Chapitre unique
Plus que 10 marches avant l'endroit où se terminera chacun de mes rêves. Pourquoi ne suivrais-je pas leurs conseils ? Ce sont les seuls mots ayant atteint mes oreilles dernièrement…
Plus que 9 marches, et je vivrai mon rêve le plus présent. Et même le plus merveilleux. Mais puis-je vraiment le vivre en sachant ce que c'est ? Je ne sais pas mais je ne pense pas cela possible.
Plus que 8 marches, je me trouve exactement là où mon cauchemar a débuté. Lors d'une journée de printemps, je me dirigeais vers l'endroit où je mangeais tous les midis.
Je souriais en pensant à mon copain qui m'attendait là-haut. Mais je m'étais pris les pieds dans quelque chose. Je m'étais écrasé sur le sol, ma tête rencontrant le béton. Je l'avais tournée pour voir ce sur quoi j'avais trébuché. Mes yeux avaient rencontré un pied vêtu d'une magnifique chaussure, mon regard était remonté le long de la jambe, puis du corps de la personne qui m'avait fait tomber. Lorsque j'avais vu son visage, j'avais été surpris. Elle avait déjà tant de victimes que je m'étais demandé, pourquoi moi ? J'avais tourné la tête pour voir celui que je considérais comme mon petit-ami s'approcher en rigolant, se moquant de moi, pour ensuite embrasser avec passion cette fille d'une grande beauté. En même temps, comment avais-je pu croire un instant qu'il me choisirait et qu'il pouvait m'aimer, moi un insecte devant lui qui est si grand et si sublime, si célèbre et si riche, et moi si nul et si pauvre. La seule chose que j'avais pouvant égaler sa richesse à ce moment était ma tristesse de savoir qu'il s'était foutu de ma gueule. Je m'étais rapidement relevé, un peu trop vite car ma tête avait tourné mais j'avais réussi à me concentrer pour ne pas tomber. Les moqueries fusaient, ne me surprenant même plus car elles devenaient de plus en plus répétitives. J'avais ramassé ma boîte de déjeuner et continué mon chemin.
Plus que 7 marches, tant de questions sans réponse… Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ? J'aimerais avoir une explication, mais est-ce possible ? Je ne pense pas, sinon peut-être l'aurais-je déjà eue. Pourquoi la vie est-elle si cruelle avec certaines personnes et si géniale pour d'autres? Je voudrais tant savoir, mais pourquoi chercher si ma vie se termine dans quelques minutes.
Plus que 6 marches, je ne sais plus quoi penser. Ma tête est trop pleine. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Faites que cela s'arrête ! Je n'en peux plus… Peut-être vais-je mourir d'une mort cérébrale car mon cerveau ne saura plus supporter autant de pensées.
Plus que 5 marches, je ne sais même pas avec quelle énergie j'arrive à monter cet escalier. Sûrement par la force de la volonté... Je ne sais pas quoi faire. La seule idée qui me vient pour m'échapper de cet enfer est ce que je m'apprête à faire. Je n'ai même plus la force ou l'envie de prononcer ce mot, de dire quelle option je prends, celle qu'avant je considérais comme lâche.
Plus que 4 marches, mes bras, mes jambes, mon ventre sont couverts de bleus, de coupures et d'hématomes faits par différentes personnes. Ma lame en fait partie, mais comment puis-je évacuer autrement cette douleur ? En pleurant ? Mais je n'ai plus de larmes. Elles sont toutes déjà tombées. La seule autre solution possible est celle que j'utilise... Enfin plus pour longtemps.
Plus que 3 marches, je me souviens encore de ce qu'il s'était passé sur celle-ci. La tâche rouge confirme mon souvenir. Ça avait été le pire jour de ma vie.
J'étais tombé. Un coup. Deux coups. Dix coups. Je ne comptais plus. Un bruit de fermeture avait atteint mes oreilles. Qu'allaient-ils me faire? Les coups n'étaient-ils plus assez pour une erreur comme moi? N'avais-je pas une vie assez pourrie? « Pourquoi ? », leur avais-je hurlé. Ils avaient continué à rire. J'avais ouvert les yeux pour les voir sortir cette paire de ciseaux violette. Et… Et ils m'avaient coupé les cheveux. La seule chose que j'appréciais et qui n'avait pas changé chez moi. Ils avaient détruit mes vêtements, et moi je ne disais rien, je me taisais comme la personne soumise que je suis. Après avoir fini leur tâche, ils m'avaient fait une balafre sur la joue.
Plus que 2 marches, mon cœur ne bat plus depuis longtemps. Mon âme a déserté. Je ne suis plus qu'une coquille vide. Les seuls moments où je me sens revivre sont les moments que je passe en la présence de ce magnifique être même si tout ce qu'il fait me blesse. Je l'aime et je le hais. Je déteste l'aimer mais je ne peux pas, je ne sais pas aimer un autre que lui.
