Chapitre 2 - Nouveau patron
Lorsque les portes s'ouvrent enfin au quinzième étage, je peine à reprendre mes esprits. Qui est cet homme et que m'a-t-il fait ? J'ai des difficultés à réaliser que je viens de proposer à un inconnu de m'embrasser dans l'ascenseur d'une entreprise dont je ne fais même pas partie. Comment ai-je pu à ce point être attiré par lui pour me comporter comme ça ? Il faut que je me ressaisisse. J'inspire donc profondément et sors de l'ascenseur.
Je pénètre alors dans un magnifique hall face à un secrétariat. Les murs sont blancs, les fenêtres noires tandis qu'un lustre immense illumine toute la pièce. Le guichet en bois lui, est au moins deux fois plus grand que celui que j'avais dans mon ancienne firme, pouvant au moins accueillir deux personnes. Derrière lui, trois portes noires semblent mener aux bureaux des autres personnes travaillant ici. Ne sachant pas précisément où je dois me rendre, je me présente à la secrétaire qui est une ravissante femme blonde vêtue d'un ensemble orange et blanc. Dès que je me présente à elle, elle me sourit. C'est ainsi qu'après m'avoir demandé mon nom et la raison de ma venue, elle se lève, tire sur sa jupe pour la redescendre à une hauteur descente avant de m'inviter à la suivre. Ses talons aiguilles cliquètent sur le sol avant de s'arrêter devant l'une des portes que j'ai observées précédemment, de l'ouvrir et de m'informer :
— Attendez ici, il arrive.
Ne me laissant pas le temps de lui demander qui sera mon interlocuteur, elle s'en va en refermant la porte derrière-elle, sûrement pour retourner à ses occupations.
Les quelques minutes que je passe seule dans ce bureau semblent durer des heures. N'ayant rien d'autre à faire, je le parcours des yeux. Les murs sont sombres, l'ambiance froide. Un long bureau gris se trouve en face de moi, disposé sur un tapis, juste derrière des fenêtres ayant remplacées le mur, laissant entrevoir une époustouflante vue sur la ville. Deux canapés sont placés à gauche du bureau, rendant cet endroit un peu plus chaleureux. Une gigantesque bibliothèque surplombe quant à elle le mur en face. Qui peut bien avoir un tel statut dans une entreprise pour avoir un si bel espace de travail ?
Occupée à scruter cette pièce dans les moindres détails pour tenter d'en apprendre un peu plus sur mon recruteur, je n'entends pas l'homme qui surgit derrière moi. Néanmoins, à l'entente de sa voix, mon cœur rate un battement :
— Bonjour mademoiselle, me lance-t-il, une nouvelle fois amusé.
Brusquement, je me retourne et découvre avec stupeur que je connais cet homme. C'est l'homme de l'ascenseur. Complètement sonnée, je peine à trouver mes mots et bafouille un vague « Bonjour » avant qu'il ne me fasse m'assoir face à son bureau. Je suis si gênée que je n'arrive pas à le regarder en face, étant sûre qu'il m'a reconnue. Le pire étant que j'ai besoin de ce job et qu'il ne voudra sûrement pas me le donner, après ce qu'il a failli se passer entre nous.
Néanmoins, persuadée qu'il allait laisser cette histoire de côté pour se consacrer à mon entretien, je deviens rouge de honte mais aussi de colère quand il fanfaronne :
— Tu peux me regarder tu sais, tu ne t'en gênais pas tout à l'heure.
Comprenant très bien qu'il me défie, je réplique dans le but de faire disparaitre ce sourire satisfait sur le visage :
— Le vouvoiement est réservé aux ascenseurs dans cet immeuble ?
De toute façon, jamais je n'aurais ce travail après ce qu'il s'est passé. Alors autant repartir d'ici avec dignité.
— D'habitude non, mais nous avons dépassé ce stade il me semble...
Furieuse de son attitude, je lui lance un regard assassin. Cependant, alors que je m'attendais à ce qu'il éclate de rire, il fait tout le contraire et reste silencieux, m'observant intensément. Je l'imite et le fixe à mon tour. C'est à ce moment-là que je semble apercevoir dans ses pupilles verdâtres une once de désir. Néanmoins, il se reprend rapidement et retrouve une attitude professionnelle pour m'annoncer :
— Bon, au vu de votre dossier et sous réserve d'une période d'essai d'une semaine, l'entreprise vous prend en CDI. Concernant vos tâches, Alexia vous expliquera tout, je l'ai déjà briefée.
Pardon ? Il me donne vraiment cet emploi après ce qu'il vient de se passer ? Je ne sais pas comment je dois le prendre, si je dois être heureuse ou anxieuse. Heureuse d'avoir trouvé un travail aussi rapidement, mais anxieuse d'avoir un job sans connaitre en quoi il consiste, et surtout sans explication sur la nature de mon recrutement. Et si mon embauche surprise avait une autre raison ?
