Chapitre 51 - Bébé Matthew ?
Lorsque j'arrive devant l'entreprise, je pousse les lourdes portes vitrées qui me séparent de l'ascenseur. Heureusement, ce dernier n'est pas lent à arriver car mon angoisse commence déjà à monter. M'étant triturée les doigts pendant tout l'ascension de l'ascenseur, je parcours finalement les couloirs à grands pas, constatant je ne croise personne. Mais rapidement je me rends compte que c'est logique, il est midi, c'est la pause déjeuner et le reste du personnel doit s'être dispersé entre la petite cafétéria du rez-de-chaussée et les restaurants avoisinants. Quand j'arrive finalement devant le bureau de Matthew, je prends une grande inspiration avant de frapper. Je ne sais même pas pourquoi je toque à la porte car je ne l'ai jamais fait auparavant, mais peut-être que je ne sais finalement pas comment agir désormais. Cependant, il ne répond pas. Mais reconnaissant la voix qu'il prend au téléphone, j'entre tout de même d'un pas timide. Lorsqu'il m'aperçoit, son visage dur s'adoucît immédiatement :
— Excusez-moi, j'ai une urgence, déclare-t-il brutalement à son interlocuteur avant de se lever et de se rapprocher de moi, tout en raccrochant.
— Elyssa... murmure-il en tentant de me prendre la main. Tu m'as tellement manqué tu sais...
Cependant, je le repousse aussitôt. Je ne peux pas craquer, pas maintenant. Et même si ses bras me manquent et si les quelques jours passés à réfléchir m'ont permis de mieux comprendre pourquoi il avait agi de la sorte, si je suis là aujourd'hui, c'est pour obtenir des réponses. Encore.
— Matthew, je ne suis pas venue pour ça...
Voyant son regard interrogateur, je poursuis :
— Est-ce que c'est la sœur d'Adam qui occupait mon poste avant ?
— Euh...oui... bafouille-t-il ne sachant pas où je veux en venir, perturbé de mon interruption si soudaine dans son bureau pour lui poser une telle question sortie de nulle part.
— Alors c'est elle qui veut me tuer ! affirmé-je d'une voix glaçante.
Son regard passe alors de l'interrogation à la stupéfaction avant de réaliser ce que je viens de lui dire.
— Oh putain ! s'exclame-t-il finalement alors qu'il commence à faire les cent pas dans son bureau.
Constatant que tout s'embrouille dans sa tête et qu'il semble si perdu que moi, je rajoute malgré tout la question qui me taraude l'esprit depuis une heure :
— Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi m'en voudrait-elle autant. Cela me trouve léger que ce soit juste parce que je sors avec toi.
Apercevant son regard devenant fuyant, je comprends bien qu'il y a quelque chose, encore, qu'il ne me dit pas.
— Je t'en supplie Matthew, pas encore, ne me dis pas que tu m'as ENCORE menti ! le secoué-je pour qu'il me réponde.
— Quoi ?! Non ! Je te jure que je ne t'ai pas menti. C'est toi qui n'as jamais voulu que je te parle de mes précédents "aventures" !
La sueur qui commençait à perler sur mon front s'efface aussitôt. Moi qui commençais seulement à moins lui en vouloir pour ce week-end, je n'étais pas sûre de pouvoir encore encaisser quoi que ce soit aujourd'hui.
— Et je ne veux toujours pas savoir, le raillé-je. Mais là il faut que je comprenne.
Je me doute bien que ce que je vais entendre ne va pas me plaire, mais si je ne suis pas un peu plus éclairée sur la situation, je vais devenir folle à accuser cette fille, sans raison, de vouloir ma mort.
— Très bien, alors assis-toi, me conduit-il vers le sofa noir disposé près de la fenêtre. Je vais te raconter.
Je m'assois donc là où il m'a indiqué, et après avoir pris une grande inspiration, il commence son récit :
— Daphné a travaillé plusieurs années ici, mais il ne s'était jamais rien passé. J'enchainais les femmes, tu le sais, mais j'évitais quand même que ça intervienne avec mon travail. Puis il y a eu la période où j'ai décidé de changer et c'est là qu'elle s'est faite de plus en plus insistante...
— Et comme un bon samaritain tu as craqué ? le fusillé-je.
— Elyssa, s'il-te-plait...
Oui j'y vais peut-être un peu fort. Mais qui n'agirait pas de la sorte si son mec lui racontait sa relation avec la femme qui l'a précédé. Et puis, j'ai certes avoué commencer à comprendre ses agissements, je n'ai pas dit que je l'avais pardonné non plus.
