Chapitre 28 - Diablesse

—    As-tu pensé à qui pouvait t'en vouloir à ce point ? me demande Alexia autour de la machine à café, tandis que nous faisons une pause après avoir travaillé toute l'après-midi sans nous arrêter.

—    Un peu oui, mais je n'ai pas envie d'accuser quelqu'un à tort... admis-je, gênée par cette situation.

—    Adam, c'est ça ?

—    Comment le sais-tu ? m'étonné-je qu'elle ait compris si vite quel nom trottait dans ma tête.

—    Je ne vois pas qui d'autre pourrait te détester. Surtout que d'après ce que tu m'as dit, tu as reçu la première lettre de menace juste après la soirée chez Fred, après....

—    ... Après qu'il a tenté d'abuser de moi, oui, la coupé-je pour finir sa phrase.

C'est justement pour cette raison que j'ai pensé à lui, les menaces ont commencé pile poil après cet évènement, et je ne crois pas aux coïncidences.

—    Et que comptes-tu faire ?

—    Je ne sais pas, j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois qu'une seule solution pour en avoir le cœur net : aller lui parler.

—    Si Clayton savait que tu comptes retourner le voir, il te tuerait... me prévient-elle.

Malheureusement, ça aussi je le sais déjà. Mais que puis-je faire d'autre à part le confronter ? Je ne peux pas vivre éternellement dans la peur.

—    Je n'ai pas encore pris ma décision Alex', mais si cette histoire ne cesse pas, il faudra bien que j'agisse. Surtout que ...

—    Chuuuut ! m'interrompt Alexia en me faisant de grands gestes.

Je l'interroge alors du regard, ne comprenant pas pourquoi elle me demande de me taire. C'est pourquoi elle me fait signe de me retourner, et c'est là que j'aperçois Matthew en train de marcher vers nous. Ouf, heureusement qu'elle m'a prévenu, il ne faudrait pas qu'il entende cette conversation...

—    Bonjour les filles, nous salue-t-il en arrivant à notre hauteur comme s'il était dix heures du matin alors qu'il est en réalité plus de seize heures.

Mais sa réunion a dû s'éterniser car je ne l'ai pas encore vu de la journée.

—    Je peux te l'emprunter ? demande-t-il à Alexia après m'avoir déposé un baiser sur la joue.

—    Bien sûr. À plus tard les amoureux, lui répond-elle en pouffant, voyant le rouge me monter aux joues face à ce baiser en public.

Je la fusille du regard, mais cela la fait encore plus rire. Matthew, lui, ne relève pas et me dirige vers son bureau. Mais à peine a-t-il fermé la porte que je ne peux m'empêcher de lui demander :

—    C'était quoi ça ?

—    De quoi parles-tu ?

—    Ce baiser, là, devant tout le monde. Tu ne crois pas que l'on parle déjà assez de nous ?

—    C'est l'article dans les journaux qui te pose un problème ? Tu sais, je pense que tout le monde a désormais compris ici ce qu'il se passait entre nous.

Justement c'est bien ça le problème, j'aurais aimé rester transparente dans cette entreprise, pas être affichée comme la femme du patron.

—    Je ne sais pas, mais à toi cela ne pose aucun problème apparemment que notre vie privée soit dévoilée au grand jour, m'emporté-je, excédée qu'il ne puisse pas comprendre ce que je ressens.

—    J'ai l'habitude, Elyssa, se justifie-t-il.

Et moi non, c'est bien ça le soucis.

—    Donc tu as l'habitude de te voir affiché dans les journaux avec les femmes que tu fréquentes ?

—    Oui, avoue-t-il en se grattant l'arrière du crâne, sûrement gêné par ma question, ne se rendant même pas compte pour quel genre de femme je passe à cause de ça.

Je pensais avoir tout vu avec lui, mais non. Qu'il soit riche, ok. Qu'il soit arrogant, ok. Qu'il boive parfois un peu trop, encore ok. Mais que je sois affichée dans les journaux comme la nouvelle conquête, et que ça ne le gêne pas en plus, ça c'est NON !

—    Et ils font une compilations à la fin ? Ou mieux, un classement des plus belles femmes que tu as côtoyé peut-être ? lui lancé-je, sarcastique.

Je pensais trouver son soutien dans cette histoire. Mais non, lui il en rigole en m'embrassant devant tout le monde. Il aime avoir sa vie épiée comme ça ? Argh et me dire que toutes ses conquêtes ont vécu le même sort me répugne. J'ai l'impression de n'être qu'une parmi d'autres. Néanmoins lui prend cette situation comme un jeu et déclare sans aucun état d'âme :

—    Ne t'inquiète pas, si c'était le cas, tu serais en haut du classement, princesse !

