Au delà du point de non-retour

Alors messieurs dames, votre humble servante tient à vous prévenir avant que vous ne lisiez ceci : C'est du spoil monumental. Il s'agit d'une scène canon de l'arc 4 de Lysara, donc du tome six, et plus précisément de la fin du tome six, qui va vous révéler ce qu'il se passe à la fin et pas mal de choses sur le personnage de Mairù durant Lysara.

Accessoirement, je souffre. Cette nouvelle est angsty à souhait et même si il l'a bien cherché et que cette scène était obligatoire dans l'évolution de Mairù et Asura, elle a réduit en pièces un de mes ships à Lysara et de manière bien violente. Donc les asurù shippers... Vous risquez d'avoir mal.

Sur ce je vous laisse avec le spoil.
















Il tournait dans les couloirs du palais de Wattpadia depuis voilà bien deux heures, guettant le moindre bruit, la moindre perturbation magique. Le combat contre les clichés, contre Amour, vraisemblablement à leur tête, avait pris fin voilà une heure environ, mais il ne pouvait s'empêcher de guetter le moindre bruit, la moindre attaque, le moindre être cliché qui se serait attardé. La nuit était tombée, pourtant. Il n'y avait plus personne sur le champ de bataille, tout juste ses alliés qui collectaient les corps. Ou était-ce vraiment ses alliés... ? Il ne savait pas. Il ne savait plus.

Avec tant de rebondissements dans cette histoire il était perdu. Luttait-il aux côtés de Wattpadia ou de Xattpadia ? Le fait qu'on l'empêche de sortir voulait-il dire qu'on s'attendait à le voir aux côtés des clichés, comme autrefois ? Que voulait vraiment Désir au final, enfouie dans cette cave avec la flamme violette depuis le point du jour ? Et lui ? Que voulait-il ? Auprès de qui luttait-il ? Qui était-il ?

Un grognement s'échappa de ses lèvres alors qu'il se grattait avec frénésie la peau de son crâne, de nouveau envahi par la douleur provoquée par ce genre de questions. La peau se décolla presque complètement sous ses doigts, et un nouvel accès de souffrance le cloua au sol alors que l'essence s'échappait de la plaie formée. Il s'obligea à se calmer, prenant une grande inspiration, avant de repasser la main sur la brèche qu'il avait lui-même ouverte, et soupira de soulagement lorsqu'il sentit cette dernière se refermer, emprisonner tout ce qui le constituait dorénavant.

Mairù n'était pas dupe. Il savait pertinemment qu'avec tout ce qu'il avait fourni comme puissance à Désir, son cerveau atteignait ses limites. Il allait mourir dans très peu de temps. S'il sortait se battre, sans la moindre protection ou le moindre contrôle, la dernière énergie qui constituait son corps allait achever de ronger sa conscience, le rendant incapable de se contrôler, et là... Adieu, monstre que personne ne regretterait. Peut-être réussirait-il à rendre l'explosion utile, et là peut-être qu'on cesserait de parler de lui en des termes aussi péjoratifs. Peut-être. Ou alors ce serait comme de son vivant, et honnêtement au point où il en était, il ne s'en porterait pas plus mal. Il avait touché le fond au point de ne même plus frémir lorsque les gens murmuraient les terribles paroles dans son dos. « Abomination », « monstre », « traître à Wattpadia ». Ce genre de choses.

Il allait mourir bientôt, il allait mourir haï et s'y était résigné. Mais avant, il y avait juste... Une chose, qu'il voulait encore accomplir. Il voulait voir Asura. Pour s'excuser, expliquer ses raisons, tenter une dernière fois de recoller les morceaux, ou cracher toute sa haine envers Nru, toute sa rancœur envers elle ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. La seule certitude dans sa tête, c'était qu'il voulait que son visage soit le dernier à s'imprimer dans sa tête, son dernier souvenir avant de quitter ce monde. Une lubie quelconque, peut-être, mais il prenait ça comme sa dernière volonté.

