Chapitre 14 - Première menace

Lorsque j'arrive devant la porte de mon appartement, je suis trempée et je tremble de froid. À peine étais-je sortie de la maison de Fred qu'il s'était mis à pleuvoir à torrent, comme si l'univers souhaitait me rafraichir les idées après cette nuit dominée par l'inconscience. Je ne serais même pas en capacité de dire combien de temps j'ai marché si je GPS que j'ai activé dès que je suis arrivée dehors n'avait pas indiqué quarante-cinq minutes. En réalité, à ce moment-là, même si j'avais dû marcher trois heures pour quitter cette soirée je l'aurais fait. D'ailleurs comment a-t-elle pu à ce point virer au cauchemar ? En outre, personne n'a tenté de me retenir que ce soit Matthew, Fred ou un quelconque invité, mais je préfère ça, je n'étais clairement pas en état de tenir une discussion. Je ne le suis toujours pas d'ailleurs.

Heureusement, quand j'arrive sur le perron de mon appartement, Alexia est déjà là. Elle devait être de sortie car elle est vêtue d'un chemisier noir et d'une jupe en cuir rouge, ses cheveux blonds lâchés sur ses épaules. Dès que j'arrive à sa hauteur, je m'effondre en larmes dans ses bras :

— Je suis désolée, je suis vraiment nulle, j'aurais dû t'écouter Alexia, me larmoyé-je entre deux sanglots.

— Rentrons. Ne t'inquiète pas je suis là. Explique-moi ce qu'il s'est passé, tente-t-elle de me rassurer.

Lorsque j'ouvre la porte, Alexia sur mes talons, la première chose que je fais c'est d'enlever cette robe rouge encombrante et ces chaussures qui me détruisent un peu plus les pieds à chaque pas. En effet, après quelques minutes de marche, je me suis vite rendu compte que je ne pouvais marcher aussi longtemps pied nu dans la rue, j'ai donc été confrontée de remettre mes talons. Ce n'est qu'après avoir enfilé un pyjama tandis qu'Alexia me préparait un thé, blottie dans un plaid, que je m'assieds sur le canapé pour tout expliquer à Alexia. Mais, il faut dire que je rencontre des difficultés à savoir par où commencer. En effet, dès le début, je n'ai pas été très honnête sur ma relation avec Matthew. Face à mon désarroi depuis que je suis arrivée, elle me questionne donc :

— C'est la soirée ? Elle s'est mal passée ? Clayton t'a laissé seule ? Il s'est mal comporté avec toi ?

— Oui. Enfin non. Enfin oui et non, réponds-je totalement perdue face à toutes ces questions.

— Il va falloir que tu sois un peu plus précise là, Elyssa, si tu veux que je t'aide.

Honteuse de la voir si attentionnée à mon égard alors que je ne fais que de lui mentir depuis le départ, mes larmes qui avaient arrêté de couler reprennent.

— Je suis désolée Alexia, je t'ai menti et je déteste les mensonges mais je ne savais pas quoi faire, je pensais pouvoir tenir mais j'ai craqué et maintenant je ne sais encore moins quoi faire ...

— Tu as couché avec lui c'est ça ? me demande-t-elle timidement, pour ne pas me brusquer.

Néanmoins, je suis sûre qu'elle connait déjà la réponse.

— Oui... avoué-je finalement après quelques minutes de silence, plus que honteuse.

— J'étais sûre qu'il allait te faire le même coup qu'avec les autres ! Pourquoi ne m'as-tu pas écouté ?

— Parce que quand tu m'as prévenu, j'avais déjà failli l'embrasser dans l'ascenseur le premier jour...

À ces mots, Alexia ne répond rien, bouche bée, avant de lâcher un « quoi ?! » si aigu qu'il aurait pu me percer les tympans.

— Donc là, tu es en train de me dire que ce soir tu as couché avec le big boss, et que vous vous étiez déjà chauffés le premier jour ?

— Plutôt le jour où j'ai eu mon entretien. Juste avant l'entretien plus précisément, rectifié-je toujours aussi morte de honte.

— Wow, répond-elle toujours aussi choquée par mes révélations.

Je pense que ce sont les seuls mots qui sont capables de sortir de sa bouche à ce moment précis.

