Chapitre 6 - Secrétaire ou architecte ?
Après avoir dégusté nos boissons, nous commençons à parler des plans de la maison de Fred. Cela me gêne un peu de l'appeler par son prénom, mais c'est lui qui m'a demandé d'en faire ainsi alors je m'adapte. Clayton lui présente une maison cubique alliant modernité et respect de l'environnement. Je l'aide sur des détails concernant les prix ou encore les dimensions, détails que j'ai appris par cœur la veille au bureau. Je trouve d'ailleurs que je m'en sors plutôt pas mal car dès que j'interviens, Clayton acquiesce de la tête.
À la fin de l'entretien, Fred semble apprécier la proposition de Clayton et ne manque pas de le féliciter :
— Tu as encore fait un super boulot mon pote. Mais pour la piscine je ne suis pas sûr. Entre l'eau potable utilisée dedans et les produits nécessaires pour la traiter, je ne suis pas convaincu qu'elle soit appropriée à mon projet.
Fred regarde alors son ami en attendant une réponse, un plan B, mais Clayton semble ne pas savoir quoi lui répondre. Il tente alors de le convaincre :
— Tu voulais une piscine pourtant, tu m'as même dit que c'était indispensable pour toi !
— Oui, mais pas comme ça. Je pensais que tu aurais trouvé une solution...
— Je t'avoue que je ne sais pas quoi te dire là, bafouille Clayton, vraiment embarrassé par la situation.
Je suis étonnée, il n'est vraiment pas du genre à ne plus savoir quoi répondre. Mais je pense que le fait d'être trop sûr de lui et d'avoir été persuadé que son projet lui plairait, l'a mis en porte à faux. Le voyant mal à l'aise, cherchant par tous les moyens comment résoudre ce problème de piscine écologique, je me mets également à réfléchir pour essayer de sauver ce contrat quand me vient une idée de génie :
— Et pourquoi ne pas faire une piscine naturelle ? tenté-je avec le peu de connaissance que j'ai en architecture.
Clayton me lance un regard noir, sûrement pour être intervenue alors que lui n'avait aucune idée. Mais cela m'importe peu car son ami semble emballé.
— Poursuis, m'encourage alors ce dernier.
— Nous n'en avions pas parlé avant Elyssa, ce n'était pas prévu, me coupe Clayton de plus en plus mal à l'aise et me mettant alors moi aussi mal à l'aise.
— Oui mais ça me plaît. Donc laisse-la continuer s'il-te-plaît ! se met à insister Fred face à son ami qui ne sait plus quelle est la bonne décision.
Je regarde Clayton avant de continuer pour obtenir son approbation (ou désapprobation). Mais il me dit d'y aller d'un geste de la tête donc je poursuis :
— Grâce à la piscine naturelle, il est possible d'avoir une piscine écologique où l'on n'utilise pas de traitement chimique notamment.
— Mais comment cela fonctionne-t-il ?
— Il y a trois parties. D'abord la zone de baignade où l'on va installer un filtre à sable, un écumoire, un compartiment de sédimentation et un filtre UV. Ensuite il y a la zone de plantation où il y aura des plantes pour assainir et filtrer l'eau. Aussi, en dernier on peut faire une zone de régénération où l'on peut mettre une cascade et permettre d'aérer le bassin et oxygéner l'eau.
— Mais c'est parfait ça ! s'exclame Fred, satisfait.
— Et il y a possibilité de la chauffer ?
— Oui, l'idéal ici serait d'installer des capteurs solaires. En revanche, plus il fait chaud, plus l'équilibre de la piscine naturelle sera difficile à atteindre, mais c'est possible !
— C'est exactement ça que je veux Matthew. Tes plans étaient déjà super mais avec la piscine naturelle c'est la cerise sur le gâteau, s'exclame de nouveau Fred.
— Il faut croire que je recrute bien mes secrétaires alors, ironise-t-il en me souriant
Je me mets alors à sourire aussi, mais surtout car je suis fière de moi d'avoir été utile, de ne pas avoir été qu'une simple plante verte dans cette discussion. Puis Fred signe les papiers avec Clayton, ne faisant que de le remercier de l'avoir aidé sur son projet de maison. C'est, juste avant que nous partions, qu'il nous propose :
— Maintenant que ces papiers sont signés, il va falloir organiser une fête pour célébrer ça. Je ferais ça d'ici une semaine ou deux Clayton, il faut que je vois avec Fanny, ma femme, mais j'espère que vous viendrez !
— Euh... bafouillé-je, ne sachant pas si je dois accepter cette proposition ou non.
— Nous viendrons, me coupe Clayton sûr de lui, ne me laissant pas le choix
— Parfait, s'enthousiasme Fred
Et alors que nous partons car il est se fait tard, il nous remercie une nouvelle fois en serrant nos mains :
— Merci pour tout !
— Et toi ! J'espère te revoir ! dit-il en s'adressant à moi.
— J'espère aussi, répondis-je à cet homme qui m'a réellement paru chaleureux tout au long de ce rendez-vous et ne m'a pas traité comme une simple secrétaire, me laissant ma chance.
J'avance alors vers l'ascenseur en attendant Clayton, mais malgré la distance, j'entends Fred lui dire :
— Ça a l'air d'être une super fille, ne gâche pas tout !
— Je t'ai déjà dit que c'était ma secrétaire, Fred, s'agace Clayton, visiblement contrarié qu'il puisse penser qu'il se passe quelque chose entre nous
— Si tu le dis. Aller, bonne journée les amis !
Clayton me rejoint alors et nous regagnons la voiture. Au début, personne ne parle, puis il me sermonne :
— La prochaine fois que tu as une proposition dans un dossier, parle-moi en avant d'arriver devant le client s'il-te-plaît.
— Quoi ?? Mais je n'avais rien prévu ! J'ai juste essayé d'aider quand vous ne saviez pas répondre ! m'exclamé-je, énervée qu'il me reprenne à l'ordre pour avoir tenté de sauver la situation.
— D'accord, alors je te remercie, me coupe-t-il
Ai-je bien entendu ? Clayton qui me remercie ? C'est une première. D'habitude il cherche toujours la mouche quand cela me concerne. Mais je suis fière de moi et j'ai adoré ce rendez-vous donc je ne relève pas.
Cependant après quelques minutes et pendant que nous roulons toujours, Clayton m'interroge à nouveau :
— Comment en sais-tu autant sur l'architecture alors que tu n'as aucune formation ?
— Je me suis renseignée c'est tout, lui réponds-je, vaguement.
Je ne m'attendais pas à cette question, et je n'ai pas franchement envie d'y répondre.
— Non, tu en sais beaucoup trop pour t'être juste renseignée, insiste-t-il.
— Mon frère était passionné d'architecture, cédé-je finalement, persuadée qu'il ne me lâchera pas tant que je ne lui répondrais pas
Dire cette phrase me fait une drôle de sensation. C'est la première fois que je parle de mon frère à un inconnu. C'est même une des premières fois que je parle de mon frère depuis sa mort. Et rien que d'en parler, j'en ai les larmes aux yeux.
— Oh, il est ... s'exclame Clayton qui comprend soudainement pourquoi j'ai utilisé le passé pour parler de lui.
— Oui il est mort...
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