait anodin. Mairù s'était simplement remis une mèche derrière l'oreille, une expression concentrée sur le visage alors qu'il fixait sa dernière trouvaille. Elle avait souri avec affection, fascinée par sa beauté en cet instant, qu'elle était seule à pouvoir contempler. Et puis la continuelle douleur qu'elle ressentait depuis quelques semaines et à laquelle elle s'était habituée avait causé un soudain point de souffrance dans ses poumons, et elle avait toussé avec violence un sang mélangé à des pétales de ces mêmes roses.
Mairù lui, n'avait vu que le sang. Elle avait aussitôt refermé la main pour lui cacher les fleurs, mais l'hémoglobine dans sa main avait suffi à le paniquer et il avait tout laissé en plan sur sa paillasse pour la traîner à l'infirmerie. Là, il s'était fait renvoyer par Baku, qui ne voulait pas de frère puant le produit chimique dans son domaine. Il n'avait donc pas vu Asura vomir une rose recouverte d'épines ensanglantées. Il n'avait pas entendu le diagnostic vide du tout juste nommé médecin, une expression désolée sur le visage.
La démoniste se souvenait de ses paroles comme si c'était hier. Et du froid qui l'avait alors envahie.
"–Maladie de Hanahaki. Je suppose que ce n'est pas la peine de préciser ce que tu risques, ni les moyens de guérison. Je te donne deux mois pour te faire aimer de mon abruti de frère. Si au bout de ces deux mois tu vomis encore des roses, je te laisserai le choix entre l'opération et une mort certaine."
Elle n'avait même pas questionné le soigneur pour savoir comment il connaissait la personne visée. Elle s'était simplement contentée de soupirer.
Deux mois, c'était bien trop court.
Même si Mairù avait abandonné Lina, les roses dans ses poumons étaient la preuve formelle que ses sentiments n'étaient pas partagés. Et elle ne savait pas comment séduire, comment se faire aimer de quelqu'un autrement que pour un coup d'un soir. Impossible qu'elle ne s'en débarasse de manière naturelle en deux mois.
Alors elle avait opté pour l'opération. Baku l'avait fixée à la dernière limite avant laquelle les fleurs auraient trop envahi son corps pour qu'il puisse agir. Il lui restait donc les deux mois promis pour profiter de son amour envers le maître de la magie avant de perdre le simple bonheur de le regarder travailler, de parler avec lui, d'être à ses côtés.
Elle risquait de perdre définitivement tout sentiment amoureux, et pas seulement à l'égard de Mairù. Et cette idée la faisait souffrir. Elle qui était née capable d'aimer, qui avait connu le bonheur d'être en couple, elle ne se voyait pas rester seule, sans jamais aimer personne comme elle avait aimé Liona avant qu'elle ne meurt, comme elle aimait Mairù maintenant.
Alors elle fixait ses mains ensanglantées et couverte de pétales en soupirant, maudissant les graines d'être entrées dans ses poumons, cette maladie de l'avoir ciblée, Mairù pour ne même pas se rendre compte de la souffrance qu'il lui infligeait.
Un mois passa, mois durant lequel Asura se montrait très prudente. Elle avait cessé ses expériences, évitait Mairù, tentait par tous les moyens de cacher les roses qu'elle crachait. Elle se sentait de plus en plus faible, son corps cédait devant les assauts des plantes. Un picotement dans sa gorge signalait que les tiges épineuses avaient atteint sa trachée. Et elle était de plus en plus triste.
Un jour qu'elle se promenait dans les couloirs, d'énormes cernes sous les yeux et les mouchoirs déjà remplis de pétales, elle sentit une main lui attraper le poignet et la pivoter vers l'arrière. Sursautant, la jeune femme baissa les yeux vers l'importun, qui la fixait avec des iris turquoise scintillant d'inquiétude.
"–Asura, je peux te parler?"
Soupirant intérieurement devant ce coup du sort, Asura acquiesça lentement à la question de Mairù. Difficile de faire autrement alors qu'il lui tenait le poignet avec une telle douceur. Son cadet l'entraîna avec douceur vers une porte à l'écart, qu'il ouvrit sans perdre de temps, révélant une chambre recouverte de posters de jeux vidéo, de tableaux de physique et de photos de Lina qu'il n'avait visiblement pas eu le cœur de retirer.
Débarassant rapidement son bureau des innombrables notes qui le recouvraient, le maître de la magie s'assit sur le bois solide de son espace de travail, et fit signe à Asura de s'installer sur le seul espace disponible, son lit dérangé et recouvert d'un couvre-lit à l'effigie du Roi Lion. Grinçant des dents devant les relents d'ironie de la situation, la jeune femme s'installa sur le matelas moelleux, les doigts serrés sur la couverture, tentant tant bien que mal de se retenir de tousser. Hors de question d'envahir sa chambre de preuves incontestables de ses sentiments.
