— Clayton ?

— Hum ? répond-il alors qu'il est en train de reboutonner son pantalon.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— De quoi ? m'interroge-t-il, amusé.

— Ce que nous venons de faire, idiot !

Il est vrai que, même si je ne regrette absolument pas ce qu'il vient de se passer entre nous, j'ai besoin de savoir ce que cela signifie pour lui.

— Comment parles-tu à ton patron ? Tu sais que je pourrais te licencier pour ça, me murmure-t-il en s'approchant de moi pour me prendre par la taille et me surplomber de sa hauteur.

— Comme tu me l'as déjà fait remarquer, en dehors du boulot, tu n'es pas mon patron, lui réponds-je fièrement, avec un clin d'œil.

— Maintenant peux-tu répondre à ma question ? Qu'est-ce que ça veut dire tout ça pour toi ? Je suis juste la fille avec laquelle tu couches ce soir et demain il y en aura une nouvelle ?

— Elyssa, comment peux-tu penser que je t'utilise comme ça ?

— C'est ce que tu as fait avec toutes les autres. Ne me dis pas non, tu jouis d'une sacrée réputation derrière toi, au cas où tu ne le saurais pas.

— Elyssa, tu me plais ok ? Alors crois-le ou non, mais je ne te considère pas comme ces autres filles, m'affirme-il en appuyant son propos par un baiser sur mon front.

À ce moment-là, mon cœur rate un battement. Me dit-il la vérité ? Suis-je plus qu'une fille d'une soirée pour lui ?

— Oh, et une dernière chose, rajoute-t-il avant que je ne puisse lui poser d'autres questions.

— Quoi ?

— Arrête de m'appeler Clayton, pour toi c'est Matthew maintenant !

— D'accord Matthew. En revanche, je pense qu'il faut que nous descendions maintenant. Tu as assez occupé la salle de bain...

— Ce n'est pas faux, rigole-t-il. Mais avant laisse-moi faire ça ...

Il s'approche alors de moi et m'embrasse une dernière fois, longuement, avant que nous quittions la salle de bain, presque à contrecœur.

Néanmoins et malgré cette escapade d'une heure dans la salle de bain que j'ai vécu comme une parenthèse enchantée, je me demande maintenant comment cette situation va évoluer. Je crains de m'être jetée dans la gueule du loup en écoutant ses belles paroles, ou du moins c'est ce qu'Alexia penserait de moi si elle savait ce que nous venions de faire. Et dire que je lui avais promis ... Mais au fond, je savais que je ne pourrais pas résister.

Lorsque nous retournons en bas, personne ne semble s'être aperçu de notre absence. Clayton, ou plutôt Matthew, se dirige aussitôt vers le buffet pour aller saluer d'autres personnes qui sont arrivées entre temps. Il me propose de l'accompagner, mais je refuse pour aller me chercher un verre d'eau dans la cuisine qu'il m'a indiqué quelques minutes plus tôt.

Quand j'arrive dans la cuisine après avoir poussé une porte battante qui s'est aussitôt refermée derrière moi, je me dirige directement vers la table où j'attrape un gobelet que je place sous le robinet avant de le boire d'une traite. Cependant, persuadée d'être seule dans la pièce, je sursaute quand je me rends compte que quelqu'un m'observe :

— Salut Elysaaaa, comment vas-tu depuis tout à l'heureeeee, me lance Adam avec une grande difficulté pour aligner tous les mots de sa phrase.

Il semble complètement bourré.

— Ça va, toi cependant un peu moins, le taquiné-je.

— Tu sais j'ai un secret, ajoute-t-il en se rapprochant à moins d'un mètre de moi.

— Et qu'est-ce que c'est ? demandé-je plus par politesse que par véritable intérêt.

— Je t'aime Elyssa. Mais je ne suis pas le seul, toi aussi tu as un secret...

— Ah bon ? dis-je, gênée de la tournure que prend cette discussion

— Oui, tu m'aimes aussi. Embrasse-moi Elyssa et aimons-nous pour le reste de la vie.

Il délire complètement ou quoi ?

