Chapitre 43 - Un problème ?
Lorsque j'arrive au cabinet de gynécologie le lendemain, une dame brune d'un certain âge m'accueille et m'invite à patienter dans la salle d'attente. Matthew m'a accordé une heure pour que je puisse venir, aussi soulagé que moi d'avoir obtenu un rendez-vous aussi rapidement.
La salle d'attente est petite, une femme enceinte attend également, et elle doit approcher de son terme car son ventre semble si énorme qu'on dirait qu'elle va exploser. Pourtant, en la voyant caresser son ventre, cette femme semble respirer le bonheur. Je n'ai jamais eu tendance à m'extasier sur les enfants, j'ai toujours voulu en avoir certes, mais ai toujours considéré ça comme une étape lointaine de ma vie soit après avoir rencontré un homme bien, m'être mariée. Bref, j'en suis encore loin, d'où l'importance d'obtenir une contraception aujourd'hui.
Après avoir attendu presque une heure dans la salle d'attente, la gynécologue m'invite finalement à rentrer dans son cabinet. C'est une jeune femme d'une trentaine d'année, brune, les cheveux longs, le badge sur sa blouse m'informe qu'elle s'appelle Anastasia.
— Installez-vous, je vous en prie, me dit-elle en me montrant l'une des deux chaises blanches disposées devant son bureau.
M'asseyant maladroitement une des chaises indiquées, je croise mes mains pour me donner une contenance. Je n'ai jamais aimé aller voir des médecins. C'est comme aller dans des hôpitaux, cela m'a toujours angoissé que ce soit avec l'odeur d'antiseptique ou l'ambiance glaciale. Je n'y vais donc que quand j'en ai vraiment besoin. Matthew avait proposé de m'accompagner mais pour des raisons évidentes, j'ai refusé. Et cette fois-ci, il n'a pas bronché.
— Que puis-je faire pour vous ? me demande alors la gynécologue.
— Euh, bafouillé-je, moi-même gênée d'être ici. Je viens pour obtenir une contraception.
— Vous n'avez jamais eu de suivi avant ? me questionne-t-elle en souriant.
Cette femme fait tout pour que je sois à l'aise, son sourire chaleureux, son air pleinement à l'écoute, pourtant être ici m'embarrasse plus que je ne veuille bien l'avouer. En même temps, qui aimerait parler de son intimité avec une inconnu ?
— Non.
— Donc vous n'avez jamais pris la pilule ou autre type de contraception ?
— Non, j'ai toujours eu des cycles courts et plutôt réguliers donc je n'en ai jamais eu besoin, me justifié-je pour lui montrer que j'ai tenté de retarder ce moment le plus possible.
— Et vous avez des antécédents particuliers à me signaler ? Des maladies dans la familles ?
— Ma grand-mère est décédée d'un cancer du col de l'utérus. Mais à part ça, non.
Prenant des notes au fil des questions, elle acquiesce de la tête avant de reprendre :
— D'accord, je vous invite alors à passer dans la salle qui se trouve derrière vous, je vais vous examiner.
Au vu de mes antécédents, je me doutais bien que je ne m'en serais pas sortie avec une simple ordonnance. Je savais que l'examen serait obligatoire. Pourtant, j'aurais tant aimé m'en passer. Néanmoins, sachant que c'est nécessaire, je me lève et la suis dans la direction qu'elle m'a indiquée. Elle m'invite alors à me déshabiller et à m'assoir sur cette sorte de chaise avec les étriers écartés. C'est à ce moment-là que je me remercie d'avoir refusé la proposition de Matthew de m'accompagner. Je sais qu'il se serait bien moqué de moi dans cette situation, ou même en m'imaginant sur cette sorte de chaise tandis qu'il aurait attendu dans la salle d'attente. Après l'examen qui fut pour le moins gênant, et qu'elle m'ait demandé la date de mes dernières règles qui ont eu lieu il y a deux semaines, elle m'informe :
— Bon, pas d'inquiétude mademoiselle, pour moi l'examen est normal. En revanche, votre utérus me parait un peu plus gros que la normale donc je vais vous prescrire une échographie en plus d'une prise de sang. Après ça, vous pourrez commencer la pilule que je vous ai prescrite et on se revoit d'ici un an si tout va bien.
