- Chapitre 11 -
Les jours s'étaient écoulés très vite depuis qu'Ari avait lu mon histoire. Assise dans une voiture, je regardais les arbres défiler par la fenêtre de la voiture, m'émerveillant devant le beau paysage. Nous étions en route pour Paris, Lola, Rina, Antoine, et moi. La nuit commençait à tomber, et, impatiente, je demandai alors à Antoine.
─ Dans combien de temps sommes-nous arrivés ?
─ Dans une demi-heure, me répondit-il en chuchotant.
Je regardai autour de moi. Lola et Rina, assise derrière, dormaient l'une contre l'autre. À côté de moi, Antoine conduisait.
Je mis la main dans ma poche. Le mot était toujours là : "Ne t'en fais pas, je reviendrai, mais mon sourire aura changé. Je t'en fais la promesse. Lynn". Je l'avais pris pour le montrer à Lynn. Pour qu'elle se souvienne de moi, et de qui elle était.
Je posai la tête contre la vitre et fermai les yeux. J'avais juste envie de sombrer dans le sommeil. De m'endormir pour toujours en laissant ma place à un être cher. Lynn, dis-moi que tu es là. Dis-moi que tu es toujours en vie. Je t'en supplie. Tel serait mon dernier souhait.
─ Les filles, nous sommes arrivés à l'hôtel, affirma une voix masculine.
Encore plongée dans mon sommeil, j'entendis les filles répondre. D'abord Rina, puis Lola.
─ Oh enfin, je n'en pouvais plus !
─ Hourra ! La dernière arrivée a perdu !
J'entrouvris les yeux et vis dans la pénombre Lola descendre de la voiture. Elle s'apprêtai à rentrer dans le bâtiment, mais elle s'arrêta et demanda à Antoine :
─ Heu... on est dans quel appartement ?
Mes lèvres se retroussèrent. Cette fille était vraiment exceptionnelle. Il lui répondit :
─ On est au dernier étage, je vais demander la clef à l'accueil.
Je bâillai une fois, m'étirai deux fois, et descendis de la voiture, prenant les derniers sacs. Antoine et Lola étaient partis, et Rina m'attendait pour fermer la voiture.
─ Bien dormi ? me demanda-t-elle.
─ Hum... mon lit me manque.
Ses lèvres s'étirèrent en un sourire et elle pouffa de rire. Je fis de même, et commençai à marcher en direction de notre appartement. Antoine et Lola s'étaient déjà installés. Arrivées dans la chambre, le garçon nous expliqua :
─ Il y a une chambre à trois lits et un grand canapé. J'ai pris le canapé, enfin j'avais pas vraiment le choix...
─ Haha tu ne voulais pas dormir avec nous ? déclarais-je.
─ Écoute je veux bien, mais après, c'est vous qui voyez, me répondit-il, un sourire moqueur aux lèvres.
L'atmosphère était détendue. J'aimais bien ça. Un sourire était affiché en permanence sur mon visage et, à mon plus grand bonheur, il ne voulait pas s'enlever.
─ Je prends le lit près de la fenêtre, déclara Rina.
Sa jumelle prit à son tour la parole :
─ Moi j'ai pris celui du milieu.
─ Alors je prends le dernier, dis-je.
Antoine s'assit sur le canapé neuf, avant de renchérir :
─ Vous voyez, il ne me reste que lui...
Il le déplia et continua.
─ Mais je m'en fiche, parce qu'il est super grand !
Je repris alors mon sérieux.
─ Rangez vite vos affaires et allons directement nous coucher, il faut être en forme pour demain.
Ils acquiescèrent et exécutèrent mon ordre sans discuter. La journée suivante allait me demander une telle quantitée de force que je ne pris même pas la peine d'ouvrir mon sac. Je me faufilai dans mon lit et fermai les yeux directement, tentant de trouver le sommeil au plus vite.
Trois quart d'heure plus tard, je ne dormais toujours pas. Je me levai et quittai la chambre silencieusement, sans réveiller les deux filles qui ronflaient doucement. La porte refermée, mon regard se tourna vers le canapé. Je chuchotai alors :
─ Antoine, tu dors ?
Il me répondit, la voix un peu fatiguée.
