42 - Je te promets
Retour au présent...
Point de vue Riku
Je n'avais aucun souvenir de ce qu'il était arrivé. À mon réveil, je venais à peine de constater que j'étais enfermée comme une bête sauvage dans une cellule d'isolement, ligotée fermement et couverte de pansements et de bandages. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, mais j'ai tellement faim et j'ai peur...
Où est Tora ?? Où est mon bébé ?!!
- DABI !!
J'étais tellement terrifiée de ce qui m'arrivait que j'éclatais en larmes en essayant de me défaire de mes liens, tout en criant pour appeler Dabi. Il ne met pas longtemps à enfoncer la porte de ma cellule et m'immobiliser en me serrant dans ses bras.
<< Hé calme toi Riku je suis là ! >>
- Qu'est-ce que je fais là ?! Où est Tora ?!
<< Il va bien, c'est fini. Tout le monde va bien. >>
<< Nous avons été contraints de vous garder en isolement Madame. Veuillez pardonner l'inconfort. >>
Je regarde l'inspecteur de police Naomasa un peu en retrait dans le dos de Dabi. Comment ça en "isolement"...?
- Qu'est-ce que...?
<< Tu ne te souviens de rien ? >>
- Non... Tout est flou...
Dabi secoue la tête et resserre son étreinte.
<< Peu importe... soupire-t-il. Je suis désolé de t'avoir laissé... >>
La dernière chose dont je me souviens réellement, c'est que j'étais en colère contre lui pour la scène qu'il a faite devant ses parents, puis tout est devenu blanc et noir, mes yeux étaient aveuglés et...
- Ne me dis pas que j'ai perdu le contrôle...
<< C'est fini Riku-- >>
- J'ai perdu le contrôle-- Ne t'approche pas de moi !
Je le repousse sous la panique avant de me décomposer en regardant mes mains encore liées. Mes griffes... C'est quoi ces griffes ?? Est-ce que j'ai...?!
<< Calme toi ! >>
- LAISSE MOI !!!
Je me débats alors que Dabi ne voulait pas me lâcher et attrapait mon visage entre ses mains.
<< Hé ! Tu n'as rien fais de mal, tu entends ?! >>
- J-J'ai...
<< Tu n'as blessé personne. >>
Vu l'air hésitant de Naomasa qui détournait son regard du mien, j'ai compris.
- Tu mens...
Dabi fusille Naomasa du regard.
<< Hawks a seulement reçu quelques points de sutures, il va s'en remettre, répond-t-il. >>
- Hawks ??? Qu'est-ce que je lui ai fais ?!
<< Une simple morsure, rassure Dabi. >>
- Un "simple" morsure ?! Tu te fous de moi, j'aurais pu le tuer !
<< Il t'en veut pas Riku. >>
- Qu'il m'en veuille ou non ça ne change rien, je l'ai quand même blessé !! J'ai goûté au sang humain Dabi, tu ne comprends pas--?!
Mes yeux se dilatent aussitôt en le voyant suspendre un bouquet d'herbe à chat au bout de ses doigts.
<< Mais tu n'es pas devenue sauvage, la preuve, sourit-il. Ton père t'a ramené à la raison grâce à cette chose. >>
- Quoi...?
<< Tes crises de sang, tu peux les calmer maintenant. >>
L'herbe à chat a des vertus médicinales pour nous mais en consommer est toxique pour les humains. J'avais oublié qu'elle pouvait aussi réduire l'anxiété et favorise le sommeil, mais je ne savais pas qu'elle pouvait dissiper l'instinct de chasse... L'odeur est forte et rend addicte, alors je tourne la tête en me bouchant le nez.
- D-Dabi, s'il te plait...
Il range alors le bouquet dans un sac et le fait glisser loin de nous avant de me détacher, puis de prendre mes mains sans craindre de mes griffes que je n'arrive toujours pas à rétracter. Elles ne sont pas plus longues que des ongles humains, mais bien assez aiguisées pour déchiqueter la chair.
<< Riku. Tu n'es pas un monstre. Tu as protégé Tora du mieux que tu pouvais, c'est digne d'une mère. >>
- Dabi...
