Chapitre 18 - Boeing VS jet privé
Il est huit heures et demie lorsque nous arrivons à l'aéroport. Néanmoins, et malgré le fait que je me sois couchée tôt la veille, je ne parviens pas à me réveiller. En effet, comme à chaque fois que cela concerne un rendez-vous avec Matthew, il m'a été impossible de fermer l'œil de la nuit. Alors ce matin, j'ai dû de nouveau enfiler mon plus bel anticernes pour sembler crédible aujourd'hui. J'ai attaché mes cheveux en un chignon décoiffé, rapide et sophistiqué tandis que je me suis habillée d'un jean noir et d'un blazer bleu ciel. Simple mais efficace.
Aussi, au fur et à mesure que nous marchons dans l'aéroport, Matthew me guide. Il a l'air de venir très souvent, contrairement à moi qui n'ai jamais pris l'avion. Sans nous faire manquer de rien, mes parents n'ont jamais roulé sur l'or alors les vacances nous les passions dans des campings dans le sud du pays. Et cela m'allait très bien, même s'il est vrai que j'ai toujours été attirée par l'inconnu et la richesse que peut nous apporter le reste du monde.
C'est ainsi qu'après avoir montré nos cartes d'embarquement et nos passeports à une petite femme brune d'une quarantaine d'année qui se présente à nous comme notre hôtesse de l'air, nous sommes invités à marcher sur le chemin banalisé des pistes entourés de nombreuses autres personnes. J'aperçois alors à ma gauche un Boeing 737 où un petit groupe est en train d'embarquer. Sûre que ce soit notre avion, n'apercevant personne d'autre aux alentours, je m'apprête à les suivre quand Matthew me retient par le bras :
— Où vas-tu ? me demande-t-il, interrogateur.
— Euh ... comme toutes les personnes qui sont ici, je me dirige vers l'avion.
— De quel avion parles-tu ? s'amuse-t-il.
— Celui-là, dis-je en montrant du doigt le Boeing qui a alors presque fini d'embarquer ses passagers.
Ma réponse doit être, pour une raison qui m'est inconnue, drôle car Matthew ne peut retenir un gloussement.
— Je peux savoir ce qu'il y a de drôle ? commencé-je à m'énerver entre la fatigue et le fait que je vois qu'il se moque très clairement de moi.
— Nous ne prenons pas un avion Elyssa.
Pourquoi m'emmène-t-il à l'aéroport si ce n'est pas pour prendre un avion ?
— Pourquoi sommes-nous à l'aéroport alors ? demandé-je donc, incrédule.
Je ne comprends vraiment plus rien. J'espère juste que ce n'est pas encore un de ses plans foireux pour que je retourne dans son lit car c'est non.
— Excuse-moi je me suis mal exprimé, nous prenons l'avion mais pas celui-là. Nous prenons mon jet privé, affirme-t-il, un sourire fier sur le visage.
Ah oui, c'est vrai. J'avais oublié qu'en plus d'être beau et un dieu du sexe, il était également riche...
***
Au bout du chemin banalisé, nous sommes récupérés par l'hôtesse de l'air de tout à l'heure ainsi qu'une autre du même âge qui l'a rejoint pour nous diriger vers notre avion. À peine arrivés, Matthew va saluer le pilote ainsi que le co-pilote tandis qu'elles m'invitent à entrer. À l'intérieur, l'espace est énorme, seuls une dizaine de sièges en cuir beige occupent l'espace, des tables sont mêmes disposés entre. Tandis que Matthew m'indique un des sièges pour m'assoir, je m'empresse de m'affaler sur l'un d'eux et le constat que je me suis fait en entrant dans ce jet est avéré : les sièges sont aussi confortables qu'ils ne sont luxueux. J'en oublierais que je me trouve dans un avion. Enfin, presque. Je n'ai jamais pris l'avion et le fait que mon vertige se manifeste dès lors que je monte sur une chaise ne laisse rien présager de bon quand au fait d'être quinze milles mètres au-dessus de la terre ferme. Cela explique pourquoi, à peine me suis-je assise, mes jambes se sont misent à trembler.
— Stressée ? me demande Matthew en posant sa main sur ma jambe gauche ce qui arrête immédiatement son tremblement.
— Non ça va, dis-je d'une voix trop aigue pour être crédible.
Mais en réalité, je m'en fiche. La seule chose que je veux c'est garder bonne figure face à cet homme qui a déjà trop de raisons de me trouver ridicule.
C'est ce moment que choisit l'hôtesse de l'air pour nous donner la carte des boissons. Immédiatement, le dieu du sexe et de l'ivresse commande un whisky et sans me demander mon avis, réclame un verre d'eau pour moi. Vexée qu'il me traite comme une enfant qui ne boirait pas d'alcool et stressée par ce vol, je rappelle l'hôtesse qui avait déjà tourné les talons pour avoir quelque chose de plus fort :
— Serait-il possible d'avoir deux whisky à la place ?