Cette dernière marche, la plus dure à monter. Je me demande si ce que je m'apprête à faire est la bonne solution. Suis-je vraiment à plaindre? Les enfants qui vivent la guerre et qui perdent leur famille ne sont-ils pas plus tristes que moi ? Je doute. Vais-je y arriver ? Je me questionne. Pourquoi l'espèce humaine est-elle si cruelle? Le lycée est censé être la période la plus joyeuse de ma vie. C'est ce que toute ma famille m'a dit. Mais elle s'est transformée en parcours à travers les enfers. Le début était si merveilleux. J'aurais même pu dire que je flottais sur un nuage. J'avais la personne que j'aimais en couple avec moi, la personne qui m'avait accompagné toute ma vie depuis la maternelle, et qui était ma meilleure amie. Il ne me fallait rien de plus mais cette personne cruelle les avait retourné contre moi et maintenant ils me haïssent.
Les quelques pas qui me séparent du bord sont si peu nombreux. Mais à chaque petit pas, un bout de mon âme se déchire de mon corps pour pouvoir s'en aller plus facilement lorsqu'Atropos, une des Moires, décidera de finalement couper le fil de ma vie et que Thanatos m'escortera jusqu'à la barque de Charon. Plus personne n'a de telles croyances depuis longtemps, mais j'ai décidé de faire vivre ces personnages dans mon cœur.
Le bord est arrivé plus vite que je ne le pensais. J'hésite. Suis-je capable de sauter, de mettre fin à ma misérable vie ? Je me baisse pour enlever mes chaussures. Je retire lentement ma veste pour ne pas la tâcher avec mon sang. Avec le sang de la personne monstrueuse que je suis.
Un pied dans le vide. Je me penche, encore un peu plus et c'est la chute assurée. Et je le dis. Je me balance en avant, laissant mon corps partir en direction du sol dans une chute verticale. Je suis dos au sol, mes cheveux volant dans le vent. J'ai l'impression de flotter sur un nuage tellement la sensation de bientôt disparaître de la vie me procure du plaisir. Des flashback défilent devant mes yeux, cette fois ceux qui sont heureux, apportant un souvenir à mon futur cadavre. Le jour de mes 14 ans j'avais voulu à tout prix que mes amis soient là mais ma mère refusait, je lui avais fait une petite crise d'adolescence ce jour-là. J'avais boudé toute la journée dans ma chambre. Je retiens un petit rire à ce souvenir. Quand j'avais fini de bouder, j'étais descendu en sentant l'odeur de chocolat. Elle m'avait préparé des petits muffins sur lesquels elle avait ajouté de la chantilly et un morceau de fraise, ça avait été délicieux. Le samedi, j'avais été étonné de voir mes amis débarquer, ma mère avait préparé une surprise party pour moi. Je ne pouvais pas rêver mieux. J'étais si heureux à ce moment, alors que maintenant on est tous séparés, étant allés dans différents lycées. J'avais gardé contact avec deux d'entre eux. Mais on s'était perdu de vue et maintenant, je me dis que j'aurais dû entretenir cette relation.
Je suis seul jusqu'à ma fin. Dans cette chute ou le vent fouette mon dos et ou la gravité m'emporte vers le centre de la Terre.
Tant de moments heureux gâchés par deux-trois années. Des années ou des adolescents devraient faire la fête sur des thèmes loufoques. Et non pas être poussés, moqués, insultés, frappés.
Je tourne la tête vers le sol quelques secondes, il ne reste plus que 5 ou 6 mètres. La chute se passe si lentement. Des personnes se trouvent en bas et un cri a lieu suivi d'autres, cela signifie qu'ils m'ont vu. Mince ! Ils vont appeler le 15. Cette sensation de pouvoir peut-être être sauvé est indescriptible, elle m'apporte de la chaleur en pensant que des gens se soucient de moi, et de la colère car je ne veux pas être sauvé, ma vie et ma tête sont déjà trop remplies de pensées dépressives.
Mais c'est trop tard. Ce sera la fin dans pas longtemps. Mon corps percutera le sol. Mon crâne se brisera sûrement, comme tous mes os. Je ferme les yeux, que je n'avais pas conscience d'avoir laissé ouverts et affiche un sourire sur mon visage. Je murmure une dernière phrase:
"Désolé papa, maman… Au revoir. "
Et je frappe le sol avec violence.
J'ouvre les yeux pour voir un endroit blanc qui m'éblouit. Le paradis… Ou cet endroit de l'enfer, l'hôpital ?
Voici la nouvelle que j'ai présenté pour le Prix Clara. Ce prix à pour but de publié la nouvelle de quelque jeune en un seul livre. Les fonds recolté seront versé à une association de recherche pour les maladies cardiaques. Il a été créé en l'honneur de Clara une fille 13 ans qui est morte a cause d'une maladie cardiaque. Vous pouvez toujours participer pour le prochain prix, 2022, en commençant à écrire une nouvelle.
A bientôt et je vous souhaite tout le bonheur du monde!
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