La scène serait presque drôle s'il n'avait pas décidé de me plaquer contre le coin de la cuisine pour tenter de m'embrasser de force. J'essaie de le repousser, mais malgré son état d'ébriété, il est clairement trop musclé pour que je n'y parvienne. Je me mets alors à crier, espérant que quelqu'un m'entende par-dessus le brouhaha de la musique.

— Adam lâche-moi ! Je ne t'aime pas ok ? Lâche-moi ! Au secours !

— Mais si tu m'aimes Elyssa, je le sais, me murmure-t-il alors qu'il remonte ses mains sur mes fesses.

Je commence alors à paniquer. Jusqu'où va-t-il aller ? Est-ce que quelqu'un va m'entendre et venir m'aider ? Je le pousse, le frappe, hurle mais rien n'y fait, il ne bouge pas. Quelqu'un va-t-il venir me sauver de cette situation ?

C'est à ce moment-là que j'entends la porte de la cuisine s'ouvrir.

— Elyssa ? Tu es là ? lance Matthew qui ne nous aperçoit pas tout de suite dans le renforcement de la cuisine.

Puis, quand il nous aperçoit, en un instant je vois ses yeux vriller au rouge et son corps foncer sur nous ou plutôt sur Adam. Avant que je n'aie pu réaliser ce qu'il se passait, Matthew décroche un coup de poing dans la mâchoire d'Adam qui vacille. Cependant, cela ne l'arrête pas et il continue de le frapper. Matthew est maintenant au sol à califourchon sur lui et le visage d'Adam est en sang. Horrifiée, je suis incapable de bouger ou même d'appeler à l'aide pour les séparer. Je suis comme tétanisée, mon esprit est là mais mes organes ne me répondent plus. Heureusement, alertés par le vacarme des garçons, Fred ainsi que d'autres invités viennent les séparer.

— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? crie Fred en poussant Matthew loin d'Adam.

— Il a essayé d'abuser d'elle ! hurle ce dernier, rouge de colère après s'être assurée que j'allais bien.

Adam, lui, est toujours au sol et peine à se relever. Sa sœur se tient non loin de là mais ne s'approche pas, sûrement honteuse du comportement de son frère.

— Oh Elyssa je suis désolée, s'excuse Fred qui n'y est pourtant pour rien.

Touchée par son inquiétude, j'ouvre la bouche pour lui répondre mais Matthew m'interrompt :

— Elle l'a bien cherché !

Complètement sonnée par cette remarque, étant persuadée d'avoir mal entendu, je ne peux lâche qu'un vulgaire « quoi » en guise de réponse.

— Tu l'as enlacé la semaine dernière, donc tu l'as bien cherché. Tu lui as laissé de l'espoir ! s'époumonne-t-il à s'expliquer.

Non, je n'avais pas mal entendu, c'est bel et bien ce qu'il pense. À ce moment-là, un profond sentiment de dégout envers lui s'empare de moi, comment peut-il oser tenir ces propos ? Cela choque tout autant Fred qui prend immédiatement ma défense :

— Es-tu sérieux Matthew dans ce que tu dis ? s'emporte son ami. Elle n'y est pour rien ! Et tu le sais !

Mais moi, je suis incapable de répondre quoi que ce soit. Ma bouche s'ouvre et se referme mais aucun mot n'en sort. Mes larmes dégoulinent sur mes joues sans même que je ne m'en rende compte. Comme dépossédée de moi-même, mécaniquement, je tourne les talons et sors de la maison complètement choquée de ce que je viens de vivre et de ce que Matthew vient de me dire. Comment peut-il oser dire que c'est ma faute ? Comment peut-il oser me traiter comme cela après le moment que nous avons passé ensemble ? Il faut croire que ses belles paroles n'étaient que du vent...

À peine sortie de la maison, j'enlève mes talons pour marcher plus vite jusqu'à chez moi et je compose le premier numéro qui me vient à l'esprit. Dès la première sonnerie, elle répond et avant même qu'elle ne parle je lui crie :

— Alexia, s'il te plaît j'ai besoin de toi !

Et je fonds en larmes.