─ Non, qu'est-ce qu'il y a ?
─ J'arrive pas à dormir...
─ Le concours te tracasse tant que ça ?
─ C'est-à-dire que... oui. Imagine si nous voyons Lynn ! Quelle sera ta réaction ?
─ Je ne sais pas. Nous ne pouvons pas prédire l'avenir. Essaie de dormir et tu verras demain.
Je vis dans la pénombre de la pièce son sourire se voulant rassurant, mais la panique était présente en moi. J'avais peur, et rien ne pouvait changer ça.
─ Mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à faire le vide dans mon esprit.
─ Dans ce cas, dors avec moi, comme ça tu penseras à autre chose que Lynn.
─ ... ok.
─ Mais je rigolais !
Son rire enfantin résonna et je m'assis à côté de lui. Il paniqua légèrement, ce qui m'amusa.
─ Hé ! Dors pas avec moi ! Je suis un mec, alors on ne sait pas ce qui peut arriver...
─ Non. Je sais que tu ne tenteras rien.
Auprès de lui, je me sentais en sécurité. Il dégageait un parfum rassurant et j'allais enfin pouvoir m'endormir. Mes paupières se fermèrent. Ensuite, le cauchemar commença.
Debout dans cette ville et toujours cette même ambiance. Je savais que j'allais revenir ici. J'en étais sûre. Je courus vers la petite maison. Enfin, j'essayais, du moins. Mes jambes étaient collées au sol.
─ Lynn !
Je l'appelais de toutes mes forces, mais personne ne répondait.
─ Tu es seule...
Une voix résonna dans ma tête.
─ Tu as toujours été seule. Au passé, au présent, et au-
─ Tais-toi ! criai-je en la coupant. Oui, je suis seule, mais ce n'est pas toi qui décideras de ma vie ! Mon futur n'est pas encore arrivé, et c'est moi qui le créerai !
Mes jambes se décollèrent du sol et je pus enfin courir.
─ Lou !
Cette fois, c'était Lynn qui m'appelait. Je reconnaîtrais sa voix parmi des milliers d'autres.
─ Lou !
Elle était juste là, devant moi. Les joues toutes empourprées et la figure toute rouge.
─ Lou, ton destin est entre tes mains. À toi de décider, ou de tout abandonner.
─ Mais je ne comprends pas ! la coupai-je. Que signifient tous ces rêves bizarres ?
─ Tu as une très grande imagination. C'est ce qui t'as permis de passer le premier tour. Voyons de quoi tu seras capable au deuxième.
─ Tout ceci est juste le fruit de mon imagination ? Mais c'est insensé ! Tout cela paraît si réel...
─ Tu es quelqu'un de bien, Lou, et je suis fière d'être ton amie.
Mes paupières devinrent tout à coup légères et je sentis que j'allais devoir partir.
─ Lynn, j'espère te revoir bientôt. Dis-moi que tu n'es pas morte. Je t'en supplie.
La lumière se fit plus forte, et je pus maintenant distinguer Lola. Elle était penchée sur moi en train de me secouer.
─ Ah tu te réveilles enfin ! Nous t'avons laissé dormir, mais là, tu vas être en retard.
Je me relevai doucement, me frottant la tête de ma main droite.
─ Désolé, j'ai fait un cauchemar. Ou plutôt un rêve. Je vais vite me préparer.
─ Et... tu nous diras plus tard ce que tu faisais sur le canapé... Murmura Rina, un sourire moqueur sur les lèvres.
***
Le concours allait commencer. Nous étions tous devant le bâtiment prévu à cet effet.
Antoine me demanda.
─ Prête à voir ton destin changer ?
─ Avec joie, lui répondis-je.
J'entrai et nous nous dirigeâmes vers les coulisses. La remise des prix se faisait sur une scène. Un homme arriva et parla dans son mégaphone : "Tous les candidats sont priés de se rendre sur scène !"
C'est alors que j'ai commencé à voir tout noir. Je ne pouvais plus rien faire et je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. J'étais sans doute en train de rejoindre mon amie ? Je ne sais pas. Je me souviens juste de Lola, Rina et Antoine m'appelant, me disant des choses. Puis... plus rien. Le néant.
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