Chapitre 12 - Je t'aime

Premier chapitre avec avertissement /!\

Un très long chapitre fort en émotions.

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NOUVEAU MESSAGE

Kyle : Je suis désolé Stan je ne partage pas les mêmes sentiments que toi. Et franchement ça me met trop mal à l'aise je préfère qu'on ne reparle plus de cette histoire. Même avec Kenny. Je veux oublier tout ça. Ne m'en reparle jamais stp. Y aura que de l'amitié entre nous. Bonne nuit.

Stan relit encore et encore le message. Ce message irréel qui vient broyer toute once d'espoir qui s'était construite depuis qu'il avait vu Kyle aux toilettes. Broyer tout son cœur et le piétiner sans ménagement. Comment est-ce possible ? Comment a-t-il pu croire que Kyle allait l'embrasser juste avant que la porte ne s'ouvre ? Comment a-t-il pu se tromper à ce point ? Cet ascenseur émotionnel l'achève. Cela fait des heures qu'il pleure à s'en couper le souffle. Qu'il sent ce vide horriblement brûlant le dévorer et retirer toute vie en lui. Il voudrait aller chez Kyle tout de suite. Lui dire à quel point il vient de l'anéantir. Lui hurler dessus. Il prend son téléphone pour dire à Kenny que tout est fini avec Kyle. Qu'il n'en dira pas davantage mais qu'il a été clair et que l'affaire est classée. Il préfère lui écrire plutôt que devoir lui dire en face. Demain, c'est samedi. Ce sera le premier week-end ou il ne verra pas Kyle. Si le gros lard n'était pas rentré à ce moment-là, il aurait mis sa main à couper que tout entre eux aurait été différent.

Il ne dort pas de la nuit. Son oreiller est trempé de larmes et la pièce semble rétrécir à vue d'œil dans l'obscurité oppressante. Il a l'impression de suffoquer à chaque instant. Que chacune de ses respirations lui brûle la gorge. Que chaque larme qui tombe le rend de plus en plus impuissant.

- Si c'est ça Aimer, alors je n'avais jamais aimé personne avant toi.

Cette idée est d'autant plus horrible qu'il décide de quitter Wendy par sms. Sans débat, sans questionnement, juste la quitter. Il ne répondra à aucun autre message de sa part. Il n'a pas le courage de l'affronter en face lundi et il veut rester seul. Seul face à cette douleur atroce. Face au deuil de cet amour qui grandissait chaque jour et faisait gonfler son cœur d'une manière qui lui était jusque-là inconnue. Seul avec ses angoisses et ce manque. Revivant en boucle ce précieux moment avec Kyle. Cette bouche et ces beaux yeux verts qui lui semblait pouvoir enfin lui appartenir. Comment va-t-il faire pour continuer à le regarder en face, à se tenir dans la même salle que lui, à vivre dans le même endroit que lui ?

- « Amitié » ... Kyle... chaque fois que je te verrai ça sera une torture. C'est fini. C'est vraiment fini.

Le brun sait ce qu'il lui reste à faire. La seule solution qu'il voit pour ne pas devenir fou. Il aurait aimé lui dire en face. Lui dire les mots sacrés qu'il ne pourra plus prononcer.

- Kyle... Je t'aime, Kyle.

Le petit brun continue à hurler dans son oreiller le nom du seul être qu'il aura jamais aimé, ses sanglots étouffés dans la nuit silencieuse.

En rentrant chez lui, Cartman sent une douceur, un apaisement dans son cœur. Une sorte de paix cotonneuse, ayant le goût de miel. Il avait une telle rage, une telle haine envers Kyle, un tel sentiment de trahison à cause de Stan et lui qu'il aurait pu le frapper encore et encore pour lui faire payer. Après lui avoir montré son bon côté, il se retrouve avec un couteau dans le dos. Avant, il aurait simplement défoncé la gueule de ces deux connards. Mais étant donné qu'il ne veut plus faire souffrir Kyle de la sorte, il doit agir autrement. Il va la jouer autrement. Mais rien ne reste impuni. Le mal qu'il lui a fait ne restera pas impuni.

Son message de ce soir aura réglé l'affaire. Il n'aura même pas besoin d'utiliser la violence. Kenny ne sera plus impliqué non plus car ce con Stan respectera la volonté de Kyle de ne plus reparler de cette histoire. Et si jamais c'était le cas, il se chargerait de Kenny.

