Point de vue Riku

<< Voyez vous ces multiples tâches sur la radio ? Tous ces organes vitaux sont très endommagés et c'est un miracle que votre époux soit toujours en vie, cependant les chances de survie aux opérations sont très minces, je suis navré. >>

<< Je suis désolé, mais nous ne disposons pas de donneurs compatibles... >>

<< Je n'ai pas l'autorisation pour intervenir. >>

Dites plutôt que vous refusez catégoriquement de le sauver sous prétexte qu'il est un criminel, comme s'il n'était plus qu'un déchet dont il faut se débarrasser... Ca fait des jours que je bataille dans l'espoir de trouver un chirurgien qualifié pour opérer Dabi au plus vite, mais chaque minute est si précieuse ! Pendant que je perds du temps avec ces amateurs, Dabi est en train de mourir à petit feu !!

Il y a de quoi en vouloir à la Terre entière de faire une telle chose ignoble et trouver des excuses aussi CONNES les une que les autres... Mais je n'ai pas cessé d'implorer la clémence à tous les cabinets les plus expérimentés. À chaque échec, ma colère grandissait en mon coeur et je crains le moment où ce sera la goutte de trop.

<< Hm... C'est une opération assez délicate et le risque est élevé, mais je peux le soigner. >>

- Vraiment ?

<< Bien sûr, mais... Cela a un prix. >>

Je fronce les yeux en croisant le regard louche de ce médecin dont on m'a dit beaucoup de bien pourtant. Je le sens fourbe et dangereux, puis sa manière de caresser ma main pour me donner un stylo fait bouillir mon sang alors que je ne laisse rien paraitre.

<< Voilà une reconnaissance de dette. >>

"Dette" hein...? Il est en train d'essayer de me faire signer un contrat de services de charme. Il profite de ma vulnérabilité et mon désespoir pour me faire signer un contrat rédigé à l'arrache pour devenir sa prostituée, et si je comprends bien, si je ne signe pas...

Je perds ma dernière chance de sauver Dabi...

<< Personne n'en saura jamais rien, je le garantis. Une vie pour une vie, ma chère. >>

. . .

J'ai envie de vomir...

Sans le regarder directement, je le vois se lever de son bureau et le contourner pour m'approcher, avant de s'accroupir à mes côtés et caresser timidement ma cuisse. À ce moment là... Je ne me sens plus moi même...

<< Si jamais l'opération échoue, il serait dommage de vous laisser pleurer sa mort toute votre vie. Je pense que la page sera plus facile à tourner si on s'y prend maintenant-- >>

Un hurlement de douleur hante le bureau de cet homme qui s'écroule au sol en se tenant la main, dont le sang colore le carrelage ciré à en aveugler mes yeux à cause de la lumière. Il aura bien du mal à retirer son propre stylo qui avait carrément traversé les extrémités de son membre. Je me suis sois même transpercé légèrement la cuisse, mais la colère qui me nourrit à l'instant m'anesthésie de toute douleur. 

- Je ne suis pas désespérée au point d'accepter de m'offrir à un autre homme que mon mari.

Je me lève et le simple contact avec mon regard suffit à terrifier cette ordure qui a osé déposer son odeur sur moi.

- Finalement, je me passerai de vos services. Cependant je préfère vous prévenir d'une chose...

Pourquoi cet homme rampe-t-il au sol alors que je m'approche simplement de lui, avant de m'accroupir ? Pourquoi un tel regard horrifié en ma présence...?

- Ne croyez pas que mon époux est le seul à avoir de sombres visages... Si vous tentez de l'approcher, de moi ou de mon fils, je reviendrai dans ce cabinet pour discuter avec vous.

<< J-Je ferai ce que vous voudrez ! Je suis désolé ! Je vous en--! >>

- Inutile. Désolé pour le dérangement.

La vue du sang étalé sur sa main charcutée ne me laisse pas indifférente... Mon coeur s'accélère comme dans une pulsion dévorante, c'est étrange...

Pourquoi ça me fascine autant...??

J'ai presque... envie de chasser...

Mais alors que mes crocs se rallongeait douloureusement dans ma mâchoire, je quitte immédiatement les lieux d'un pas pressant en cachant mes lèvres. Je ne sais pas moi même ce qui m'arrive, c'est la première fois... J'étais si en colère que ce sentiment m'a aveuglé au point de changer inconsciemment en l'espace d'une seconde.

Mon père m'en avait parlé une fois... C'est un instinct de chasse incontrôlable, hérité par le sang. Mon père est l'un des rares hybrides à pouvoir se contrôler, mais Tomoe et moi... C'est beaucoup trop dangereux... Pour ma part, côtoyer Dabi a dû favoriser en partie ce côté sombre que je renferme.

Je ne dois plus me laisser envahir par la colère ou je vais réellement perdre le contrôle--

- Huh ???

Je me décompose en regardant mon reflet au travers d'une vitrine. Mes yeux... Mes yeux sont rouges... C'est pour ça que ce médecin avait peur tout à l'heure, moi même je me terrifie... Si je perds définitivement le contrôle, qui sait ce que je suis capable de faire ??? Je peux m'en prendre à Touya par mégarde ! Quelle mère ferait du mal à son enfant ???

Je dois penser à Dabi... S'il te plait, calme toi Riku... Pense à Dabi...

