Mes yeux s'ouvrirent.

Je ne voyais rien au début, un rayon de soleil passait au milieu de mes rideaux et me rentrait pile dans la figure. Ronchonnant, je me dirigeai vers eux pour les refermer. Je me remis ensuite au chaud sous ma couette, mais le sommeil ne voulut pas revenir. Les yeux à moitiés fermés, je mis alors mes chaussons blancs en forme de lapin, m'assis à mon bureau, et pris mon téléphone.

Cela faisait maintenant deux jours que j'avais prêté une version de mon histoire à Ari, et un sentiment étrange se répandait en moi. Il n'allait peut-être jamais me la rendre ? Après tout, je ne le connaissais même pas...

Je levai les yeux au ciel tout en allumant mon portable pour lire le message qui s'y était affiché il n'y a pas longtemps. Il était dix heures.

[+xxx
Salut ! C'est moi, Ari.]

La joie gagna mon visage et je m'empressai alors de lui écrire.

[Moi
Comment as-tu eu mon numéro ?]

À ma grande surprise, il me répondit aussitôt.

[Ari
J'ai demandé à mon père qu'il me passe le numéro de ta mère et j'ai ensuite demandé à ta mère qu'elle me passe le tien]

[Moi
Avoue, tu fais partie des espions du FBI...]

[Ari
Zut, tu as découvert ma véritable identité ! Je voulais juste te rendre ta clé USB ;)]

Mon visage s'illumina et un soupir de soulagement me traversa. Ari était vraiment quelqu'un de bien, et il allait me rendre mon roman.

[Moi
Ah ok, merci beaucoup ! Comment comptes-tu me la rendre ?]

Je savais qu'il allait me demander s'il pouvait passer chez moi, mais je préférais demander.

[Ari
Ça te dirait d'aller en ville avec moi ? Je te la rendrai à ce moment-là. Au fait, ton histoire est vraiment superbe !!]

Mes yeux s'ouvrirent en grand. Alors là, je ne m'y attendais pas. Un rendez-vous ?

[Moi
Bonne idée ! On se retrouve devant chez toi ? (et merci pour mon histoire)]

[Ari
Oh ne t'inquiète pas miss, j'irai te chercher. Je passe dans 30 min, ça te va ? (De rien)]

[Moi
Parfait d'accord ! À tout à l'heure]

J'avais vraiment accepté un rendez-vous ? Je commençai à pouffer de rire tout en me dirigeant vers mon armoire. Mon pantalon noir troué et mon pull rouge devraient faire l'affaire.

***
L'horloge présente dans le salon indiquait dix heures trente passées.

Ari allait arriver d'un moment à l'autre. Je finis de manger et rangeai mon bol dans le lave-vaisselle. Je me dirigeai ensuite vers la porte pour enfiler mes bottines, ma jolie veste blanche, et mon bonnet assorti. Je pris un sac, souhaitai une bonne journée à ma mère à moitié endormie, et sorti de chez moi, ajustant mon pompon.

Ari attendait déjà sur le trottoir. Il s'amusait à regarder la buée blanche sortir de sa bouche. Trop mignon, pensai-je intérieurement.

─ Salut Ari.

Il sursauta et se retourna d'un coup vers moi.

─ Oh tu m'as fait peur ! Ça va ? Bien dormi ?

─ Très bien et toi ?

─ Super aussi.

Il sourit et je ne pus m'empêcher d'admirer ses petites fossettes. Son regard était sombre, mais son sourire rayonnait. Il sortit de sa poche la clé USB et je la mis dans mon sac. Nous partîmes ensuite en direction du centre-ville, parlant de tout et de rien. J'appris par exemple que son anniversaire était la semaine passée, et je me promis intérieurement de lui acheter un cadeau.

Arrivés au centre-ville, nous passâmes devant les vitrines. Il me fit rentrer dans un des magasins de la ville. C'était une boutique de vêtements assez connue. Mon regard s'arrêta sur une étagère d'écharpe, en particulier une grise. Mon cœur rata un battement. Je devais absolument lui acheter cette merveille ! Je m'approchai et vis alors le prix. L'écharpe allait devoir attendre...

