Point de vue Riku

<< Tss c'est pas un peu court ? >>

- Tes cheveux ont trop poussé, arrête de faire le bébé.

<< On dirait mon père comme ça... >>

- En plus beau.

Dabi fait toujours la tête quand je lui coupe les cheveux, mais ne rechigne jamais quand je les recolore. J'ai seulement rasé l'arrière de sa tête pour faire un haircut et recoupé les pointes de sorte à laisser ses cheveux se hérisser correctement.

- Voilà, penche la tête.

Mais au lieu de se pencher au dessus du lavabo, il bascule sa tête en arrière en la calant sur ma poitrine avant de sourire.

- Dabi, je dois te laver les cheveux...

<< Hmmm je suis bien là. >>

- Puisque c'est comme ça, débrouille toi tout seul. 

Je retourne dans la chambre pour ranger mes affaires dans le dressing.

- Et ne mets pas de teinture sur le miroir !

<< Hmm, j'ai la flemme. >>

Je roule des yeux alors qu'il me regarde faire en s'adossant à la porte. Quand il fait ce regard de tombeur, je me doute de ce qu'il attend mais monsieur n'aura rien tant que cette maison ne sera pas impeccable. Il m'envoie des signaux subtils depuis ce matin, à commencer par quelques petites attentions au réveil sous la couette. Je résiste, mais je suis une femelle avant tout alors forcément que ses approches ne me laissent pas indifférentes.

Seulement Dabi a toujours le chic de me distraire quand je suis occupée !

<< Tu peux arrêter de m'ignorer ? >>

Je me fige en sentant ses mains glisser sur mes hanches par derrière et son visage se faufiler dans mon cou, avant de continuer à plier mon linge.

- Plus tard.

<< Hm, ok. >>

Mais il continue de me caresser, ce qui me fait remuer la queue de frustration.

- Dabi, j'ai dis plus tard.

<< J'ai compris. >>

- Alors arrête.

<< Je te caresse, rien de plus. >>

- Moui je te connais hein.

<< Hmm mais c'est juste irrésistible... >>

Je frémis en sentant ses lèvres embrasser ma chair et descendre sur mon épaule et dans ma nuque, avant d'humer mon odeur avidement.

<< Ce parfum c'est une tuerie... >>

- Heu je n'ai pas mis de parfum chéri.

<< Justement. >>

- Oh non Dabi, pas maintenant j'ai encore des choses à faire...

Je dis ça mais je suis en train de céder alors qu'il passe une main sous ma ceinture...

<< C'est si urgent...? >>

- Vraiment je vais te haïr...

Je me retourne vivement pour dévorer ses lèvres en l'emportant dans ma chute sur le lit. Cet homme est diabolique, c'est un coup bas de me faire ça dans un moment pareil... Mais ça fait des mois que je laisse mes envies de côté, je n'en peux plus !

Depuis que la mémoire de Dabi est revenue, la justice s'est attelée à son dossier pour décider de quelle sentence lui infliger. Pour le moment, il est encore sous la protection d'Endeavor mais si les juges prennent une décision je me doute que Dabi finira en prison à vie... Ou pire...

Au Japon, la peine de mort n'est pas abolie...

Il ne fallait vraiment plus que ça pour détruire ma santé qui s'est encore détériorée à cause de la fatigue et du stress, en plus d'avoir repris un peu de poids. Je me sens laide et de plus en plus faible alors qu'on avait pourtant décidé d'organiser notre mariage dans la vraie tradition, ma mère n'attend que de pouvoir confectionner ma robe et je lui avais promis autrefois.

Mon état n'a pas échappé à Dabi évidemment... Je traine plus longtemps au lit sans arriver à me réveiller complètement, certains aliments me coupent l'appétit et le moindre effort me demande énormément d'énergie. Je déteste être comme ça.

Alors quelques jours plus tard, il a habillé Touya chaudement et nous emmené nous promener dehors. L'atmosphère de la maison est devenue pesante avec toute cette surveillance de la police en permanence. Ca peut permettre aussi à Touya de respirer un nouvel air...

- Dabi...?

<< Hum ? >>

Dabi et moi marchons main dans la main dans l'allée du parc recouvert par la neige, alors que Touya s'amusait à quelques mètres devant nous. Son père me parait un peu énervé depuis ce matin cependant.

- Tout va bien ?

<< Hm... J'ai juste hâte d'en finir avec tout ça. >>

- Moi aussi...

<< Mais pas pour moi, tu m'as assez protégé comme ça Riku. >>

Je secoue la tête.

- Pourquoi se marier si ce n'est pas pour être unis dans un couple ?

Puis je souris et m'arrête pour fermer son manteau.

- Dans la santé et dans la maladie, dans la joie et dans la peine. Pour moi, ce serment compte à mes yeux.

Il soupire en laissant la vapeur s'échapper dans le froid d'hiver et attrape mes mains pour les réchauffer dans ses paumes.

<< Je sais bien mais regarde toi... Un jour tu vas t'évanouir. >>

- Ne t'en fais pas, ce n'est qu'une question de temps avant que le verdict ne tombe.

<< Bien sûr que je m'inquiète Riku, tu vieillis moins vite que moi mais t'es pas immortelle pour autant. >>

Je l'embrasse en ronronnant.

- Alors je compte sur toi pour me soigner quand tout sera terminé...

<< T'es chiante tu sais... >>

Tout à coup mes oreilles se dressent en entendant Touya pleurer dans la neige un peu plus loin. Des enfants "s'amusent" à le pousser et lui faire des croche pieds en le traitant de démon.