Cette nuit, le gros rêve de sa soirée du lendemain avec Kyle dans la forêt. Il est impatient. Impatient plus que jamais. Car il compte bien vivre une soirée inoubliable pour tous les deux. Il a tout prévu. Et il en rêve.

Tout le samedi, Kyle guette un message de Stan. Mais rien. Il décide de lui en envoyer un, ne l'ayant pas revu ni eu de nouvelles depuis la veille. Il lui répond deux heures après très succinctement

Stan : slt ouais ça va à lundi.

Jamais Stan ne lui répond aussi froidement, surtout après leur discussion d'hier où il aurait pu jurer qu'ils avaient fait un pas en avant. Et jurer qu'ils allaient s'embrasser pour de vrai cette fois. Mais ce message vient anéantir toute joie. Il sent les larmes monter mais se refuse à pleurer. Est-il fatigué pour lui répondre ainsi ? Kyle ne croit pas à une autre excuse qu'une raison le concernant, lui.

Il ne sourit plus jusqu'au soir, lorsqu'il part rejoindre Cartman à vélo. Stan lui manque. Horriblement. Et si Cartman n'était pas rentré à ce moment-là... il se serait laissé aller à embrasser Stan. Assurément. Il se serait peut-être pris une gifle et aurait perdu son meilleur ami mais peut-être que Stan aurait pu lui rendre son baiser... ? Un baiser passionné et dévorant... Kyle se perd dans des souvenirs imaginaires sur la route. Une envie irrépressible de passer chez Stan le prend mais il se retient. Il lui fait manifestement la gueule et cette situation le rend fou. Il n'y comprend rien, il n'arrive plus à suivre le pourquoi du comment ils en sont là. Heureusement qu'il va camper avec Cartman pour se changer les idées, sinon il ne sait pas ce qu'il aurait fait. Il aurait sûrement craqué et été chez Stan...

Cartman a tout prévu, une tente assez grande pour les accueillir tous les deux, des sandwiches, des cheesy poof et même deux bouteilles de whisky qu'il avait prévu de voler à sa mère.

- Oh ! T'es sérieux ?! T'as emporté de l'alcool ?! Mais...

- Du caaaalme, c'est à ma mère et elle est au courant de rien, cette conne. Elle est sûrement en train de baiser avec l'autre poivrot à la ferme.

Le jour est tombé et les garçons installent le feu de camp. Ils sortent une couverture sur laquelle ils s'assoient pour manger et boire.

- Puah ! C'est dégeu ! Tu as trop dosé le verre, gros cul !

- Pfff, n'importe quoi ! T'es juste une lopette ! Aller, cul-sec !

- Quewa ? Ah non, hors de question !

- Ah ouais ? Alors on va jouer à un jeu.

- Je crains le pire, dit Kyle en grimaçant.

- Tu fais bien, juif !

Cartman jette quelques branches de bois dans le feu en réfléchissant à ses questions.

- Combien d'argent as-tu caché chez toi, juif ? demande le gros, en donnant un coup de coude à Kyle.

- Quoi ?!

- Ah oui, j'oubliais, si tu ne réponds pas tu bois 5 gorgées. Si tu mens, cul-sec ! Si tu réponds normalement, tu me donnes 2 gorgées.

Le roux éclate de rire.

- J'me doutais que t'abandonnerai pas aussi facilement, gros lard ! D'accord ! dit-il en souriant malicieusement. Et comment on sait qui ment ?

- Ça c'est à toi de le deviner. Démerde-toi !

- C'est complètement con ! *de toute façon j'vois aucune raison de mentir* Bon, alors dans ma chambre je crois que j'ai environ 50 dollars.

- Hmm. Ok, juif. Je bois.

- Bois, bois. T'as pas fini de boire !

- *C'est c'qu'on va voir cher Kyle*


L'air est doux et malgré la neige fondue autour d'eux, la température corporelle des deux garçons continue de s'élever avec les verres qui filent à toute allure. Cartman à l'habitude de boire de la bière et de l'alcool fort après les soirs de match avec son équipe, que ce soit pour fêter une victoire ou une défaite. Ils finissent toujours par picoler des litres d'alcool tous ensemble. Et celui qui ne boit pas se fait railler par les autres à commencer par les coachs, si bien que les jeunes n'ont pas mis longtemps à s'habituer à cette mentalité de beuverie régulière. Même après les entrainements à fréquence de 1 à 3 toutes les semaines, ils boivent toujours quelques bières et un verre de whisky à l'occasion. Puisque les coachs laissent toujours au moins une caisse de liquide en stock, les ados peuvent se servir après leur départ. C'est aussi pour cette raison que les équipes jouant à South Park finissent souvent par se bastonner, complètement saouls. D'où l'abonnement de Cartman à l'hôpital. Les coachs eux-mêmes étant des alcooliques réputés, Cartman vit depuis deux ans dans un alcoolisme fréquent. D'où le fait que ce soir, il soit particulièrement dans son élément. Au bout de ces nombreux verres, il est joyeux mais en pleine possession de son esprit et de ses moyens.

