Chapitre 5
~ Nathan ~
C'était le week end. Je sortis de l'agence, un léger sourire aux lèvres. 18h45. J'étais le dernier à finir mais sortais étonnamment tôt. Victor, Hugo, Maxime et Chris m'attendaient devant. Nous passames sur le trottoir en face et je laissais mes amis se disputaient sur le lieu où nous irions ce soir. Un autre groupe sortit de l'agence que je ne connaissais que trop bien. La section "fait divers". Nora était avec Julien, qui avait d'ailleurs son bras sur ses épaules. Gabriel parlait avec Camille. Sarah, de la section "mode", les rejoignit en courant.
- Ehhhhhh ! Attendez moi !
Victor se tourna à ce moment, mattant sans vergogne les jambes de mon employée. Avant de se rendre compte que Nora était avec eux. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres.
- On va au Hamilton ? Proposa-t-il aussitôt d'un air innocent.
- Non, tranchais-je. On y va toujours.
- Dis plutôt que tu veux séparer boulot et plaisir ! Railla-t-il.
Je plongeais un regard noir dans le sien, faisant s'avancer Chris. Chris était mon meilleur ami depuis le primaire. Nous avions tout vécu ensemble. Il faisait serveur en complément de son job de directeur de salle de sport. Serveur au Hamilton, c'était un mois de salaire quasiment en une soirée donc cela ne le gênait pas.
- T'aurais envie de sortir avec tes amis et retrouver tes collègues de boulot ? Cassa aussitôt Chris.
- Relax, Max ! Souffla Victor. C'était de l'humour.
Je me détournais du groupe pour apercevoir juste à ce moment Nora qui disparaissait dans l'agence. Le groupe continua sans elle malgré un léger coup d'oeil de son fidèle acolyte. Un coup d'oeil au mien me fit comprendre que Victor n'avait rien vu. Chris me lança un regard intrigué mais je lui fis comprendre de ne pas poser de question.
- Je dois aller chercher des dossiers. Envoyez moi un message quand vous êtes décidés.
- Tu vas bosser ?! S'écria aussitôt Maxime.
J'haussais les épaules et mes amis voulurent me retenir pendant quelques secondes avant que je ne les fasse céder. Ils partirent donc dans le sens opposé de mes employés, à mon plus grand soulagement, et me firent un rapide signe de main. J'envoyais aussitôt un texte à Chris.
A Chris : "Mon employée (que veut chopper Victor) est retournée dans l'agence. Je m'assure que tout va bien et je vous rejoins quand vous vous êtes décidés." 18h56
Sa réponse ne se fit pas attendre alors que je regagnais l'entrée de l'agence.
De Chris : "Refais la moi ? Tu retournes dans ton entreprise pour t'occuper d'une employée ?" 19h00.
A Chris : "Détends toi. J'ai eu quelques différends avec Mademoiselle Milani qui compliquent nos relations de travail. Rien de passionnant." 19h02.
De Chris : "C'est ça, ouais ! Je te connais mieux que personne, Nat' ! On en parle plus tard. A tout à l'heure" 19h03.
Je verrouillais mon téléphone au moment où j'arrivais devant le bureau de Nora. Elle resta concentrée sur son ordinateur, frappant à une vitesse vertigineuse sur son clavier. Je m'appuyais sur le chambranle de la porte, attendant qu'elle daigne relever la tête. Malencontreusement, je fis grincer ladite porte, la faisant sursauter.
- Monsieur... Carter, articula-t-elle avec difficulté.
- Qu'est ce que vous faites encore la, mademoiselle Milani ?
- Je travaille. Cela ne se voit pas ?
- Vous m'avez rendu votre article, lui rappelais-je.
- Je suis sur un autre projet.
- Lequel ?
Elle hésita, me faisant me redresser. Un soupir lui échappa alors qu'elle me lançait un regard irrité.
- Je vous l'aurais donné demain, vous savez. Et s'il ne vous plaît pas, vous avez juste à ne pas le publier. Donc détendez vous.
