AU : Des liens par les fleurs
Ceci, mesdames et messieurs, est une série d'OS reliés soit à l'univers d'Azilis soit à celui de Lysara ! Des soulmate AU, pour la St-Valentin. :,)
Par contre, un des OS de Lysara parle d'automutilation. Désolée. C'est le quatrième. Le lisez pas si vous voulez pas.
Sur ce on va commencer par ceux d'Azilis !
#1
Le corps de Lina était un spectacle impressionnant à voir, recouvert comme il était de dessins de fleurs. Elle n'était plus très loin d'avoir la peau entièrement recouverte des boutures fleuries, s'enroulant autour de sa poitrine et de ses membres dans un motif envoûtant : Pourtant, elle, elle n'aimait pas ça. Elle détestait ça, même, pour la signification que ces fleurs portaient pour elle.
Une fleur poussait à chaque fois que son âme sœur se blessait, disait la légende. Une légende bien imprégnée dans le multivers entier, visiblement ; vu que lorsque Lina avait changé de monde, la signification de ses bras tatoués n'échappait pour ainsi dire à personne. Et Lina savait que la quantité de fleurs épanouies sur sa peau n'était en rien naturelle. Son âme sœur, quelle qu'elle soit, homme ou femme, peu importe, était une personne qui se blessait régulièrement, et peut-être même gravement.
Ses fleurs, en plus de ça, la picotaient. Certaines plus que d'autres, sans doute des blessures plus graves : Et, en levant ses bras, elle pouvait sentir l'odeur de jasmin émaner de sa peau. C'était une jolie fleur, le jasmin. Mais à force de la voir éclore sur son corps, elle ne pouvait plus la supporter.
Elle soupira. Elle était arrivée devant le bâtiment d'Asaris Magitaria, cette fameuse confrérie dont son église lui parlait tant. Visiblement, ici, de nombreuses personnes étaient tout autant recouvertes de fleurs qu'elle. Elle trouverait peut-être une explication.
La porte s'ouvrit sur une femme qui avait la peau presque plus recouverte de camélias que Lina n'avait de jasmins, et elle eut un léger sourire à la vision des fleurs sur le visage de sa visiteuse. Outre les fleurs, elle avait de longs cheveux rouges, et des yeux bleus perçants que les camélias faisaient ressortir. Elle était belle, se dit Lina. Elle semblait avoir accepté avec grâce les blessures de son âme sœur, et peut-être même n'était elle pas inquiète. Elle avait vraiment frappé à la bonne porte.
La femme sourit de nouveau, et lui dit :
« — Tu cherches peut-être quelque chose, mademoiselle...
—Lina Blackheart, enchanté. Ouais, j'aurais quelques questions à vous poser en fait... »
La femme inclina la tête.
« — Je ne sais pas quelles sont ces questions mais viens, on pourra sans doute en discuter à l'intérieur. Je m'appelle Asura, enchantée. »
Lina opina, et la suivit à l'intérieur en détaillant les alentours. Le bâtiment était immense, et bien peu rempli en comparaison de sa taille : Elle voyait là une petite dizaine de gens, donc la plupart la regardaient avec intérêt. Certains étaient recouverts de fleurs, comme elle : D'autres en avaient quelques-unes de visibles, et d'autres encore pas une seule, mais des tas de cicatrice très reconnaissables. Tant de gens différents... Elle n'en avait jamais vu autant, même à Necrima. Et sans même attacher de l'importance à cette histoire de fleurs, les habitants des lieux semblaient représenter une diversité impressionnante. Mais ce qui la frappa le plus, c'était leurs expressions inquiètes. Ils semblaient tous redouter quelque chose, mais quoi... ?
Asura s'assit sur un des fauteuils, avant d'inviter Lina à faire de même.
« — Excuse notre accueil pas très chaleureux, mais nous avons... Quelques ennuis, ces derniers temps. Tu peux poser tes questions.
—Merci. Alors en fait, j'aurais voulu savoir...
—Asura, Asura, Asura ! C'est vrai qu'on a de la visite ? »
Ces derniers mots provenaient du haut de l'escalier, d'où un adolescent d'environ treize ans dévalait les marches avec un grand sourire. Une vision normale, aurait pu se dire Lina, sauf qu'elle vit, alors qu'elle se rapprochait, que le sourire de l'adolescent était crispé par la peur, et que toutes les personnes présentes s'étaient reculées d'un bond en le voyant arriver... Bizarre. Elle plissa les yeux. Il avait des cheveux blancs qui lui tombaient sur le visage, des grands yeux bleus apeurés, et semblait avoir à peine commencé sa croissance : Lina n'était pas bien grande, mais il lui arrivait à l'épaule à peine.
