- Chapitre 4 -

(Note de l'auteur : il y a deux chapitres en un, j'ai rajouté 1000 en réécrivant le début de ce chapitre. Il est donc long pour le moment et compte 2200 mots contrairement aux autres qui en comprennent 1000.

Voilà hihi, bonne lecture ! ^^)

PDV : Lou

[Inconnu(e)
Je suis un mec.]

— Alors ? s'empressa de me demander Lola, la curiosité débordant dans son regard.

— C'est un garçon.

Elle poursuivit, levant les yeux au ciel d'un air rêveur et serrant contre elle un coussin :

— On dirait un roman où l'héroïne reçoit les messages d'un inconnu et qu'ils finissent par tomber éperdument amoureux l'un de l'autre...

— Sauf que ça n'en est pas un. Et puis, comment veux-tu aimer quelqu'un par message ? Impossible.

— Comment peux-tu en être si certaine ? répliqua-t-elle en levant un sourcil.

J'hésitais, avant de rétorquer :

— C'est peut-être une fille, et j'aime les garçons.

— D'accord, tu marques un point. Mais tu peux quand même t'attacher à lui...

— Je te dis que non ! Par message, tu ne développes aucun sentiment, voyons.

Elle s'impatienta, et changea alors le sujet. J'avais donc bien raison.

— Et sinon, Lou, tu comptes lui répondre ?

L'hésitation prit place dans mon esprit. Devant moi, les deux jumelles me regardaient, attentives à ma réponse. J'inspirai alors, et lâchai la meilleure des résolutions.

— Je le ferai plus tard. Après tout, vous êtes là, vous.

Rina se détendit et je vis un léger sourire s'afficher sur ses lèvres. Je ne regretterais pas ma décision.

— Ok, on verra ça demain... soupira Lola, sûrement déçue.

— On se couche ? proposai-je.

Les filles acquiescèrent et après avoir vérifié que tout allait bien, j'éteignis la lumière du bout des doigts. La pièce devint sombre, seule une faible lueur parvenait à franchir mes rideaux. Des flocons de neige tombaient timidement, couvrant la ville d'un manteau blanc. En bas, la télévision était allumée, mes parents probablement devant. Mais notre soirée n'était pas terminée non plus. Ce fut Rina qui brisa le silence la première.

— Lou... si tu devais définir l'amitié, que dirais-tu ?

Sa question m'étonna, il est évident que je ne m'y attendais pas. Je me retournai dans mon lit, et lorsque mes yeux collèrent le plafond, je me décidai à donner ma réponse.

— L'amitié ? Je dirais que c'est une chose précieuse qu'il ne faut pas prendre à la légère. Parfois elle est fausse, parfois sincère, mais toujours unique. Si tu n'arrives pas à prendre conscience qu'elle existe, si jamais tu ne fais aucun effort pour la maintenir, il se pourrait qu'elle disparaisse.

Je me tue, hésitant à continuer. Les filles ne parlaient pas. Alors une dernière phrase franchit mes lèvres.

— Mais il arrive parfois qu'elle parte, sans que tu ne saches pourquoi. Et cette raison, c'est sans aucun doute la plus douloureuse de toutes.

Un silence s'installa à nouveau. Je continuai :

— Et vous ?

Curieusement, ce fut Lola qui me répondit.

— Pour moi, c'est une marque d'affection, une façon de montrer que tu tiens à une personne. Mais je te rejoins : c'est quelque chose d'indéniablement précieux. Rina ? À toi.

— Je suis d'accord avec vous deux. Et de mon côté, une amitié est fondée sur la communication, la confiance, et la bienveillance. (Elle marqua une petite pause en attente d'une réaction, mais ne la sentant pas venir, continua.) Et vient un stade à la relation ou si un de ses piliers n'est pas respecté, elle commence à s'effondrer.

— Exactement ! s'exclama Lola. Une amie est une personne sur qui nous pouvons compter, quelqu'un qui t'aidera toujours malgré les circonstances. Et nous pouvons lui dire tous ses maux de cœur, ses plus profonds secrets.

Elle appuya sur le mot "tous" et je pris alors peur. Elles ne pouvaient quand même pas savoir ça.

— Lou. Et nous ? Sommes-nous des amies à tes yeux ?

— Bien sûr, affirmai-je alors, n'hésitant pas une seule seconde. Quelle question !

J'entendis Lola se redresser sur son matelas, et elle haussa la voix.

— Si nous sommes vraiment tes amies, alors pourquoi tu ne nous le dis pas ?! Pourquoi tu garde ça pour toi ?!

— Dire quoi ? Lola, Rina, je ne comprends pas !

— Ce que Lola essaie de te dire, c'est que tu dois nous confier ton secret. Arrête de le cacher, dévoile-le. Tu as le droit de nous le dire, quand ça ne va pas.

— Vous dire quoi, je ne vous cache rien !

— Ne mens pas ! s'énerva alors Rina.

— Mais je ne mens pas !

Lola m'agrippa par le bras.

— Si, tu mens ! En parlant d'amie, tu en as déjà eu une !