S'apercevant que je ne sais pas sur quel pied le prend, il accompagne ses paroles d'un baiser furtif sur ma joue. Je serais presque attendrie.

—    Tu n'as pas le droit de m'amadouer avec ces phrases toutes faites, dis-je en faisant la moue, mais en acceptant tout de même ce geste de tendresse.

—    Tu sais, je pourrais aussi t'amadouer autrement si je le voulais... me propose-t-il en embrassant mon cou.

—    Hum, je ne vois pas de quoi tu parles, fis-je presque innocemment, séduite par l'idée qu'il tente de se faire pardonner de cette manière.

—    Disons que je pourrais, plutôt que mes belles paroles, t'embrasser la bouche d'abord, puis le cou, puis les épaules, en passant par....

Et il exécute alors ses paroles, passant par chaque zone de mon corps, électrisant chaque partie sur son passage. Mais, décidée à le surprendre, lorsqu'il arrive au niveau de mes seins, je le stoppe :

—    Qu'est-ce qu'il y a ? maugréa-t-il, ne comprenant pas ma réaction.

—    Tu n'en as pas marre de faire ton patron ? lui demandé-je langoureusement.

Cependant, il semble complètement perdu par ma remarque et ne sait plus ce qu'il doit faire ou dire :

—    Je ne comprends pas où tu veux en venir, Elyssa...

—    Aujourd'hui, c'est moi qui domine, lancé-je sûre de moi, d'une voix enjôleuse que je ne me connaissais même pas.

Ses yeux s'arrondissent, d'abord stupéfait, puis s'emplissent de désir, comme cela avait été le cas chez Fred. Un sourire satisfait s'affiche sur son visage et il se laisse alors tomber sur la chaise en cuir noir de son bureau. Immédiatement, il m'attire à lui, empoignant ma taille pour que je l'embrasse fougueusement, la chaleur de sa langue rencontrant la mienne, tandis que l'ensemble de mon corps commence à brûler de désir. Cependant, décidée à le rendre fou, je m'agenouille face à lui, défait le bouton de son pantalon avant de tirer sur la chemise, plantant mes yeux noisette dans ses iris verdâtres. Soutenant son regard, je descends son pantalon en bas de ses chevilles, tandis qu'il m'observe attentivement, ne ratant pas le moindre de mes faits et gestes. Et, lorsque je retire son boxer et que je délivre son sexe de son emprise, je sens son corps se tendre à mon contact. L'employant d'une main, effectuant quelques mouvements lents d'abord, puis, voyant les muscles de son visage se contracter, j'accélère. Ses yeux se ferment, savourant le moment que je suis en train de lui offrir, je le surprends lorsque je passe ma langue sur son extrémitée salée pour le suçoter dans un premier temps avant de le prendre tout entier dans ma bouche après un gémissement. Au fil des minutes qui passent, j'entends son souffle se saccader et sa respiration devenir plus rapide tandis que sa main droite, empoignant mes cheveux pour rythmer mes mouvements, se fait d'une poigne plus forte. Ses jambes commencent alors à trembler et je sens qu'il se rapproche du moment fatidique. Et, alors qu'il me prononce des paroles salaces pour que je continue, je me retire, me redresse, lisse ma jupe et me dirige vers la sortie du bureau.

Complètement sonné par ma réaction, les joues rouges par le moment que je viens de lui offrir, une goutte de transpiration perlant sur son visage, il me demande d'une voix tremblante :

—    Qu'est-ce que tu fais ? Je veux dire, pourquoi pars-tu maintenant ?

—    Pour être sûre de rester en haut du « classement », rétorqué-je en souvenir à notre discussion de tout à l'heure, un sourire diabolique sur le visage.

—    Aller princesse, ne le prend pas comme ça...tente-il de me convaincre.

Mais non Matthew, si tu pensais vraiment pouvoir m'avoir avec tes belles paroles, c'était mal me connaitre. Surtout si tu m'attribues ce surnom que tous les connards dans les livres donnent à leurs conquêtes.

—    Oh, et arrête avec ce surnom, lui ordonné-je alors que j'ouvre la porte pour sortir du bureau, satisfaite de ma petite vengeance.

—    Tu as raison, « diablesse » te correspondrais mieux, rétorque-t-il avec une pointe de sarcasme.

Eh oui, je ne suis pas comme toutes les autres Matthew Clayton. Je ne succombe pas à tous tes faits et gestes. Et, il faut croire je suis également très rancunière quand il s'agit de toi !

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