Asura, en le voyant arriver, poussa un profond soupir.
« —Exact, nous avons une invitée... Baku, je te présente Lina. Lina, voici Baku Claro, un de nos membres les plus anciens. Et c'est... Le petit problème dont nous discutions. »
Le garçon se renfrogna à la mention du « petit problème ». Lina soupira.
« — Si je peux aider, hein... »
La femme sourit, et le garçon se crispa. Mais avant que ce dernier n'ait pu dire le moindre mot, Asura haussa les épaules.
« — Tu peux. Je vais te résumer la situation... »
Lina avait mal partout. Difficile à croire qu'il ne s'était écoulé qu'une demi-heure entre le moment où elle était entrée à Asaris et maintenant... Enfin bon, peut-être un peu plus, elle n'avait aucune idée de combien de temps elle avait été inconsciente. Le « petit problème » n'était au final pas si petit que ça, vu qu'il s'agissait d'annihiler une personnalité secondaire meurtrière et terriblement puissante. Elle leva une fiole au niveau de son visage. Au moins, en voilà un qui ne ferait plus de mal !
Elle se tourna vers Baku, qui dormait toujours sur son lit à l'infirmerie. Quelqu'un avait pris la peine de le dénuder avant de le mettre au lit, et même si Lina ne voyait que la moitié supérieure de son corps, elle ne pouvait voir sur sa peau que des fleurs. Aucune cicatrice. Pourtant, elle était presque sûre de l'avoir blessé au moins deux fois dans le processus... Enfin ce n'était sans doute pas la peine d'y repenser. Il lui avait dit avant de commencer de taper fort et de ne pas s'inquiéter pour lui, sans doute avait-il une aptitude de régénération particulière. Veinard. Son bras la piquait encore plus que d'habitude, d'ailleurs, et elle était presque sûre que de nouvelles fleurs avaient éclos... Bon sang ce que cette histoire l'emmerdait.
Elle passa une main dans son dos, effleurant la cicatrice très caractéristique qu'elle y avait. La seule marque pour lui permettre de reconnaître son âme sœur, se disait-elle : Elle avait désormais trop de fleurs sur elle pour pouvoir caractériser les blessures de cette dernière. Elle soupira. Elle avait bientôt seize ans, c'était encore un peu tôt pour trouver l'amour : Mais si elle savait au moins de qui il s'agissait, elle serait peut-être un peu moins inquiète...
Elle soupira, et porta de nouveau son regard sur Baku. Ce dernier semblait faire un cauchemar : Il gigotait dans tous les sens, le visage crispé. Lina entrapercevait parfois sur son bras une ou deux fleurs de lys, presque invisibles sur sa peau pâle : Mais il bougeait trop pour qu'elle puisse en déterminer la forme des cicatrices de sa propre âme sœur. Elle était curieuse, quand même.
Baku eut un mouvement brusque accompagné d'un nouveau hurlement, et son corps bascula sur le côté sur un spasme plus violent que les autres. Puis, il s'immobilisa. Laissant tout le temps à Lina de voir l'arborescence formée par des dizaines de pousses de lys sur son dos exposé, retraçant les contours exacts de sa cicatrice.
#2
Les fleurs étaient apparues lorsqu'Asura avait cinq ans.
La plupart des gens, selon le chef, commençaient à les avoir assez tôt, certes, mais seulement quelques-unes, dispersées, petites, presque invisibles, des fleurs de blessures d'enfant : Elle, elle s'était réveillée un matin recouverte de camélias, étalés sur son corps à un point inimaginable. Et ça ne semblait pas s'arranger. Chaque nuit amenait son nouveau lot de camélias, toujours plus gros, toujours plus douloureux ; elle avait même fini par s'habituer à la brûlure sourde qui les accompagnait à chaque fois. Et ce n'était pas faute de tenter de les cacher, de les faire se stopper.