— Lola, calme-toi ! lui lança sa jumelle, elle aussi en colère à la vue des traits tirés sur son visage, dessinés par les faibles rayons de Lune.

— Non, je ne me calmerai pas ! Je sais tout, et je ne te lâcherai pas avant que tu nous le dises !

J'étais bouche bée. Mes battements de cœur s'accélérèrent et ma peur s'agrandit. Comment pouvait-elle le savoir ?

— Attends... ce n'est juste pas possible. Comment es-tu au courant ?

— Parce que je suis ton amie.

— Mais, ce n'est pas une raison, et je ne l'ai dit à personne !

— C'est quelqu'un qui me l'a dit. Et je ne te dirais pas qui c'est.

Vexée, je me tue. Qui avait bien pu lui dire ? Personne n'était au courant, normalement. Même ma mère ne savait pas l'histoire entière. Qui ? Où ? Pourquoi ? Comment ? Je tentais de rassembler les pièces du puzzle, mais il était évident qu'il m'en manquait une. Quand pourrai-je la trouver ? Les filles me le diraient-elles ? Je n'étais certaine de rien.

— Les filles. Que savez-vous ?

— Tout ce qui c'est passé... avec cette fille.

— Vraiment tout ? Mais s'il vous plaît, qui vous l'a dit ?

— Bon, d'accord, m'avoua enfin Lola en roulant des yeux. Je pense que c'est.. c'est l'inconnu dont tu nous as parlé, celui qui t'a envoyé des messages.

La discussion s'était arrêtée là. Je ne pouvais plus rien dire, mes lèvres étaient glacées entre elles, plus que mon petit cœur. Cet inconnu me connaissait réellement, moi et mes amies. Et il était au courant de choses qu'il ne devait pas savoir.

Rina s'était déjà retournée sous ses draps, et Lola fît de même. Un "bonne nuit" plus tard, tout serait oublié. Serait-ce ça, l'amitié ?

***

Le lendemain matin, mon estomac était tout noué. J'avais peur de découvrir le comportement des filles, et je descendis alors me réfugier discrètement dans la cuisine, où ma mère préparait des crêpes en sifflant une mélodie que je ne reconnaissait pas.

— Bonjour, maman. Bien dormi ?

Elle sursauta légèrement, se retourna, et m'adressa un grand sourire.

— Comme une enfant. Et toi ?

— Hum-hum, moi aussi.

Je m'assis autour de la petite table, mais ma mère ne lâcha pas l'affaire et continua la conversation.

— Tes amies sont réveillées ? Oh, j'espère qu'elles ont bien dormi...

— Ne t'en fais pas, la rassurai-je. Je suis sûre que oui.

Mon regard parcourut la pièce jusqu'à tomber sur la pile de crêpe. Une étincelle se lut dans mes yeux, puisque ma mère me tendit l'assiette.

— Prends une crêpe, et propose à tes amies lorsqu'elles arriveront !

— J'ai entendu crêpe, s'exclama Lola en rentrant dans la pièce. Bonjour madame, coucou Lou !

Après quelques échanges, Rina arriva à son tour. Une fois les crêpes avalées, nous nous posèrent dans le canapé du salon.

— Alors, commença Lola, tu réponds à ce mystérieux inconnu ?

Leur regard débordaient de curiosité, mais je crois qu'elles en savaient bien plus que moi.

— Il a dit qu'il était un garçon, réponds-lui que tu es une fille, proposa Rina.

— Je ne dirais rien sur moi, je vais plutôt essayer de l'embrouiller. Et puis, est-ce qu'il m'a dit la vérité ?

[Moi
Comment savoir si ce que tu dis est vrai ?]

Il répondit quelques minutes plus tard, alors que j'étais en pleine partie d'un jeu de société.

[Inconnu
Tu es plus maligne que je ne le pensais.]

— Ne t'inquiète pas, remarqua Lola, tu peux lui répondre. Notre père devrait arriver d'une minute à l'autre, n'est-ce pas ?

Et elle se tourna vers Rina, tandis que je rédigeais mon message.

[Moi
Dois-je le prendre comme un compliment ?]

— Oh, justement ! s'exclama sa sœur. Papa m'a envoyé un message, il nous attend dehors !

Lola poussa un long soupir, puis les jumelles prirent leurs affaires préalablement préparées et rejoignirent leur père qui venait de toquer à notre porte.

Elles m'enlacèrent et me lancèrent un "au revoir" de la main, et la voiture partit. Je remontai dans ma chambre et repris mon téléphone que j'avais soigneusement mis dans la poche arrière de mon jean.

Un nouveau message était affiché.

[Inconnu
Prends-le comme un compliment.
Et toi ? Es-tu une fille ou un garçon ?]

[Moi
Tu ne m'avais pas dis que tu me connaissais ?]

[Inconnu
C'était juste pour voir si tu m'aurais dit la vérité.]

[Moi
D'après toi, je suis un garçon ou une fille ?]

[Inconnu
Tu es une fille.]

[Moi
Oui... ou pas !]

[Inconnu
Tu es une fille, je le sais.]

[Moi
Alors maintenant, tu vas me dire comment tu sais tout ça. Je peux porter plainte à la police, ils sont plutôt efficaces.]

