~ Abby ~

- Monsieur Obrian..., articulai-je avec difficulté. Que puis-je vous servir ?

- Tu veux que je m'en occupe, chat ? Lança Nathan.

Je me raclais la gorge pour reprendre contenance alors que le charmant chef d'entreprise qui m'avait manifestement pris en grippe, lançait un regard froid à mon ami. Je posais aussitôt mes mains sur celles de mon ami, me retournant légèrement pour l'apercevoir dans mon dos. Ce qui n'était pas compliqué, sachant qu'il faisait presque 2 têtes de plus que moi.

- Non, ça va, t'en fais pas.

Nathan salua Aaron avant de partir en me faisant un clin d'œil. Je sortis rapidement mon carnet de commande et mon stylo pour relever les yeux sur les hommes en costume.

- Qu'est ce que je vous sers, messieurs ? Aaron ?

Mon ami me sourit avec plus de tendresse que la première fois en répondant.

- Ton cocktail de la dernière fois était pas mal !

- Pas de soucis, lui souris-je. Et pour vous ? Demandai-je d'abord à celui que je reconnaissais comme étant Connor Marxwell.

Qu'est ce qu'Aaron faisait avec ces gens ?! Connor devait faire la même taille que son ami, avait des cheveux bruns et des yeux gris qui le rendaient incroyablement beau. Sûr de lui, Abby comprit qu'il n'en était pas moi l'homme implacable qu'elle avait appris à connaître en cours au niveau de ses affaires. Ce dernier jeta un dernier coup à la carte avant de me sourire.

- Un sex on the beach, s'il vous plaît.

- Deux ! Répliqua le dernier de la bande.

Je notais rapidement avant de me forcer à lever les yeux sur Nick.

- Et vous ?

- Que me conseillez-vous ? Demanda-t-il avec une pointe de défi.

J'haussai les épaules en regardant la carte plus que lui.

- Vous avez le Cubanito qui est apprécié. Ou le cocktail du jour, cela dépend ce que vous aimez comme alcool si toutefois vous voulez de l'alcool. Si vous êtes en réunion professionnelle, je peux vous proposer des cocktails sans alcool.

Je relevais finalement le regard sur lui, me forçant à déglutir. Ses yeux verts percutèrent les miens comme s'il voulait me sonder. Je soutins son regard malgré le rouge que je sentais colorer mes joues.

- Votre cocktail du jour, alors. C'est un rendez vous.. cordial. Pour l'instant, rajouta-t-il en lançant un regard à Aaron, toujours auprès de moi.

- Je reviens tout de suite, articulai-je avant de partir au pas de course.

Arrachant le ticket de commande, je fus soulagée de me perdre dans la foule et de ne plus sentir le regard de Nick Obrian sur moi. Du moins pour quelques instants...

~ Nick ~
Je regardais la jeune femme disparaître dans la foule alors qu'Aaron s'asseyait avec nous en souriant. Son uniforme noir et son tablier bleu continuait à valser devant moi pourtant. Le souvenir de ses mèches rebelles qui avaient danser devant ses yeux alors quelle n'attendait que de fuir loin de nous, m'arrachèrent un sourire. Connor me lança un regard interrogateur mais je me penchais déjà vers notre potentiel nouveau client en souriant.

- Alors comme cela, vous et la serveuse..., sous-entendais-je.

- Qui ça ? Abby ? Demanda-t-il avec surprise. Ah, on n'est pas... c'est la meilleure amie de ma petite sœur. Je la connais depuis que je suis moi-même enfant, voilà tout ! Mais vous aviez l'air de la connaître aussi.., sous-entendit-il à son tour.

- Nous nous sommes en effet rencontrés ce matin. J'étais dans le juré qui l'a jugé.

Connor haussa les sourcils en faisant le lien avec la conversation de ce matin avant de lancer un regard dans la direction où avait disparu cette Abby.