Kyle au contraire, est euphorique et titube régulièrement en éclatant de rire, ce qui amuse énormément Éric. Il a attendu un moment avant de reprendre les questions. Profitant juste du spectacle d'un Kyle bourré complètement déchaîné qui le fait beaucoup rire. Ce moment où son juif est encore heureux. Car cela ne va pas durer, il le sait. Tout se paye. Et Kyle l'a trahi. le gros est sûr d'une chose, c'est de ce que lui ressent pour Kyle. Cette chose nouvelle qu'il veut explorer de toute sa curiosité, son avidité. Et en ce qui concerne Kyle, il a des doutes. Et il veut savoir. Savoir la vérité sur Stan, sur lui. Il lui est déjà facile de lire la vérité sur le visage de Kyle, mais ce soir, il veut savoir absolument tout. Alors il le fait boire jusqu'à lui faire perdre toutes ses barrières.

Il sait qu'il ne va pas aimer tout ce qu'il va entendre. La scène d'hier lui a suffit à imaginer quelles seraient les réponses qu'il aurait ce soir. Mais il veut être sûr et entendre les mots sortir de la bouche de Kyle. Car cela ouvre également certaines portes pour lui. Pour sa découverte autour de Kyle et de lui-même. Et depuis qu'il sait que le petit juif se sent bien à ses côtés, il n'a plus d'hésitation. Il lui fera cracher la vérité et cette nuit sera inoubliable comme il l'aura prévu.

Cartman décide de donner un cul-sec gratuit à Kyle en le manipulant aisément sur une question.

- A moi. Est-ce tu me déteste toujours comme un gros lard, kaaahl ?

Le roux s'esclaffe de rire et baffe l'épaule de Cartman.

- Evidemment !! T'es touuuujours un gros laaard, gros cuuul !

- Ah oui, donc tu viens de dire que tu me détestais pourtant hier tu as dit que tu m'appréciais et que c'était cool entre nous !

- Baah ouais !!

- Donc tu as menti dans ta réponse tu ne me déteste pas et c'est bien le mot que j'ai employé, tête de con ! Il faut apprendre à bien écouter Kyle, ça te jouera des tours, dit-il innocemment.

- Quewaa ?! Boh, j'm'en fou. T'façon, le whisky c'est mon ami, dit-il en berçant la bouteille dans ses bras d'une manière enfantine.

Il finit son verre plein d'une traite et hoquète en grimaçant. Ce dernier verre lui fait l'effet d'un coup de massue et il doit se retenir pour ne pas tomber. Cartman pose sa main dans son dos pour l'empêcher de tomber. Les yeux à moitié clos, Kyle sent toute lucidité le quitter peu à peu.

- Très bien, très bien encore à moi, dit Cartman, un sourire aux lèvres. Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu avais embrassé Stan ?

Le roux met quelques instants avant que les mots ne percutent son esprit lent. Il fronce les sourcils.

- Quewa ? J'ai... quoi ?

- Oui Kyle, tu as embrassé Stan, je le sais.

- Alors déjà... nan... c'est lui qui m'a embrassé, articule-t-il. Au jeu d'merde... 'vec Token.

- Hmm. Ok, Kyle, je bois. Et sinon...

- NON ! A moi !

- Ok ok à toi, sourit-il.

- Est-ce que... tu es... gay ?!

Le visage de Cartman pâlit. Pourquoi lui pose-t-il cette question ? Est-ce qu'il se fou de sa gueule ou bien...

- Parce qu'on s'demandait tous si ça s'rait pas l'cas t'vois, dit-il en s'appuyant sur l'épaule de Cartman.

- P-pourquoi ? Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?

- Bah, rien que les trucs chelou 'vec Butters... j'veux dire... sa bite quoi ! Pis y'a aussi ce jour où t'as balancé qu't'avais tripoté la teub de ton cousin ! Faut vraiment être gay... bordel !

Cartman profite de l'état de lenteur de Kyle pour réfléchir.