[Inconnu
Je te l'ai dit : parce que je te connais.]

Les yeux absorbés par l'écran, je me surpris à sourire. Je n'en revenais pas. Cette étrange discussion m'amusait, moi, dont ma vie était dénuée de sens ! Je sentais au fond de moi qu'il n'était pas dangereux, qu'il m'était même familier. Une pensée me vint alors. J'aimerai le connaître plus, découvrir qui il est exactement. Serai-ce une des clés du puzzle ?

[Moi
Si tu veux ma confiance, dis-moi ton nom.]

Il ne me répondit que lorsque le soleil s'était presque couché - tôt pour une nuit d'hiver, aux alentours de 18h. Une journée d'attente pour cette réponse. Une réponse qui me fît bien réfléchir, à tel point qu'elle changea peut-être quelque chose en moi. Quelque chose d'enfoui profondément.

[Inconnu
Je m'appelle Antoine. Et maintenant, Lou May, et si tu me racontais ce que tu reproches à ta vie, quels sont tes regrets ?]

Il se moquait de moi. J'étais incapable de répondre à cette question pourtant si simple, et il le savait très bien. Cela n'avait aucun sens.

[Moi
Peut-être une prochaine fois, je sors courir dans mon quartier.]

Une certaine amertume s'écoula dans mon sang. Fermée, je quittai ma chambre en balançant mon portable sur mon lit, un acte incroyable de ma part, moi qui ne m'en séparais jamais.

— Ma chérie, où vas-tu ? m'interpella ma mère alors que je bouclai mon dernier lacet.

— Je sors marcher un peu, mais je reste aux alentours de la maison, promis.

Elle ouvrit les yeux en grand, suivi de son regard malicieux qui m'annonça qu'elle allait encore dire une bêtise.

— Si tard ? Tu sais que tu peux me le dire, que ton prince charmant t'attend de l'autre côté du chemin.

— Hahaha. C'est pas drôle, maman, répondis-je en pouffant malgré moi. Je reviens vite !

Un air glacial m'attendait dehors. Aussitôt la porte fermée, je m'engageai dans la nuit. Mes pas s'enfonçaient dans l'épaisse couche de neige qui couvrait le sol et dans mon cerveau, tout tournait à une allure folle.

Ce que je reprochais à mon existence, hein ? Il n'y avait pas plus simple. Ma vie n'avait rien fait, et c'était justement ça qui me dérangeait. J'aurais voulu faire quelque chose, à ce moment-là. J'aurais voulu la garder près de moi.

Au loin, un oiseau gazouillait. Il chantait si bruyamment que j'en perdais mes sens et mes repères. Un oiseau, par cette soirée d'hiver ? Ou serait-ce mon cœur, qui tournait à l'envers ?

Mon cerveau fumait encore. Je me rappelais d'elle, et de ce qui lui était arrivé. Sa vie n'avait rien demandé, alors pourquoi l'avait-elle perdu ?

Ma respiration s'accentua et je me mis à courir. D'abord doucement, puis de plus en plus vite. Mon souffle se fit plus fort, mon pouls augmenta, et mon visage devint si rouge que des gouttes de sueur apparurent. Pourtant, mes pas étaient légers. Tellement légers que j'aurais pu m'envoler.

Commençant à avoir vraiment froid malgré mon corps qui se réchauffait, je me mis à parler à haute voix.

— La vie est injuste. Elle- elle était joyeuse, elle était rayonnante, elle était ma meilleure amie et...

Ma voix se brisa et je tombai sur le sol gelé, enfonçant mes mains et mes genoux dans l'épaisse poudreuse. Sans que je ne puisse les retenir, des larmes ruisselaient sur mes joues glacées.

— Elle n'avait pas le droit de perdre sa vie. Elle n'avait pas le droit de mourir, putain... Elle est morte, et je n'ai rien pu faire !

Un crissement de neige provenant de la pénombre d'une ruelle proche arrêta mes pensées. Je me redressai, méfiante et effrayé. Une voix masculine perça l'obscurité.

— Pardon, je ne voulais pas te faire peur...

Mon regard se dirigea vers l'endroit d'où la voix avait résonné. Un jeune garçon s'avança sous la lumière d'un réverbère. Il me fixait d'un regard inquiet. Sa bouche était ouverte, et sa respiration également sèche et rapide. Son allure svelte, son air familier, et son visage mélancolique ne tardèrent pas à me rassurer. Les traits de sa bouche vinrent s'étirer, et un sourire sincère prit place sur son visage. Au-dessus de son front, des mèches blondes retombaient en désordre, refusant de s'aligner proprement. Un détail marqua alors mon esprit.

Ses yeux étaient d'un vert émeraude qui scintillait d'une façon que je connaissais. Une pièce du puzzle s'accrocha à une autre, et je compris alors. Ce garçon, j'étais certaine de l'avoir déjà vu. Ce garçon, je le connaissais.

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N'hésitez pas à votez mes chapitres et à commenter si ces derniers vous plaisent ;) ♡

Je vous souhaite une bonne journée/soirée.

Bises ! Louna

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