Chapitre 21 - La tempête de l'amour

Après un long silence suivant les mots de Matthew, les laissant suspendus dans l'air, comme si personne n'osait rajouter quoi que ce soit, ne sachant quoi dire après cet aveu, je finis par l'appeler :

— Matthew ?

Mais il devait être en train de s'endormir car il me répond d'une voix somnolente, à peine audible :

— Oui ?

— Je peux également te poser une question ?

— Si c'est pour me demander comment je compte devenir un homme meilleur, je te promets Elyssa que je vais te le montrer ! m'affirme-t-il en se redressant sur les coudes pour me faire face.

Je souris à cette affirmation. Au fond de moi, j'espère sincèrement qu'il dit vrai.

— Ce n'est pas ça, mais j'espère être là pour le voir !

— Que se passe-t-il alors ? me caresse-t-il la joue, figeant son regard dans le mien.

Cependant, ma question était mieux dans ma tête, et j'ai désormais peur de le blesser. Mais de toute façon, je sais que si je ne lui pose pas, elle va me trotter dans la tête pendant des jours encore. Je prends donc mon courage à deux mains et espère qu'il régira bien :

— Je voulais savoir si c'était toi qui avais licencié Adam, ou si c'est lui qui a demandé à partir ?

— Ne me dis pas que tu te sens coupable ? hausse-t-il le ton, comme pour me sermonner.

Évidemment, je me doutais bien qu'il allait me réprimer. Mais bien sûr qu'au fond de moi j'ai un brin de culpabilité. Je sais que ce qu'il a fait est inexcusable et qu'il doit se faire soigner. Ce n'est pas pour autant que je considère qu'il a mérité de perdre son travail, je sais à quel point subvenir à ses besoins est parfois difficile. C'est pourquoi je préfère ne pas répondre à sa question :

— Ce n'est pas le sujet, réponds-je hâtivement pour couper court à cette discussion que je n'aurais jamais dû débuter.

— Bien sûr que c'est la question, regarde-moi, me lance-il en me prenant par le menton pour rapprocher son visage du mien. Tu n'es pas du tout responsable de ce qui est arrivé d'accord, même si tu le penses peut-être aujourd'hui par ma faute. Il a complètement dérapé et mérité ce qui lui arrive.

— Donc tu l'as bien licencié... conclus-je du fait qu'il ne nie pas l'avoir fait.

— Oui, ce n'était pas la première fois qu'il dépassait les bornes, m'avoue-t-il.

Mon cœur rate un battement. Sérieusement ? Ce n'était donc pas la première fois qu'un incident de ce genre se produisait... Pourquoi ne m'a-t-il pas prévenu vis-à-vis d'Adam, j'aurais fait plus attention...

— Ne me dis pas que [...]

— Si, me coupa-t-il pour se justifier, avant que je ne parte dans des conclusions hâtives. C'était au tout début, quand je l'ai embauché, il harcelait une fille qui avait refusé ses avances. Mais ça n'était jamais allé plus loin je pensais juste qu'il était un peu lourd. Je l'avais prévenu que je ne voulais plus jamais entendre parler de lui et il s'était tenu à carreaux.

— Jusqu'au week-end dernier ...

— Essaie de penser à autre chose, Elyssa, m'encourage-t-il, comme l'a déjà fait Alexia il y a plusieurs jours.

Le problème est que je n'y arrive pas.

— À quoi ? Comment veux-tu que je pense à autre chose ? m'emporté-je, ne sachant plus comment arrêter d'y penser.

C'est vrai quoi, je n'ai que cette histoire dans la tête depuis ce week-end. Je ne fais que de me demander si je n'aurais pas pu changer l'issue de la soirée.

— Je peux t'aider à penser à autre chose si tu veux, me susurre-t-il alors à l'oreille, séducteur.

— Arrête Matthew, ce n'est pas le moment. Et je te rappelle que je suis toujours énervée contre toi, me justifié-je pour refuser ses avances.