Heureuse que ce moment soit enfin terminé, et rassurée par ses propos, je la remercie, récupère mes ordonnances que je fourre à la hâte dans mon sac avant de sortir du cabinet sans poser plus de questions et de prendre la route vers l'entreprise.
***
Il est sept heures trente le lendemain matin quand j'arrive au laboratoire pour faire ma prise de sang. Je n'ai obtenu de rendez-vous pour l'échographie que d'ici quinze jours mais la gynécologue m'avait rassuré :
— Il n'y a pas de raison de s'inquiéter, m'avait-t-elle affirmé concernant le fait que mon utérus paraissait plus gros qu'il ne devrait l'être.
En effet, selon elle il y a de nombreuses raisons qui peuvent expliquer cette taille un peu au-dessus de la norme.
— Mais mon travail est de vérifier que tout va bien, m'avait-t-elle avoué pour m'expliquer pourquoi elle me faisait faire cette échographie. Alors je préfère tout vérifier et ne pas passer à côté de quelque chose.
— D'ailleurs, avait-t-elle questionné. Je suppose qu'il n'y a pas de risque de grossesse comme vous venez pour une contraception ?
— Non, pas du tout, lui avais-je répondu, sûre de moi.
Nous nous sommes toujours protégés avec Matthew, à part il y a deux jours, il n'y a aucune chance que ce soit la cause de cette taille prétendument anormale. Mais de nature positive, je ne me fais pas de soucis, je suis sûre qu'il n'y a rien de grave ; surtout que j'avais fait une échographie abdominale il y a trois mois et tout était normal.
C'est de cette manière que je me retrouve le lendemain, avant d'aller au travail à faire la queue derrière une horde de monde pour une vulgaire prise de sang. Certains sont déjà en tenue de travail, comme l'ouvrier qui attend juste devant moi. Mais contrairement à ce que j'imaginais, pensant ne croiser que des travailleurs, il y a également beaucoup de personnes âgées. Pourquoi s'embêtent-ils à venir si tôt au laboratoire alors qu'ils peuvent y venir plus tard ? Mais je n'ai pas le temps de songer à cette question que la secrétaire dont le patient devant moi vient juste de partir, me salue :
— Bonjour !
— Bonjour, dis-je par politesse, sans même la regarder, occupée à chercher ma carte vitale et ma carte d'identité pour lui donner.
— Oh, Elyssa, qu'est-ce que tu fais là ? m'interroge-t-elle.
Je relève alors la tête et reconnait Daphné, la sœur d'Adam. Les cheveux noirs attachés, le maquillage léger, une blouse blanche, j'aurais presque pu ne pas la reconnaitre. Elle est méconnaissable par rapport à la tenue et au maquillage extravagant qu'elle portait chez Fred.
— Daphné ! Je ne savais pas que tu travaillais là, m'exclamé-je, surprise de la voir ici.
— Je viens de commencer en fait. J'ai repris mes études après avoir quitté mon travail. Me voilà donc secrétaire médicale !
Je ne savais même pas qu'elle avait quitté son travail. À vrai dire, j'ai très peu discuté avec elle si bien que je ne connais rien d'elle, à part que c'est la sœur d'Adam évidemment.
— Félicitations à toi ! la congratulé-je malgré tout, voyant qu'elle semble fière d'elle.
C'est ainsi qu'après avoir enregistré mes données pour créer mon dossier sur son ordinateur, d'un air concentré, elle s'adresse de nouveau à moi :
— Tu peux me donner ton ordonnance et patienter dans la salle d'attente, on va t'appeler. Tu auras les résultats d'ici vingt-quatre à quarante-huit heures.
— Merci beaucoup, la remercié-je avant d'aller m'asseoir là où elle m'a indiqué.
Une demi-heure plus tard, je suis enfin sortie du laboratoire situé à quelques minutes à pied de l'entreprise. Aussitôt, à peine le bout de mon nez a-t-il pointé dehors que j'accélère le pas. En effet, le froid se fait de plus en plus présent en ce mois de décembre. Quelques flocons de neige commencent même à tomber.
Avec ce froid, il faudra que je me pense à mettre une tenue chaude pour la soirée avec Alexia ce soir, dans les vignes, songé-je.
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