Mairù la fixait s'installer avec de grands yeux inquiets, semblant remarquer toutes ses manies. Et une fois qu'elle eut l'air confortable et prête à écouter, il prit son menton entre ses mains et soupira avec lassitude:
"J'ai remarqué que tu m'évites, ces derniers temps. Tu as un problème avec moi?"
Elle s'attendait à cette question, et n'y avait toujours pas trouvé de réponse. Un brusque accès de toux à retenir lui fournit le prétexte qu'elle cherchait pour ne pas répondre. Portant ses mains à sa bouche, elle faisait de son mieux pour forcer la rose qu'elle sentait grossir dans ses poumons à y rester, au moins le temps que Mairù abandonne. Mais ce dernier était tenace, et il revint à la charge en voyant que sa collègue se taisait.
"Asura, je suis sérieux. Je n'y comprends rien. Alors si tu ne veux plus.... Si tu ne veux plus me voir, ça m'est égal, mais j'aimerais au moins savoir pourquoi cette soudaine antipathie envers moi. S'il te plaît."
Ses paupières tremblaient et il se mordait la lèvre à tel point qu'on en voyait surgir une mince fumée, mais le plus flagrant était ses poings serrés dans une attitude marquée de douleur. La démoniste sentit toutes ses belles résolutions faiblir en voyant à quel point il semblait blessé, à quel point ses mots lui coûtaient. Mais elle ne céda pas.
Son corps le fit pour elle.
Une violente quinte de toux impossible à retenir lui fit vomir une énorme rose recouverte à tel point d'épines qu'elle se demandait comment elle avait pu tenir dans ses poumons. Quelques pétales solitaires recouvertes de sang et de glaire accompagnaient la plante sur le sol de la chambre de Mairù, rouges pétantes sur le carrelage blanc, semblant crier leur présence aux yeux du dernier que la sous-chef aurait souhaité voir ça.
Le jeune homme se figea à peine la première rose ensanglantée eut atteri sur le sol. Avant de lever ses yeux vers celle qui l'avait vomie, des yeux emplis de stupéfaction et de tristesse.
"........ Depuis quand?"
Elle n'avait plus le choix, désormais.
"–Un mois."
Les mots s'échappèrent presque forcés d'entre ses lèvres, d'une voix rauque et abîmée par la maladie. Son interlocuteur se crispa encore davantage. Loin d'être bête, il avait fait le lien entre la rose et le sang qu'elle avait recraché, un mois plus tôt, dans son laboratoire. Et entre cet événement et la maladie à l'origine. Et ça, Asura l'avait compris.
C'est avec des yeux vidés de toute émotion qu'elle l'observa se lever et la prendre doucement dans ses bras, forçant sa tête à reposer sur son épaule. Elle le laissa lui caresser doucement le dos et la bercer avec délicatesse, la douleur lui martelant toujours les poumons. Est-ce que c'était une preuve de son échec? Elle en était persuadée. Elle ne guérirait pas de la sorte.
Ses larmes roulèrent dans le cou de celui qu'elle aimait, là où il ne pouvait pas les voir.
Les jours passaient, et l'opération approchait à grands pas. Asura se sentait de plus en plus faible, vidée d'espoir désormais, enfermée dans son chagrin d'amour et la possible perte de tous ses sentiments amoureux. Mairù l'évitait, lui aussi, depuis cette journée fatidique. Sans doute ne voulait-il pas lui imposer sa présence. Et c'était tant mieux.
Elle attendait devant la porte de l'infirmerie de Baku, appuyée contre le mur de pierre, les dernières roses recrachées durant sa maladie dans sa main. Elles sentaient le sang.
Une main lui tapa sur l'épaule, et elle se retourna pour voir le visage fermé de Mairù, les yeux fixés au sol. Elle n'eut pas la force de le repousser. Au contraire, elle était même plutôt contente qu'il soit là. Lui aussi, semblait trouver un peu de réconfort dans sa présence, à en croire ce faible sourire étiré sur son visage juvénile, déformant les deux lignes verticales de son sceau.
"C'est demain que tu te fais opérer, pas vrai."
C'était davantage une affirmation qu'une question, faisant hocher la tête à la jeune femme. Inutile de dire quoi que ce soit de plus. Le scientifique se rembrunit.
"Tu connais les conséquences... N'est-ce pas?"