Au fil des années, Asura avait tenté de faire disparaître les camélias. Elle avait mal, elle n'aimait pas ces histoires d'âme sœur, elle voulait aimer normalement et pas parce que quelqu'un avait des fleurs sur sa peau. Lorsqu'elle était tombée amoureuse de Liona, dans son adolescence, elle avait été tellement heureuse de voir que la peau de sa petite amie était presque vierge de blessures, et que ses propres fleurs ne correspondaient pas. Elle l'avait aimée à la folie pour ce qu'elle représentait, une faille dans ce stupide système d'âmes sœurs, avait tant prévu avec elle, vivre longtemps, former le couple heureux le plus puissant d'Azilis. Elle avait tout essayé pour effacer les camélias, y compris pactiser avec Lucifer. Elle voulait être heureuse avec Liona. Et puis elle était morte, tombée en poussière dans un moment qui était censée être le plus grand acte d'intimité et de partage possible, morte parce qu'Asura n'avait pas été assez prévoyante, trop sûre d'elle. Et elle s'était résignée. Avait laissé les camélias envahir sa peau, grondant à chaque fois qu'elle en découvrait un nouveau. Et n'avait même plus cherché à découvrir son âme sœur, se contentant de passer ses désirs dans l'acte charnel. Pas de couple pour elle. Hors de question.
Dans ce genre de situation, Mairù était bien le seul à l'écouter. Lui et elle étaient proches depuis sa petite enfance, et elle était sans doute la seule à savoir que quelque chose n'allait vraiment pas dans son enfance. Mais il ne voulait pas en parler. A chaque fois qu'ils avaient un moment de libre, il insistait pour qu'ils ne parlent que de sujets légers qui les intéressaient tous deux, ou alors d'elle. Pas de lui. Jamais.
Il était petit à petit devenu son confident, sur ses regrets, sur Liona, sur sa haine de ces maudits camélias qui lui pourrissaient la vie, et lui l'écoutait, en silence, avant de reprendre sur une loi de la physique quantique qu'il aimerait réécrire. Elle avait vite appris à chérir les moments qu'ils passaient ensemble. Et lorsque sa belle-mère eut fui la confrérie, et qu'il eut pu exposer au grand jour toutes les horreurs qu'elle lui faisait subir, ces moments se multiplièrent et devinrent bientôt les préférés d'Asura. Ils parlaient de tout et de rien, de Baku qui avait enfin trouvé son âme sœur, de l'arrivée nouvelle de Cyno, recouvert de cicatrices à la confrérie, à un point où Asura se posait des questions sur la provenance de ses camélias, des histoires de couple qui n'avaient rien à voir avec cette tradition plutôt stupide. Des moments sans but, empreints d'une routine.
Asura sut qu'elle était amoureuse lorsque son ami, après un moment de râle particulièrement intensif, lui avoua qu'il avait toujours espéré trouver une âme sœur lorsqu'il était petit. Pour qu'il l'aide à supporter ce que sa belle-mère lui faisait subir. Cette discussion n'avait rien de particulier, pourtant. Mais Asura avait, pour la première fois, prêté attention à son visage triste, à la manière don sa mâchoire se crispait quand il évoquait son passé, à sa façon de hausser les sourcils et son petit sourire en coin lorsqu'elle se mettait à parler. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que son amitié s'était transformée en quelque chose de plus profond, de plus tendre. Et même si elle n'avait rien dit à ce moment-là, elle était secrètement ravie. Ravie et terrifiée de cette réalisation. Alors, elle s'était contentée de se coller à lui vers la fin de la discussion, et ils s'étaient endormis ensemble, sur les marches du perron.
Mairù n'était pas là lorsqu'elle avait été blessée. Son œil saignant sous le coup de griffe d'un démon qu'elle avait affronté, elle s'était précipitée tout droit à l'infirmerie, où Baku pourrait la soigner sans souci. Ce dernier avait souri, avant de poser la main sur son œil et de refermer rapidement la blessure ; Il semblait gagner de l'assurance. La présence de Lina lui faisait beaucoup de bien, visiblement, même s'ils ne semblaient pas encore amoureux. Asura haussa les épaules ; Ça viendrait, ils avaient le temps. Leur entente était incontestable, idiotie de fleurs mise à part. Et ils étaient heureux, c'était le principal.
Un sourire déformait les lèvres de Baku lorsqu'il retira sa main de son œil. Elle était pleine de sang. Heureusement pour lui qu'elle avait pensé à sceller sa malédiction.
