Un début d'année assez mouvementé
Jeudi 2 septembre 2021:
C'est aujourd'hui le jour de la rentrée, c'est-à-dire le jour le plus important de l'année. Pendant ces deux mois, qui m'ont d'ailleurs semblés interminables, je suis partie en Bretagne avec ma grand-mère russe (la mère de ma mère). Elle s'appelle Екатерина (Ekaterina en français) mais tout le monde (à part sa famille) l'appelle Catherine. Ces vacances se sont ponctuées de plusieurs éléments troublants mais je passe les détails.
Aujourd'hui, j'ai décidé de m'habiller de façon neutre, c'est-à-dire que j'ai simplement enfilé un sweat à capuche noir et un jean (noir également). Mes 5 frères et sœurs font également leur rentrée (c'est logique).
Antoine, qui a 13 ans, entre en 4ème. S'il y a un de mes frères et sœurs qui m'épaule au quotidien, c'est bien lui.
Ensuite, il y a les jumelles, Élise et Emma, qui entrent en 6ème. Elles sont très mignonnes mais elles sont aussi capables de se transformer en de véritables jumelles infernales.
Après vient Louis. Lui, il entre en CP. Il est la plupart du temps insupportable mais je l'aime quand même (c'est mon frère).
Enfin il y a Chloé. Chloé c'est la petite dernière de la fratrie, et elle entre enfin en maternelle.
Vous vous dites peut-être que ma mère doit être vieille, vu les écarts d'âge entre les différents membres de la fratrie. En vérité, elle n'a que 39 ans. Oui, elle m'a eue très tôt, dans les environs de ses 25 ans. Plus précisément, elle m'a eu à 24 ans, mais tout le monde s'en fiche pas mal.
Bref, revenons à nos moutons. Donc je suis habillée d'une façon plutôt sobre, je marche tranquillement, seule, dans le couloir. Lorsque j'ai aperçu la fiche de ma classe, j'ai sauté de joie (intérieurement). Mon professeur principal était en fait une vieille amie de mon père. Ça fait tellement d'années que je ne l'ai pas vu que je suis quasiment sûre qu'elle ne va pas me reconnaître, moi la petite fille enjouée qui portait toujours des couleurs vives.
Je crois d'ailleurs que cette enfant qui faisait partie de moi s'est envolée. Ne reste plus que cette jeune femme sombre, la pauvre Louise qui a perdu son père prématurément.
Quand je suis entrée en classe, j'ai tout fait pour me fondre dans la masse. Bien entendu, il a fallu que mon entreprise échoue. Mme Le Gall (la professeure) m'avait reconnue. Il avait fallu qu'elle hurle presque mon nom à travers la classe. Bien sûr, elle s'est tout de suite rendue compte de sa gaffe et a baissé d'un ton.
Nous sommes restés (ma classe et moi) en classe avec Mme Le Gall pendant plus de 2 heures puis chacun est rentré chez lui.
Antoine s'est chargé des jumelles et je suis allée chercher Louis et Chloé. Ils étaient tous les deux tellement enjoués par leur première journée que j'ai versé ma petite larme. De les voir si heureux, tous les deux, ça me faisait vraiment chaud au cœur. Après tous ces mois difficiles, ils se remettaient enfin à rire, comme des enfants « normaux ». Quand je dis normaux, je veux dire des enfants qui n'ont pas vécu ce que notre famille a vécu. Mon frère et ma sœur, qui avaient assisté à la mort d'un être cher, se relevaient et commençaient à se remettre de leurs blessures.
Lorsque nous sommes rentrés, Antoine était là avec les deux jumelles et notre mère n'était toujours pas rentrée. Il faut dire que, maintenant qu'elle avait repris le travail, elle faisait des heures supplémentaires tous les jours.
Vers 20h, on avait fini de dîner et tout le monde s'était lavé. J'ai laissé Antoine et les jumelles dans le salon pendant que je couchais Louis et Chloé, qui partagent une chambre. Ils se sont endormis paisiblement, tous les deux dans le même lit, comme à leur habitude depuis le drame.
Quand je suis arrivée dans le salon, Antoine m'a dit que maman était rentrée puis était allée se coucher. J'ai soupiré et j'ai mis les trois petits au lit.
Je suis ensuite allée me coucher; je me suis endormie presque 2h plus tard.
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Samedi 4 septembre:
Quand je me suis réveillée ce matin, je me suis rendue compte de la situation actuelle. Je n'ai plus de vie! Tous les matins, je dois amener Chloé et Louis à l'école. Ensuite, après les cours, je dois aller les chercher. Ensuite... en fait je vis la routine d'une mère. Honnêtement, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans Antoine, qui rentre tous les soirs en bus avec les jumelles. Quand je vais au conservatoire, ce qui arrive 4 à 5 fois par semaine pendant une durée de temps qui varie entre 30 min et 1h30, j'appelle Baba (ma grand-mère). Elle s'occupe des petits jusqu'à ce que je rentre. Bref, on se débrouille comme on peut.
Il est 10h du matin quand je reçois un appel de ma grand-mère paternelle. Je donne tout de suite mon téléphone à Antoine: même si je ne veux pour l'instant plus leur parler, je ne peux pas priver ma fratrie de leur famille. Elle doit sûrement appeler pour nous demander comment nous allons et comment s'est passée notre rentrée. Comme d'habitude, Antoine répond que je suis occupée, mais cette fois, elle insiste.
« Antoine, je sais très bien que Louise ne veut pas me parler mais passe la moi tout de même. »
Antoine m'a rendu mon téléphone et je suis allée m'isoler dans ma chambre pour ne pas m'emporter devant mes frères et sœurs. Elle m'a ressorti les vieilles questions: comment tu vas?; tout va bien au lycée?...
Moi, j'ai essayé de rester calme, je le promets, mais je n'ai pas réussi... je n'en pouvais plus.
« Non ça ne va pas bien! J'ai perdu mon père, mes amis, je m'occupe seule de mes frères et sœurs! Donc non ça ne va pas bien et ce n'est pas en me le demandant tous les jours que ça va changer! »
C'est là-dessus que j'ai raccroché. J'ai regretté d'avoir été aussi violente, moi qui m'étais promis de renouer avec ma famille. Je me suis alors jurée de m' excuser, mais plus tard, pas aujourd'hui. Non, pas aujourd'hui...
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