Chapitre 54 - Réveil brutal

1 mois plus tard :

— Quand va-t-elle se réveiller ?

— Bientôt normalement. Nous lui avons fait une IRM et ses résultats sont bons, les sédatifs ont été progressivement arrêtés depuis quelques jours, elle devrait bientôt revenir parmi nous.

C'est sur ces mots que, la tête lourde, comme si un marteau piqueur me perçait le crâne, que je parviens difficilement à ouvrir les yeux. Immédiatement, la lumière m'éblouit et je peine à m'habituer à tant de clarté. Au bout d'une minute, me forçant à m'habituer au soleil illuminant la pièce et plissant les yeux, j'aperçois un médecin en blouse blanche qui discute, près de la porte et dos à moi, avec quelqu'un. Mais, de par sa position, je ne vois pas son interlocuteur. Celui-là, par contre semble avoir une quarantaine d'année, le crâne déjà dégarni, mais de ce que j'ai cru entendre il avait l'air sûr de lui concernant mon cas. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi je suis là.

Néanmoins, je tente de prononcer des mots pour signaler ma présence, pour qu'ils m'expliquent ce qu'il se passe. Mais j'en suis totalement incapable. Je me sens tellement faible. La fatigue s'est complètement emparée de mon corps, de la même manière que si j'avais fait la fête tous les soirs pendant une semaine. Et encore, je pense que je me sentirais mieux. Épuisée, je commence de nouveau à tomber dans les bras de Morphée, quand j'entends une voix que je reconnais tout de suite, rappeler le médecin qui venait de quitter ma chambre.

— Docteur Jones ! crie cette dernière. Elle est réveillée !

Aussitôt ses larmes commencent à rouler sur ses joues tandis que je la regarde, ne comprenant pas ce qu'il lui arrive. Pourquoi pleure-t-elle ?

Dans un ultime effort, la voix tremblante, je parviens malgré tout à lui demander :

— Où suis-je ? Et que m'est-il arrivé ?

Sur ces mots, ses larmes mouillant mon drap blanc, elle prend ma main, et alors qu'elle inspire profondément avant de, je suppose, commencer à me parler ; le docteur de tout à l'heure revient à grand pas dans ma chambre et la devance :

— Elyssa ? Vous m'entendez ? me questionne-t-il.

Il est bête ou quoi ? Bien sûr que je l'entends ! Pour qui me prend-il ? Une demeurée ? Cependant, je suis incapable de répliquer, me contenter d'acquiescer, avec la dernière énergie qu'il me restait, d'un signe de la tête, avant de refermer les yeux. Alexia quant à elle rajoute :

— Oui, elle m'a parlé ! Elle m'a demandé ce qui lui était arrivé et où elle était. C'est bon signe ça hein ? le supplie-t-elle, comme si elle attendant ce moment depuis des semaines.

— C'est bon signe effectivement. Elle est enfin réveillée, la rassure-t-elle.

Néanmoins, cet homme ne me laisse pas me reposer. Il met une lumière lancinante dans les yeux en me demandant de la suivre. C'est après m'avoir demandé de serrer sa main qu'il me laisse enfin tranquille. Il demande alors à Alexia de me laisser le reposer, et je me rendors enfin, sans avoir su où j'étais.

***

Quelques temps plus tard, quelques heures ou quelques jours je ne saurais le dire, je me réveille de nouveau. Mon corps me semble un peu moins lourd qu'il ne l'était, et ce n'est qu'à ce moment-là que je me rends vraiment compte du lieu où je suis. À l'hôpital. Une blouse bleue a troqué mes vêtements, une perfusion est accrochée à ma main gauche tandis qu'un appareil mesure mon rythme cardiaque, les "bip bip" sonnant régulièrement, comme une douce mélodie. Le volet de la chambre est baissé à moitié, et la télévision est encore allumée, diffusant un reportage animalier. Ne comprenant pas qui l'a allumé, je regarde partout dans la pièce, c'est là que je reconnais une petite tête brune que je ne connais que trop bien.

— Lou ? parviens-je à murmurer.

Malgré ma voix à peine audible, celle-ci m'entend immédiatement et se redresse dans un sursaut avant d'accourir vers moi.

— Elyssa ? Tu es enfin réveillée... me prend-elle dans ses bras.