- C'était quoi son sujet ? Me demanda-t-il distraitement.

- L'influence des marchés économiques sur le système national, laissai-je tomber.

- Et ? Renchérit Connor. Bien ou pas ? Elle peut être une potentielle stagiaire ?

Je me tournai vers lui pour percuter son regard où j'y lus un avertissement explicite. Mes états d'âme ne devaient pas me rendre subjectif dans le boulot. Je n'avais même pas besoin qu'il me le dise pour le comprendre. 

- Oui. Elle a... beaucoup de potentiel. Mais elle semble.. fragile.

- Fragile ? Pourrais-tu être explicite, Nick et ne pas me balancer les infos au compte goutte ?

Je soupirai, regrettant déjà d'en avoir parlé. Me passant la main dans les cheveux, je le regardais avec agacement.

- Elle est fragile, douce, non avertie. Qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre ? Elle n'est pas prête pour le marché du travail !

- Justement, sourit-il avec un regard que je n'aimais pas. Il nous manque un peu de douceur dans l'entreprise. Vous croyez qu'elle accepterait de faire un stage dans notre entreprise, Aaron ? Je peux vous appeler Aaron ?

- Oui, bien sûr ! Euh..  je pense qu'il faudrait lui demander. Abby n'avait pas l'intention de partir dans le commerce... à grande échelle, laissa-t-il tomber avec précaution. C'est vrai qu'elle est douce et fragile mais elle est aussi très forte quand il le faut. Et surtout quand elle maîtrise son sujet, finit-il en me regardant comme pour me convaincre.

La jeune femme revint à ce moment, le plateau chargé de 4 cocktails. Elle servit rapidement mes deux collègues et amis avant de se tourner vers son ami qui eut droit à un sourire trop mielleux à mon goût. Enfin, elle se tourna vers moi, soudain plus aussi sereine et posa mon verre avec précaution, évitant le maximum de contact. Alors qu'elle allait repartir, Connor la saisit par la main, la faisant se retourner avec surprise.

- Mademoiselle... Abby ! Veuillez m'excuser, je ne connais pas votre nom. Je peux vous appeler Abby ?

- Euh... Oui. Vous avez besoin d'autre chose ?

- Eh bien, de vous seulement, lança mon ami en souriant.

La jeune femme lui lança un regard incertain, ne semblant pas comprendre le sens de sa phrase. Je me retins de soupirer alors que Connor reprenait ses charades.

- Nous parlions justement de vous avec votre ami et Nick m'a dit qu'il vous avez eu ce matin.. Cela vous tenterait un stage chez nous ?

- Quoi ?! Croissa-t-elle. Enfin, je veux dire..., chercha-t-elle ses mots, visiblement surprise. Mais je ne suis même pas encore diplômée ! Je ne sais pas si...

- Vous allez avoir votre diplôme ? Demandai-je avec une certaine ironie. Voyons, mademoiselle McCarter, vous avez sûrement été le meilleur cas, ce matin. Il ne suffit que de nous donner votre réponse.

- Excusez mon ami, Abby. Il a avalé son petit-déjeuner de travers ce matin, lui lança Connor en me fusillant du regard.

Je lui retournais aussitôt, levant alors mon regard sur le visage trop doux, trop crispant de la jeune femme. Ce besoin de protection qu'elle nous faisait ressentir était trop dangereux pour les affaires. Elle allait nous ralentir et nous n'avions pas le temps pour cela.

- Tu as déjà un stagiaire, je te rappelle, Connor.

- Mais pas toi !

Je tournais brutalement la tête vers lui, tendu à l'extrême. McCarter avait d'ailleurs décoloré, elle aussi.

- Pardon ? Lui demandai-je plus par formalisme que réel envie qu'il répète. Je n'ai pas le temps pour former des gens. Tu le sais bien. Le travail que j'aie en ce moment me prend la moindre minute de temps libre. 

