- Chapitre 12 -

***

PDV : Lynn

Je m'appelle Lynn Dalley et j'ai dix-sept ans. Je vis seule avec ma mère, car mon père est décédé l'année de mes trois ans. J'ai déjà perdu tout souvenir de lui et je ne me rappelle ni de sa voix, ni de son parfum. La seule chose que je sais est qu'il est mort d'une crise cardiaque pendant son sommeil.

Dans deux heures, j'allais enfin savoir si je devenais romancière ou non. Depuis mon plus jeune âge, je rêvais d'exercer ce métier. Alors, aujourd'hui, j'attendais les résultats du concours de lecture avec impatience.

─ Lynn, dépêche-toi ou tu vas encore être en retard ! me cria ma mère à travers la maison.

Couchée dans mon lit, je remis ma couette par-dessus ma tête. Ce jour tant attendu qui arrivait enfin... C'était comme un rêve prêt à se réaliser. Ou à s'effondrer.

─ Et je te rappelle que je ne t'emmène pas, continua-t-elle.

Je me redressai en sursaut et criai à ma mère :

─ Comment ça ? Mais je fais comment pour y aller moi !

J'entendis ma mère souffler puis poursuivre, sûrement en levant les yeux au ciel.

─ Je t'ai déjà dit hier que c'est le voisin qui t'emmène.

─ Ah oui... Désolée, j'avais oublié.

Maman et moi l'avions toujours appelé comme ça, "le voisin", car c'est le seul voisin à qui nous parlons. Il a dix-huit ans et s'appelle Thomas.

─ Lynn, cesse de rêver et dépêche-toi de te préparer !

Je me levai et m'habillai avec un ensemble basique. Un tee-shirt et un pantalon vintage accompagné d'une belle ceinture. Je descendis dans la salle à manger et m'assis à table en face de ma mère.

─ Tu es magnifique ma chérie. Et... garde courage. Je suis persuadée que tu peux le gagner, ce concours.

─ Merci maman, je l'espère.

Une fois le déjeuner - qui fut très rapide - fini, j'allai vers l'entrée et pris ma veste en cuir ainsi que mes nouvelles bottines. Je criai à ma mère avant de sortir :

─ Tu t'occuperas bien de ma mésange, au revoir !

Dehors, l'air était frais et agréable. Il ne me fallut même pas attendre deux minutes pour que je vois devant moi s'arrêter la magnifique voiture bleue de mon voisin. Il baissa la fenêtre et m'invita à monter. Une fois installée dans sa voiture, il engagea la conversation.

─ Salut Lynn, tu vas bien ?

─ Salut, oui ça peut aller. Tu as enfin eu ton permis à ce que je vois.

─ Ouais, elle est belle hein ? dit-il d'un air fier.

─ Magnifique. En plus, j'adore le bleu.

─ Je sais. Bon, je démarre tout de suite ou nous allons être en retard !

Je baisse la tête et fixe mes genoux. Mon ventre se serre, je pince les lèvres, et je repense à nos souvenirs. J'ai su que Thomas éprouvait des sentiments envers moi l'hiver dernier, lorsqu'il s'était approché pour remettre correctement mon écharpe blanche. Bien qu'il ne me l'ai jamais dis, cela m'interpelle à chaque fois que je le vois. Je sais qu'il m'aime. C'est évident. Seulement, je ne sais pas si ses sentiments sont réciproques. J'hésite encore. Est-il seulement comme un frère pour moi ? Je suppose que je le découvrirai plus tard. Ne pas s'inquiéter pour ce qui n'est pas encore arrivé.

***
L'heure tourna très vite et nous étions déjà entrés dans la capitale. Thomas m'expliqua :

─ On arrive dans deux minutes, alors tu descendras vite de la voiture. Moi j'irai la garer plus loin et on se rejoint plus tard, ok ?

J'acquiesçai puis baissai la tête pour le remercier.

─ Merci beaucoup de m'avoir emmenée à Paris... Si tu n'étais pas là, ma mère n'aurait jamais voulu.

─ C'est normal, allez, descends vite.

─ Merci et à tout à l'heure !

Je descendis et retins mon souffle. J'étais arrivée à Paris ! Je n'en croyais pas mes yeux. Il n'y avait que des grands bâtiments. On comprenait tout de suite pourquoi Paris était une des villes les plus connues. La capitale était juste magnifique !