« —Désolé, Asura, il restera une cicatrice. Au moins, ce sera plus facile de trouver ton âme sœur maintenant !
—Ne dis pas de bêtises, tu serais gentil. Tu sais que je déteste ces idioties. »
Baku pouffa, mais ne rajouta rien. Elle soupira. Lui alors.
Un coup retentit à la porte de l'infirmerie, et la voix de Mairù la tira de ses réflexions, faisant se tourner Baku vers la porte.
« —Oï, crétin de frangin, j'peux rentrer cinq minutes ? J'ai l'œil qui picote un peu et je comprends pas pourquoi. »
Baku haussa les épaules, avant de donner son accord. Il rajouta toutefois, pour faire bonne mesure sans doute :
« —T'attendras un peu par contre, j'ai une blessée sur le feu !
—No problemo, j'veux juste savoir. J'ai pas de miroir, et c'est chiant cette merde ! »
Sur ces mots, il entra dans la pièce, une main sur son œil gauche. Avant de se tourner vers Asura et d'écarquiller l'autre.
« Oh bordel, il t'est arrivé quoi ?!?
—Blessure de démon, rien de dangereux. Il y a un problème ?
—Non mais, je me doute que tu vas bien, c'est juste que... »
Et, sous les yeux ébahis d'Asura, il retira sa main de son œil gauche, montrant les amaryllis qui avaient fleuris à l'emplacement exact de la blessure de cette dernière, dessinant une triple griffe bien trop semblable à celle du démon qui l'avait blessée.
#3
Lamia fixait ses poignets depuis qu'elle était toute petite. Sans y trouver la moindre fleur.
Elle n'avait jamais eu de fleurs sur elle, aussi loin qu'elle ne puisse se souvenir. Tout le monde autour d'elle en avait : On trouvait même que les fleurs de Korrin et Jiro se complétaient un peu trop, même si les deux concernés ne semblaient pas y avoir réfléchi. Les triplés rouquins adoraient comparer les leurs, et elle voyait parfois Alice regarder discrètement dans sa direction, sans doute pour voir si les fleurs correspondaient. Selene adorait dessiner le tracé de ses asphodèles, toutes petites, preuves que son âme sœur, quelle qu'elle soit, était en bonne santé : Et Hazaël riait parfois de voir à quel point il était recouvert d'espèces différentes. Polyamoureux avant même de rencontrer la moindre de ces personnes, quelle ironie. Mais Lamia ? Toujours pas de fleurs.
Elle voyait bien les regards des autres, emplis de pitié et de curiosité. Elle savait bien que personne ne pouvait traverser sa vie sans s'infliger la moindre blessure. Même la régénération absolue ne les empêchait pas de pousser. La preuve, son père décrivait parfois avec émotion la quantité de fleurs qui ornaient le corps de sa mère. Tout ça ne lui faisait que se dire qu'elle était maudite, qu'elle n'avait pas d'âme sœur. Ou alors, qu'elle était morte de maladie ou n'importe quoi du même genre. Et même si au bout du compte, elle s'en fichait, elle n'aimait pas les regards.
De toute façon, la guerre avait vite fini par lui prendre trop de son temps. Âme sœur ou pas âme sœur, Akira était toujours en train de détruire Hindiale. L'amour viendrait plus tard, il fallait d'abord mettre à terre le tyran. Autant que possible, Lamia se consacrait à l'effort de guerre. Elle entraînait Selene, obligeait Korrin à travailler, allait tuer quelques soldats au passage, il n'y avait pas de place pour un quelconque sentiment.
Lorsque Korrin et Jiro se mirent ensemble, elle était la seule à être surprise. Ce qui lui fit mal. Elle était censée connaître son frère mieux que tout le monde, elle aurait dû voir venir le coup. Pourtant, tout le monde s'y attendait. Peut-être parce que tout le monde scrutait les fleurs. Lamia se rappelait avoir plissé les yeux. Avoir haussé les épaules devant la bêtise du système. Et puis elle se rappelait avoir rencontré Clélia et Aspen.