Décidément ! Tout le monde était stressé, ce soir ! Je fis mine de me détendre donc avant de m'avancer vers elle. Elle reprit son écriture avant d'à nouveau s'arrêter alors que je me mettais juste derrière son siège. Je survolais les deux paragraphes que je voyais déjà avant qu'elle ne remonte brusquement au début de la page.
"Une femme. Un droit. Lutte contre les violences faites aux femmes.
Par N. Milani.
Actuellement, nombreuses sont les femmes qui gardent pour elles les violences subies au quotidien. Pourtant, plus d'une femme sur 3 meurt sous les coups de son conjoint. Malgré les luttes préventives, les appels à témoigner et la mise en place des services d'aide aux femmes battues, de nombreuses femmes gardent encore le silence.
La réelle question est donc de savoir pourquoi. Une enquête a été mené au sein des hôpitaux parisiens où des témoignages ont été recueilli de ces femmes victimes de violence mais en manque de confiance. Ces victimes sont manipulées par leur agresseur, à en développer le célèbre syndrome de Stockholm*."
L'article continuait. Détaillant les mises en pratique détestable des maris qui battaient leur femme, des hommes qui préfèraient s'en prendre à elles ou pire, à leurs enfants. Des faits divers qu'il y avait eu sur cela dernièrement. Et elle finissait par un témoignage. Une femme qui avait été victime de violence, qui était tombée dans l'alcool pour oublier les coups et qui avait fini par frôler le coma éthylique avant d'être admise à l'hôpital, ce qui lui avait sauvé la vie et avait enfin délié sa langue. Sa voix me ramena à la réalité.
- Ce n'est qu'une ébauche...
- C'est un sujet sensible.
- Je sais. Mais...
Elle perdit ses mots. Je pris la souris et remontais sur l'un des paragraphes avant de corriger quelques phrases en me penchant sur elle. Elle se figea lorsque nos corps furent assez près pour que je sente son parfum. Et elle, sûrement le mien. Elle tressaillit une nouvelle fois avant d'essayer de se dégager.
- Je vous le rends demain.
- Oh la ferme, je n'ai rien d'autre à foutre alors autant que je vous le corrige.
- Vous pouvez aussi me foutre la paix ! Claqua-t-elle froidement.
- Ça... cela arrivera quand je ne serais plus votre patron.
- Pourquoi vous vous faites appeler Carter ?
Le brusque changement de conversation me désorienta quelques secondes qui lui permirent de s'échapper de mon emprise pour se retourner sur son siège. Elle était maintenant face à moi, légèrement décalée, me forçant à me redresser.
- C'est de notoriété publique que je suis le fils Obrian, claquai-je.
- Oui mais plusieurs hypothèses courent sur votre changement de nom. Obrian est un fardeaux si lourd que cela ?
- Non. Je ne veux seulement pas confondre ma vie privée et publique.
- Mais pourquoi Carter ? Me demanda-t-elle à nouveau en fronçant légèrement les sourcils. Et pas McCarter comme votre mère ?
Je me crispais à la mention de ma mère, ce que Nora ne put que remarquer. Elle voulut dire quelque chose pour s'excuser mais je balayais ses propos d'un signe de main.
- J'ai commencé à Carter et Co, un journal local d'Amérique. Quand je suis revenue en France, j'ai simplement gardé le nom de l'entreprise où j'avais été promu patron. Tout le monde m'appelait comme cela aux États-Unis. Cela ne me gêne pas qu'on m'appelle comme cela en France. Mais je vous rassure, mes papiers civils ont bien le nom des Obrian.
Un sourire narquois glissa sur mes lèvres alors que ma chère employée levait les yeux au ciel. Je me retins de lui lancer un nouveau regard amusé et lui désignais l'écran d'un mouvement de menton.
- Pourquoi ce choix ?
- Un fait divers. C'est le témoignage que j'ai recueilli qui m'a permis de boucler l'article.