Nouveau hochement de tête. Baku lui avait annoncé hier qu'il avait trop attendu, qu'avec les graines viendrait toute source de sentiments amoureux. Elle ne voulait pas de ça. Mais elle ne voulait pas mourir non plus. Elle voulait redémarrer une relation simple avec son ami, une réelle amitié qui ne serait pas gâchée par un amour à sens unique, pire source de souffrance liée à ce sentiment qu'elle connaisse.
La démoniste soupira et détourna le regard. Elle serait sans doute plus heureuse ainsi, conservant l'amitié de son collègue et Cyno toujours ravi de la satisfaire d'un point de vue charnel. Mais ce ne serait plus jamais pareil.
Une main pressa délicatement sa joue, la forçant à se retourner. Mairù avait levé les yeux, les iris remplis d'une étrange résignation et de tristesse désolée. Ses doigts caressaient doucement la joue amaigrie de sa supérieure dans un geste qui se voulait apaisant, mais semblait plutôt empli de pitié, une pitié insupportable aux yeux d'Asura qui serra les dents. Qu'il cesse de la torturer de la sorte, par pitié.
"Avant que tu ne te fasses opérer, je peux me permettre quelque chose?"
Elle ne savait pas quoi, bien qu'un doute surgisse dans son esprit. Mais au point où elle en était elle ne se souciait plus de rien. Qu'il fasse, règle ses comptes maintenant, avant qu'elle ne passe sur le billard et regrette de ne pas l'avoir fait. D'ici peu elle ne souffrirait plus, alors bon.
De nouveau, elle hocha la tête, et le regarda se hisser sur la pointe des pieds pour mettre son visage à sa hauteur, les deux bras enroulés autour de sa nuque, un regard désolé planté dans ses yeux malades. Sans doute voulait-il un dernier câlin, se doutant bien qu'il y avait une raison à ce qu'elle soit plus tactile que la moyenne avec lui. Mais elle s'attendait à tout sauf à sentir une douce pression sur ses lèvres gercées alors que leurs visages s'étaient rapprochés, de même qu'un souffle qui n'était pas le sien envahir sa bouche entrouverte.
Sa raison aurait voulu qu'elle se dégage de l'étreinte de son ami au moment même où elle avait senti le baiser. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il aille jusqu'à lui imprimer un souvenir désormais indélébile dans son cerveau déjà torturé. Mais la douceur de l'étreinte, ses mains qui se resserraient avec tant de délicatesse dans ses cheveux et sur son dos, et surtout le contact de ses lèvres l'empêcha de bouger, figée sur place par un instinct ancestral de femme amoureuse.
Sans doute ce serait un bon souvenir à garder, au final.
Mairù finit par se détacher après avoir légèrement accentué sa pression, un fin sourire triste sur les lèvres, les bras toujours enroulés autour du corps de sa collègue figée, détournant le regard vers le sol. Cette dernière soupira, guettant la toux qui ne manquerait pas d'arriver, incapable de bouger d'un iota. Mais la toux n'arrivait pas. Et la lucidité qu'elle retrouvait petit à petit lui indiquait qu'elle ne ressentait plus aucune douleur.
Disparue, l'insupportable pression dans ses poumons, disparus, les picotements des épines dans sa gorge. Plus aucune pétale n'envahissait son système respiratoire. Elle arrivait à peine à y croire. Elle ne pouvait pas avoir guéri comme ça.
D'instinct, elle porta la main à son thorax, une expression de totale surprise sur le visage, ce qui n'échappa pas à Mairù. À son tour, ce dernier baissa les yeux vers le torse de sa collègue, puis remonta vers son visage, puis de nouveau son torse. Et écarquilla les yeux.
"Tu..... Tu ne tousses plus?"
Un "oui" étranglé s'échappa d'entre les lèvres de la jeune femme, toujours figée par l'étonnement. Elle n'y comprenait rien. L'amour sincère était le seul autre remède que l'opération. Ça voulait dire.... Non, c'était impossible. Comment cela aurait-il pu se passer?
Les larmes envahirent ses yeux, des larmes de joie pure, alors qu'elle étreignait celui qu'elle aimait avec force. Il lui rendit son étreinte avec une affection tout autant sauvage, balbutiant de surprise, marmonnant quelques inepties sur une profonde incertitude.
Lorsque leurs lèvres se joignirent de nouveau, il n'y avait plus aucune trace de tristesse dans leur étreinte.
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Il m'a pris du temps à écrire celui-ci!
Voilà, AU Hanahaki Disease fait, et je me suis donnée du mal pour l'écrire alors j'espère qu'il vous a plu!
Petite anecdote, il aurait dû se finir sur une bad end bien angst.
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