C'était un duo d'adolescents d'espèces très différentes, et de caractères encore plus différents. Clélia était une Alterine d'environ dix-sept ans, à la peau ébène et aux oreilles plus pointues que la moyenne. Elle était bruyante, joueuse et il ne se passait pas une seconde sans qu'elle ne sorte une blague qui parfois virait au beauf. Aspen, lui était, selon toute probabilité, un elfe, un elfe élémentaire si on en croyait la couleur grise de ses cheveux et de ses yeux. Un manipulateur d'air. Il était accroché à Clélia comme une bernique, l'air plutôt timide, mais la suivait bien volontiers dans ses blagues. Korrin, paix à son innocence, ne comprenait pas tout, mais le courant passa assez vite entre elle et Lamia. Elles devinrent assez vite amies, puis amies avec bénéfices. Lorsque Lamia avait enlevé ses vêtements pour la première fois, Clélia avait froncé les sourcils devant l'absence totale de fleurs, puis avait haussé les épaules.
« — C'est bien aussi de pas avoir d'âme sœur ! Pas d'attaches, pas de lien stupide. Comme ça tu ne te sens pas obligée de tomber amoureuse de quelqu'un parce qu'il correspond à tes fleurs. »
Et elle avait enlevé ses vêtements à son tour, dévoilant une superbe combinaison florale qui avait éveillé l'œil et l'appétit de Lamia. Clélia faisait partie de ces gens qui avaient plusieurs espèces de fleurs sur eux. Lamia pouvait reconnaître des violettes et un autre type de fleur aussi, des géraniums, visiblement. Elle tendit la main. Et la stoppa en reconnaissant, au niveau du bras droit de son amie, une couronne de fleurs de cerisier qui se détachait sur le motif.
« — Tu as les fleurs de Korrin. »
Elle s'était stoppée.
« — Ah bon ? Cool ! Je savais pas qu'il était polyA aussi ! Je croyais qu'il y avait que Jiro dans son cœur... Tu crois qu'il a Aspen aussi ? Ce serait bien si c'était le cas ! Aspen, c'est les violettes. »
Lamia haussa les épaules. Mais se dire qu'elle allait coucher avec l'âme sœur de son frère jumeau lui avait coupé toute envie. Elle se rétracta aussitôt, et Clélia, par chance, comprit vite les raisons de son geste. Elle se rhabilla en vitesse, et lui promit qu'elle allait parler à Korrin avant de tenter quoi que ce soit. Lamia sortit donc de la chambre insatisfaite, et mécontente de la manière dont ce système d'âme sœur l'avait privée d'un bon coup. Encore une règle idiote. Même si d'un autre côté, Clélia avait raison. Pas d'âme sœur, pas d'attaches... Une totale liberté.
La chute d'Akira fut suivie d'une visite de Korrin, qui lui racontait tout content que Jiro avait accepté qu'il se mette aussi en couple avec Clélia et Aspen. Il détaillait avec joie les fleurs sur sa peau, content de ne pas avoir que des pensées, et ne tarda pas à quitter sa sœur pour bondir au cou de l'elfe élémentaire, qui passait par là. Ce dernier lui arracha un petit baiser avant de le jeter sur son épaule sous les rires de son jumeau et de Clélia, qui se trouvait non loin.
Lamia baissa de nouveau les yeux vers ses bras.
Pas de fleurs.
Mais en soi, elle ne s'en portait pas plus mal.
Les OS de Lysara maintenant !
Celui ci parle d'automutilation. Vous pouvez skip, j'ai juste pas pu m'en empêcher. Je vous rassure, le dernier est plus joyeux !
#4
Baku en avait marre de voir surgir des lys sur sa peau.
Il en avait marre à un point que lui seul pouvait appréhender. Parce que qui d'autre a envie de voir, en temps de paix, des fleurs bourgeonner sur sa peau sans raison ? Sur ses poignets ? A chaque fois, il n'était pas là, et ne pouvait que serrer les poings en voyant que la porte de leur chambre lui était bloquée. Il savait très bien ce qu'il se passait là-dedans, sacré nom du Créateur ! Et ça le tuait de ne pas pouvoir aider !
Il caressa ses flancs, ou des lilas ajoutaient une touche de couleur aux lys. Shera, au moins, ne se blessait plus depuis la chute du Ver. Il avait vu quelques branches surgir sur sa peau durant la guerre, mais rien d'inquiétant. Ça ne faisait même plus mal. Shera devait se dire la même chose, elle qui avait le corps mangé par les jasmins par sa faute. Tous deux ne se blessaient plus depuis longtemps. Baku était le seul à voir fleurir sur sa peau de nouvelles fleurs. Satanées fleurs. Encore un peu et il allait ordonner l'extermination générale des lys dans tout le palais. Ce qui serait sans doute une bonne chose, vu que les lys étaient très toxiques pour les chats.