<< Et franchement... Je te trouve encore plus charmante comme ça. >>
Je sens mes joues chauffer, je ne sais pas si je dois être étonnée ou non. Peu importe ce que je suis, Dabi me dit toujours qu'il m'aime encore plus qu'avant.
- ... Vraiment...? Je veux dire, tu n'as pas peur que...?
Il embrasse mon front avant de sourire.
<< Ca te rend encore plus fatale~ >>
Non je ne suis pas étonnée, il aime tout ce qui est dangereux...
La police m'a escorté à l'hôpital pour des analyses le lendemain matin, tout est revenu à la normale heureusement. J'en ai profité pour m'excuser auprès de Hawks, même s'il me répétait sans cesse qu'il n'a fait que son devoir et ne m'en voulait pas. Même Mailey n'en a pas tenu rigueur et comprenait que je ne lui voulait aucun mal. Ce sont des oiseaux, donc des proies, et moi un... prédateur, dans le règne animal... J'ai sûrement dû confondre Hawks avec un poussin.
<< Et voilà, veuillez patienter ici je vous prie. Nous allons finaliser les tests. >>
- D'accord...
L'infirmière me laisse seule dans le cabinet d'analyses et part chercher mon médecin. Je reste assise sur la table d'examen en regardant autour de moi pour m'occuper. L'ambiance est un peu oppressante quand on prend le temps d'observer, on se croirait dans le cabinet d'un savant fou. Le silence est d'autant plus angoissant, et le moindre mouvement me fait sursauter, dont l'ouverture soudaine de la porte.
- Dabi ? Je n'ai pas terminé les tests...
<< Je sais. >>
Il entre avant de... fermer la porte à clé et de s'approcher de moi d'un air étrange.
- Heu... Chéri ? Tout va bien ?
<< Pourquoi ça n'irait pas ? >>
- Bah tu es bizarre là--
<< C'est bizarre de juste avoir envie de toi ? >>
Il élève mon menton du bout des doigts pour m'embrasser passionnément et plusieurs fois, et je le connais trop pour savoir que quand il fait ça, ça finit toujours par déraper...
- D-Dabi attends de--
Il me coupe encore en m'embrassant. Je déteste et en même temps j'adore quand il fait ça...
- On ne peut pas faire ça ici...
<< On s'en fout... souffle-t-il en attrapant mon visage pour dévorer mes lèvres. >>
À force de me submerger de sa carrure, je me retrouve allongée sur la table et inondée de baisers sensuels, tandis que ses mains me débarrassaient de ma blouse, avant de soulever mes cuisses pour les plaquer contre ses hanches. J'ai déjà chaud rien qu'à savourer sa douceur...
- Tu es vraiment ignoble de me faire ça...
<< Tu as l'air d'aimer pourtant... susurre-t-il en embrassant mon cou. >>
Je frémis en sentant l'une de ses mains cambrer mon dos pour me rapprocher de son corps, alors que je me tenais à ses épaules et sa nuque, mais je sursaute en entendant la porte s'agiter au fond de la salle.
<< Hein ? Pourquoi c'est fermé ? entendai-je le médecin. >>
- Dabi...
Mais fidèle à lui même, il n'en a rien à faire et retire sa chemise avant de la jeter par terre et de m'embrasser encore plus intensément. Je ne peux vraiment pas lui résister, c'est frustrant...! Où est passé ma bonne conscience ? Je crois qu'il l'a corrompu au premier baiser. Un couple normal ne ferait pas "ça" dans un cabinet d'auscultation, mais...
J'en viens à trouver ça excitant...
Dabi se rit du danger et des interdits, et je crois qu'il déteint sur moi.
Deux années de plus s'écoulent plutôt rapidement depuis l'incident, et comme les enfants commencent à grandir, il nous faut être plus ingénieux pour trouver des moments d'intimité. En ce moment, c'est ma période de chaleurs en plus...
C'est juste HORRIBLE ces périodes là !!