— Mais tu savais que ce serait ton patron ? essaie-t-elle de comprendre.

— Bien sûr que non, tenté-je de me défendre. Sinon je n'aurais jamais fait ça. C'est après que ça a dérapé, il me défiait et je me suis retrouvée dans cette salle de bain avec lui ce soir et je ne sais pas, la tentation était trop forte et j'ai craqué. J'ai tellement honte tu sais, mais le pire dans tout ça c'est que je ne regrette pas de l'avoir fait.

— Désolée, mais j'ai du mal à te suivre Elyssa. Si tu ne regrettes pas d'avoir couché avec lui, pourquoi pleures-tu ?

Il est vrai que quand je l'ai appelé, j'ai tellement culpabilisé de lui avoir menti pendant tout ce temps que j'ai oublié de lui raconter la fin de la soirée. Je reprends donc dans un monologue interminable l'ensemble de la soirée et ce n'est qu'à la fin de mon récit qu'elle réagit à l'altercation entre Adam et Matthew :

— Donc il l'a frappé et après il t'a dit que tu l'avais mérité ?! Mais quel connard ce type !

Voyant mon visage triste et choquée, réalisant seulement maintenant tout ce qu'il vient de se passer, Alexia rajoute :

— Tu n'as rien à te reprocher, ok ? Tu as juste couché avec un homme qui te plaisait. Tu ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer ensuite, d'accord ?

J'acquiesce, ne cessant de la remercier d'être venue et de rester mon amie alors que je lui ai menti. Cependant, alors qu'elle me prend une nouvelle fois dans ses bras, on toque à la porte. N'attendant personne, je fais mine de me lever mais au vu de mon état Alexia me dit de rester là, et s'en occupe. Mais dès qu'elle ouvre la porte, je reconnais immédiatement sa voix.

— Alexia ? Qu'est-ce que tu fais là ? Elyssa est là ? J'ai besoin de lui parler, demande Matthew essoufflé, comme s'il avait couru.

— Elle dort, ment alors mon amie pour me sortir de cette discussion que je n'ai pas du tout envie d'avoir. Ou du moins pas maintenant.

— S'il-te-plaît Alexia ... insiste-t-il, sachant très bien qu'après les évènements de ce soir, je ne dois absolument pas être en train de dormir.

Mais, mon amie ne cède pas, déterminée à le chasser de mon appartement :

— Je pense qu'il est temps de rentrer chez vous maintenant.

Il doit s'avouer vaincu car il n'insiste pas plus et j'entends Alexia refermer la porte avant de revenir vers moi :

— Il avait l'air de vraiment s'en vouloir en tout cas, m'informe-t-elle en se rasseyant à côté de moi.

Constatant ma mine déconfite à ses paroles, elle rajoute :

— Mais quels que soient ces regrets, cela n'excuse pas son comportement, évidemment.

C'est ainsi que pendant qu'Alexia me propose de regarder un film pour me changer les idées, on toque de nouveau à la porte et mon amie se relève, excédée :

— Clayton je t'ai déjà dit que ce n'était pas le moment ! crie-t-elle de l'autre bout de l'appartement comme s'il allait l'entendre derrière la porte.

Cependant, cette fois-ci je n'entends pas la voix de notre patron de l'autre bout du couloir mais juste sa voix à elle faire « oh ».

Ne comprenant pas ce qu'il se passe, je me lève et la rejoins devant le pas de la porte où Alexia s'abaisse pour ramasser quelque chose par terre.

— Qu'est-ce que c'est ? demandé-je lorsqu'elle se redresse.

— Une lettre à ton nom.

— Bizarre, il n'y a pas de courrier à cette heure, constaté-je.

— Tu as raison c'est étrange, ouvre-la !

En déchirant l'enveloppe, j'espère secrètement que c'est Matthew qui s'excuse de s'être emporté comme ça, de m'avoir fait si peur ce soir. Une lettre où il m'expliquerait les raisons de cet excès de colère envers moi et qu'il regrette chacune de ses paroles. Néanmoins, lorsque je déplie le papier, je lâche un cri de stupeur et une profonde angoisse me glace l'échine :

— Quoi ?! s'inquiète immédiatement mon amie.

— Il est écrit « va crever connasse ». Et ce n'est pas signé.

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