Il soupira. Aujourd'hui encore, ses poignets le brûlaient, mais ce qui l'inquiétait encore plus était que ce n'était pas le seul endroit. Ses jointures hurlaient leur douleur, et même ses flancs donnaient l'impression de saigner. Lina devait être dans un de ses plus mauvais jours, et le rendez-vous avec Sophia était seulement dans une semaine. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Mais quoi ? Il n'avait pas la force suffisante pour démolir cette maudite porte...
En désespoir de cause, il se rendit chez Shera. Il avait vraiment besoin d'un câlin, ça le détendrait et il pourrait réfléchir à comment empêcher Lina de s'automutiler. Mais il n'eut même pas le temps de rejoindre sa chambre. La maréchale venait de surgir devant son nez, les yeux écarquillés et les poignets, contrairement à l'habitude, dénudés. Recouverts de lys.
« — Baku ! Qu'est-ce qu'elle a Lina ? Ça fait mal ! Où elle est ?!? »
Baku ne prit que trente secondes pour réfléchir. Il n'avait jamais vu le corps de Shera en entier, elle le cachait toujours sous son armure, de fait il n'avait pu discerner que les jasmins qu'il lui avait laissés. Mais il avait vu les lilas sur Lina, cachés derrière ses propres cicatrices. Et visiblement il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre ce qu'il se passait. Sa mâchoire se crispa. Au vu de sa tête, elle s'inquiétait autant, voire plus que lui... Tant pis, il n'avait plus le choix. Voir Lina dans cet état le mettait déjà en fureur, mais en plus que son état affecte la bonne humeur de Shera... trop, c'était trop.
« — Elle est dans sa chambre. Je peux pas rentrer. Tu pourrais...
—Je viens avec toi. »
Elle avait compris. Merci, Shera. Le roi et la générale se précipitèrent sur la porte royale, écartant tout le monde sur leur passage, puis une fois arrivé, Baku vit avec satisfaction la faux se lever, et la force surhumaine de Shera éclata la porte en deux coups, projetant des esquilles dans tous les sens. Deux d'entre elles dessinèrent des griffures sur le visage de Baku, vite refermées, mais il eut le temps de voir les jasmins fleurir sur le visage de sa concubine. De son côté, elle avait tout esquivé.
Lina était recroquevillée dans un coin, entourée d'une flaque de sang qui était de trop grande taille pour calmer Baku. Son couteau d'argent favori se tenait dans sa main droite, imbibé de liquide : Ses vêtements aussi en étaient tachés. Elle semblait s'être entaillée très profondément, cette fois. Mais le pire, sans doute, s'il y avait pire, c'était ses yeux de bête traquée, remplis de larmes et écarquillés, fixés sur quelque chose qu'ils ne pouvaient pas voir. Entendant le bruit, elle releva la tête, et se recula dans un coin de la pièce, laissant une traînée de sang derrière elle. Baku sentit son cœur tomber dans sa poitrine. Encore un jour où il n'avait servi à rien...
Shera avait été plus réactive que lui. Elle lui avait arraché le poignard des mains avant même que Baku ne puisse faire le moindre mouvement, et lui faisait à présent signe de venir la soigner. Le médecin serra les dents et ne se fit pas prier, réceptionnant sa femme d'un geste habile avant de se mettre à soigner ses blessures sans rien dire. Cette dernière, sentant le contact de son T-shirt, se cramponna à lui, manquant de déchirer le tissu, avant de se détendre, tout doucement.
« — Tu sais, Lina, ça peut pas continuer comme ça. »
Elle avait visiblement récupéré assez de contenance pour soupirer, mais ses doigts étaient toujours contractés autour du cou de Baku, même alors que ses blessures étaient refermées. Et elle n'ajouta rien de plus, laissant son mari continuer.