J'ai constamment envie de mon mari et quand il ne peut pas me faire l'amour, je ressens comme des picotements dans le bas ventre qui m'empêchent de faire ma sieste ! Dabi en vient à parfois me fuir pour avoir un peu de répit...! Et avant qu'il ne rentre du travail, je me roule sur le lit et me frotte aux draps pour déposer mes phéromones.
Oui, Dabi travaille. Il aide les enfants aux Alters incontrôlables dans un observatoire classé top secret et sous haute surveillance par la Commission de Sécurité Publique. Là bas, les enfants ne sont pas des cobayes et peuvent apprendre à maitriser leurs pouvoirs avant de retourner à l'école et auprès de leurs familles. Le gouvernement l'a mis en place pour éviter qu'un cas comme Shigaraki ne reprennent le flambeaux.
Dabi dans sa blouse blanche et son col roulé gris... Je bave déjà.
Je n'y peux rien si j'en viens à humer son odeur sur les vêtements qu'il porte ! Je suis tellement en manque d'affection que je trouve tous les prétextes pour le sentir près de moi !
<< Je peux savoir ce que tu fais avec mon pull ? >>
Dabi s'est aussi coupé les cheveux, sa nuque est rasée et son côté gauche est laqué, tandis que tout sa tignasse hérissée penche sur le côté droit. Depuis qu'il a passé la trentaine, il est encore plus sexy qu'avant...
- Dabi... Je t'en prie...
<< Madame est encore en chaleur...? nargue-t-il en croisant les bras. >>
- Arrête de te moquer, c'est pas drôle !
Je pétris les oreillers pour me détendre, mais j'ai tellement chaud... Et Monsieur rigole en me regardant agoniser !
<< Hmm, je vois que c'est un sérieux problème. T'as pas une solution par hasard ? >>
- Arrête de te moquer de moi et fais moi l'amour bordel !
En plus son odeur ne m'aide pas, les femelles sont forcément attirées par le mâle en période de chaleurs mais chez nous c'est... encore plus insupportable ! Ca pourrit la vie !
Je sursaute en sentant Dabi me donner une fessée avant de m'attraper la queue et de s'approcher de mon oreille. Je mords la lèvre pour retenir un petit bruit.
<< J'entends pas le mot magique... >>
Je ne peux pas m'empêcher de gémir en sentant son doigt appuyer sur mon intimité à travers les tissus.
- S... S'il te plait...
<< Hmmm... Ce que femme veut. >>
Mais j'ai été trop gourmande et toutes ces folies ont conduit à compléter notre famille avec l'arrivée de Ritsu... Dabi était content d'apprendre que la petite dernière était une fille et lui a directement choisi un nom qui ressemblait au mien. Il disait que ce bébé devait me ressembler, tout comme Alix qui avait hâte de ne plus être la seule fille au milieu des garçons. On attendait tous Ritsu avec impatience...
Seulement l'accouchement ne s'est pas déroulé dans les meilleurs conditions.
<< Comment ça tu peux pas venir ?! hurle Dabi au téléphone. Je peux pas l'emmener à l'hosto, t'as pas vu les bouchons dehors ?! >>
C'était la nuit du 1er au 2 novembre et il commençait déjà à neiger au Japon. La neige avait recouvert les rues et les autoroutes, donc les accidents étaient plus fréquents et la circulation compliquée. En plus il faisait nuit...
Ritsu ne devait arriver que dans une semaine pourtant, mais tout est allé trop vite en l'espace de quelques heures. La grossesse a aussi été compliquée, je faisais des caprices avec la nourriture et me nourrissait plus que recommandé, chaque mois n'était que douleurs intenses et les hormones bouleversées. Il n'arrivait pas un seul jour sans aller à l'hôpital au moindre problème et j'ai failli perdre le bébé plus d'une fois.
Et je suis bien contente qu'elle soit la dernière, parce que je n'ai plus d'énergie pour supporter une telle torture... Quatre enfants, et alors ? Ma belle mère aussi en a eu quatre. Je me suis juste fragilisée avec le temps...