***

Je marchais vers ma maison avec Ari à mes côtés. La journée s'était super bien passée.

─ Tu ne veux toujours pas me dire ce que tu as acheté ? me demanda-t-il, sûr de lui.

Je mis un doigt sur ma bouche et lui fis un clin d'œil.

─ Tu le verras plus tard.

Je serrai la poche dans ma main, contente d'avoir trouvé ces pelotes de laine grises. Si je ne pouvais pas lui acheter cette écharpe, j'allais la coudre moi-même.

Ari me parla, ce qui me fit sortir de mes pensées.

─ On est arrivés je crois bien.

─ Ah oui.. Murmurai-je, intérieurement déçue que cette journée soit finie.

Elle était passée bien trop vite à mon goût. J'eus alors une idée que j'annonçai aussitôt.

─ Tu veux rentrer boire un verre de Thé ? Ou de café, comme tu veux... sinon y'a du jus d'orange et de pomme, et-

Ses yeux noirs me brûlaient. Son petit nez était rougi par le froid, ce qui rendait son visage encore plus craquant. Il sourit et acquiesça.

─ Oui, je veux bien. Rentrons vite ou ton nez finira gelé.

Il pouffa de rire. Je touchai mon nez froid et rétorquai :

─ Hé, ton nez aussi est tout rouge !

J'éclatai de rire à mon tour et nous nous dirigeâmes vers ma maison.

La poche bien cachée dans ma chambre et ma clé USB posée sur mon bureau, je rejoignis Ari dans la cuisine.

─ Tu veux boire quoi du coup ?

─ J'aimerai bien prendre du jus de pomme, s'il te plaît.

─ Pas de problème !

J'attrapai le premier verre, fermai le placard un peu trop fort, et pris la bouteille.

Tout se passa très vite. Alors que je le servais, il s'approcha précipitamment de moi. Un sursaut traversa mon corps et je me retournai, mettant ma main derrière, sur le rebord de la cuisinière.

Il se tenait debout devant moi, me dépassant d'une tête. J'avais oublié qu'il était beau. Si beau. Mes pommettes surchauffèrent. Ari était beaucoup trop près. Il entrouvrit ses lèvres et parla d'un coup, mettant son bras au-dessus de ma tête.

─ Attention !

Il y eut un bruit sourd.

Puis, plus rien.

─ Je- Désolé si je t'ai fait peur, Lou, mais j'avais remarqué la pile de bols bancals et...

Des débris de vaisselle jonchaient le sol. J'aurais pu me faire très mal.

─ C.. ce n'est rien. Plus de peur que de mal comme on dit.

Je me penchai pour ramasser la casse mais Ari m'arrêta, retenant mon bras de sa main chaude.

─ Je vais le faire, il ne faudrait pas que tu te coupes un doigt.

─ Merci...

Me sentant mal à l'aise, je m'assis sur la table, mettant ma tête dans mes mains.

Deux longues minutes passèrent avant qu'il reprenne la parole.

─ J'ai fini, je vais rentrer chez moi maintenant.

─ D'accord, désolé pour cette journée, dis-je en me levant.

Il prit un air offusqué.

─ Hé, mais ne t'excuse pas ! C'était vraiment cool, et je suis content d'avoir une sœur comme toi !

Il se pencha vers moi pour me faire une minie accolade et alla ensuite remettre ses chaussures.

─ À une prochaine fois alors, et courage pour ton concours ! Tu as toutes tes chances, je t'assure.

Il était sincère et je le remerciai avant de fermer la porte.

J'étais moi aussi contente de l'avoir comme frère, et j'étais ravie de ne pas avoir développé de sentiments pour lui.

J'aperçus du coin de l'œil le verre de jus de pomme posé sur la table. Il avait dû oublier de le boire. Je vis alors la bouteille vide. Non, il avait remarqué que j'en voulais et me l'avait laissé.

Quel garçon fabuleux.