« Je vois bien que tu souffres. Sophia était censée t'aider à gérer ces crises, mais elle ne peut rien faire si tu ne fais pas un peu d'efforts de ton côté. M'enfermer dehors pendant que tu te scarifies n'est pas un effort. »
Elle restait silencieuse, décrochant, un doigt après l'autre, son poing du T-shirt désormais imbibé de sang de Baku. Ce dernier se tut. Il ne pourrait pas discuter avec elle tant qu'il ne serait pas certain qu'elle ne voyait plus rien. Ses dons lui donnaient la possibilité de détecter lorsque quelqu'un faisait des hallucinations post-traumatiques : Mais il n'était pas assez entraîné pour pouvoir les décrypter. Dommage. Savoir ce qui arrivait à Lina, sans que cette dernière ait besoin de lui dire, l'aurait tellement aidé...
Il se sentait impuissant et incapable, mais visiblement Shera ne partageait pas son état d'esprit, vu qu'elle était venue se coller aux deux autres, un air de chiot apeuré sur son visage.
« — Tu sais Lina, je m'inquiète moi. J'aime pas quand tu te fais du mal comme ça... Tu devrais venir me faire un câlin la prochaine fois que ça va pas, plutôt que te blesser... »
Shera, tu es un amour. Baku mourait d'envie de l'embrasser maintenant. Mais bon. Plus tard. Ils devaient s'occuper de leur âme sœur commune qui ne disait toujours rien dans leurs bras. Baku sentait que les visions avaient disparu : Maintenant, espérait-il, Lina devait juste réfléchir à la bêtise de son geste. Espérons-le.
Le regard de cette dernière fut attiré par les poignets de Shera, que cette dernière avait toujours de libre, et elle serra les dents en voyant les lys. Ses doigts achevèrent de se détacher de Baku, et elle se laissa de nouveau glisser dans les bras de Shera, tandis que leur partenaire les récupérait toutes les deux contre lui et les allongeait sur le lit pour une séance de câlins réconfortants. Lina, prise en sandwich, ne put plus rien faire. Elle soupira.
« — Désolée...
—C'est pas grave, Lina. Mais tu arrêtes, maintenant. D'accord ? »
Elle ne répondit rien. Elle se laissa juste enserrer entre les deux autres.
Aucun mot ne fut plus prononcé dans cette chambre. Ils n'en avaient pas besoin.
#5
Les fleurs, les fleurs, les fleurs ! Il n'entendait plus parler que de ça !
Qu'est-ce que ça pouvait le soûler que d'entendre encore et toujours les autres se vanter de leurs fleurs ! Oui, il avait vu les lilas sur Lina en plus des jasmins, et il savait pertinemment que ce n'était pas lui vu que la seule autre personne à en porter était Baku, et là ce serait glauque quand même. En plus les marques ne correspondaient pas. Et est-ce qu'Asura était vraiment obligée d'afficher ses roses noires à tout va ? Nom du Créateur, ça va, vous êtes heureux, soyez heureux ailleurs que sous mon nez !
C'était ce genre de pensée qui occupait encore et toujours l'esprit de Mairù alors qu'il fixait ses bras tous dénués de fleurs. Lui, il n'en avait pas une seule. Et ce n'était pas faute de tomber amoureux. Mais non, lui, rien. Est-ce qu'il était maudit ? Même l'univers semblait lui dire d'allait se faire foutre, et c'était la sensation la plus horrible qu'il ait jamais ressentie ! En ayant une certaine expérience de la chose !
Même après avoir rencontré Désir et plissé les yeux devant son bras droit recouvert de camélias, il était toujours en proie à ce genre de pensées. Toujours pas de fleurs. Et puis nom du Créateur, Désir avait plus de cent mille ans, c'était une déesse, elle avait forcément dû rencontrer son âme sœur avec une fleur et des blessures identiques aux siennes ! Comment expliquer autrement que lui n'en avait pas ? Ça le minait, c'était horrible.
Même quand elle lui avait dit « Je t'aime », après qu'il ait gagné l'immortalité, il était toujours en proie au doute. L'entente était parfaite, tant sur le plan charnel que spirituel, il l'aimait aussi, tout allait bien pourtant. Mais ils vivaient dans un monde cruel, un monde ou la personne avec qui tu devais finir se décidait dès la naissance. Connerie. Mais connerie qui ne l'empêchait pas de craindre, au plus profond de lui-même, de se faire de nouveau abandonner. Et il ne le supporterait pas, cette fois. Pas encore. Pas encore. Pas encore.