<< Je vais pas constamment appeler Rosa, elle est même pas en ville, c'est toi qui devais venir ! Riku accouche putain !! s'énerve Dabi. Mais j'en sais rien à combien elle est dilatée, elle a mal ducon !! >>
- Dabi...!
Il serre ma main pour me soutenir avant de raccrocher au nez de son ami qui devait me faire accoucher, mais qui nous a littéralement posé un lapin, et appelle directement Rosa même si l'heure ne s'y prête pas.
J'ai tellement mal que je ne sens presque plus mes jambes et je suis obligée de me coucher sur le côté pour supporter la douleur, bien que Rosa m'ait interdit de le faire. Mais j'ai si mal...
<< Ouais... Ouais beaucoup trop, tu peux venir tout de suite ? Combien de temps ? >>
Je serre la main de Dabi suite à une contraction et commence à pousser.
<< Bon Riku ne panique surtout pas, d'accord ? conseille Rosa sur haut parleur. Tu te débrouilles très bien, prends le temps de respirer. >>
- Facile à dire...
<< Ne t'en fais pas, je serai là d'ici une dizaine de minutes. En attendant, je veux que tu économises tes forces et ne pousse surtout pas. >>
<< Hé Rosa, c'est normal que ça saigne autant ?? demande Dabi. >>
<< Merde-- J'arrive, fais en sorte qu'elle ne panique pas. >>
Elle raccroche en vitesse.
- Qu'est-ce qui se passe...??
Dabi me couvre un peu plus et m'éponge le front avec un linge froid. Je suis si fatiguée avant même d'avoir pu faire la moitié du travail...
- Je ne vais pas survivre c'est ça...?
<< Si si, ça va aller... Je t'interdis d'abandonner. >>
Il embrasse ma main, mais je peux voir la peur dans ses yeux. Créma n'a jamais eu aussi peur... sauf aujourd'hui...
<< On reste ensemble, d'accord ? Ritsu arrive et je veux que tu sois là quand elle ouvrira les yeux. >>
Je trouve quand même la force de sourire.
- Elle aura tes yeux...
<< Ca m'étonnerait, pouffe-t-il dans un rire nerveux. >>
- Non... Elle te ressemblera... Elle sera aussi douée que son père et... aussi parfaite que ses frères et soeurs... Elle sera belle... Tellement belle que tu voudras la préserver de ses prétendants...
<< Tais toi tu te fatigues... >>
Je prends quelques secondes pour respirer calmement et supporter les contractions de plus en plus fortes.
- Dabi... Si je dois mourir cette nuit... Promets moi de--
<< Non j'ai pas besoin de te promettre quoi que ce soit Riku, tu vas pas mourir ! Je t'interdis de crever ! Pas comme ça...! >>
Ses mains serrent la mienne et tremblent un peu.
<< Peu importe où tu iras j'irai, tu entends ?! Si je peux être égoïste au moins une fois, je veux que tu restes à mes côtés encore pour des dizaines d'années... Après Ritsu, c'est fini, tu pourras te reposer aussi longtemps que tu voudras. On ira se faire stériliser ensemble si tu veux, comme ça on aura plus de problèmes. J'ai prêté serment devant ton père et j'ai pas l'intention de trahir ce que j'ai promis au départ. Maintenant à toi de me promettre de te battre pour rester avec moi... >>
Une larme perle au coin de mon oeil.
- Je t'aime...
<< Sans toi je suis rien Riku... tremble-t-il, la gorge serrée. >>
S'il pouvait pleurer, il se lâcherait. Tous nos souvenirs ensemble me reviennent en mémoire, de notre rencontre à notre mariage, de notre mariage à la naissance de Touya, de toutes les vérités qui ont pu éclater à la bataille, jusqu'à aujourd'hui... Je ne me vois pas le quitter maintenant.
Je veux voir Touya devenir le plus grand héros pour porter toute la fierté de notre famille.
Je veux voir Alix devenir aussi belle que le jour et être heureuse.
Je veux voir Tora s'épanouir dans un monde qui lui correspond.
Je veux voir à qui va ressembler Ritsu plus tard...
- Je te le promets...
À suivre...
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