La réalité est bien évidemment que j'en meurs d'envie. Je sais qu'il n'aurait jamais dû me prononcer ces paroles, mais je sais aussi qu'il a complètement perdu les pédales, qu'il s'en veut et que, même s'il ne l'avouera jamais, c'est la jalousie qui a parlé. Alors certes cela n'excuse pas ses dires, mais tout le monde peut prononcer des propos horribles, sous la colère, le choc ou en état d'ébriété. Le fait est qu'il était sous l'empire de ces trois circonstances ce soir-là. Et je pense qu'il a bien compris qu'il n'avait plus intérêt à faire un pas de travers. Alors pourquoi ne pas écouter l'infime partie de mon cerveau qui me murmure d'y croire, de croire au fait qu'il peut changer, une dernière fois. Cependant, je n'ai pas le temps de revenir sur mes paroles qu'il essaie de me convaincre, joueur :

— Au contraire, je pense qu'une partie de jambes en l'air est une bonne manière à la fois de te faire penser à autre chose et de me faire pardonner, m'affirme-t-il, sûr de lui en accompagnant ses paroles d'un baiser furtif sur ma bouche.

Ne sachant pas si je compte lui rendre son baiser, il se recule à un centimètre de ma bouche pour fixer ses pupilles verdâtres dans les miennes, si près que je sens son souffle chaud sur mon visage.

— Je te déteste Matthew, lui murmuré-je en caressant ses cheveux à l'arrière de son crâne.

— Et pourquoi ? m'interroge-t-il les yeux emplis de désir.

— Parce que tu me fais toujours faire les mauvais choix, avoué-je en plaquant fougueusement mes lèvres sur les siennes.

Et dire que j'avais prévu de lui résister, il a raison, jamais je ne le pourrais. Il faut dire que je n'ai jamais connu quelque chose de si passionné avec un homme. J'ai l'impression de réapprendre ce qu'est l'amour, ce qu'est faire l'amour. Il brise toutes les barrières que je me fixe, une à une, et je ne l'en empêche même pas car pour être honnête, j'aime ça. C'est ainsi qu'il rajoute, d'une voix presque inaudible :

— Ça tombe bien, toi aussi.

Cependant, je ne cherche pas à savoir ce qu'il entend par là car il me rend mon baiser et commence à prendre possession de mes lèvres de manière de plus en plus impatiente. Sans me donner la possibilité de réagir, me laissant à peine le temps de respirer, il enlève son jogging et son t-shirt qu'il jette à l'autre bout de la pièce. De mon côté, je me mets à admirer son torse musclé, ses abdominaux descendants en V jusqu'à la lisière de son boxer noir que je rêve de retirer. La dernière fois chez Fred ne m'a pas suffi, et je pense qu'il m'en faudra toujours plus avec cet homme. Ce doit être pareil pour lui car, tandis que je me mets à califourchon pour le dominer de ma hauteur, il m'arrache mon haut, le faisant valser de l'autre côté de la pièce. Puis, le souffle court, il me soulève pour m'allonger sur le lit, en profitant pour me débarrasser de mon bas de jogging et de ma culotte. Ses gestes sont rapides, méthodiques, comme happés par le désir qui s'empare de lui. À chaque contact mon corps s'électrise, à chaque baiser mes membres se tendent et à chaque caresse je frissonne, pourtant j'en veux toujours plus. C'est pourquoi, quand il arrête de m'embrasser, je ne peux m'empêcher de lâcher un grognement, tel un animal à qui on reprendrait son repas du jour. Poursuivant son chemin au niveau de mon clitoris, sa langue le titillant et le suçotant, je ne peux m'empêcher d'attraper les draps dans mes poings pour ne pas gémir de plaisir. Voyant que je suis sur le point de m'abandonner totalement à lui, il s'arrête net, enlève son boxer et entre dans mon intimité après avoir enfilé hasardement un préservatif trouvé dans la poche de son pantalon.

