Chapitre 17 - Convocation

À mon arrivée chez Clayton Corporation le lendemain, j'ai à peine le temps de poser mes affaires et de dire bonjour à Alexia que Matthew me convoque dans son bureau.

— Si c'est pour me refaire la même scène qu'hier, je te jure qu'il va être reçu, dis-je à Alexia, encore sur les nerfs.

— Il est vrai que si c'est pour ça qu'il te convoque, il abuse. Tu as été très claire avec lui en plus. D'ailleurs, je suis fière de toi ! Ne te laisse pas faire ! m'encourage-t-elle tandis qu'elle pianote un mail.

Je souris. Qui a mis une si gentille personne sur mon chemin ? Cela ne fait que quelques semaines qu'elle me connait et pourtant elle agit avec moi comme une véritable amie. C'est pourquoi je rajoute timidement, juste avant de m'en aller :

— Alexia ?

— Oui ? me demande-t-elle sans relever le nez de l'écran de son ordinateur.

— Merci de ne pas me juger pour ce qu'il s'est passé avec lui et d'être là pour moi. Tu es une véritable amie.

Cette fois-ci, elle me regarde tendrement avant de se lever :

— Ne t'inquiète pas, je sais qu'à l'inverse tu aurais fait la même chose. Moi aussi je te considère comme une véritable amie, me dit-elle en me prenant dans ses bras.

Néanmoins, nous sommes rapidement obligées d'écourter notre étreinte car Matthew arrive à grand pas vers nous et au vu de son visage fermé, il n'a pas l'air ravi de sa journée.

— Elyssa, il me semble que je t'ai convoqué dans mon bureau il y a plus de quinze minutes. Si tu pouvais te dépêcher, cela m'arrangerait, grommelle-t-il en prenant son air de patron que je déteste tant.

Je sais bien que c'est mon boss et que je suis censée le respecter, mais bon je pense que nous avons un peu dépassé ce stade-là depuis un moment...

— Tu sais, moi je ne t'ai pas convoqué chez moi hier soir, pourtant tu es venu. On n'a pas toujours ce que l'on veut dans la vie.

— Elyssa ... grogne-t-il sous l'air amusé de ma collègue.

— Ok, j'arrive, cédé-je voyant qu'il est sur le point de m'étriper sur place.

Oups...

Je le suis alors jusqu'à son bureau tandis qu'Alexia pouffe de rire derrière son écran. Mais, à peine suis-je arrivée à destination qu'il ferme la porte et jure :

— Pourquoi as-tu toujours ce don de me pousser à bout ?

Intérieurement je jubile, satisfaite de lui mettre les nerfs à vifs.

— Peut-être parce que tu n'es pas le genre d'homme qui a l'habitude qu'une femme lui dise non ?

Impassible, bafouant d'un geste de la main ma remarque, il me demande cette fois-ci sérieusement :

— Quand vas-tu arrêter de me faire la gueule ?

— Je ne fais pas la gueule, me justifié-je, les bras croisés.

Oui, je suis peu crédible. Et alors ? Il ne croit tout de même pas que parce qu'il est venu jusqu'à chez moi pour s'excuser, je vais oublier toute cette histoire ? Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'il m'ait à mon propre jeu :

— Donc tu ne vois pas d'inconvénient à m'accompagner demain à un rendez-vous à l'autre bout du pays ?

— Non, ça ne me pose aucun problème, réponds-je sûre de moi, par fierté.

En réalité oui, ça me pose un problème et oui, je suis toujours très énervée contre lui. Néanmoins, je sais rester professionnelle alors j'accepte. C'est mon patron après tout.

— Beau professionnalisme en tout cas. Je passe donc te prendre demain matin à sept heures.

— Sept heures ?! C'est encore plus tôt que la dernière fois ! m'exclamé-je, commençant à être excédée par ces rendez-vous aux aurores.

— Oui, mais nous prenons l'avion cette fois.

— L'avion ? Mais où allons-nous ? tenté-je de cacher avec cette question la crainte qui m'anime.

Il va vraiment réussir à tout me faire vivre celui-là, moi qui ai le vertige maintenant il faut que je monte dans un avion à je ne sais combien de kilomètres au-dessus de la terre ferme pour lui.

— Dans le nord du pays, une maison construite par nos soins à un problème, nous devons aller constater, voir si cela relève de notre faute ou non.

— Et quel est mon rôle là-dedans ?

C'est vrai quoi, pourquoi veut-il que je l'accompagne ? Je suis secrétaire, pas experte en architecture !

— J'ai besoin que quelqu'un m'accompagne voilà tout. Et j'ai cru comprendre que tu avais quelques compétences en architecture.

Si j'avais su, ce jour-là je me serais tu ...