*Alors comme ça ces cons s'imaginent sérieusement que je suis gay... bande de... *

- Et toi Kyle ?

- Meuwa ?

- Oui, toi. Tu es gay n'est-ce pas ?

- Quewa ? Nan TOI, j'd'mandais si toi t'étais...

- Peut-être.

Le roux arque un sourcil et cligne lentement des yeux. Il ne réalise pas vraiment cette info qu'il sait pourtant au fond de lui, être extrêmement importante.

- Euh... ah bon, dit-il avec une moue paresseuse.

- Et donc en ce qui te concerne, es-tu gay ?

- Je...

Kyle est trop alcoolisé pour arriver à réfléchir, mais une petite voix lui dit que quelque chose cloche dans cet échange. Qu'il doit faire attention et qu'il vient de pénétrer dans un chemin où il ne fallait surtout pas aller. Mais son esprit l'abandonnant, cette voix devient un écho qui l'appelle sans parvenir à restreindre les mots sortant librement de sa bouche.

- Tu sais que tu peux tout me dire, Kyle, murmure Cartman.

A la question de Cartman, tout ce qui lui vient à l'esprit est...

- Stan...

Le gros sent son ventre se tordre et il ne réprime pas une grimace énervée. Il se reprend néanmoins.

- Stan ? Ce n'est pas la réponse à la question que je t'ai posée, Kyle...

- J-je sais mais... Stan... c'est lui que... je...

- Tu... l'aime, c'est ça ?

Les mots piquent les lèvres de Cartman comme des coups d'aiguilles.

- ... Oui. J-j'aime Stan.

Éric inspire et expire lentement. Le cœur du juif se fait gagner par chaque émotion qui passe devant lui. Et une vague de douleur le pénètre jusqu'aux entrailles

- Et lui ? Est-ce qu'il t'aime ?

- Je... j'en sais rien... j'voudrais.

Cartman voit le regard de Kyle se noyer dans la tristesse. Mais la douleur qui le saisi aux tripes, l'empêche d'éprouver une quelconque compassion et empathie pour le juif. Une sensation d'abandon et de trahison le submerge. La première personne qui lui faisait éprouver des sentiments agréables, à qui il a donné de son temps, de sa personne sans rien en retour. Pour qui il a ressenti de la culpabilité et une affection véritable naissante. La première personne à avoir vu le bon côté de sa personnalité et à pouvoir profiter de sa compassion. Cette personne pour qui il ressent ces sentiments étrangement chauds et vibrants à l'intérieur de son ventre... C'est cette personne, Kyle Broflovski, qui vient de piétiner tout ça brutalement en quelques mots. Cartman est ravagé par la colère et la rancœur. Une violence qui hurle en lui, consumant toute cette douceur et cette gentillesse. L'accusant de sa naïveté. De s'être attaché à ce connard de juif, de lui avoir avoué en face qu'il aimait sa compagnie et le rendre heureux. Tout son esprit assassine son cœur de reproches et d'accusations. S'humilier de la sorte pour quoi ? Pour recevoir un couteau dans le dos nommé Stan. Pourquoi n'auraient-ils pas pu se découvrir amoureux l'un de l'autre avant que Cartman réalise ses propres sentiments ! Avant qu'il offre cette tendresse à ce con de juif et découvre ce nouveau besoin de le préserver du mal ! Mais non. Il a fallu que cela arrive maintenant. Après que Cartman ai commencé à lui offrir une part de son cœur.

Il n'y a plus de gentillesse, plus de douceur, plus aucune tendresse désormais pour réchauffer le cœur de Cartman. Plus rien pour adoucir sa haine envers le juif. En le regardant, il ne ressent de nouveau plus que son dégoût légendaire pour le garçon. Ce garçon qu'il a toujours haï et qui l'a fait tomber sous son charme.

Les yeux du petit juif sont humides. Pourquoi se sent-il aussi mal ? Pourquoi la douleur est-elle différente ? Sans retenue, lancinante, violente et courant si vite en son âme ? Il a l'impression qu'on lui enlève tout pouvoir, tout contrôle sur son corps. Un flot de mal-être et de panique l'envahit. Il ne se reconnaît plus. Il sait qu'il est dans une situation qui n'aurait jamais dû arriver. Qu'il vient de faire une grosse erreur. Et cette erreur, bien qu'il ne la comprenne pas, lui tord le ventre affreusement.

Cartman pousse Kyle à avaler quelques gorgées de plus en poussant son verre d'alcool doucement vers ses lèvres.

- N-non... j'veux plus...

