Partie 4 : AU-DELA - Ch. 30 "Changement de balconnet" (3)
Je lui fais le tour du propriétaire. Amélie ne nous a pas attendus et s'est mise à explorer tous les recoins de la maison, avant de déballer son sac dans sa nouvelle chambre. Elle avait visiblement envie d'y apporter sa touche personnelle dès que possible, je comprends mieux la valise pour un simple séjour de deux nuits. Il y a deux chambres en bas, côté droit, avec la salle de bain, alors que le côté gauche est occupé par la cuisine et le living, qui donne sur le jardin en carré. En haut, il n'y a que le grenier, qui est actuellement rempli de cartons. Je n'ai aménagé ici que depuis un mois, mais j'ai installé le minimum nécessaire pour les loger tous les deux. Dans la cuisine, seule la cuisinière a été changée. La table pour six de chez Mike ainsi que les canapés et sofas de Mike et moi habillent le salon, avec bien sûr la télévision. Dans les chambres, nous avons remonté les deux garde-robes de l'appartement de Mike, plus ma penderie. En meubles de rangement, on pêche un peu, mais ça viendra. J'invite Mike à se reposer dans son bon vieux lit conjugal, avant l'arrivée des invités. Il ne se doute pas que nous avons calé la pendaison de crémaillère in extremis ce soir pour qu'il y soit présent. Par chance, nous ne sommes pas nombreux, sinon le pauvre, il douillerait !
— Quand tu te réveilles, fais-moi un appel, je viendrai te chercher, lui murmuré-je avant de l'embrasser.
Je place son smartphone dans sa main. Entre temps, Nadia et Jules arrivent et me demandent un coup de main pour décharger quelque chose de la voiture. Cristie en profite pour sortir : elle a bien compris qu'elle n'aurait pas son précieux calme à la maison ce soir et adore se promener dans le quartier.
— Notre cadeau pour ton aménagement ! déclare mon frère. Alors, qu'en dis-tu ? On se tape dehors pour l'apéro ?
Ils me montrent une table de jardin pliable en plastique accompagnée d'un lot de six chaises. Je les remercie et approuve l'idée, il fait si clair et doux ! Ça permettra d'imaginer le futur jardin. Je checke de temps à autre mon téléphone et réponds à Amélie qui sort parfois de son film pour me demander si son père dort toujours.
— Miss, il est vite épuisé tu sais, il faut y aller doucement avec lui, rien que le déplacement et les conversations, c'est un effort à fournir. Il faut le ménager.
— Je pourrai m'occuper de lui pendant la fête ?
Je ne lui refuse pas ce plaisir, au moins, elle prend assez bien son handicap plus prononcé qu'avant. Lorsque Nora arrive avec Juliette, un appel en absence de Mike m'alerte.
— Ah ! L'homme du jour est réveillé, je reviens ! Vous pouvez poser les boissons sur la table, dehors.
Je prends le temps de le rafraichir un peu, ainsi il est propre et mieux réveillé pour nous rejoindre. Tout le monde est sur la terrasse, et tous les yeux se tournent vers lui. Mike lève une main molle pour saluer, ce qu'il ne pouvait même pas faire il y a deux mois de ça.
— Bonsoir ! Pardonnez-moi de ne pas me lever pour vous faire la bise.
Nous sommes plusieurs à éclater de rire. Puis la sonnette retentit à nouveau.
— C'est Anne-Lise ! Elle aussi a une surprise pour toi.
— Ne t'en fais pas, je reste là où tu m'as mis.
Nouveaux rires, c'est sûr qu'il n'a pas trop le choix. Mais c'est sans compter sur Amélie qui l'amène dans le couloir à ma suite pour accueillir sa tante. Quand Mike aperçoit le copain d'Anne-Lise, il percute.
— Vous êtes Benoît, c'est cela ?
— Oui, je suis ravi d'enfin rencontrer le frère d'Anne-Lise. Vous nous avez fait quelques frayeurs, ces derniers mois !
Mike et sa sœur échangent un sourire entendu. Amélie brise le charme en faisant un créneau sec de toutes ses forces avec le fauteuil.
— Allez, papa, on y retourne ! C'est moi qui décide où tu vas, ce soir ! Si t'es sage, je t'emmène près des apéritifs ! Et pas d'alcool, hein ?
— Oui, 'man !
Nous pouffons à l'arrière du drôle de cortège qui retourne sur la pelouse. Amélie a de la chance qu'on ait tout débroussaillé il y a quinze jours, elle fait parfois des détours dans l'herbe avec Mike qui serre les dents. Le pauvre, le terrain ne doit pas être très plane.
— Amélie ! crie Anne-Lise. Laisse un peu ton père tranquille, il n'est pas là pour compter les brins d'herbe, mais pour passer du temps avec nous. Tu auras tout le temps de pousser sa chaise demain.
Amé y consent et Mike soupire un « merci » dès que sa fille s'est éloignée. Le reste de la soirée se passe bien. Mike s'endort à moitié vers minuit, après avoir pris ses cachets. À peine est-il allongé dans le lit qu'il tombe dans un lourd sommeil. Amélie a été envoyée au lit il y a une demi-heure et moi, je passe encore une heure en compagnie des invités.
Lorsque je reviens pour m'allonger à mon tour, je ne peux retenir un sourire : son retour ce soir est comme un aperçu de notre bonheur 2.0. M'endormir près de sa chaleur me fait un bien fou et me rappelle de bons souvenirs. Lorsque sonne mon réveil, sa façon de me regarder me prouve qu'il n'en pense pas moins.
— Salut, chérie. Ton odeur tout près de moi me manquait.
— Ça me fait plaisir.
— Tu as oublié d'éteindre ton réveil, on dirait.
— Non non, c'est voulu. On bouge, aujourd'hui !
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