Il soupira, les yeux fixés vers le lointain de Wattpadia. Il détestait cet univers. Des fleurs détectrices de douleur. Et puis quoi encore ? Le premier mot que disait son âme sœur ? Un symbole particulier ? Non, mieux, le premier fantasme. Ça, ça serait marrant.
Carolyn chouina, dans son couffin juste à côté de la fenêtre. Cela le détourna de ses pensées. Il avait toujours sa fille. En espérant qu'elle n'ait pas autant à souffrir que lui. Pour l'instant, elle n'avait pas une seule fleur : Heureusement d'ailleurs, vu qu'elle n'avait que deux mois. Il lui sourit, avant de s'avancer pour la récupérer ; mais, au même moment, un picotement traversa son épaule et il se crispa, la main contractée sur le point de la douleur. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant, et avait certes vu bien pire ; Mais depuis sa prise d'immortalité, il n'avait plus ressenti la moindre douleur. Alors, pourquoi maintenant...
Un regard rapide dans le miroir lui donna la surprise de sa vie. Il ne s'agissait pas d'une dégénérescence ; En fait, il ne s'agissait même pas d'une blessure. Une marque de crocs se dessinait certes sur son épaule gauche, ce qui était déjà surprenant vu que jamais de sa vie un animal ne l'avait mordu ; Mais le plus étonnant, c'était que cette marque de crocs ne se dessinait non pas en trous dans sa peau, mais en pivoines, qui traçaient un motif rouge et rose sur sa clavicule. Les fameuses fleurs. Pour la première fois, son âme sœur avait été blessée.
Il ne savait pas s'il devait en ressentir du soulagement ou de la peur. Avoir une âme sœur maintenant, alors qu'il était heureux en ménage, retournait tous ses plans de même que toutes ses peurs. Et s'il était obligé de quitter Désir ? Brrrr, il ne voulait même pas y penser. D'ailleurs, il se demandait bien pourquoi maintenant. Ça faisait bien quarante ans qu'il roulait sa bosse sur Wattpadia, et sa première blessure retransmise, c'était maintenant ? Vraiment bizarre.
Carolyn pleurait toujours, dans son couffin. Mais un autre bruit l'accompagnait. Un halètement, avec un bruit de... Goutte-à-goutte ? Bon sang qu'est-ce qu'il se passait ? Il se précipita dehors, prêt à défendre sa fifille, toutes griffes dehors... Et pila net en voyant sur le balcon Désir, la main crispée sur son épaule, un sourire tordu par la douleur sur son visage. Le sang coulait d'entre ses doigts.
« — Désolée sucre d'orge, je t'ai fait peur ? J'ai eu un petit ennui avec Soleil, visiblement il avait envie de se battre avec moi... Je n'ai même pas pu m'enfuir qu'il m'avait déjà mordue, ce sale cabot ! »
Le sang avait déjà cessé de couler, et Désir finit par retirer sa main, dévoilant aux yeux ébahis de Mairù la même marque de morsure que ses pivoines dessinaient sur sa propre épaule. Figé net, il ne put même pas aller la prendre dans ses bras. Ou même proférer un bon nombre de menaces à l'encontre de Soleil, comme il l'aurait fait à son habitude.
Désir, voyant sa surprise, pouffa, et s'essuya les mains sur un rideau non loin avant de prendre Carolyn dans ses bras, et de tourner son visage vers celui de son père.
« Regarde ça ma puce, les yeux de merlan frit de papa ! C'est drôle hein ? »
Le nourrisson se mit à gigoter en babillant, les mains tendues vers Mairù qui affichait toujours, d'ailleurs, cette même tête de merlan frit. Il avait du mal à en croire sa chance. Toutes ces années de doute pour tomber sur la seule déesse au monde à ne pas s'exposer au moindre combat ? Ah ben ça. Quelle ironie.
Désir se dirigea vers lui et lui cala Carolyn dans les bras, avant de se mettre sur la pointe des pieds et de l'embrasser sur la joue.
« — Je t'aime, espèce d'idiot. Je compte pas t'échanger pour qui que ce soit d'autre. »
Mairù sourit, et l'enlaça. Pour la première fois depuis quarante ans, il se sentait vide de doute.
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Et voilà, joyeuse St-Valentin ! Plein d'amour sur vous et pluie de roses dans votre face (sans les épines, bien sûr) !
Et merci Ambre pour l'idée XDD
Sur ce je vous laisse avec ça, je vais faire un tag. XDD
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