— Continue, l'incité-je donc. Mais masque les détails si tu ne veux pas que vomisse dans ton bureau.
Penaud, il reprend alors sa narration :
— Il y a eu une soirée chez des amis de Fanny et Fred et elle était là. J'avais trop bu et j'ai effectivement couché avec elle, m'avoue-t-il en baissant la tête.
Je comprends mieux maintenant pourquoi Adam m'avait confié qu'ils se connaissaient bien Daphné et Matthew. N'empêche, pour me dire qu'Alexia avait peut-être couché avec lui, il a été le premier à venir me voir, par contre quand ça concerne sa sœur, il n'y a plus personne !
— C'est tout ? questionné-je finalement Matthew qui ne pipe plus un mot, attendant sûrement une réaction de ma part.
— Oui. Enfin de mon côté. Ce n'était qu'une histoire d'un soir.
— Une de plus, ne puis-je m'empêcher de rajouter, sarcastique.
Mais il ne relève pas ma remarque et reprend :
— Sauf qu'elle, elle était vraiment tombée amoureuse de moi pendant toutes ces années. Elle pensait que nous allions construire une relation mais moi je ne m'en étais absolument pas rendu compte. C'est ainsi que la semaine suivante elle m'a vu avec une autre femme en train de discuter et elle a complètement vrillé, m'a mis une claque dans la figure et a posé sa démission.
Cette femme est donc complètement folle ! Qui irait frapper son patron, même si elle éprouvait des sentiments pour lui, parce qu'il parlait avec une autre. Et puis, ok il a couché avec cette fille, mais ce que j'ai dû mal à percevoir, c'est pourquoi il ne m'en a jamais parlé ? En effet, ce n'est pas comme si je ne l'avais vu qu'une fois non plus, rien que chez Fred elle était là.
— Je ne comprends pas, pourquoi ne m'as-tu pas prévenu quand nous l'avons vu chez Fred ?
— Elle était chez Fred ? s'étonne-t-il sincèrement.
C'est là que je me souviens que quand je leur ai parlé avec Adam, il était déjà monté dans la salle de bain et après, quand ils se sont battus avec Adam, elle s'est faite toute petite, honteuse du comportement de son frère...
— C'est là que je l'ai rencontré, pendant que tu étais en train de désaouler dans la salle de bain...
Un voile de culpabilité s'affiche désormais sur son visage. En effet, il se rend compte que s'il ne m'avait pas laissée seule en bas, je ne l'aurais jamais rencontré.
— Je suis désolé Elyssa...
Sauf qu'à cet instant, je m'en fiche de ses excuses, je veux juste que tout ça s'arrête. Je ne peux plus vivre dans la peur.
— Tu ne l'as plus revu depuis ce jour-là ? l'interrogé-je dans le but de mieux comprendre les agissements de cette fille, dont les raisons me paraissent encore troubles.
— Malheureusement si, un mois après cette altercation elle a débarqué dans mon bureau. Avec un test de grossesse et une prise de sang.
Mes yeux s'arrondissent. Il n'a pas fait ça ?
— Ne me dit pas que ...
— Si, elle était enceinte, m'avoue-t-il.
Je n'en reviens pas ! Comment a-t-il pu ne jamais me confier cette information si importante !
— Je comprends mieux pourquoi tu voulais à ce point m'accompagner prendre la pilule du lendemain et ta réaction disproportionnée quand j'ai blagué sur le fait de te faire un enfant dans le dos.
— Je ne pensais pas que tu avais remarqué... avoue-t-il confus.
Je vois rouge. Pour qui me prend-il ? Ne croit-il pas que j'ai appris à le connaitre ? Croit-il honnêtement que j'ignore les gestes qui trahissent ses réactions ?
— Matthew, me tourné-je vers lui excédée. Tu aurais mérité plus qu'une seule claque dans ta vie crois-moi ! Il n'y a vraiment que moi qui me suis confiée dans cette relation bidon...
— Elyssa, je te jure que non, affirme-il en se tournant vers moi et en prenant ma joue. Je sais que tu as besoin de temps mais toi et moi ça n'a jamais été bidon. Tu n'as pas le droit de douter de nous, pas après tout ce que nous avons déjà vécu tous les deux.
S'apercevant qu'il touche un point sensible, il rajoute :
— Je t'aime Elyssa. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé quelqu'un et comme je ne pourrais jamais en aimer une autre. Je t'en prie, ne doute pas de ça.
Touchée, mais toujours blessée, je reprends mes esprits et pose la question l'unique question qui me semble importante à ce moment-là :
— Qu'est devenu ce bébé ?
— Elle a fait une fausse couche, concède-t-il.
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