- Mais si Kyle. Tu en as besoin. Crois-tu vraiment que ton meilleur ami pourrait être amoureux de toi ? Franchement. Tu as bien vu comment il t'évite, comment lui et Kenny déteste les gens comme... toi. Ou moi...

Les yeux de Kyle s'agrandissent, révélant ses pupilles dilatées. Ces paroles résonnent en lui comme une terrible vérité. Il a l'impression que son cœur va s'arrêter de battre. C'est vrai. Il se souvient du dégoût de Stan. Il boit encore quelques gorgées pour noyer son amertume.

- Tu vois, Kyle, nous avons grandi. Et j'ai réalisé beaucoup de choses ces temps-ci...

- A-ah oui...

Cartman s'approche un peu.

- Oui. J'ai réalisé entre autres que tu m'avais menti, Kyle, et que Stan et toi vous étiez foutus de ma gueule.

Cartman dévoile toute sa haine dans un regard noir qui terrifie Kyle brutalement. Ce dernier découvre ses traits crispés, sa mâchoire serrée et la rage qui se lit maintenant ouvertement sur son visage.

Sa gorge se noue et une vague de peur l'envahi. Une peur paralysante, accentuée par son état d'ébriété. Au fond de lui, une alarme sonne. Lui hurlant de partir, maintenant. De courir vite et loin. Le plus loin possible d'ici. Sans le comprendre vraiment, il a le sentiment d'avoir été au centre de quelque chose de mauvais et d'empoisonné et que toutes ses illusions viennent d'éclater.

Cartman se rapproche de lui. Encore et encore. Bien trop proche. Son esprit le supplie de reprendre possession de son cerveau endormi et de son corps amorphe, et de fuir. Il recule au fur et à mesure que Cartman se déplace vers lui mais un violent vertige le fait tomber en arrière. Il se redresse difficilement, appuyé sur un coude, et pose une main sur son front.

- J'ai réalisé aussi que j'avais changé vis-à-vis de toi également.

Kyle comprend très bien les mots que prononce Cartman mais sa tête tourne trop pour répondre quoique ce soit.

- J'ai réalisé l'autre raison qui fait que je te haïs tant depuis toujours, Kyle. La raison qui fait que je dois te faire payer cette trahison. Te démolir.

- Q-quoi... J-je t'ai rien fait Cartman...

- Ah oui ? Alors tes p'tits sourires, tes « j'me sens bien avec toi Cartman » « heureusement que t'es là Cartman » j'les ai inventés peut-être ? crie-t-il en se penchant sur le roux.

Kyle commence réellement à paniquer et les larmes montent à ses yeux. Il trouve la force de se redresser de nouveau face à Cartman. Il sait que toute tentative pour masquer sa peur serait vain. Malgré tout, il fait tous les efforts possibles pour tenter de réveiller son cerveau et son corps léthargiques et de se sortir de là. Il ne sait même plus combien de verres il a bu. Il ne boit jamais. Et à cause de ces nuits blanches, de Stan et donc de cette confiance complètement absurde en Cartman, il se retrouve dans la pire des situations imaginable. Perdu en pleine forêt, complètement saoul et seul avec un Cartman qui va le démolir dans très peu de temps.

- Je... j'te faisais confiance, Cartman...

- Quoi ? TU me faisais confiance ?! J'AI été là pour toi quand Stan te tournait le dos ! J'AI pris soin de toi ! JAMAIS je n'avais fait ça pour PERSONNE, Kyle ! Tu m'entends ?! PERSONNE !

La panique emporte définitivement le juif quand le gros se penche sur lui en lui hurlant dessus, dans une furie noire.

*Il va me tuer. Il va réellement me tuer. Putain de whisky, putain de confiance, putain de Stan! *

- J-j'comprends pas ! Explique-moi, demande-t-il en espérant gagner un peu de temps.

- Tu comprends pas ? Ah ! Il comprend pas, dit Eric riant nerveusement. J'pensais que t'étais le plus futé d'entre nous... T'es vraiment à la ramasse mon pauvre Kyle.

- ... Si j't'ai fait du mal... J'suis désolé... S-sincèrement.

- Tu es... désolé ?

Cartman part dans un rire nerveux, fou et terriblement effrayant pour Kyle.

- Tu veux savoir pourquoi j'ai envie de te tuer ?

Il déglutit et hoche la tête lentement tout en sachant que quelle que soit la réponse, elle ne lui plaira pas.