<< Ca c'est le fils de Créma ?? Regarde comment il pleure ! >>

<< Il fait pitié... Il deviendra comme son père et tuera des gens, c'est ce que le mien dit tout le temps. >>

- Hé !

Dabi me retient avant de me devancer et s'approcher des enfants, qui s'enfuient en le voyant. Voilà le problème de la société actuellement... La guerre est terminée, mais la méfiance et les jugements sont encore bien trop encrés dans les coeurs et les regards des citoyens. À cause des médias, tout le monde connait maintenant l'existence de Touya et je crains l'avenir où il entrera à l'école... Même moi, je n'échappe pas aux regards lourds de jugements de la part des autres femmes.

Au lieu de poursuivre les enfants pour les sermonner, Dabi se contente plutôt de consoler son fils en le prenant dans ses bras et retirer la neige entassée sur son petit bonnet.

<< Désolé Touya. >>

J'ai mal de les voir souffrir de cette situation... Les humains sont cruels avec leurs semblables sans prendre en compte leur souffrance. Comme si les châtier de la sorte allait effacer ce qui est déjà fait. Je me réjouis de n'être qu'à moitié humaine et de garder une part d'empathie en moi.

Une boule de neige percute les cheveux de Dabi, provenant d'un autre enfant un peu plus grand que les deux premiers.

- Dabi !

Il reste immobile et se contente de fermer les yeux.

<< Hé t'es malade de l'attaquer comme ça, tu veux plus vivre ?? panique un autre enfant. >>

<< De quoi t'as peur ? S'il me touche il finit en prison. 'Puis de toute façon, il a rien à faire ici ! >>

- Assez !!

Alors qu'il lançait une deuxième boule de neige, je m'interpose en la détruisant d'un revers du bras.

- Vous n'avez pas honte d'agir ainsi ?! Comment vos parents vous ont élevé ?!

<< Cette pauvre femme... murmure sûrement la mère de ces enfants. Forcée d'être mariée à un type pareil, que quelqu'un l'aide... >>

<< Pourquoi est-il dehors au juste...? Il devrait être enfermé depuis longtemps, acquiesce une autre mère. >>

Dabi me retient par le bras en me sentant perdre mon sang froid.

<< Laisse les parler, c'est rien. On rentre. >>

Il est très rare de me voir haineuse, mais je ne vais pas accepter ces histoires plus longtemps... Je supporte, mais il va arriver un moment où je ne vais plus contrôler mes propos. 

Je souffle en prenant la main de Dabi et le suit en rebroussant chemin.

<< Son fils portera la honte toute sa vie... >>

. . .

Pardon ?

<< Riku ! >>

Je pivote subitement vers une troisième femme non loin de nous avant de la gifler juste assez fort pour la faire tomber sur le verglas, ignorant mon mari qui voulait me rattraper.

<< Mais...! >>

- Sous le choc ? Ca fait mal ?

Elle lève la tête vers moi en se tenant la joue déjà bien rouge, encore sous le choc. Mes poings sont tellement serrés que mes ongles pourraient percer mes paumes...

- Faites très attention à ce que vous dites à l'avenir ou vous pourriez perdre un oeil ou deux si vous continuer TOUS à cracher sur mon fils ou mon mari.

<< Encore une bonne femme juste assez aveugle pour voir que ce type est un connard de première ! râle un homme près de son fils. >>

<< Riku viens on rentre-- >>

Dabi me tire doucement vers lui mais quelle ne fut pas sa surprise de me voir me libérer d'un revers du bras.

- Si je ne parle pas je vais devenir folle !

Puis je me tourne vers le père de famille.

- Vous pensez avoir le monopole de la causette en insultant mon mari avec un langage vulgaire, sous prétexte que ce que vous croyez dire est vrai ? Laissez moi vous prouver que je peux tout à fait rentrer dans votre jeu moi aussi, salopard.

Même Dabi se décompose en m'entendant parler aussi vulgairement.

- À vrai dire, je ne vois pas pourquoi je devrais me fatiguer à écouter autant de langues de p*tes toutes regroupées à un seul endroit, dont la majorité est cocue sans le savoir tandis que l'autre moitié n'est formée que de mal baisés qui n'ont d'autre à FOUTRE que de baver sur un homme repenti et père de famille, ainsi qu'un amant merveilleux. Mais bon, on fait tous des erreurs dans la vie et celles de vos mères, c'est de ne pas vous avoir avaler.

Plus personne ne parle. Et encore je me suis efforcée de garder un peu d'éducation pour Touya qui nous écoute...

Je pivote en passant à côté de Dabi qui me regarde, bouche bée, avant de me suivre.

<< Tu sais que je t'aime ? >>

- Désolé pour le langage...

<< J'avoue que ça salit ta belle bouche mais franchement j'ai plutôt envie de rire. La tronche qu'ils tirent tous ! >>

- Ca fait toujours cet effet quand une femme de la haute société se permet des libertés.

Il me rattrape en m'embrassant passionnément. Moi qui étais si remontée à l'instant, mes nerfs se détendent aussitôt.

<< Ugh... >>

Touya fait une moue de dégoût.

<< Hé comment tu crois que t'es là toi ? peste Dabi. >>

Je souris et prends mon fils dans mes bras pour l'inonder de bisous et dévorer ses joues. Ce sont mes deux amours et je suis capable de tout pour les protéger...

À aucun moment je n'ai regretté d'épouser cet homme qui m'a donné un ange pour fils...

À suivre...

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Atteeeeeeeeeends, c'est pas finiiiii... Faut pas faire chier Maman Riku <3