- Justement ! Avoir une stagiaire te permettrait de partager le tâche. 

- Tu ne crois quand même pas que je vais confier nos clients à... une stagiaire ? Essayai-je de dire sans perdre mon calme.

Abby tressaillit, faisant tomber la main de Connor qui la tenait toujours, se tournant vers moi.

- Je croyais que j'avais un bon dossier, souligna-t-elle.

- Il y a une différence entre avoir un bon dossier et gérer des dossiers professionnels, mademoiselle McCarter. Je ne peux pas prendre le temps de vous former, nous sommes débordés ces temps-ci. Pas si je suis votre maître de stage. Prends-la toi, répliquai-je au regard noir de Connor.

- Écoutez ! Nous coupa le fruit de notre conflit. Je ne pensais pas venir dans votre entreprise de toute façon. Donc.. la question est réglée. Mais merci quand même, Monsieur Marxwell.

- Attendez ! Coupa aussitôt Connor. Nick, Taylor... est ce que je peux vous parler quelques secondes ? En privé ?

Nous nous éclipsâmes sous le regard gêné d'Abby qui se tourna vers Aaron avec un air désolé. Connor attira mon attention en me désignant la serveuse.

- Tu veux qu'elle parte chez nos concurrents ou quoi ?! Nick, si c'est un bon élément ...

- Elle est timide, réservée et plein de manières, le coupai-je. Ne vous liguez pas contre moi, tous les deux ! Les avertis-je.

Mais le regard que me lança Taylor qui détenait 2% des parts de nos sociétés, tranchant les litiges entre Connor et moi, me fit grimacer. J'étais foutu. Par mes propres associés ! 

- Tu n'as pas eu stagiaire depuis des mois. Connor a raison, elle t'aidera. Puis fais pas le mec qui s'en fout, tu la regardes depuis que nous sommes arrivés !

- C'est justement pour ça que je ne la veux pas ! Elle va me déconcentrer. Je n'ai pas le temps de la former.

Mes dents grincèrent alors que Connor tranchait définitivement la question en me sortant les contrats de stage.

- C'est réglé. Convaincs-là, Nick.

Nous retournâmes vers la table où mes deux collègues s'étaient déjà rassis, me laissant debout avec la brunette. Abby allait partir lorsque je lui tendis la convention. Elle regarda ma main puis le papier sans comprendre.

- Votre convention. De stage. Pour les 6 mois à venir.

Elle ouvrit la bouche sans qu'un mot ne puisse en sortir. Puis je la vis secouer la tête, avec un sourire d'excuse.

- Je vous l'ai dit, monsieur Obrian, je ne suis pas...

Ses mots se mélangèrent, la faisant bredouiller. Je lui attrapais la main, faisant le tour pour ne plus avoir Connor entre elle et moi et lui fourrais le papier dans la main. Puis d'une voix suave et la provoquant volontairement d'un regard amusé, je lui parlais seulement à elle, me mettant dos à la table.

- Vous vous défilez ? Vous rateriez la chance de votre vie ? Je ne vous crois pas aussi stupide.

- Vous et moi pendant 6 mois ? Soyez réaliste. Déjà 5 minutes vous sont visiblement insupportables.

J'inspirai profondément pour ne pas la tuer sur place, n'ayant pas vu ce côté réaliste dans les 2 minutes de dispute de ce matin. Puis plantant mon regard dans la sien, je la mis littéralement au défi.

- Je suis exigeant, mademoiselle McCarter. Implacable. Mais ça, vous le savez. Je vous mets au défi de réussir à tenir deux mois dans mon entreprise.

- Et si j'y arrive ? Demanda-t-elle en levant le menton avec une sorte de provocation.

J'aurais pu dire qu'elle était sexy mais ma conscience me rappela à l'ordre immédiatement. J'avais des femmes beaucoup plus désirables qu'elle dans mon entourage, ce n'était pas son visage de poupée Barbie qui allait me déconcentrer. J'esquissais pourtant un sourire en me prenant au jeu. Le rouge revenait déjà sur les joues de cette insolente créature que je continuais à mettre mal à l'aise. 