Il était donc en quête d'Asura dans les couloirs. Oui. Ça devait être ça, son objectif. C'était pour ça qu'il errait depuis tout à l'heure. Il devait la trouver. Lui parler.

Enfin, au détour d'un couloir, il l'aperçut. La flamboyante chevelure rouge sombre de son amie, qui venait d'apparaître derrière un coin du mur. Elle avait les yeux cernés et ses lunettes de travers, son visage était penché sur un rapport et en plissant les yeux, Mairù put voir le bandage qui entourait son flanc droit et son cou, dissimulé par son vêtement. Elle s'était battue aujourd'hui, contrairement à lui. Et elle avait été blessée. Cette seule idée lui comprima le torse avec une force énorme. Quelqu'un l'avait blessée. Un cliché ? Un autre ennemi ? Est-ce qu'il était mort, est-ce qu'elle l'avait tué en guise de représailles ? Est-ce qu'il aurait pu éviter ça s'il avait été là ? Si elle avait accepté de se battre à ses côtés ?

Elle ne l'avait pas vue, toute à ses papiers. C'était bien son genre de travailler, même blessée ; Alors, il se racla la gorge, avant de tousser un peu pour attirer son attention. Et, voyant qu'elle ne réagissait toujours pas, son dernier recours, de l'appeler.

« ... Asura ? »

Elle releva la tête. Son œil, vidé de toute émotion, se teinta d'une froideur sans égale alors qu'elle reconnut la personne qui se tenait devant elle, hésitante. De quand datait leur dernière confrontation ? Du tournoi ? Oui, sans doute... Elle devait garder en mémoire uniquement ce moment où il avait fait son ultime carnage, blessant Selene et Shinju, tuant Anastasia, et manquant de mettre fin, une fois pour toutes, à la vie de Nru. Elle avait été la seule épargnée par la faucheuse ce jour-là, pourtant, elle devait être celle qui en concevait le plus de haine envers lui. Son regard glacial le prouvait. De même que la température bien en dessous des limites de son ton, lorsque, voyant qu'il n'ajoutait pas un mot, elle se décida à ouvrir la conversation.

« — Tu voulais quelque chose ? »

Il serra les dents. Il ne savait même plus ce qu'il voulait. Il avait juste mal. Il voulait juste la voir. Lui parler. Juste une dernière fois...

« Si tu ne veux rien, je vais m'en aller. J'ai du travail, moi.

Non ! Il allait perdre sa dernière chance de s'exprimer ! Il ne pouvait pas... La laisser partir, pas comme ça, pas maintenant, pas sur ces mots ! Il fallait qu'il lui parle, qu'il s'explique, qu'il... N'importe quoi.

—Attends ! je... »

Elle plissa les yeux devant sa pitoyable tentative, mais resta immobile, son regard toujours aussi froid. Il se sentit bleuir, quelque part, devant la prestance qu'elle affichait. Combien il avait aimé cette femme... Combien il souffrait de voir son ressenti. Il balbutia quelques mots, perdu, sans savoir ce qu'il voulait. Juste faire durer la conversation. Juste ça. Juste ça. Juste ça.

« Je voulais... Seulement.... Seulement te parler...

—Eh bien tu m'as vue. Tu m'as parlé. Maintenant, si tu permets...

—Asura, c'est... Important. »

Elle soupira, avant de mettre ses dossiers sous son bras, retenant un cri de douleur lorsqu'ils touchèrent le bandage. Elle ne semblait pas décidée à partir. Mais elle ne semblait pas décidée à lui accorder ce qu'il voulait non plus. Non, bien au contraire. Elle le fixait avec de tels yeux, une telle glace dans le regard, qu'il se sentait trembler d'une cascade d'émotions diverses. Peut, honte, culpabilité aussi sans doute. Mais aussi amour, respect et dévotion. Tant de choses...

