34 - Un manque à combler
Point de vue Riku
Tout a commencé au moment de mes fiançailles, puis Dabi est arrivé. Je suis tombée amoureuse et me suis mariée. J'ai failli perdre l'homme que j'aime, mais le ciel a épargné sa vie et donné une seconde chance. Touya est né, un an plus tard, Alix a illuminé nos vies.
Tant de choses sont arrivées...
Mes enfants grandissent et les années s'écoulent si vite, je n'ai même pas le temps de profiter de cette vie si paisible. Malgré le temps, je ne cesse de revoir les images du passé dans mon esprit. Le coma de Dabi, son état, la bataille, le désastre de tout ce qui a suivi... C'est comme un cauchemar qui me hante chaque nuit, comme si j'allais le revivre à mon réveil.
Quatre ans se sont déjà écoulés trop rapidement... Je vois mon fils grandir en ayant l'impression que demain, il quittera la maison pour suivre sa propre voie. Mais dans mon coeur, il reste mon bébé à qui j'aurais pu échanger ma vie pour sauver la sienne à sa naissance. C'est un sentiment si lourd... Dans un an, Alix suivre le même chemin et je ne sais pas si je supporterai ce manque qui me détruit lentement.
Plus le temps passe, plus je me sens suffoquer de ce sentiment que ressentent toutes les mères poules en voyant leurs enfants grandir...
Je suis donc allée consulter mon médecin.
<< Il peut être possible que vous soyez en phase d'une déprime passagère. Ce n'est pas aussi grave qu'une dépression post partum, bien que les symptômes soient à peu près similaires. >>
- C'est à dire ?
<< Vous n'êtes pas passée par la phase de dépression post partum à la naissance de vos enfants et cette déprime peut être reliée à cette phase manquante. Pour vous donner un exemple, c'est comme se réveiller d'un rêve merveilleux et que la réalité vous frappe de plein fouet au réveil. La croissance de vos enfants vous affecte, mais ça ne fait pas de vous une mauvaise mère. Vous avez seulement beaucoup de mal à "couper le cordon" si vous voulez. >>
Mes oreilles se baissent. Il est vrai qu'à mes deux accouchements, j'étais plutôt dans l'euphorie d'être mère que j'en ai oublié le contre coup de la grossesse. Dabi a aussi tout fait pour m'éviter d'avoir des baisses de moral, alors je n'ai pas pensé une seule fois à ce qu'il se passerait quand je verrai mes enfants devenir adultes à leur tour. Maintenant que je suis "réveillée", cette réalité m'angoisse... Je ne me sens pas capable de laisser mes enfants partir, c'est horrible...
Mais qu'est-ce qui m'arrive...?
<< Si possible, j'aimerais vous revoir dans les prochaines semaines en compagnie de votre mari pour un diagnostic plus approfondi. En attendant, discutez en et réfléchissez à ce qui peut inverser cette phase indésirable. Je peux même vous conseiller de voyager seulement avec votre mari pour essayer de vous détacher de votre rôle de mère. N'ayez crainte, vous n'abandonnerez pas vos enfants, mais vous devez penser à votre bien être Madame ou ça n'ira qu'en empirant. >>
- Un voyage...?
Il hoche la tête.
<< Redevenez une femme pendant quelques temps. Vous en avez besoin. Vos enfants ne grandiront pas avant plusieurs années, alors vous pouvez vous permettre de prendre quelques jours de repos dans votre rôle de mère et de vous adapter aux changements à venir. >>
Jusqu'au retour à la maison, je n'ai pas arrêté de penser à ça. Oui, peut être que ça pourrait être la solution, de voyager. Le truc c'est... qu'il faut d'abord convaincre Dabi d'accepter, il n'aime pas voyager aussi loin. Cela dit je suis pareille et je déteste prendre l'avion...
<< Et où tu veux aller ? demande-t-il en buvant son thé. >>
- Je ne sais pas...
<< Qui gardera les petits ? >>
- Ta mère ?
<< Hors de question que je les laisse là bas. >>
<< Moi je veux bien, propose ma mère qui jouait avec Alix. >>
<< Maman on a pas fait des gosses pour les refiler aux grand parents... >>
Oui, Dabi appelle ma mère comme la sienne depuis le temps, au lieu de l'appeler "belle maman" c'est plus court de l'appeler "maman" ou "mère" directement.
<< Mon fils, je pense d'abord à la santé de ma fille. En tant que mère mais aussi en tant que femme avant tout, il est important de privilégier les petits problèmes physiques ou mentaux avant qu'ils ne deviennent de gros problèmes. Ce voyage, vous allez le faire et voyez ça plutôt comme une lune de miel. >>
<< Dis tout de suite que tu veux t'accaparer Touya et Alix pour la semaine... soupçonne mon père en buvant son thé. >>
<< Chéri tu es méchant ! >>
<< Avec toi on s'attend à tout. >>
<< Et alors, je veux gâter mes petits enfants c'est mon droit non ?! boude-t-elle. >>
J'échange un rire complice avec Dabi, ils ont plus de 50 ans en âge humain et agissent toujours comme des enfants. J'espère qu'on sera aussi comme ça plus tard...
<< Bébé, pourquoi tu m'en as pas parlé avant ? demande-t-il en me prenant la main. >>
- Je ne voulais pas t'inquiéter et puis... Je trouvais ça futile de déprimer à cause de tout simplement le cycle de la vie.
<< Mais dans ton cas c'est normal, tu les as quand même porté pendant 9 mois chacun alors forcément le lien est plus complexe. >>
- ... Et puis...
<< Quoi ? >>
Je me pince la lèvre avant de soupirer.