Cartman penche son corps au-dessus de lui, le faisant retomber sur le dos. Il approche son visage avec un sourire carnassier, se mordant la lèvre inférieure.

- Parce que ton joli visage me fait envie. Cette bouche me donne envie. Et que j'ai envie de te goûter toi, Kyle Broflovski...

Horrifié, le cœur du jeune roux bat à tout rompre. Cette fois, tout son corps semble parcouru d'une violente décharge. Mais à peine tente-t-il de se redresser que Cartman attrape ses bras et les fixe au sol. Il vient se positionner entre ses jambes en le dévorant du regard.

- Alors, Kyle, quelle punition préfère-tu pour ta trahison ?

- F-frappe moi ! S'il te plaît... ! Démolis-moi la gueule, vas-y !

Éric se met à rire. Evidemment, tous les deux connaissaient déjà cette réponse. Et Kyle comprend que le gros lard n'avait absolument pas l'intention de lui laisser de choix.

- T-tu veux m'embrasser... c'est ça ?

- T'embrasser ? ricane-t-il.

Le gros contemple son juif sous lui. Il se dit que finalement, cette issue était logique. Il n'y avait que cette issue possible à leur relation. Car cette haine inconditionnelle n'était que le prémice à ce qui leur était destiné. Et voir le juif entièrement soumis à lui, SON juif, lui apporte une satisfaction bien plus débordante que sa haine ne lui a jamais apporté en 16 ans de relation.

- Je ne vais pas seulement t'embrasser, Kyle.

Le juif ouvre la bouche, incapable de sortir un mot. Epouvanté par les idées qui commencent à frôler son esprit. Cartman profite de ce moment où le petit juif est pétrifié pour coller sa bouche contre la sienne et insérer sa langue. Kyle, choqué, se débat et gémit dans la bouche du gros lard pour se dégager mais rien n'y fait. Il tourne la tête violemment pour mettre fin à cette intrusion, haletant.

- C'était encore mieux que je l'imaginais...

- L-lâche-moi, Cartman !

Le gros ne prend même pas la peine de répondre et pose sa grosse main autour du cou de Kyle pour maintenir sa tête. Il contemple ces beaux yeux brillants qui le fixent avec fureur.

*Même bourré, il résiste toujours ce con. Heureusement je prévois toujours un plan B... *

- Pourquoi tu te débats, Kyle ? Nous savons tous les deux ce que tu es au fond de toi. Je sais que tu aimes ces choses-là. Car tu aimes Stan.

- Je... Non !

- Arrête, tu deviens pitoyable.

Le regard de Kyle devient plus haineux et noir que jamais, surpassant toute l'alcoolémie dans son sang. Comment ose-t-il lui parler ainsi ! Cartman s'approche pour l'embrasser de nouveau mais Kyle pince les lèvres.

- Tu es ridicule Kyle. Tu ne sais pas que j'obtiens toujours ce que je veux ? lui murmure-t-il à l'oreille en resserrant ses doigts autour de son cou.

Ce dernier lutte mon garder la bouche close tout en tentant vainement de se libérer de ces gros doigts qui lui emprisonnent sa gorge. Mais le souffle lui manque atrocement et il finit par ouvrir la bouche.

Cartman referme immédiatement ses lèvres sur les siennes. Kyle se débat de toutes ses forces et s'agite sous le gros qui envahit sa bouche.

- Tu as un gout merveilleux, susurre-t-il entre ses lèvres. Mon petit juif...

Furieux, ce dernier lui mord la lèvre et réussi à lui donner un coup de tête. La douleur résonne dans son crâne mais il n'y prête pas attention, occupé à repousser son assaillant. Cartman libère sa deuxième main pour toucher son nez endoloris.

- Putain ! Espèce de p'tit enculé !!

Kyle recule à l'aide de ses pieds et de ses coudes pour mettre un maximum de distance entre eux deux. Lorsqu'il arrive à se lever pour fuir, le gros attrape son pied et le tire d'un coup sec. Kyle tombe brutalement sur le ventre.

- Tu vas me le payer cher. Moi qui comptais être doux, j'crois que j'vais arrêter de te préserver à partir de maintenant, dit Cartman en tirant Kyle vers lui sans ménagement.

- Lâche-moi !! Arrête ça ! crie Kyle en donnant des coups de pieds dans le vide.