« — Important, hein ? Sans doute t'es-tu enfin décidé à me faire les excuses que tu me dois depuis plus de sept ans. Peut-être que tu vas enfin me dire que tu disparais de ma vie pour de bon, à un endroit où tu ne feras plus jamais de mal ! Alors dis-moi, Mairù, de quoi voulais tu me parler, si ça semble si important pour toi ? »

La violence de ses paroles frappa Mairù comme un coup de poing en plein cœur. Enfin. S'il avait eu un cœur. Mais l'effet était tout comme. Les larmes lui montèrent aux yeux, faisant fumer ses globes oculaires devant le caractère corrosif qu'il ne parvenait même plus à contrôler. Il ne pouvait plus ajouter un mot de plus. Oui, il allait mourir. Oui, il allait sûrement lui dire, du moins il en avait eu quelque part l'intention. Mais ses paroles, le fait qu'elle semblait attendre ça avec une impatience que jamais il n'aurait cru ressentir dans sa voix, la froideur de son attitude, les cristaux de glace qu'il pouvait presque sentir se former dans son ton, tout ça, toute cette haine qu'il voyait transpirer d'elle, il le sentit comme si bien avant son corps, son esprit avait rendu son dernier soupir. La douleur l'envahit, il était bien près de faire sa dernière crise avec quelques heures d'avance sur son programme. Pourtant, il parvint à se contrôler. Était-ce lui, ou bien Désir lui était-elle venue en aide de par le dernier lien qui le rattachait à ce monde, l'amplificateur qu'elle lui avait donné ? Il ne savait pas. La seule chose qu'il avait de sûr, c'était le regard glacial de la femme qu'il aimait, la haine qui se concentrait sur lui à un point inimaginable.

Asura, voyant qu'il ne continuait pas, plissa encore davantage les yeux, avant de lancer, encore plus de venin projeté dans sa voix :

« Tu ne dis rien ? Peut-être que tu sais qu'au final tu n'as absolument rien à dire ? Depuis le départ tu refuses d'admettre tes fautes, tu refuses de considérer que c'est de ton fait que tu as brisé ce que tu appellerais le bonheur, que tu as mis le chaos toi-même ! Tu as manqué de tuer Nru non pas une, mais deux fois, ta trahison a conduit à la mort d'une des nôtres et aujourd'hui le peuple tout entier se bat pour sa survie et toi tu n'es même pas là, trop occupé à tenir le rôle de l'absent comme tu sais le mieux le faire ! »

Sa voix montait de volume, son visage était de plus en plus crispé et elle ne se préoccupait même plus de ses dossiers, tombés au sol. Pourtant, elle conservait son attitude fermée, les bras croisés, le regard froid, rien d'autre que la violence de ses paroles et les rides entre ses sourcils ne démontraient toute la puissance de sa colère. Une colère tellement juste, tellement légitime, se dit Mairù, qu'il ne pouvait même pas y réagir. Il encaissait. Mal.

« Tu es parti au moment où j'avais le plus besoin de toi, sans un mot, sans même que je sache si tu allais revenir ! Et lorsque tu l'as enfin fait, plutôt que de me donner des justes excuses, tu t'es mis en tête d'éliminer la personne qui a été là pour me soutenir à ta place, sans même penser à l'impact que ça aurait pu avoir sur moi ! Est-ce que tu as seulement pensé à moi pendant ta réflexion ? Ou est-ce que tu t'es concentré sur ton petit égoïsme ? »