Cependant, cet acte de tendresse que j'aurais pu apprécier en temps normal, cette fois-ci, m'arrache un cri de douleur. Mon corps m'est si douloureux...

— Désolée, je ne voulais pas te faire mal. Mais tu m'as fait si peur...

Toujours désarçonnée, ne comprenant toujours pas pourquoi je me suis retrouvée à l'hôpital, n'ayant aucun souvenir depuis que je suis descendue dans ce parking, je tente de lui demander des explications. Mais avant que je ne puisse prononcer un mot, elle prend son téléphone, compose un numéro et s'exclame :

— Tu es à la cafétéria ?... Oui, elle est de nouveau réveillée... Viens vite !

Lorsqu'elle raccroche, je la questionne directement, de peur de ne plus avoir la force de parler ensuite :

— Qui était-ce ? C'était Matthew ?

— Non, c'était Alexia, me répond-elle presque sèchement. Elle arrive !

Cependant, la connaissant depuis mon plus jeune âge, je vois à son expression que quelque chose cloche. Mais n'ayant pas la force de l'interroger de nouveau, et voyant Alexia arriver quelques minutes plus tard en courant à mon chevet, je me contente de poser une seule question :

— Quelqu'un peut-il me dire ce qu'il m'est arrivé ?

— Tu ne te souviens donc de rien ? me demande Alexia tandis qu'elle s'assoit au bout de mon lit.

— Non, avoué-je d'une voix tremblante, toujours aussi faible.

Et cela fait deux fois que ça m'arrive depuis que je suis ici. Quelqu'un m'aurait-il encore drogué ?

— Je me souviens seulement être descendue hier en fin d'après-midi dans le parking de chez Clayton Corporation. Puis après c'est le trou noir...

Sur mes mots, mes deux meilleures amies échangent un regard contrarié, ce que je ne comprends pas.

— Qu'est-ce qu'il y a ? les interrogé-je alors. Je vois bien qu'il y a un problème !

Dans un regard entendu, c'est Lou qui reprend la parole :

— Ce n'était pas hier que ton agression a eu lieu Elyssa, mais il y a un mois...

Quoi ?! Cela fait un mois que je suis ici ? Et comment ça « ton agression » ? Que m'est-il arrivé ?

Néanmoins, je n'ai pas le temps de répondre que mon amie d'enfance enchaine :

— Tes blessures étaient très graves, tu as failli y rester. Ils ont dû te placer dans un coma artificiel. Nous avons vraiment cru te perdre...

Sa voix se brise à ce souvenir. À ce moment-là, j'aimerais la prendre dans mes bras pour la rassurer, lui dire que tout va bien, que je suis là maintenant. Pourtant, j'en suis incapable car c'est à cet instant que tout me revient, comme un coup de massue : Daphné me menaçant avec une arme dans ce parking, ses propos incohérents, le coup de feu, le sang qui s'échappait de mon abdomen, l'arme qu'elle a retournée contre elle, Matthew et Alexia me retrouvant, puis le son des ambulances...

Matthew ?

Pourquoi n'est-il pas là d'ailleurs ?

C'est ainsi que je me tourne vers mes deux amies pour leur demander pourquoi il n'est pas également à mon chevet. Mais, en dehors de leur attitude distante, c'est leur réponse qui m'étonna le plus :

— Il est parti en voyage, me répond ma collège, nonchalante, ne me donnant pas plus de détail.

Comment pouvait-il partir loin de moi alors que j'étais ici ? Nous étions en froid avant que ces événements ne se produisent, mais encore une fois je ne comprends pas son attitude, lui qui est si protecteur d'habitude. Je sens qu'il y a quelque chose que l'on me cache. Néanmoins, avant que je ne puisse insister pour que l'on m'explique ce qu'il se passe réellement, le médecin chauve alias Docteur Jones revient une nouvelle fois pour me parler, accompagné cette fois de deux gendarmes :

— Elyssa, je te présente les inspecteurs Grender et Duruy, ils souhaitent te parler, si tu es d'accord, m'annonce-il en se tournant vers moi.

C'est ainsi qu'après s'être assuré que j'allais bien, que j'étais d'accord pour discuter avec eux et avoir insisté pour que notre échange soit rapide au vu de mon état, le docteur Jones s'en va, me laissant avec ces deux hommes qui, dès leur arrivée, ont chassé mes deux meilleures amies de la pièce.

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