Constatant que je reste silencieuse, l'inconnu en costume rajoute :
— Des questions ?
Voyant ceci comme une occasion de trouver des réponses et de diminuer mon stress, je lui demande ce qui me taraude l'esprit depuis hier :
— Comment avez-vous eu mon profil ?
Cette question semble perturber mon interlocuteur qui rétorque, sans aucune explication :
— Je peux aussi embaucher quelqu'un d'autre, si quelque chose dérange ?
Déconcertée par son attitude, ne comprenant pas pourquoi il réagit comme cela, mais ayant trop besoin de cet emploi pour subvenir à mes besoins, je réponds à la hâte :
— Non c'est bon, j'accepte le poste !
Ainsi, et toujours troublée par cet entretien des plus étranges, il m'explique que je travaillerais à cet étage et que je commence demain à neuf heures. Puis il se lève et je fais de même. Il me dirige alors vers la sortie en posant sa main dans le creux de mon dos et ce simple contact me procure une décharge électrique. Qu'est-ce qu'il me prend ? Consciente que l'attirance que j'ai ressentie envers lui ce matin n'est pas près de s'estomper, je quitte son bureau à la hâte en lui souhaitant poliment une bonne journée. C'est là que je l'entends dire, alors que j'avais déjà franchi la porte :
— À demain, ma demoiselle...
Persuadée que mon cerveau me joue des tours, je ne relève pas. Cela ne peut pas être vrai, il n'a pas pu m'appeler ma demoiselle, si ?
***
Le lendemain, il est huit heures cinquante quand j'arrive à mon nouveau bureau. Pas d'homme en costume dans l'ascenseur ce matin, la journée commence bien.
Dès mon arrivée, j'ai été accueillie par Alexia, la grande blonde de la veille qui m'annonce que je serai sa nouvelle collègue. Naturellement, nous commençons à échanger et j'apprends qu'elle n'a qu'un an de plus que moi.
Puis elle m'informe sur les tâches que je devrai accomplir. J'écoute attentivement car il est vrai que, comme je n'ai pas postulé, je ne sais même pas en quoi consiste mon nouveau job. C'est à ce moment-là qu'elle m'annonce que j'aurai la charge de l'accueil et de l'emploi du temps du PDG qui est, précise-t-elle, sacrément beau.
— Tu devras t'occuper de son planning et donc de ses rendez-vous, en plus de l'accueil de l'entreprise.
— Et le PDG, vous le voyez souvent, il n'est pas constamment en déplacement ? la questionné-je pour en apprendre un peu plus sur cette entreprise dont je ne connais rien en réalité.
— Tout dépend des périodes, là ça faisait un mois qu'il n'était pas venu, il n'est arrivé que pour t'accueillir hier. D'ailleurs tu as de la chance, moi aussi j'aurais aimé être accueillie lors de mon premier jour par Monsieur Clayton en personne [...] déballe-t-elle sans aucun filtre.
Néanmoins, je ne l'écoute plus. Est-ce que j'ai bien compris ce qu'elle vient de me dire ? L'homme en costume, l'homme que j'ai failli embrasser et donc l'homme qui m'a fait mon entretien hier est mon patron ? Mon nouveau patron ? J'ai demandé hier à mon nouveau patron de m'embrasser ? Oh non Elyssa, qu'est-ce que tu as fait ?
Comment ai-je pu à ce point être aveugle ? Mais en même temps, tout s'explique : son costume qui paraissait hors de prix, le bureau gigantesque qui est logiquement celui du patron. Mon cerveau fume et je me trouve stupide de n'avoir rien vu. Qu'est-ce qu'il t'a pris Elyssa ?
Je dois avoir l'air au bord du malaise car Alexia s'inquiète et me propose même un verre d'eau en constatant sûrement mon visage décomposé.
— Ne fais pas cette tête-là ! On dirait la tête d'une fille qui apprend que son coup d'un soir est son patron, se moque-t-elle en me tapant amicalement sur l'épaule.
Si elle savait...
— Même si ici, c'est presque un rite de passage de coucher avec le patron, ajoute-t-elle.
— Quoi ? Toutes les filles d'ici ont couché avec le boss ? m'exclamé-je, choquée, me demandant dans quelle type d'entreprise j'ai atterri.
— Toutes peut-être pas. Mais toutes celles qui en ont eu la possibilité oui. En même temps, il est vrai qu'il est difficile de lui résister, glousse-t-elle.
Consternée par ces révélations, je n'ai même pas le temps de m'abattre sur mon sort que notre Don Juan en costume m'appelle de l'autre bout du couloir :
— Elyssa, dans mon bureau, tout de suite !
À contre cœur, je me lève. Au vu du ton autoritaire employé, Alexia me murmure un « bon courage » et je rejoins le chef.
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