Mairù ne disait toujours rien, immobile sous le poids des reproches. Ses yeux le brûlaient, il y voyait mal, il avait l'impression que le moindre de ses mouvements pouvait déclencher l'horreur. Il avait beau sentir, au plus profond de lui-même, qu'elle avait raison, il ne s'attendait pas à ça pour sa dernière conversation. Un moment il envisagea de lui exprimer son destin proche, une issue contre laquelle il avait cessé de lutter après le tournoi des Quatre : Mais quelque chose lui disait que même en apprenant sa mort prochaine, elle n'adoucirait pas le ton, ne retirerai pas la moindre de ses insultes. Elle serait heureuse de le voir mourir. Elle ne le regretterait pas. Personne ne le regretterait. Il était devenu le monstre qu'il avait longtemps méprisé, et qui regrette les monstres, à part ceux qui s'en servent ? A quoi bon tenter de sauver des vies à présent, si aucune de ces vies n'accepterait son sacrifice ? Il était à deux doigts de se laisser exploser maintenant, de mettre fin à ses tourments en apothéose, et tant pis si tout ce que les autres avaient entrepris échouait, il n'en avait plus rien à faire, il voulait que tout s'arrête, que tout s'arrête, que la souffrance disparaisse, qu'il n'y ait plus rien. Mais une sensation à l'arrière de son crâne l'empêcha de faire quoi que ce soit, même pas de relâcher tout contrôle sur ce qu'il restait de lui. Et il se contenta de fixer Asura dans les yeux, immobilisé par sa douleur, par sa haine de lui-même, par les mots enfoncés profondément dans son âme, plantés comme des pieux dans sa conscience.

Elle ne disait rien. Après sa tirade, elle s'était contentée de prendre une profonde inspiration. Il voulait parler, combler le silence, lui exprimer tout son amour, toute sa souffrance, il était même prêt à lui faire ces fameuses excuses, à se prosterner si il le fallait, tout pour que la brûlure s'atténue, qu'il retrouve une raison de vivre, une raison de sauver des vies. Mais il savait qu'il était trop tard. Il avait dépassé le point de non-retour et personne ne pourrait sauver sa relation avec elle, tout comme personne ne pouvait plus sauver son âme à présent.

Asura poussa un profond soupir, avant de porter ses mains à son cou. Un discret glissement de fermoir parvint aux oreilles de Mairù et il n'en crut pas ses yeux lorsqu'elle sortit de son col un collier en argent orné d'un grenat, une breloque toute simple qu'il lui avait offerte il y a très, très longtemps, bien avant de partir chez les clichés. Un cadeau d'enfance, son premier gage d'amitié. Elle l'avait gardé tout ce temps. Et, alors qu'elle le retirait de son cou, le regard plus froid que jamais, Mairù, qui croyait avoir atteint le paroxysme de la douleur, eut envie de hurler tant l'horreur s'intensifiait. Elle l'avait gardé. Même alors qu'il était parti s'entraîner chez les gourous, même alors qu'il avait manqué de tuer Nru, même alors qu'il s'était allié à Désir. Elle l'avait gardé et si aujourd'hui elle l'ôtait de son cou cela ne pouvait signifier qu'une seule chose.

Elle récupéra ses dossiers au sol avant de se diriger droit vers Mairù et de lui plaquer le collier sur le torse, avant de lui porter le coup de grâce.

« Tiens. Tu peux le ravoir. Je ne veux rien venant de toi. »

Et elle partit. Sans même lui laisser le temps de dire un mot. Sans plus rien dire.

Le bijou tomba sur le sol. Le tintement résonna dans les tympans de Mairù. De même que le horrible hurlement venant des profondeurs de son âme, qui venait briser ses dernières barrières en même temps que cette ultime attaque, qui rompait la digue qui retenait ses larmes et les derniers restes d'espoir qu'il avait pu avoir. 

________________________________________________________________________________

Vous comprenez mieux pourquoi j'ai mal ?

Oui, il l'a cherché, oui, la relation aurait été toxique si je l'avais bâtie telle quelle à la fin de l'arc 4, mais quand même, je suis une ordure.

Je l'ai pas écrit pour ne pas adoucir le angst mais Désir, suite à cette scène, lui a littéralement sauvé la peau. Shera l'a envoyé à la cave avant qu'il ne se donne l'occasion d'exploser et c'est là qu'il s'est rendu compte que même si il avait complètement perdu sa meilleure amie et la femme qu'il aimait, bah... D'autres personnes s'étaient attachées à lui. Ce qui l'a fait remettre son suicide à plus tard, jusqu'à ce que finalement il ne tombe amoureux de Désir et se fasse stabiliser, lui rendant ainsi sa santé mentale.

Sur ce je vous laisse, j'ai écrit cette nouvelle avec la musique en média et je dois aller renifler un coup.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top