— Pur ? m'interroge-t-elle interloquée, aussi étonnée que Matthew qui relève les yeux de son ordinateur posé sur la tablette devant lui quelques minutes plus tôt.
— Oui, s'il vous plait, lui souris-je en espérant apparaitre plus sympathique, ayant l'impression d'être une alcoolique demandant sa dose
Matthew m'observe ainsi la bouche ouverte, comme si je venais de révolutionner le monde. Face à son air ébahi qui n'a toujours pas disparu quand l'hôtesse me sert, je finis par le questionner :
— Il y a un problème ?
Par politesse je suppose, il attend que cette dernière soit retournée au fond de l'avion avant de me réprimer :
— Tu ne peux pas boire ça Elyssa !
Cet homme ne manque pas d'air, il ose me sermonner après tout ce qu'il m'a fait, comme si je lui devais des comptes ? De toute façon, il faut vite que je boive ces verres pour oublier que je m'apprête à être à des milliers de mètres de la terre ferme.
— Et pourquoi ? l'interrogé-je joueuse en buvant cul-sec les deux qui m'ont été servi en le défiant du regard avant de recommander la même chose.
Mais cette fois-ci, il ne rentre pas dans mon jeu :
— Fais comme tu veux, tu ne viendras pas te plaindre ensuite, me lance-t-il, nonchalent, en détournant son attention de moi pour retourner à son ordinateur désormais en veille.
***
Au bout d'une demi-heure de vol, je commence à m'endormir après avoir bu près de cinq verres de whisky pour oublier là où j'étais. Mais soudainement, des turbulences se font ressentir et je sens la peur me gagner. Mon cœur bat plus vite, mes mains deviennent froides, mes jambes trembles et je suis incapable de prononcer le moindre mot, l'estomac complètement noué tandis que je suis fermement accrochée à mon siège. Par miracle, elles ne durent que quelques minutes, mais c'était déjà trop pour le contenu de mon estomac. En effet, dès lors que les secousses cessent, la nausée me gagne et je cours vers les toilettes qui se situent au fond de l'avion pour déverser ce qu'il reste de mon petit déjeuner. Cela doit durer un moment car quelqu'un finit par toquer à la porte :
— Elyssa, ça va ? semble, au son de sa voix, s'inquiéter Matthew.
— Oui, lui réponds-je honteuse, tandis que je commence seulement à aller mieux.
Moi qui voulais garder de la dignité face à lui, le moins que l'on puisse dire est que c'est loupé.
— Je t'avais bien dit de ne pas autant boire en si peu de temps. Tu as vu tout ce que tu as ingurgité en à peine quarante-cinq minutes ? me sermonne-t-il.
Si je n'étais pas complètement retournée, je serais en train de lui rire au nez. Il est vraiment convaincu que ce sont mes premiers verres de whisky ? J'ouvre alors la porte des toilettes furax qu'il me prenne pour une petite chose fragile :
— Parce que tu crois que le problème c'est l'alcool ? C'est l'avion le problème !
— Comment ça l'avion ? m'interroge-t-il sincèrement perdu.
Cet homme ne comprend donc vraiment rien à rien. C'est pourquoi je renonce à lui expliquer :
— Rien laisse tomber...
— Tu as peur de l'avion c'est ça ? me sonde-t-il alors quand nous avons regagné nos sièges, un sourire moqueur sur les lèvres.
Maintenant, je réalise que je préférais encore quand il ne comprenait rien. Je me demande même d'où lui vient cet éclair de génie. Cependant, je ne nie pas :
— À ton avis...
— Désolé, s'excuse-t-il. Je ne savais pas.
— Moi non plus figure-toi, c'est la première fois que je prends l'avion, ricané-je de ses excuses que je considère plus par politesse de m'avoir forcé à affronter cette peur en l'accompagnant à son rendez-vous que comme sincères.
Au même moment, le pilote annonce que l'atterrissage se fera très bientôt, et je commence me tenir de nouveau fermement à mon siège. C'est à cet instant que Matthew me propose :
— Tu veux que je te donne la main ? Pour la fin du vol je veux dire ...
Pardon ? Je rêve ? Que quelqu'un vienne me pincer, je crois que je commence à délirer avec tout ce que j'ai bu. Il n'a pas pu me proposer ça. Mais me tournant vers lui, je perçois à son attitude qu'il attend une réponse de ma part et que je n'ai pas rêvé, je me vexe donc :
— Tu n'as pas besoin de te moquer de moi, j'ai déjà assez honte comme ça...
— Je ne me moque pas de toi. Ma mère aussi a peur de l'avion, et c'est la seule chose qui la calme. Donc donne-moi ta main.
Sans même que je n'ai le temps de réagir, il attrape ma main posée sur l'accoudoir et la tient fermement dans la sienne comme une bouée à laquelle il fallait s'accrocher, si bien que je n'ose plus bouger. C'est ainsi que nous passons la fin du vol main dans la main, ne sachant pas si je souhaite que ce geste ait un sens, ou non, pour l'avenir.
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