Après quelques photos, je me rendis sur place, et allai dans les coulisses de la scène.

Un monsieur parla dans son mégaphone : "Tous les candidats sont priés de se rendre sur scène."

Je ne bougeais plus, regardant les autres exécuter cet ordre. Le stress et l'excitation me rattrapaient.

"Lynn ! Lynn !"

Thomas arriva en courant.

─ Lynn !

─ Je suis là. Pourquoi cries-tu ?

Il souffla, posant ses mains sur ses genoux, puis m'expliqua :

─ Ouf, je suis rassuré. J'ai entendu dire qu'une fille était tombée dans les pommes et j'ai eu peur pour toi.

─ C'est gentil, mais arrête de toujours t'inquiéter pour moi. Je suis assez grande.

─ Ce n'est pas question d'être grande ou pas, imagine si ça avait été toi à la place de cette fille !

Je continuai d'un air neutre, sans bouger.

─ Et bien ? Ce n'est pas si grave de tomber dans les pommes. Elle finira par se réveiller.

─ Oui je sais, mais pour toi c'est différent !

─ N'importe quoi. Pour moi ça aurait été la même chose.

C'est à ce moment-là qu'il haussa le ton, et même si j'avais deviné la suite de la conversation, j'entrai également dans le "jeu".

─ De toute façon, tu ne comprends rien !!

─ C'est toi qui ne comprends rien !

Il cria alors d'une voix forte et coupante qui ne lui correspondait pas :

─ Je m'inquiète autant pour toi parce que je t'aime !!!

Bouche bée, je ne répondis rien. Les remords commençaient déjà à m'envahir et je sentais la défaite arriver.

─ Tu te débrouilleras pour rentrer chez toi. Au revoir.

Il partit, furieux. J'aurais dû aller le rattraper, mais je ne le fis pas. Je n'étais pas d'humeur à discuter.

Les lourdes paroles du jury démarrèrent, emplissant le concours désormais commencé.

Je ne voyais dans les coulisses plus que trois filles et un garçon. Une des filles était couchée par terre, les bras le long de son corps inerte.

Curieuse, je m'approchai d'eux. La première fille, paniquée, déclara :

─ Le concours a commencé ! On fait quoi, Rina ?!

Celle qui devait s'appeler Rina répondit, tentant de la rassurer.

─ Ne t'inquiète pas, Lola, on va trouver une solution.

Le garçon murmura, regardant autour de lui.

─ Il doit bien rester quelqu'un ici...

Puis, il s'arrêta, le regard fixé dans ma direction, et parla plus fort.

─ Hé, tu peux nous aider ? Tu participes au concours ?

Il avait les mêmes cheveux que moi, mais plus court. Son regard était à la fois imposant et rassurant ; il était étincelant. Tout le contraire du mien, pensais-je.

─ Hé ho, je te parle !

Je sortis de mes pensées et lui répondis alors calmement, un air innocent affiché au visage.

─ Oui, je t'entends.

─ Tu veux bien t'occuper de cette fille en attendant qu'elle se réveille ?

─ Oui, ça ne me dérange pas.

Les trois parlèrent à leurs tours.

─ C'est vrai ? Tu nous sauves, merci !

─ Merci beaucoup !

─ On reviendra après la remise des prix. Merci !

Les deux filles s'éloignèrent en direction de la scène. Le garçon était encore là, me fixant de son regard maintenant indécis.

─ J'ai un bouton sur le visage ? déclarai-je, impatiente.

─ Non, non... j'y vais...

Il recula, ses yeux me sondant toujours. Lorsqu'il tourna enfin la tête, je m'assis à côté de la jeune fille, posant sa tête sur mes genoux. Je rapprochai mon visage, la regardant de plus près. Elle m'était d'une impression familière. Pire que ça, j'étais sûr de la connaître.

La voix du jury m'interpella, me coupant dans ma réflexion.

─ Lou... Lou May ! Ah oui, c'est la jeune fille qui a fait le malaise....

Alors qu'il commençait à parler de son roman, un déclic me traversa l'esprit. Plus aucun son ne parvenait à mes oreilles. Je n'entendais qu'une phrase. Elle résonnait en boucle dans ma tête, me faisant tressaillir à mainte reprise.

Cette fille s'appelle Lou May.

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