- Non rien... Je suis juste fatiguée en ce moment, je n'ai plus les idées claires.
<< Raison de plus pour trouver LA destination de rêve, insiste ma mère. Je vous conseille Hawaii, c'est paradisiaque ! >>
<< Riku n'aime pas profiter des pays pauvres Saya, riposte mon père. >>
<< Oh vous savez, quel pays n'est pas pauvre ? demande Dabi en haussant les épaules. >>
- Hum... En fait je n'ai pas vraiment pensé à des îles tropicales, c'est trop cliché pour moi et puis trop de tourisme, j'ai envie de me reposer.
<< Hmm... Tu m'avais parlé de l'Autriche, rappelle-t-il. >>
J'ai déjà voyagé en Europe, mais il y a des années.
- Tu veux y aller avec moi...?
<< Ma foi pourquoi pas, moi aussi j'ai envie de pauser. >>
- Mais tu n'aimes pas voyager--
<< Riku. Tu en as besoin et c'est non discutable, on s'en fout de la destination. >>
Mais... C'est loin quand même... Trois semaines sans voir Touya et Alix, je ne sais pas si je vais tenir-- Voilà que je commence déjà...
<< Et puis j'ai envie de t'avoir pour moi tout seul, boude Dabi. >>
Je sursaute et rougis. Toujours aussi jaloux... Mais tout le monde a raison, j'ai failli oublier qu'on était un couple avant d'être parents. Je veux bien essayer, histoire de préserver la flamme.
Visiblement, tout le voyage y compris le séjour ont été organisés par mon père, alors il n'y avait pas trop à attendre pour partir seule avec Dabi. J'étais tendue durant tout le trajet en avion et il m'arrivait d'éclater en larmes dans les toilettes tellement mes enfants me manquaient. La fatigue du voyage a beaucoup joué sur le moral aussi, alors après une longue nuit à l'hôtel, je me sentais un peu plus apaisée.
Mais encore et toujours les mêmes cauchemars... Finalement, c'est moi qui n'ai pas su me détacher du passé...
Le lendemain de notre arrivée à Vienne, je me réveille en panique lorsque les images de Dabi sur son lit de mort ressurgissaient dans mes rêves, où cette fois, je n'entends plus que le son constant du moniteur cardiaque qui n'indiquait plus aucune pulsation. Mais mon coeur se calme lentement en voyant son visage endormi en face du mien et sa respiration relaxante, semblable à des ronronnements, me détend à nouveau.
Plus le temps passe, plus je le trouve aussi beau qu'au début... Je n'ai plus pris un instant de le regarder de cette façon et de me rendre compte de la perle qu'il est. Plus Dabi prend de l'âge, en plus investi dans son rôle de chef de famille maintenant, plus il s'embellit de jour en jour. On approche bientôt de la trentaine et j'ai l'impression que c'était hier qu'il m'avait demandé en mariage...
Je caresse sa joue en rêvant de ce moment magique. Mais...
Je ne suis pas aussi "parfaite" qu'il le dit si souvent...
Je m'en veux d'avoir autant cherché la perfection d'une vie en le réprimandant quand il était encore un criminel. J'avais tellement peur de le perdre à jamais et je voulais que notre vie soit un havre de paix dans laquelle on pouvait s'épanouir... J'ai tellement pensé à vouloir le guérir de ses maux que j'en ai oublié les miens en me cachant derrière une illusion qui n'existera jamais.
La perfection... n'existe pas...
Je lui en ai voulu de ne pas m'avoir écouté à l'époque, mais je m'en voulais encore plus d'avoir essayé inconsciemment de le changer, alors que c'était ce Dabi sans foi ni loi que j'aimais. Loin de moi le fantasme de l'homme "viril, impulsif et violent" et ce n'est pas la question, mais il avait cet éclat dans le regard qui n'a jamais disparu. Un éclat si pur, comme les iris d'un enfant si innocent qui sommeillait toujours au fond de lui. Un enfant qui ne demande que de l'amour... J'aimais ce Dabi qui n'avait peur de rien, un peu provocateur et capable de tout pour obtenir ce qu'il veut. Il avait l'art de manipuler qui il voulait, mais sa manière de me séduire me rend effectivement précieuse à ses yeux et je ne m'en cache pas. J'aime être le diamant qu'il chérit tant.
Cet homme est tout ce qu'on veut, mais je n'ai jamais douté de sa loyauté et de sa douceur qu'il n'exerce qu'avec moi.
Il ouvre les yeux péniblement à cause de la lumière matinale et s'étire doucement, qu'est-ce que j'aime le regarder émerger tous les matins...
- Bonjour...
<< Hmm... C'était pas un rêve alors... >>
- De quoi...?
<< J'ai rêvé qu'un ange m'espionnait. >>
Je souris et l'embrasse tendrement, puis me blottis dans ses bras qu'il ouvre pour m'inviter.
- ... Alix doit être réveillée...
<< On est en vacances Riku, grommelle-t-il. >>
- Ah, oui... L'habitude...
Ca va être compliqué...
Dabi se redresse au dessus de moi et dénoue sans prévenir ma nuisette avant de la faire glisser de mes épaules.
- Heu Chéri...?
<< Laisse toi faire et savoure... susurre-t-il en embrassant ma nuque. >>
Je frémis en sentant ses mains masser ma colonne vertébrale et mes ronronnements ne se font pas attendre. Avec la chaleur de ses paumes, c'est tellement bon... J'en viens même à pétrir le drap et les oreillers à chaque massage.
<< Aujourd'hui je veux te voir te détendre et ne rien faire, c'est compris ? >>
- Je vais essayer...
À suivre...
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