Je hochai la tête avant de jeter un léger coup d'oeil à mon portable. 19h34. Une demi heure ?! Une demi heure que je parlais avec elle ?! 3 messages. Victor. Chris. Chris. J'en pris rapidement connaissance avant de revenir sur Nora qui me regardait toujours avec une sorte d'appréhension.
- Rentrez chez vous.
- Je n'ai pas fini mon...
- Il est très bien votre article, vous le savez autant que moi. Vous ne sortez pas avec vos amis ?
Son téléphone vibra au même moment, affichant un numéro que je ne connaissais que trop.
06 5. .. .. .. : "Nous sommes au Carlton si vous voulez nous rejoindre :)" 19h37.
Nora bloqua son téléphone mais j'avais eu le temps de lire. Victor, tu me gonfles.
- Ou rejoindre Victor, ricanai-je.
Elle me lança un regard suspicieux avant de se détourner pour ranger son téléphone dans sa poche.
- Non, je vais rentrer.
- Je vous raccompagne.
Je la suivis jusque dans le parking apres avoir fermé nos bureaux avant qu'elle ne pousse un cri de rage mal contenue en s'approchant de sa voiture. Je me dirigeais vers sa voiture à mon tour avant de voir les 4 pneus complètement à plat. C'était une clio nouvelle génération. Pas trop mal mais courante. C'était forcément une vengeance.
- Je vais vous déposer.
- Mais je dois retourner à l'hôpital demain ! J'ai besoin de ma voiture, Mr Carter !
Je fouillais rapidement mes poches avec un air excédé et lui fourrais ma carte de crédit dans les mains.
- 4591.
- Quoi ?!
- Le code. Prenez un taxi et vous la donnerez à Mia demain. Je dois la rejoindre. On y va, mademoiselle Milani.
- Vous me donnez votre carte bleue ?! Demanda-t-elle avec stupeur. Et votre code ?!
- C’est toujours mieux avec le code, raillai-je en me dirigeant vers ma voiture.
- Mais vous êtes dingue ?
Je me retournais pour la fusiller du regard alors qu’elle jetait un regard désolé à sa Renault. Son regard noisette se posa ensuite sur moi, me regardant avec une neutralité innocente.
- Ben quoi ? Vous vous proposez pour me ramener alors que vous ne me portez pas dans votre cœur, vous me passez ensuite votre carte de crédit et votre code et en prime, vous me dites de la rendre à votre sœur demain, après avoir pris un taxi à vos frais pour rejoindre l’hôpital. Je suis juste sur… le cul.
Elle marquait un point. Je lui fis signe de me suivre, ce qu’elle fit. J’ouvris ma voiture, retenant un sourire amusé.
- Quoi ? Claqua-t-elle.
- J’ai ma porsche. Et ils s’en prennent à votre voiture. Vous ne vous êtes pas fait que des amis, mademoiselle Milani.
- C’est souvent le cas quand on est journaliste, reprit-elle plus sèchement en entrant dans ma voiture.
Elle croisa les bras, boudeuse. Un sourire m’échappa cette fois, alors que je lui attrapais le menton pour la forcer à me regarder.
- Je m’en occuperais. Et de faire sécuriser le parking.
- Je peux m’en occuper, grogna-t-elle.
- On dit merci quand on est poli, mal baisée.
- Moi mal baisée ? C’est vous, le mal baisé oui !
- Je peux vous assurer que non, raillai-je encore.
- Ahhhh ! Je ne veux pas savoir, Carter !
Un rire m’échappa alors que j’essayais en vain de retenir un fou rire. Un appel s’afficha sur l’écran de bord et je répondis avec les commandes au volant.
- « Chris. »
- « Qu’est-ce que tu fous ? Me demanda-t-il avec détresse. Ces gens vont me rendre fous ! »
Un nouveau ricanement m’échappa.
- « J’ai eu un contretemps. »
- « Quoi ?! T’as pas sauté ton employée, rassure-moi ?! »
- « Je ne saute pas tout ce qui bouge ! » M’offusquai-je.