Cartman retourne facilement le roux qui le frappe avec rage. La colère et l'impatience le gagnant, il lui assène plusieurs violentes gifles qui manquent de laisser Kyle K.O. Cartman profite de l'absence de celui-ci pour se débarrasser de sa veste et de son t-shirt. Il embrasse de nouveau le juif qui gémit de douleur et de désapprobation. Le goût divin de cette bouche lui fait oublier le monde entier. Il se délecte de son odeur et de sa peau de soie glissant sous ses mains. Comme s'il effleurait un bout de paradis. Il dépose délicatement un chemin de baisers le long du cou de Kyle qui frémit, toujours à moitié conscient.

- Tu vas aimer ça, Kyle. On est pareils tous les deux...

La vision du petit juif est trouble, sentant juste de gros doigts parcourir son corps. Il a la nausée et sa tête lui fait atrocement mal. Il prie pour se réveiller de cet horrible cauchemar.

- L-laisse... moi.

- Tu n'as qu'à t'imaginer que c'est Stan...

En prononçant ces mots, le gros se dégoûte lui-même mais c'est surtout dans le but de piquer encore plus au vif l'adolescent. Il passe ses doigts dans les boucles décoiffées de Kyle. Il adore cette chevelure folle qui va si bien avec le caractère de feu de ce juif impétueux. Il alterne entre baisers et mordillements sur la bouche et l'épaule de Kyle qui frissonne malgré lui. Le membre grandissant de Cartman force l'ouverture de son jean et la chaleur augmente de plus en plus dans son bas ventre. Ne pouvant plus attendre, il saisit soudain fermement l'entrejambe de Kyle. Ce dernier se redresse d'un coup en sentant la grande main l'agripper fermement mais le brun le garde plaqué au sol.

- A-arrête... Cartman... !

Le brun malaxe doucement les parties du juif en lui faisant d'énormes suçons dans le cou. Se voir gravé pendant plusieurs jours dans la peau de Kyle le régalera au plus haut point.

Lorsqu'il sent lentement l'érection du roux grandir dans sa main, son plaisir est immense. Il aime ce qu'il lui fait. Tout son corps réagit et répond à ses caresses. Cartman se mord la lèvre. De l'autre main il agrippe la nuque du juif, fiévreux.

- Regarde, Kyle, tu aimes ça. Tu aimes ça, putain.

- N-non... c'est pas... vrai.

- Arrête de lutter.

Cartman ne peut plus attendre. Il baisse rapidement leurs vêtements et le caleçon de Kyle pour poser ses gros doigts sur sa virilité durcie. En sentant la main de Cartman qui l'empoigne, le roux a un sursaut et pousse un cri. Il a l'impression que tout ça n'est qu'un cauchemar et en même temps, une indescriptible envie foudroie son bas-ventre. Il se dégoute lui-même et fait de son mieux pour lutter contre toutes ces émotions contraires qui se mélangent en lui.

Cartman continue à branler lentement son juif qui se tortille sous ses caresses. Son érection commence à lui faire mal. Il décide de passer aux choses sérieuses sans plus attendre. Il retourne Kyle et positionne son sexe entre ses fesses.

- Q-qu'est-ce que tu fais, putain ! souffle Kyle, paniqué.

- T'inquiète, j't'ai dit que tu vas aimer, crois moi...

Lorsque Cartman commence à insérer les premiers centimètres, une violente douleur fait hurler Kyle qui revient complètement à lui, affolé. Il se retourne brutalement et gueule de toutes ses forces sur le gros.

- T'es complètement fou !! Arrête ça tout de suite !

- Kyle, je t'ai dit de me laisse fa...

- NON !

Il envoie son poing dans le visage de Cartman qui l'évite de justesse.

- Bordel ! Tu veux que j'te tabasse encore ?! Reste tranquille !

- JAMAIS ! Laisse-moi tranquille ! crie-t-il en le frappant. J'veux pas de toi, Cartman !! J'voudrais jamais de toi !! Tu m'dégoutes, gros fils de pute !!

Ces mots tranchants frappent en plein dans le cœur de Cartman qui attrape de nouveau la gorge de Kyle.

- TA GUEULE ! Tu vas fermer ta putain d'grande gueule, enfoiré de juif de merde !!

Ses doigts serre le cou du jeune garçon, de plus en plus fort. Sa colère est difficilement contrôlable. Il est trop blessé, bien trop blessé. Dans son égo et dans son cœur. Alors il serre de plus en plus, perdant toute raison. Il voit la rage dans les yeux de Kyle laisser place à la terreur.