— Oui mais je n'ai pas les compétences nécessaires pour ce rendez-vous, tenté-je de le convaincre espérant qu'il prenne quelqu'un d'autre.

— Oui mais tu pourrais les avoir prochainement...

Comment ça ?

— Je ne comprends pas, comment pourrais-je avoir prochainement les compétences pour ce rendez-vous ?

— Eh bien, je pourrais te proposer le poste d'Adam, me dit-il tout à fait sérieux.

Je dois retenir un rire nerveux. Sa proposition est totalement loufoque, que ce soit pour moi ou pour lui. Je n'ai absolument pas les qualifications pour ce poste.

— Tu sais que je n'ai pas les diplômes nécessaires au moins ? Tu veux la faillite de ton entreprise ?

— Tu n'as pas encore les diplômes nécessaires, nuance. Une formation peut vite s'organiser, tu sais !

Je rêve où il est réellement en train de me proposer une promotion ?

— C'est une promotion que tu me proposes, en fait ?

— En quelques sortes... reste-t-il vague.

S'il croit que je n'ai pas compris son petit jeu ...

— Donc tu m'offres une promotion car tu t'es comporté comme un connard l'autre fois, c'est ça ? commencé-je à avoir de nouveau le sang chaud.

— Non Elyssa, enfin oui. J'aimerais que ça t'aide à me pardonner. Mais même sans ça je t'aurais sûrement offert cette promotion car tu la mérite !

Plus il parle et plus il s'enfonce. Je ne comprends même pas qu'il ne le voit pas. S'il pense que je souhaite avoir une promotion en remerciement d'avoir couché avec lui ou en pardon de m'avoir blessé, c'est mal me connaître.

— Non, je ne vois pas pourquoi je la mérite plus qu'Alexia qui est là depuis plus longtemps par exemple. Et je déteste avoir un traitement de faveur pour ce qu'il s'est passé entre nous. Je ne veux pas de ta promotion !

— Ok je prendrais quelqu'un d'autre à ce poste en attendant. Mais dis-moi, qu'est-ce qu'il s'est passé entre nous déjà ? me taquine-t-il, charmeur.

Cependant, je n'ai pas envie de rigoler. Surtout qu'il m'énerve à ne répondre qu'à un bout de ma phrase !

— Ce qui est sûr, c'est qu'il ne se passera plus rien, lâché-je finalement, excédée de son comportement.

Même si j'ai encore du mal à me l'avouer, cette phrase m'arrache le cœur. Pourquoi continué-je à ressentir tant d'attirance pour lui après tout ce qu'il s'est passé ? Moi-même je ne me comprends pas. Il doit ressentir la même chose car il déclare immédiatement, comme s'il s'était brulé les ailes en volant :

— Je plaisantais ...

— Mais moi je n'ai pas envie de rire. J'ai failli t'embrasser alors que je n'étais même pas encore embauchée, j'ai couché avec toi le week-end dernier. Je ne veux pas être cette fille-là !

— De quelle fille parles-tu ? m'interroge-t-il, faisant mine de ne pas comprendre.

— La fille qui couche avec le patron.

— Donc, en fait, il faut que je te vire, c'est ça ?

Qu'est-ce qu'il me raconte là ? Il veut me virer ? Deux secondes avant il me proposait une promotion. Qu'est-ce qu'il lui prend ?

— Je ne comprends pas...

— En te virant tu pourras coucher avec moi, me répond-il, fier de sa solution.

Dites-moi qu'il n'est pas sérieux, dites-moi que c'est encore une de ses blagues exécrables. J'ai vraiment besoin de ce travail moi maintenant. Non, ce n'est pas possible, je suis sûre qu'il ne le fera pas. Pour m'en assurer, je décider de bluffer :

— Tu ne me vireras pas, je le sais. Par contre, je suis sérieuse toi et moi, ce ne sera plus que des relations strictement professionnelles, c'est clair ?

— Très clair madame, dit-il en se mettant comme au garde à vous.

Cependant, cela ne me fait pas sourire comme je suis sûre qu'il l'espérait. Je suis persuadée qu'il attendait une réaction de ma part, et c'est pour cette raison que je tourne les talons. Mais, avant que je n'aie franchis la porte, il ajoute sur un air taquin, comme il le fait si bien :

— Tu n'arriveras pas à me résister Elyssa...

J'espère que je rêve là ? Il pense vraiment que je suis si accro à lui ? Bon peut-être un peu d'accord, mais il est hors de question que je cède à nouveau.

— Ça, c'est ce qu'on verra ! le défié-je en sortant finalement de son bureau où l'air commençait à me manquer, tant la tension était palpable.

Cependant, avant que je ne claque la porte, je l'entends me crier :

— À demain sept heures, Elyssa !

Avec, comme je l'imagine, ce foutu sourire de séducteur satisfait, collé sur son visage...

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