Tu n'as pas le temps de régler ce problème, alors contrôle toi !

Je suis épuisée et je n'ai plus de solutions... Personne ne se porte volontaire pour opérer Dabi et l'idée de finir veuve si tôt me déchire le coeur. Endeavor a poursuivi des recherches via ses nombreux contacts, cela n'a rien donné évidemment.

Mais de retour à l'hôpital, le coeur anéanti de retrouver Dabi dans le même état voire empiré, j'ai la surprise de croiser le regard de Hawks près de Shoto et d'un homme avec un cache oeil et une jambe artificielle.

<< Nekomura-san, on a peut être trouvé un médecin ! annonce Shoto, portant Touya dans ses bras. >>

Décidément il ne quitte plus mon fils...

- Vraiment...?

<< Oui, confirme Hawks en s'inclinant devant moi. Pardonnez moi d'avance d'avoir pris des initiatives sans vous en avoir informé. J'ai mené une enquête secrète et j'ai pu retrouver les coordonnées d'un ex médecin militaire que vous devez assez bien connaitre. Elle répond au nom de Rosa Elrik. >>

- C'est la femme qui m'a aidé à accoucher de mon fils...

<< Elle a des qualifications inégalables et sa relation avec Da--Touya Todoroki renforce les chances de réussite. >>

Je me rappelle qu'elle avait disparu après la naissance de Touya... Je pensais qu'elle était décédée. Mais c'est une bonne nouvelle, alors je m'incline en poussant mon soupire de soulagement devant Hawks.

- Merci Takami-san...

<< Non je ne fais que mon boulot. >>

Mon coeur me semble libéré d'un pincement et j'y entrevois déjà une lueur d'espoir... Je récupère Touya dans mes bras, il se frotte les yeux. Tout à coup, une pensée me vient à l'esprit.

- Takami-san...?

<< Hum ? >>

- Seriez vous d'accord pour devenir le parrain de mon fils...?

<< Eh ?? Heu... Votre mari risque de ne pas être... >>

- C'est moi qui vous le demande. Je veux que mon fils soit en sécurité pour la vie et j'ai besoin de quelqu'un de confiance...

Il regarde Touya, encore un peu confus.

- Malgré tout ce qui a pu arriver, l'enfant n'est pas mêlé à ces histoires. Ce qui est fait est fait, on ne peut pas changer le passé... Mais je veux au moins lui permettre de vivre dignement, même s'il vient à nous arriver quelque chose, à Dabi et moi. Vous accepteriez d'élever le fils de votre ennemi comme s'il était le vôtre malgré tout...?

Son sourire est instantané, alors qu'il prenait Touya pour la première fois dans ses bras. Ce dernier a déjà bien grandi en un mois et a bien plus de cheveux qu'au début, difficile de lui résister... Il sourit à Hawks en agitant ses petites jambes.

<< J'en serai honoré... >>

Je lui rends son sourire avant de m'écrouler dans les bras de Shoto qui me réceptionne, avant de m'installer sur le banc du couloir. Je suis si épuisée...

<< Nekomura-san ! Un médecin ! >>

J'ai puisé dans mes dernière forces pour trouver des solutions et j'ai oublié de veiller à ma santé. Mais la vie de Dabi est plus importante à mes yeux, c'était juste une petite négligence... 

Ma tête est si lourde tout à coup et se pose sur l'épaule de Hawks qui venait de s'asseoir près de moi pour servir de cale, tandis qu'un médecin prenait ma tension sur place.

<< Sa tension artérielle est très basse, emmenez la dans une chambre. >>

- Non...

<< Nekomura vous avez besoin de soins, sévit Hawks. >>

- Je veux me reposer auprès de Dabi...

J'ai trop insisté pour me laisser trainer jusque dans une chambre isolée, et les médecins m'ont laissé m'assoupir auprès de mon mari. À mon réveil, le visage d'une petite fille fixait longuement le corps inerte de Dabi, tandis que Shoto discutait non loin avec l'homme borgne de tout à l'heure.

<< Si la manoeuvre devient trop dangereuse, j'interviendrai. Je ne vois aucune autre solution pour le maintenir en vie et augmenter le taux de réussite de son opération. >>

<< Merci Sensei... Merci pour mon frère... >>

Shoto s'incline, Midoriya et son ami blond les écoutent en restant immobiles à la porte, puis l'homme s'approche de l'enfant aux cheveux immaculés.

<< Eri, c'est très délicat mais je sais que tu peux le faire. Ne panique pas si tu te sens perdre le contrôle, je suis là en cas de problème. >>

<< Il est... vivant au moins...? >>

- Plus pour longtemps malheureusement, c'est pour ça que tu es là. Tu peux le sauver. >>

Shoto vient de remarquer mon réveil et m'éloigne doucement de Dabi pour laisser la petite Eri user de son Alter. Elle est si jeune... J'ai aussi peur pour elle...

Elle me regarde quelques secondes, avant de déglutir et poser ses mains tremblantes sur le bras de Dabi qui n'a plus aucune réaction depuis longtemps. Et si ça ne marchait pas...? J'ai tellement peur que je n'ose pas regarder et me blottir dans les bras de Shoto qui ne m'avait pas lâché.

Kamisama... Par pitié...

À suivre...