Celui-ci agrippe de toutes ses forces les mains du gros pour se dégager, sans succès. Kyle jurerait voir de la douleur dans toute la noirceur du regard de Cartman. Mais qu'importe ce détail, il sait qu'il va bientôt mourir. Il continue malgré tout à s'agiter sous le gros qui ne desserre pas sa prise. Parce qu'il est hors de question de le laisser gagner sans se battre. Il a été trahi. Trahi par ce gros connard, trahi par Stan. Et il s'est trahi lui-même. Sa faiblesse entraînant des actes inconsidérés. Alors sa haine grandit. Des larmes de regrets et de rage coulent à torrents sur ses joues. Une rage de survivant qui le fait supporter davantage le dangereux manque d'oxygène. De longues secondes passent. Cartman se perd dans ces yeux verts accusateurs, noyés de larmes. Ce regard magnifique qui finit lentement par se voiler.  Les pensées du roux commencent lentement à s'évaporer et ses paupières se referment en même temps que son corps cesse de s'agiter.

- Je... j'peux pas... Bordel de merde, j'peux pas ! J-je t'aime, KYLE !! Je t'aime, enfoiré !!

Des larmes douloureuses tombent des yeux de Cartman, se mêlant à celles de Kyle roulant sur ses joues. Il desserre les mains, vaincu par l'amour pour son juif. Il ne peut pas le tuer. Parce qu'il réalise que cet amour est plus fort que sa haine. Il est la seule personne au monde à qui il ne peut enlever la vie.

Voyant les yeux clos et le corps inerte de celui-ci, la peur le submerge.

- Mon Dieu, Kyle... Non ! Eh, Kyle ! Reviens !

Il donne des petites tapes sur ses joues mouillées.

- Oh, non... Qu'est-ce que j'ai fait, putain !

Il entame un bouche à bouche désespéré.

Sentant un petit souffle chaud sortir entre ses lèvres, il soupire, soulagé.

Une fois ses émotions fortes redescendues, Cartman sait ce qu'il lui reste à faire. Plan B. Plan réservé en cas d'échec.

- Je n'peux pas te tuer, Kyle, dit-il en caressant lentement sa chevelure rousse. Et je ne peux pas t'avoir non plus.

Cartman ferme fort les yeux, retenant d'autres larmes.

- Tu es née pour me torturer. Malgré toi, tu es mon pire échec et ma seule faiblesse. Ma magnifique faiblesse. Tu es le reflet de toute ma haine et de tout ce que mon cœur peut offrir de plus beau...

Il baisse les yeux sur le corps à moitié déshabillé de Kyle.

- Si je ne peux pas t'avoir, alors je ne laisserai personne t'avoir. Tu es à moi, Kyle Broflovski.

Kyle entend une voix familière résonner sans comprendre ses mots. Sa tête bourdonne, sa gorge est en feu et il peut à peine respirer. Il sent qu'on le redresse et qu'une matière froide est portée à ses lèvres. Il reconnait un verre d'eau porté à sa bouche et avale lentement et très difficilement quelques gorgées d'eau en gémissant.

Le brun tient la tête de Kyle entre ses gros bras. Une fois les quelques gorgées avalées, le gros berce lentement son rouquin.

- Dors Kyle, dors. Tout va bien. Tout va bien aller maintenant.

Faible et sans forces, Kyle se rendort dans les bras de Cartman dans un sommeil réparateur. Trop réparateur.

- Demain matin, sera un jour nouveau. Demain matin, mon petit juif, tu auras tout oublié, dit-il, berçant le petit roux.

Il l'installe délicatement sous la tente et le recouvre d'une couverture chaude. Il récupère le petit tube vide, à côté du verre, contenant encore les traces de son plan B.

Cartman retourne sous la tente profiter des derniers précieux instants qu'il n'aura jamais pour goûter à ces lèvres merveilleuses et caresser cette peau cotonneuse. Il se permet de pleurer, seul face à sa douleur.

Il sait qu'il sera toujours condamné à rester le grand méchant Cartman que personne n'aimera. Cette armoire à glace froide et sans cœur. A rester l'être violent qu'il est. Car c'est la seule façon dont il n'aura jamais trouvé le respect. Car s'enfoncer dans l'horreur est la seule chose qui le représente. Il venait de toucher un bout de paradis, un bout de bonheur sain et dénué de toute violence. Et il n'y a pas pire torture que de goûter à ce bonheur pour ensuite, se le faire arracher.

Les larmes continuent d'inonder ses joues, tandis qu'il caresse les bouclettes rousses, pour la toute dernière fois.

- Ma douce et merveilleuse faiblesse...

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