La pluie tambourinant sur les vitres de la chambre au rythme de nos mouvements, nous nous endormons une vingtaine de minutes plus tard en tenue d'Adam et d'Ève. Ce soir, nous ne sommes plus Elyssa Tunson et Matthew Clayton, deux êtres distincts. Nous sommes deux âmes réunies par le désir, la passion qui nous anime, pour une raison qu'il nous est impossible à expliquer, au contact de l'autre.

***

Lorsque je me réveille aux aurores le lendemain, je me retourne immédiatement vers Matthew pour retrouver ses bras. Mais alors que je palpe le lit, je ne sens que la fraîcheur des draps. J'ouvre donc furtivement les yeux et me rend compte que la pièce est vide. La moitié du petit déjeuner du room service est présente sur la table et mes vêtements de la veille sont pliés sur le meuble de la chambre mais ceux de Matthew ne s'y trouvent plus. Où a-t-il bien pu aller ?

En me levant, je remarque immédiatement que la tempête est passée car il n'y a plus un bruit dehors. Il est peut-être juste allé faire un tour ? Affamée, je décide de prendre une douche et de petit-déjeuner en l'attendant. C'est alors que je n'en suis qu'à entamer mon premier croissant que je le vois arriver, un sachet à la main.

— Quoi, tu n'es toujours pas prête ? s'exclame-t-il immédiatement en me voyant savourer mon repas. Notre vol est dans moins de deux heures, le taxi vient nous chercher d'ici cinq minutes.

— Ne me parle pas du vol s'il-te-plaît, je n'ai pas envie d'y penser. D'ailleurs si tu avais voulu que je sois prête à l'heure, il aurait fallu me réveiller. Où étais-tu d'ailleurs ?

— À la pharmacie, m'annonce-t-il fièrement.

— À la pharmacie ? Pourquoi ? Tu es malade ? m'inquiété-je, ne comprenant pas pourquoi il a eu besoin d'y aller si tôt.

— Malade ? Bien sûr que non ! Je suis allé t'acheter du sparadrap !

Je crois que j'ai loupé un moment dans ma propre vie. Pourquoi aurais-je besoin de ça ?

— Du sparadrap ? Que veux-tu que je fasse avec ça ? l'interrogé-je, perplexe, ne voulant pas casser son enthousiasme.

— Tu ne connais donc pas la méthode de grand-mère pour les maux de transport ?

— Euh...non, lui réponds-je toujours aussi confuse, ne comprenant vraiment pas où il veut en venir.

— Soulève ton t-shirt, je vais te montrer. Ma mère nous faisait toujours ça quand nous étions petit.

— Qui ça nous ? J'ai toujours pensé que tu étais fils unique, le questionné étant donné c'est la première fois qu'il se confie sur sa famille et surtout qu'il m'évoque qu'il n'est pas le seul enfant.

Néanmoins, je constate immédiatement qu'il ne compte pas me répondre, comme si cette information lui avait échappé, alors je n'insiste pas. S'il ne veut pas me parler de sa famille c'est son choix. Moi-même, j'ai encore beaucoup de mal à évoquer la mienne, je ne peux pas lui en vouloir de faire pareil. Il se contente donc de se mettre à genoux, de soulever mon t-shirt et de recouvrir mon nombril de son sparadrap.

— Et ça marche vraiment ton truc ? me renseigné-je, toujours aussi dubitative sur sa méthode.

— Seul l'avenir nous le dira, objecte-t-il, posant le dernier morceau en joignant un baiser tendre sur mon ventre pour me dire qu'il a fini.

— On y va ? Nous allons être en retard, fit-il en me prenant par la main pour que je le suive en quittant la chambre.

C'est à ce moment-là que je me demande : Où est passé l'homme prétentieux et imbus de lui-même que j'ai rencontré au début ?

***

Et, tandis que je viens d'ouvrir la porte de mon appartement, je ne saurais dire si c'est le fait que Matthew m'ait tenu la main tout le vol, ou sa prétendue méthode de grand-mère, mais je n'ai pas été malade. Néanmoins, maintenant que je allongée dans mon lit, je me demande comment allons-nous assumer cette relation au travail, et surtout si celle-ci peut durer...

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