- « Euh… si, en fait ! Tu baises tout ce qui bouge ! C’est votre petit concours débile avec Victor ».
Je lançais un regard en biais à Milani, la voyant décolorer.
- « Super, Chris. J’ai justement mon employée dans la voiture et elle t’entend, tu sais. »
- « QUOI ?! Mais tu peux pas prévenir avant que je balance des trucs comme ca ?!
- « Je savais qu’il baisait tout ce qui bougeait, de toute façon », grommela-t-elle, faussement vexée.
Chris éclata de rire alors que je lui lançais un nouveau regard noir.
- Jusqu’à preuve du contraire, je ne vous ai pas baisé !
- Encore heureux ! Ricana-t-elle. Après avoir fait tous les égouts de Paris, vous risquerez de me refiler le sida !
- « Elle, je l’aime ! Rigola encore Chris. Ravie de vous connaître, mademoiselle je tiens tête à Nathan. Je vais vous laisser vous insulter, les enfants ! Nathan, pense à nous rejoindre ! »
- Moi de même ! Et c’est Nora, me coupa mon employée alors que j’allais prendre la parole.
Je la fusillais du regard en reprenant ma discussion, la mettant encore une fois volontairement dans l’embarras.
- « J’y songerais. Mais je n’ai pas ma carte de crédit, raillai-je encore ».
- « Quoi ? Tu l’as perdu ?! »
- « C’est compliqué, souris-je avec amusement. Je t’expliquerais mais non, elle n’est pas perdue ».
- « Ramène ton cul ! Je ne tiendrais pas toute la soirée avec ces malades ! »
- « C’est ça ! »
Je raccrochais juste après cela. Avant de pouvoir reprendre la parole, je vis Milani tendre la main vers le tableau de bord et lui tapais le bout des doigts. Elle les retira immédiatement, la mine irritée.
- Aïe !
- On ne touche à rien.
- Connard…, murmura-t-elle en regardant par la fenêtre.
- Je vous entends, m’amusais-je.
- Tant mieux. Je n’aurais pas à me répéter !
- Vous êtes une peste, une fois passée la porte du bureau !
Elle tourna sa tête vers moi, me renvoyant un sourcil haussé.
- Et vous, on en parle ?
- J’ai été plutôt sympa comme patron, lui rappelai-je. Je vous raccompagne chez vous après qu’on ait vandalisé votre voiture et vous donne ma carte de crédit pour rejoindre votre lieu de travail dès demain.
- Je suppose qu’il y aura une contrepartie ? demanda-t-elle avec suspicion.
- Vous vous occupez de ma mère, c’est une large compensation, vous ne pensez pas ?
- Donc, vous vous sentez obligé de me remercier ?
Malgré elle, son ton s’était radouci. Je soupirais sans plus répondre. Est-ce que je me sentais obligé de la remercier ? Non. Je voulais seulement me sortir les idées qui me courraient dans la tête depuis quelques jours dès que je pensais à elle et tout ce que mes proches en disaient. Je me garais devant chez elle, prenant sa place. Elle se tourna vers la poignée mais ne l’actionna pas. J’haussais un sourcil alors qu’elle se tournait à nouveau vers moi.
- Vous voulez… manger ici ? Vous n’avez pas mangé et vous allez surement sortir donc… Enfin, si vous voulez !
Je haussais le second sourcil, cette fois totalement surpris.
- C’est pour vous faire pardonner votre insolence ? La piquai-je dans un sourire amusé.
- Pour vous faire ravaler votre côté prétentieux, plutôt. Je ne mange pas des produits de luxe, dit-elle avec un ton volontairement hautain.
- Moi non plus.
- Bon, faites comme vous voulez alors ! Moi, je rentre !
~ Fiiiiiiiin !
Oui je sais mais j'étais obligée :p !
Alors à vos petits commentaires, vos petits votes et tout ce qui suit !
A votre avis ? Va-t-il aller manger chez Nora ? Que va-t-il se passer ? A vous de voir !! Des bisouuuus ~
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