- Je ferais tout ce que vous voudrez pour 24h. Mais si vous perdez... vous serez à moi pendant 24h. En êtes-vous vraiment capable, petite insolente ?

- Et vous, monsieur l'arrogant ? Lâcha-t-elle avec défi.

- Est-ce comme cela qu'on parle à son potentiel futur patron ? Lui glissai-je avec un regard narquois.

- Quand il a besoin de l'entendre, peut être bien. Je dois retourner travailler..

J'allais la laisser repartir lorsque je remarquais qu'elle n'avait toujours pas pris le contrat.

- McCarter !

Elle se retourna, prête à me remballer lorsque je saisis le stylo qu'elle avait dans la poche du haut de sa blouse pour remplir rapidement les quelques conditions obligatoires. J'apposai rapidement ma signature sur les deux exemplaires de stage ainsi que mon nom et prénom en bas de page en maître de stage, le nom de l'entreprise et la durée. Je lui redonnai son stylo en la dévisageant pour qu'elle signe. Elle voulut s'appuyer quelque part, hésita puis me fixa avec gêne. Je soupirai avec lassitude puis me retournais pour me pencher en avant, lui donnant mon dos en appui. Lorsque la pression du stylo se fit sentir, je lui lançais une première pique.

- C'est un costume à 1500 euros. Si vous y mettez du stylo, je vous le ferais payer, mademoiselle McCarter.

- Je vous payerai le pressing en cas de trace, monsieur Obrian. Je suppose évidemment que les machines à laver sont inconnus pour vos précieux costumes.

- Signez ce foutu contrat, qu'on en finisse.

La pression du stylo disparut et elle me tendit aussitot un papier que je repris alors que j'eus à peine le temps de la voir ranger son exemplaire dans son tablier. Je lui tendis ainsi la main, arquant un sourcil. Elle la regarda avec appréhension puis glissa ses doigts menus dans les miens. Je la rapprochais d'un coup sec contre moi, la surprenant.

- Que le meilleur gagne. Rendez vous lundi à 7h 30 à l'entreprise. Ne soyez pas en retard, je déteste les gens en retard, mademoiselle McCarter. 

- Je serai la, souffla-t-elle.

Je la regardais encore quelques secondes, sentant sa confiance s'ébranler légèrement, plus du tout sûre de ce qu'elle venait de faire. Malgré moi, ma mauvaise confiance ne pouvait s'empêcher de rire, sachant qu'elle était engagée pour 6 mois ferme a moins de rompre son contrat. A moi la victoire ! Sa main glissa de la mienne et elle finit par repartir travailler. Je me promis de régler ce point rapidement également avec elle, sachant qu'elle n'aurait plus le temps de travailler en étant à l'entreprise. Ce fut donc avec un sourire victorieux que je retournais vers Connor et lui posais l'exemplaire signé de la convention de stage en prenant une gorgée de mon cocktail.

- Enfin une bonne action ! Un vrai capitaine, ce Nick ! Ria mon ami.

- Je sais ce que je veux. Tu m'as demandé de la prendre avec moi, tu ne seras pas déçu.

Et je dus avouer que la petite brune avait eu raison sur une chose. Alors que je la voyais encore s'activer avec ses collègues et son pot de colle officiel sous le nom de Nathan, son cocktail était l'un des plus délicieux que j'avais goûté. Souriant alors, je pensais au peu de vie sociale qui allait lui rester lorsqu'elle commencerait à travailler pour moi. Bienvenue dans la cour des grands, bébé.

~ Voilà pour la seconde partie ! En espérant que ça vous plaira :) Et n'hésitez pas à donner vos avis, les critiques permettent de s'améliorer ! Bonne soirée ! ~